EDITORIAL

L’achat des grands électeurs officiellement en oeuvre

Coup sur coup en ce début du mois de septembre, des fonds d’Etat ont été débloqués au profit des partis politiques, de l’Assemblée nationale et des maires, tous à la solde du Président Talon. Au total, près de 6 milliards. Si les prétextes de ces financements sont divers, les destinataires sont les mêmes, et principalement le parti unique à deux fourches (l’Union Progressiste de Bruno Amoussou et le Bloc Républicain de Abdoulaye Bio Tchané) qui détient tous les députés à l’Assemblée nationale et compte 71 des 77 maires du pays. Des miettes seront naturellement réservées aux traitres des FCBE de Hounkpè-Yarou qui sont les derniers à avoir rejoint le wagon présidentiel.
Personne ne se trompe sur l’objectif véritable de ces financements massifs. On est à moins de sept mois des élections présidentielles. Et le "candidat-suscité " pour un second mandat doit financer ses hommes pour sa campagne.
Hier, c’était de sa poche que l’homme d’affaires Talon finançait les campagnes électorales de ses obligés, qu’il manipulait par la suite pour l’accaparement des marchés et monopoles d’Etat. La pratique est tellement devenue visible qu’en 2015, mêmes les bénéficiaires ne pouvaient plus le cacher et ont parlé de « télécommandes pas toujours vertueuses ».
Hier, Talon était une télécommande de l’ombre, payant de sa poche la campagne des députés, des présidents, pour ses affaires. Aujourd’hui qu’il est lui-même Président de la République, la pratique continue. Mais la nature des fonds a changé. Ce sont les fonds publics qui sont maintenant officiellement et ouvertement mis au service de la campagne de l’homme d’affaires Président.
La télécommande est, cette fois-ci, visible. Elle n’est pas pour autant plus vertueuse. Au contraire ! Elle draine ici les ressources publiques toujours pour la corruption électorale en vue du renouvellement du pouvoir de dictature autocratique.
Le peuple saura, tôt ou tard, demander des comptes.
La Rédaction

EDITORIAL

Le Bénin ne peut pas progresser avec le pacte colonial.

La sortie médiatique de Lionel Zinsou acclamant les
performances agricoles de Talon pour conclure que le Bénin
progresse et que l’UEMOA va mieux que le reste de l’Afrique
ainsi que les réactions suscitées soulignent l’actualité de la question
du modèle économique pour le développement du Bénin et de
l’Afrique. Tout le monde convient que pour se développer, l’Afrique
ne peut continuer dans le rôle imposé par les colons et maintenu
par les dirigeants encore au service de ces derniers à savoir,
production et exportation de matières brutes agricoles, forestières
et minières ; il doit prendre la voie de l’industrialisation en
investissant les secteurs de pointe.
L’exemple des pays qui ont pu se développer et rattraper leur
retard, enseigne que ceux-ci , d’une part, se sont émancipés
politiquement de la tutelle étrangère, coloniale et impérialiste avec
un gouvernement patriotique, et d’autre part, sur le plan
économique, ont arrimé d’emblée leur pays aux secteurs les plus en
pointe dans tous les domaines. Le Bénin ne peut pas progresser
avec le pacte colonial.
Tous les patriotes du Bénin, tous les entrepreneurs économiques
qui rêvent d’un pays développé se doivent d’accomplir cette tâche :
oeuvrer à libérer notre pays de la tutelle coloniale française qui
perdure et se donner un programme de gouvernance démocratique
et patriotique pour sa construction accélérée.
La Rédaction

Les populations analphabètes, toujours dans le statut colonial de l’indigénat

Le citoyen, c’est l’individu considéré du point de vue de ses droits politiques. Le colon ne reconnaissait pas ce droit à l’énorme majorité des populations confinées dans la catégorie des indigènes. L’un des critères de classement dans cette catégorie, était la connaissance ou non du français, la langue du colon.
Depuis l’indépendance, ce critère continue de prévaloir. Les gouverneurs à peau noire ont maintenu la langue française comme la langue officielle (exclusive) de l’Etat. La langue officielle étant la langue dans laquelle sont édictées et publiées les lois du pays ainsi que les décisions du gouvernement et des pouvoirs locaux, tous ceux qui ne parlent et ne comprennent pas le français sont maintenus en fait dans la catégorie de sujet et non de citoyen. Ils sont soumis et jugés selon des lois et textes auxquels la barrière de la langue leur interdit l’accès, mais que la loi suppose qu’ils sont censés ne pas ignorer.
En conséquence de la déclaration du français comme langue officielle, le Code Electoral peut disposer (Article 180) que « Les candidats aux fonctions de Conseiller communal doivent savoir lire et écrire le français ». Les gouverneurs à peau noire ont ainsi maintenu les populations analphabètes, la grande majorité du peuple, dans le statut d’indigénat comme nécessité pour le maintien du pacte colonial.
La démocratie, pour être véritable, doit abolir ce statut d’indigénat qui perdure dans les faits, établir et garantir le droit de citoyen à cette majorité de la population. Cette majorité a un intérêt certain au combat patriotique pour la conquête de la souveraineté linguistique et de son statut de citoyen.
La Rédaction

EDITORIAL
L’histoire instruit

Il y a 31 ans, le 29 août 1989, le pouvoir du dictateur Mathieu
Kérékou annonçait une amnistie générale pour tous les détenus et
exilés politiques.
Ils étaient des milliers à l’exil et dans les prisons, les camps militaires,
les commissariats, le "maquis" à l’intérieur du pays. L’amnistie
générale était par conséquent une exigence normale sur la voie de la
conquête de libertés politiques complètes pour le peuple. Pour
arracher à un voleur armé ce qu’il vous a pris, aller en compétition
avec lui dans le cadre qu’il a imposé ne garantit pas la victoire sur lui.
Il faut le terrasser pour le lui arracher. C’est ce que le peuple béninois
a fait au cours de luttes âpres et de sacrifices. C’est un pouvoir de
Mathieu Kérékou terrassé par les combats populaires pour son
renversement qui a ouvert les portes des prisons, tout comme c’est
le pouvoir de l’apartheid terrassé dans les combats pour son abolition
qui a libéré Mandela et ses compagnons.
Aujourd’hui, une nouvelle autocratie, féroce, mafieuse s’est encore
installée sur notre pays, ruine les hommes et pille ses richesses. Elle
emprisonne ou contraint ses opposants à l’exil sur la base de lois
scélérates et des parodies de procès.
L’histoire instruit. C’est dans les combats pour le renversement
populaire du pouvoir de dictature autocratique de Mathieu Kérékou
qu’a été arrachée l’amnistie générale du 29 août 1989. C’est
également dans le combat populaire pour le renversement de la
dictature autocratique de Talon que le peuple conquerra et élargira
les libertés confisquées ainsi que le pouvoir patriotique et de probité
qui les garantira.
La Rédaction

EDITORIAL
Pas d’ordre constitutionnel au-dessus du peuple
souverain.

Le 18 août 2020, un coup d’Etat militaire a renversé le pouvoir
de Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Celui-ci arrêté et fait prisonnier
par la junte militaire a signé sa démission réclamée depuis le 5
juin lors des manifestations populaires. A l’avènement du coup
d’Etat, toutes les puissances qui se repaissent de la chair et du sang
du Mali crient. Toutes, à l’unisson, dénoncent la violation de l’ordre
constitutionnel, exigent son rétablissement. Leurs pions africains
vont plus loin, naturellement, se voyant visés. La Communauté
Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) va jusqu’au
ridicule, réclamant le rétablissement dans ses fonctions du Président
qui a lui-même prononcé sa démission à la face du monde.
Ces puissances étrangères ne dénoncent la violation de la
Constitution et de l’ordre constitutionnel que quand les peuples
s’insurgent contre les dirigeants dictateurs, apatrides et corrompus.
Lorsque ces dirigeants massacrent la personne humaine considérée
pourtant comme sacrée dans la constitution, l’ordre constitutionnel
n’est point violé. Lorsqu’ils garantissent le pillage du bien public,
reconnu également comme sacré, l’ordre règne. Lorsqu’ils s’assurent
leur renouvellement par des élections truquées, l’ordre
constitutionnel est très bien respecté. L’ordre constitutionnel n’est
troublé, n’est violé que quand les opprimés se lèvent, que lorsque les
affamés descendent dans les rues, que quand, profitant de la
débandade dans les rangs des corrompus, des militaires destituent le
dirigeant apatride, corrompu et dictateur.
Alors, les cris de rage des prédateurs instruisent. Ils renforceront les
peuples africains, les jeunesses africaines dans leurs convictions : il
n’y a pas un ordre constitutionnel au-dessus du peuple souverain ni
d’échéance électorale qui s’impose à lui. Le permis de conduire le
pays donné à un dirigeant qui dévie peut lui être retiré à tout instant.
La Rédaction