Petit pays aux ressources limitées
Le Bénin regorge de ressources minières
(Suite)


Dans le numéro précédent de ‘’ La Flamme’’, il a été publié un article « Petit pays aux ressources limitées, le Bénin regorge de ressources minières ». Cet article fait partie du travail collectif du « Cercle de Concertation des miniers, pétroliers et énergéticiens patriotes » sur la question minière et pétrolière déjà publiée dans le numéro 1 du journal des Miniers, Pétroliers et Energéticiens (MPE), leur organe, en date du 31 décembre 2021. Nous publions par livraison le contenu de ces réflexions.


« ….Les secteurs des Mines, du Pétrole et de l’Energie, composantes essentielles des ressources d’un pays sont capables de contribuer non seulement à la diversification de l’économie nationale mais aussi servir de puissants leviers à son développement. En d’autres termes, ce sont des secteurs hautement stratégiques.


I Les constats
1- Des cadres spécialistes miniers, pétroliers et énergéticiens, formés lourdement par l’Etat béninois, demeurent comme des commis expéditionnaires au service de l’Etat néocolonial, donc sous domination des monopôles miniers, pétroliers et énergéticiens étrangers, et utilisés non pas pour le développement du Bénin, mais pour les gros intérêts étrangers, notamment français.


2- Les structures de gestion des secteurs telles que l’Office Béninois des Recherches Géologique et Minière (OBRGM), la Société Béninoise des Hydrocarbures (SOBEH), la Société Béninoise d’Energie Electrique (SBEE), l’Agence Béninoise des Energies Renouvelables et de la Maintenance (ABERM), manquent cruellement de moyens pour déployer leurs capacités techniques (Matériels techniques, personnel technique, laboratoires d’analyse, finances etc...) pour la recherche, l’exploitation, le stockage et la sécurisation de nos différentes ressources naturelles;
3- L’absence de volonté pour le financement de la recherche et de l’exploration ; on laisse le soin aux sociétés étrangères d’engager à leur risque des sous pour l’exploration et la recherche, sous prétexte que c’est trop cher.


4- Ces constats posent d’emblée la question de l’attitude des cadres spécialistes desdits secteurs face à ces ressources, surtout ceux des pays sous domination coloniale ou néocoloniale comme la République du Bénin. Est-ce que les cadres spécialistes vont se mettre docilement et continument au service des puissances dominatrices et exploiteuses des ressources de leur pays ou bien se piquer du patriotisme et se mettre du côté de leur peuple et relever le défi du développement de leur pays ? A cette question cardinale, nous, cadres spécialistes des secteurs supra indiqués, avons répondu par l’affirmative, après avoir pris connaissance des « Propositions pour une réorientation du modèle économique et politique du Bénin » et de l’ « Appel pour une Alliance Patriotique », documents édités et diffusés (depuis septembre 2019 pour le premier et août 2020 pour le second) par la Convention Patriotique des Forces de Gauche(CPFG) dirigée par M. Philippe NOUDJENOUME, Professeur de Droit Constitutionnel . Nous avons donné une forme organisée à notre engagement, en créant un Cercle de Concertation des Miniers, Pétroliers et Energéticiens Patriotes (CCMPEP).


5- Après cet engagement collectif de contribuer au développement de nos secteurs respectifs, la question que nous nous sommes posée tout de suite, c’est par où commencer. Nous avons répondu à la question en décidant d’éditer un journal afin de bien organiser nos activités, bien échanger nos expériences entre spécialistes et bien informer les différents acteurs de nos secteurs ainsi que l’opinion publique.


6- Echangeant sur la situation concrète de nos différents secteurs, nous avons constaté que notre peuple ne dispose pas d’une tradition de recherche ni de production de haut niveau avant la colonisation. De sorte que les expériences de haut niveau technique disponibles sont celles que le colonisateur a initiées dans notre pays et qui se perpétuent sous la néo colonisation au fil de l’évolution.


C’est pourquoi l’état des lieux reflète bien les stigmates d’une orientation extravertie des activités des secteurs, c’est-à-dire activités exclusivement conçues et exécutées pour la satisfaction des besoins de l’étranger et non ceux du peuple béninois. Nous avons déploré cet état de chose et avons décidé d’y mettre fin aujourd’hui dans l’orientation, la conception et l’exécution de nos activités. En conséquence, nous évacuons d’entrée de jeu cette idée coloniale que le Bénin ne dispose d’aucune richesse minière. Cela est archi-faux. Aucun territoire au monde ne peut être sans aucune richesse naturelle du sous-sol. A bas les slogans selon lesquels notre « pays est un petit pays aux ressources limitées » ou encore notre pays ne dispose d’aucune ressource minière ». Il faut plutôt dire que notre pays n’a point aujourd’hui de richesse minière en exploitation, par la faute de l’Etat béninois lui-même qui n’en a mis ni les moyens ni la volonté politique. Car rien ne peut expliquer que des pays voisins ayant les compositions géologiques similaires que le Bénin tels le Nigeria, le Togo et le Ghana aient des ressources et que notre pays n’en dispose pas. D’ailleurs, depuis quelque temps, à la faveur des résultats de la seule campagne sismique aéroportée des années 2013 et 2014, l’opinion au sommet de l’Etat a changé ; le ministre Sam ADAMBI a maintes fois déclaré que le Bénin est « un pays minier » et le sous-sol béninois « gorgé de pétrole ».


En conséquence, nous adoptons la vision partagée par la Convention Patriotique des Forces de Gauche dans le secteur des mines, de pétrole et de l’énergie, qui s’appuie sur les principes suivants énoncés dans la Résolution 1803 (XVII) de l’Assemblée Générale des Nations-Unies en date du 14 décembre 1962 sur la « souveraineté permanente des peuples sur les ressources naturelles » en les articles 1 et 2 et la « Déclaration des Nations unies sur le droit au développement » en ses article 1,2, 3, 4.


Résolution des Nations unies sur « la souveraineté permanente des peuples sur les ressources naturelles »
Article1 :« Le droit de souveraineté permanente des peuples et des nations sur leurs richesses et leurs ressources naturelles doit s’exercer dans l’intérêt du développement national et du bien-être de la population de l’Etat intéressé », et
Article 2 : « La prospection, la mise en valeur et la disposition de ces ressources ainsi que l’importation des capitaux étrangers nécessaires à ces fins devraient être conformes aux règles et conditions que les peuples et nations considèrent en toute liberté comme nécessaires ou souhaitables pour ce qui est d’autoriser, de limiter ou d’interdire ces activités ».


Déclaration des Nations-Unies sur le droit au développement :
Article 1 : Le droit au développement est un droit inaliénable de l’homme en vertu duquel toute personne et tous les peuples ont droit de participer et de contribuer à un développement économique, social et culturel et politique dans lequel tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales puissent être pleinement réalisés et de bénéficier de ce développement.


Article 2 : Le droit de l’homme au développement suppose aussi la pleine réalisation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui comprend, sous réserve des dispositions pertinentes des deux Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, l’exercice de leur droit inaliénable à la souveraineté sur toutes leurs richesses et leurs ressources naturelles ».


En application de ces dispositions internationales, la politique minière, pétrolière et énergétique du Bénin mettra en œuvre les principes suivants :
1°- Propriété absolue du peuple béninois sur les ressources minières, pétrolières et énergétiques béninoises. Cela n’exclut pas l’ouverture des sociétés opérant dans ces secteurs aux capitaux privés nationaux ou étrangers. Toutefois, l’Etat se doit toujours de maintenir la propriété ou du moins la minorité de blocage.


2- Les prospections et la valorisation de ces ressources minières, pétrolières et énergétiques doivent faire appel aux efforts de financement nationaux en même temps qu’aux capitaux étrangers et non laissées exclusivement au bon vouloir des capitaux étrangers ;


3°- La prospection et l’exploitation des ressources minières, pétrolières et énergétiques doivent se baser sur les Partenariats mutuellement bénéfiques entre l’Etat béninois, le secteur privé béninois et les capitaux étrangers ;


4°- Le nécessaire objectif de transformation de ces ressources sur le sol national, leur exportation à l’état brut étant une exception.
Tout ceci en vue d’une croissance large et durable et de la satisfaction des besoins du peuple”.


Tels sont les principes qui régiront les activités du Cercle de Concertation et sur la base desquels l’existant d’aujourd’hui sera pulvérisé et corrigé……. »
A suivre

Ici le N°462 de La Flamme