IL Y A 46 ANS, LE PRESIDENT MODIBO, HOMME D’ÉTAT D’ENVERGURE INTERNATIONALE EST MORT ASSASSINÉ

 

Arrêté, emprisonné pendant près de neuf années sans jugement, à la suite du coup d’État militaire du 19 novembre 1968, le Président Modibo Kéïta a fini par être assassiné le 16 mai 1977.
46 années après cet assassinat odieux, il convient de rendre un vibrant hommage à cet illustre personnage, fondateur de l’Indépendance nationale du Mali, Pèlerin infatigable de l’Unité Africaine, Champion du non-alignement et de l’unité des Peuples épris de Paix, de Justice et de Liberté. Très tôt, Modibo Kéïta a affirmé son engagement anti-colonialiste, sa détermination à réaliser l’unité africaine, ainsi que sa volonté à construire une économie nationale indépendante basée sur le bien-être matériel et moral des Maliens (…)

L’engagement anti-colonialiste précoce :
Brillant élève, sorti major de sa promotion en 1936, Modibo Kéïta a été identifié par ses professeurs de l’école William Ponty comme « un agitateur de haute classe, anti-français, à surveiller de près ». Dès lors, Modibo Kéïta demeurera une menace permanente pour les intérêts colonialistes français, dont les défenseurs le combattront jusqu’au renversement du régime par les putschistes du 19 novembre 1968.
Modibo Kéïta a combattu le colonialisme, à la fois sur le plan politique comme sur le plan littéraire et artistique.
Enseignant à Sikasso, il publia des articles dans les journaux de gauche de France sous le pseudonyme de « L’œil du Kénédougou ». Articles dans lesquels il dénonçait les tares de la société coloniale ainsi que le système colonial.
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Le père fondateur de la République du Mali (22 septembre 1960):

De 1946 à 1957, l’US-RDA, sous la direction de Modibo Kéïta, mena une lutte implacable contre le système colonial français, malgré les intimidations, les brimades, les emprisonnements.
Le 22 septembre 1960, lors du Congrès extraordinaire de l’US-RDA, les dirigeants soudanais proclamèrent l’indépendance nationale du Mali tout en optant pour l'édification d’une économie socialiste (…)
Le rôle éminent du Président Modibo Kéïta dans la création de l’Organisation de l’Unité Africaine :
De fait, le Mali a été à la base de l’adoption de tous les grands principes fondateurs de l’OUA.
Les Treize propositions du Président Modibo Kéïta qui sont au cœur de la fondation de l’Organisation de l’Unité Africaine :
Dans son discours prononcé à l’occasion de l’ouverture de la Conférence d’Addis-Abeba, le Président Modibo Kéïta déclina les treize propositions suivantes :
1. Ne plus laisser subsister plus longtemps l’opposition savamment encouragée entre les groupes d’États afin de mettre fin au clivage de notre continent en blocs antagonistes, et préparer le terrain le plus propice à la transplantation dangereuse de la guerre froide sur le sol de notre patrie commune.
2. Dépasser les oppositions stériles pour promouvoir l’entente fraternelle, la tolérance qui n’ont jamais cessé de présider aux relations entre nos populations.
3. Pour l’Unité Africaine, chaque État doit respecter intégralement le maintien des frontières actuelles, frontières héritées du système colonial. Pour faire l’Unité Africaine, il faut prendre l’Afrique telle qu’elle est et renoncer aux prétentions territoriales pour ne pas instaurer en Afrique ce qu’on pourrait appeler « l’Impérialisme Noir ».
4. Concrétiser la fin de tous les éléments de division par un Engagement solennel, un pacte multilatéral de non-agression garanti par chaque État et prônant le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de chaque État afin de renforcer les relations interafricaines, réduire les ingérences extérieures et ouvrir une heureuse perspective à la coopération africaine dans le domaine de la défense et de la Sécurité.
5. Créer un organisme de conciliations inter-États pour favoriser le règlement des différends opposant les pays africains.
Mettre en commun nos possibilités et nos potentialités, pour aller de l’avant, dans le respect des options de chacun, voilà l’exigence du peuple de la République du Mali.
7. Prendre un engagement matériel, moral et militaire, au sein d’une croisade ouverte contre les colonialistes et décider, ici même, le recrutement dans nos États, de volontaires pour la libération de ces territoires, engager les gouvernements à assurer le transport sans restrictions des armes et munitions destinées aux patriotes, et à alimenter un Fonds Commun de Solidarité pour soutenir nos frères engagés dans le combat de libération.
8. Parce que l’Unité Africaine passe d’abord par l’Unité Nationale, il est souhaitable que les États africains dont certains ressortissants ont été obligés de se réfugier à l’extérieur, leur tendent la main et leur facilitent le retour au foyer et dans la Patrie commune.
9. Doter le Comité Économique et Social des attributions suivantes :
- Trouver une solution heureuse au problème préoccupant de l’organisation et des modalités d’octroi de l’aide extérieure ;
- Œuvrer à l’harmonisation rapide des nomenclatures douanières, à l’organisation d’un système international de transit, et encourager la coopération administrative en matière douanière ;
- Etudier les possibilités d’harmonisation de la législation commerciale en vue d’éviter la double imposition ;
- Mettre en place une Organisation de l’Aviation civile et convoquer une conférence en vue de la création d’une Compagnie Africaine de Navigation Maritime ;
13 Assurer la création d’une Organisation Africaine de Banque ;
- Etudier les possibilités de création d’une Communauté Économique Africaine avec, y compris, les effets des groupements économiques extérieurs sur l’économie de notre pays ;
- Trouver des moyens de coordination des plans de développement tant à l’échelle du continent qu’à celui de la région dans les domaines de l’industrialisation, des transports, de l’énergie.

10. Organiser la défense des prix de nos matières premières par la création d’un Fonds Commun de Stabilisation des Prix.
11. Dégager progressivement une attitude commune face aux problèmes économiques mondiaux, et créer un front commun dans les conférences économiques internationales, pour la défense des intérêts de nos peuples et de nos États.
12. Unir les efforts pour élaborer une politique africaine indépendante dans tous les domaines, et au regard de laquelle un État non africain, une puissance ou un groupe de puissances sera libre de se définir.
13. Prendre l’engagement solennel de réaliser l’unité et la coopération africaines et celui de ne jamais faire de notre organisation l’instrument d’un État ou d’un groupe d’États (…)
Le Mali, champion de l’interdiction des bases militaires étrangères sur le Continent Africain :

Durant la même Conférence, le Mali a été le champion de l’affirmation du principe de l’interdiction des bases militaires étrangères sur le sol du Continent Africain : « La conférence d’Addis-Abeba avait eu raison, n’est-ce pas, de recommander l’élimination des bases militaires étrangères? La situation actuelle est là, criarde, pour ceux qui croyaient encore à leur efficacité pour assurer la sécurité de leur État, à la nécessité de maintenir longtemps encore ces bases. La preuve est faite, partout, qu’elles ne peuvent être et n’ont jamais été au service du peuple, qu’elles constituent au contraire une phalange d’un néo-colonialisme agressif et subversif à travers notre jeune continent, dans nos jeunes États. Exemples : projets de subversion contre certains États ».
Extrait « de Ye taa » Numéro 19, Bamako, 16 mai 2023 – 19h50.

 

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