La question de la faim au Bénin et comment la résoudre (Déclaration de l’APP)

Note de la Rédaction

Patrice Talon, au pouvoir, a décidé de « serrer la ceinture » au peuple et l’a planifié. Mais la faim n’est pas une fatalité. Des mouvements résolus du peuple organisé contre la faim peuvent faire échec au pouvoir de Talon. Et une autre politique plaçant l’homme au centre peut résoudre la question de la faim. Nous republions, à cet effet les propositions de l’APP sous la direction de Philippe NOUDJENOUME.

 

ALLIANCE POUR LA PATIE (APP)
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DECLARATION
La Question de la faim au Bénin et comment la résoudre
Propositions de l’Alliance Pour la Patrie

Que Talon ait échoué dans sa lutte contre la faim, cela ne fait plus l’ombre d’un doute. Mieux, que le pouvoir de la rupture soit à titre principal responsable de la famine qui tenaille notre peuple au Bénin, cela devient de plus en plus clair pour la plus grande partie de la population. L’échec de la tournée gouvernementale l’a démontré.
Mais la question que le citoyen béninois est en droit de se poser est : « Oui, mais vous qui critiquez, que feriez-vous si vous étiez au pouvoir, pour éviter la famine ? »


La Démocratie révolutionnaire a, à maintes reprises, traité de ces genres de questions. Même le dernier numéro du Journal du PCB « La Flamme » en a traité. Il s’agit donc ici d’une synthèse de nos propositions.
Cette interrogation fait intervenir deux aspects des choses : les principes d’une part, et les propositions de gouvernance proprement dite de l’Alliance pour la Patrie, d’autre part.
Principes d’orientation


1°- Orientation fondamentale :
« On peut distinguer deux orientations fondamentales du développement économique et celles-ci s’installent, avons-nous dit, d’emblée et ne relèvent nullement de proclamations, de déclarations d’intention. La première est celle du profit maximum pour une minorité. La seconde, celle de la satisfaction des besoins évolutifs des travailleurs et des peuples … Nous proposons un système, un régime qui se fonde sur la satisfaction des besoins bien compris du peuple travailleur et exprimé par lui» (Pascal Fantodji, « L’Académie : mémoire sociale moderne au service du développement économique et social », Décembre 1988).


Plus clairement en économie, tout producteur ou agent économique, ou même réformateur économique ne vise pas comme objectif premier le développement. Soit, il fait de la production avec comme objectif la recherche et la maximisation du profit ; soit, il fait ou commande la production avec l’objectif, la satisfaction des besoins sans cesse croissants des hommes. C’est dans ces différents processus de production qu’intervient ou non le développement.


Dans le premier cas, on se trouve dans le schéma du capitalisme privé libéral ; dans le second cas, nous avons à faire aux différentes variantes du capitalisme d’Etat et du socialisme. Il est clair que le premier cas conduit difficilement au développement avec beaucoup de sacrifices et souffrances des hommes ; le second, qui met l’homme au centre de la production (nourrir, soigner, vêtir, loger, instruire), aboutit très vite au développement comme on l’a vu avec les expériences de l’Union soviétique de 1917 à 1930 et surtout avec la Chine de 1949 à aujourd’hui.


2°- Du point de vue de la gouvernance
- Tout gouvernement sérieux quel qu’il soit (capitaliste ou non) procède toujours à la constitution de réserves stratégiques (ou réserve de sécurité) pour des produits indispensables, soit alimentaires, soit miniers, soit pétroliers pour faire face à des jours difficiles. Cette réserve peut être financière, alimentaire (marchandises) ou pétrolière. Ainsi, les Etats-Unis ont une réserve stratégique de pétrole correspondant à 6 mois ; il en est de même des autres pays tels le Japon, l’Allemagne, la France, etc.
- En période de crise, tout Etat quel qu’il soit, reprend ses prérogatives régaliennes de stabilisation économique et de pourvoyeur de produits essentiels à la population dont il a la charge de la gouvernance. En période de crise, on ne laisse plus la population exposée au gré des intérêts privés et de recherche de profits individuels. En période de crise, l’Etat même capitaliste se fait interventionniste, « Etat-providence » il peut se faire industriel, banquier, commerçant ou distributeur de biens indispensables à la population. Ainsi en a-t-il été de la France au sortir de la deuxième guerre mondiale, ainsi en fut-il du Président Obama (qui a repris en mains les banques américaines) à la crise de 2008, etc.


Dans les circonstances actuelles, l’Etat au Bénin doit reprendre son rôle régalien de pourvoyeur de biens à la population. Dans les situations présentes, on ne saurait abandonner la population aux profits privés. Face à la grande crise alimentaire qui sévit au Bénin, il est ridicule d’entendre le gouvernement courir derrière les opérateurs économiques (sur lesquels il fait toujours peser des charges fiscales) pour les obliger à fixer les plafonnements de prix de produits de première nécessité. Mais le plus grave dans notre situation, c’est la confusion des rôles entre les monopoles privés gestionnaires de toutes les chaînes de production et de distributions de biens de première nécessité au Bénin et le Gouvernement en charge de la gestion des hommes au Bénin ; ce qui fait que nous avons en les mêmes personnes les donneurs d’ordres et les destinataires de ces mêmes ordres ; les superprofits réalisés par ces monopoles privés allant dans les poches des Gouvernants en tant qu’individus. L’échec de la lutte contre la famine est irrémédiable et tout le reste n’est que tromperie.


Voilà pourquoi, face à la désolation des hommes avec la famine qui sévit dans les foyers au Bénin, face à la faillite du Gouvernement de la Rupture à résoudre la question de la faim,
Le Conseil National pour une Gouvernance Démocratique et Patriotique (CNGDP) de L’Alliance Pour la Patrie (APP) au Bénin fait les propositions suivantes :


Propositions pour résoudre la question de la famine actuelle
Ces mesures se répartissent en deux grandes rubriques : mesures à court terme et mesures à long terme.
A court terme :


1°- Le vote d’un Fonds consistant de secours à la population en détresse.


2°- La suppression de la TVA sur les produits de première nécessité : huile, farine de blé, ciment, et tous autres produits élémentaires.


3°- La baisse des taxes sur péage, des taxes des marchés et autres qui frappent les conducteurs de marchandises, les vendeurs des marchés, et qui renchérissent les produits de consommation courante.


4°- La création et/ou la remise en selle immédiate d’un Organisme de Prévoyance alimentaire stratégique (ONASA, ONS ou autre nom) avec la constitution par l’Etat de stock de produits alimentaires (maïs, mil, riz, gari, igname, haricot, etc.) ; la réouverture de boutiques témoins dans les arrondissements pour la vente à la population de ces produits à prix bas, subventionnés par l’Etat.


5°- La constitution d’une Réserve stratégique de sécurité à l’avenir (couvrant au moins trois mois) en les produits essentiels tels le pétrole, le blé, le maïs, le riz, etc.


6°- La fin du contrat de l’Etat avec la société Bénin-Control pour la vérification des importations au Bénin.


7°- Le retour de la SONACOP dans le giron de l’Etat.


8°- L’augmentation des salaires aux agents publics et la fin de la précarité de l’emploi.
A moyen et long termes :


Le programme pour une Gouvernance démocratique et patriotique privilégie la production nationale pour nourrir la population et satisfaire ses besoins sans cesse croissants et exporter. Le Conseil National de Gouvernance Démocratique et Patriotique se fera le promoteur des opérateurs économiques nationaux pour leur approvisionnement en matières premières et la conquête des marchés à l’extérieur comme le font tous les gouvernements des pays développés. Cela veut dire :


1°- Recenser tous les besoins fondamentaux de la population en nourriture, habillement, logement, instruction et école, etc. et mettre en place un Conseil National pour la production des biens et services ; satisfaire à ces besoins par la transformation sur place des matières premières.


2°- En matière alimentaire, produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons. Ce qui signifie : Eriger les secteurs des produits de consommation courante en filières ; faire du Bénin, un Grenier de l’Afrique de l’Ouest en maïs, igname, manioc, haricot, riz, etc. avec le soutien de l’Etat à tous les niveaux. L’exemple de la Russie qui tient le ventre du monde en produits alimentaires est largement édifiant. Cela veut dire, installer partout les usines de transformation de nos produits agricoles.
Ces cultures vivrières bénéficieront de « l’aide à la coopérativisation des paysans avec l’encadrement de l’Etat en de grandes coopératives de service, de production et de commercialisation pour l’atteinte d’une agriculture intensive ».


3°- Dans le domaine de l’habillement par exemple, décider de l’habillement de nos écoliers, militaires avec les tissus fabriqués au Bénin ; ce qui signifie aider à la réhabilitation immédiate des usines textiles en décrépitude au Bénin ; mettre un terme au programme envahissant des friperies et autres « prêts à porter » qui détruisent nos industries et réduisent nos couturiers au chômage.


4°- Dans le domaine bancaire, la mise en place d’institutions bancaires publiques pour la fourniture de crédits aux producteurs, notamment pour le secteur agricole.

5°- Dans le domaine de l’instruction publique, la Suppression dans un délai rapide de l’analphabétisme. Ce qui implique une Réforme totale de l’instruction et institution obligatoire de l’instruction en langues nationales suivie d’une Alphabétisation de tout le peuple en langues nationales.


Enfin,
6°- Pour tout cela, réunir les opérateurs économiques béninois sans exclusive en Etats Généraux de l’Economie et signer avec eux une charte pour un plan de développement et un juste partenariat Public-Privé.

Cotonou, le 03 Juin 2022
Pour le Conseil National de Gouvernance Démocratique et Patriotique
Le Président
Prof. Philippe NOUDJENOUME

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