05 avril 2010 : 13 ans déjà qu’a disparu Pascal FANTODJI, Chef historique du PCB


Le 05 avril 2023, cela fait treize ans déjà que Pascal FANTODJI, l’initiateur et le fondateur du Parti Communiste du Bénin naguère Parti Communiste du Dahomey a quitté ce monde. Le 05 avril 2010, les militants du Parti Communiste du Bénin, le peuple du Bénin, les peuples africains ont perdu un digne fils. Quant à l’espèce humaine et surtout sa franche progressiste, elle a perdu un digne représentant.


Elève et étudiant brillant, doté d’une intelligence exceptionnelle, il a mis cette dernière au service de la justice et de l’équité. Révolté par la souffrance des paysans, des ouvriers et tous ceux qui étaient les laisser pour compte de la société, il cherchait les voies et moyens de les aider à sortir de cette situation. A partir de là, il s’est mis à étudier l’exemple des autres peuples, surtout, ceux qui ont connu une situation similaire et qui ont réussi à s’en sortir. Dès qu’il a trouvé que seul un parti d’avant-garde, doté d’une discipline rigoureuse, et s’appuyant sur une théorie progressiste et révolutionnaire et l’idéologie marxiste-léniniste pouvait conduire le peuple à la victoire, il s’est mis résolument à la tâche pour la création du Parti. C’est ce qui fut fait le 31 décembre 1977 après le rassemblement dans l’UCD (Union des Communistes du Dahomey) edes marxistes-léninistes en pleine dictature de Mathieu KEREKOU et du PRPB.


Après la création du Parti, bien qu’étant en exil en Côte d’Ivoire, il le dirigea avec adresse, persévérance et courage. Lorsqu’en 1988, il sentait approcher la fin du régime, il rentra au pays en septembre sur la demande des camarades de l’intérieur pour prendre directement les choses en main sur le terrain. En octobre 1988, il dirigea la création de la Convention du Peuple, organisation qui avait pour vocation, de rassembler les patriotes de toutes obédiences qui voulaient s’engager dans la lutte pour le renversement de la dictature autocratique de KEREKOU-PRPB et pour l’avènement d’une Révolution Nationale Démocratique Populaire et Anti-impérialiste dans le pays.


C’est cette Convention du Peuple, creuset d’Unité du peuple qui lança la phase finale de la lutte contre la dictature en décembre 1988 avec la grève dans l’enseignement primaire. Très vite, le mouvement s’est généralisé en paralysant le pays dès le premier trimestre 1989. Parti des enseignants, le mouvement s’est étendu à toute la fonction publique et à tout le pays avec la constitution des comités d’action qui conduiront les luttes dans les administrations, dans les campagnes et dans les villes. Très vite les revendications sont passées à la sphère politique, à la manière dont le pays est gouverné. C’est ainsi que le droit de grève a été reconquis, la liberté d’association et de presse arrachée pour arriver à l’amnistie générale imposée au pouvoir le 31 août 1989, entrainant la libération de tous les détenus politiques et la levée de l’interdiction de séjour et la fin des poursuites contre les exilés politiques. Suite à cela, le mouvement s’est poursuivi pour arriver à la grande marche du onze décembre 1989 à Cotonou, s’étendant à tout le pays et qui cassa les reins à l’autocratie et mit fin au règne du PRPB.


Comme on le sait maintenant, la perspective de prise du pouvoir par le peuple paniqua l’impérialisme français qui réunit le banc et l’arrière banc de tous ses agents (tous ceux-là qui avaient dirigé, pillé et ruiné le pays), pour organiser la Conférence Nationale. Ainsi fut enfanté le régime du Renouveau dit Démocratique qui plongea le pays pendant trente ans dans le cauchemar pour finir par l’installation d’une nouvelle autocratie incarnée par Patrice Talon. Et c’est là encore que les enseignements de Pascal FANTODJI démontrent leur force et pertinence. « A regarder les choses de près, la révolution sociale au Bénin de Décembre 1989 à Février 1990 s'est arrêtée à mi-chemin parce que la conscience anti-impérialiste a été insuffisante », affirmait-il, indiquant ainsi la ligne de l’effort principal pour la victoire.


En adhérant à l’idéologie marxiste-léniniste, Pascal FANTODJI a compris que chaque peuple adapte les enseignements des fondateurs du marxisme-léninisme (Marx, Engels, Lénine, Staline) aux réalités économiques et sociales de son pays. Par conséquent, un parti communiste d’un pays donné, doit élaborer la théorie de la révolution dans ce pays, définir le contenu de cette révolution compte tenu de l’étape de la lutte et élaborer la stratégie et la tactique générale nécessaire pour cette révolution. Pascal FANTODJI dirigea la rédaction des Réalités Economiques et Sociales (œuvre publiée en trois volumes, 1980-1982), l’élaboration du Programme du Parti (1977) ainsi que ses approfondissements (1982) et développements à l’exemple de « Adresse au Peuple pour un Dahomey Resplendissant » (1985). Ce Programme indiquait les contradictions principales de l’étape actuelle de la Révolution et a défini la contradiction principale comme celle opposant le peuple à l’impérialisme français, ennemi principal et la haute-bourgeoise, sa complice. C’est en élaborant la théorie de la révolution au Bénin qu’il a approfondi les questions des classes, des nationalités, la juste résolution de la question des langues par l’instruction des enfants dans leurs langues maternelles. Voilà la base de la création de l’INIREF (1997) dont il est l’initiateur. Il était aussi un internationaliste chevronné. Il ne concevait pas la révolution au Bénin comme détachée de la révolution en Afrique et dans le monde.


En tant que scientifique et mathématicien, il s’intéressait à l’évolution des sciences et s’émerveillait toujours devant de nouvelles découvertes pouvant faire progresser l’humanité. Pascal FANTODJI, indiquait en même temps comment son peuple pouvait rattraper ses retards et contribuer à ces progrès de l’humanité. Toutes les idées qu’il avançait et qui étaient considérées par certains comme utopiques, sont reconnues aujourd’hui comme une nécessité historique. La question de l’égalité des langues, l’informatisation générale de la vie du pays, la nécessaire création d’une académie des sciences: mémoire sociale moderne au service du développement économique et social, etc.


En créant le Parti Communiste du Bénin, il a été toujours préoccupé par son devenir. Il ne voyait pas le Parti comme une chose à lui mais comme une création au service du peuple et qui doit pouvoir continuer après sa disparition. Beaucoup pariaient sur la disparition du PCB après sa mort. Mais les bases idéologiques, théoriques, de politique stratégique et tactique qu’il a forgées constituent le socle d’un parti vivace, coriace et tenace. Treize ans après, le Parti Communiste du Bénin reste debout continuant de jouer inlassablement son rôle d’éclairage des masses populaires dans leur lutte pour la libération des griffes de l’impérialisme français et de ses agents et pour l’avènement dans notre pays, de la Révolution Nationale Démocratique Populaire et Anti-Impérialiste.


A un moment où notre pays est confronté à une nouvelle dictature, où se pose à lui la question de comment s’en débarrasser, les enseignements de Pascal FANTODJI sont un précieux guide pour les actions à mener en vue d’atteindre cet objectif.
Que vive à jamais la mémoire de Pascal FANTODJI !


La Rédaction

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