PREMIERE SESSION DU COMITE CENTRAL DE L’ANNEE 2020
COMMUNIQUE FINAL

 

Le Comité Central du Parti Communiste du Bénin (PCB) s’est réuni le 1er février 2020 à Cotonou dans le contexte actuel de grands conflits dans le monde, de menées coloniales françaises contre le réveil patriotique des jeunesses et peuples africains et de la poursuite de la résistance de notre peuple contre une autocratie légalisée. Le Comité central a ainsi examiné la situation internationale, la situation dans la sous-région africaine avant d’aborder la situation nationale et les tâches qui en découlent.
1- Au plan international
Au plan international, la situation se caractérise d’une part, par l’aggravation des rivalités entre les anciennes et nouvelles puissances impérialistes avec pour mobile le repartage des richesses du monde ; ce qui peut déboucher sur une conflagration mondiale, et d’autre part, par la remise en cause par les peuples du système de représentation de la démocratie libérale. Les guerres commerciales des Etats-Unis contre la Chine et ses anciens alliés, les conflits armés au Yémen, en Syrie, en Irak, etc, la guerre contre l’Iran, d’une part, les protestations populaires en France (les Gilets jaunes, manifestations contre la réforme des retraites), au Liban, au Chili, en Irak, et qui exigent un autre système de représentation plus directe des citoyens, illustrent bien cette situation.


II- Dans la sous-région africaine
Continent le plus arriéré, l’Afrique fait l’objet de toutes les convoitises. Toutes les puissances y accourent et rivalisent pour piller ses immenses richesses. Dans cet objectif, elles n’hésitent pas à fomenter des guerres afin de légitimer leurs interventions et occupations militaires.
L’impérialisme français qui a maintenu sous un pacte colonial ses anciennes colonies se distingue dans cette situation par sa politique et ses interventions. Se voyant menacé de déclassement de sa place dans le monde, l’impérialisme français entreprend des guerres de type colonial dans toutes les régions africaines pour maintenir sa domination. Après la Côte-d’Ivoire (sous Gbagbo), aujourd’hui, tous les pays du Sahel sont sous occupation militaire de la France qui joue au pyromane par l’intermédiaire des groupes djihadistes pour justifier son aide de sapeur-pompier.
Cette guerre est étendue contre les puissances africaines qui pourraient contrecarrer ses plans. Pour la France, le Nigéria doit être déstabilisé, ce qui permettrait de contrer le projet de réalisation de la monnaie unique de la CEDEAO qui rompt la tutelle coloniale de la France sur l’économie des pays francophones. C’est ce qui explique le folklore de la fausse disparition du Franc CFA et du sabotage de l’Eco orchestré le 21 décembre 2019 à Abidjan par le président français Macron avec l’aide éhontée de ses complices Ouatarra et Talon-Wadagni.
L’impérialisme français et le pouvoir de Talon pensent profiter de la situation de la fermeture prolongée des frontières pour attiser un sentiment de haine contre le Nigéria et multiplient des provocations dont la dernière en date est l’action judiciaire intentée par la Cour Constitutionnelle du Bénin contre le président Nigérian à travers ses "complices", les présidents Boni Yayi et Nicéphore Soglo. Manifestement, l’impérialisme français cherche à plonger notre pays dans une guerre contre le Nigéria et/ou créer une situation qui lui permettrait de venir occuper militairement notre pays. N’oublions pas le rocambolesque enlèvement de deux ressortissants français dans le parc de la Pendjari et tout le scénario tissé autour.
Ces agissements accélèrent une révolution philosophique patriotique et panafricaniste au sein de la jeunesse et des peuples africains. Le pacte colonial avec le franc cfa, les bases militaires, l’hégémonie de la langue française, sont de plus en plus et ouvertement dénoncés et rejetés.
De même, ici aussi, la démocratie libérale, instaurée depuis les années 1990 a montré ses limites pour la satisfaction des exigences et aspirations des jeunesses et des peuples. A maints endroits, cette démocratie libérale a permis et couvert la restauration des dictatures autocratiques. La soif de démocratie populaire et l’éveil patriotique préparent la révolution nationale, démocratique, populaire et anti-impérialiste pour l’essor de l’Afrique.
III- La situation nationale
Au plan national, l’autocratie a achevé, par l’imposition d’une nouvelle Constitution, la légalisation de tout son arsenal juridique et institutionnel de dictature. La démocratie a été liquidée. Toute opinion indépendante est prise pour de la dissidence, voire la rébellion et les hommes ainsi que les organes de presse qui l’expriment sont réprimés. Après le journal "Nouvelle Tribune", la radio "Soleil FM" est fermée. Des journalistes et des web-activistes sont arrêtés et jetés en prison après des procès iniques. Il faut empêcher, réprimer toute expression indépendante pour que la pensée unique du Chef autocrate ne rencontre aucun contradicteur et que seules la démagogie et les louanges creux à chaque fait et geste du pouvoir soient diffusés comme parole d’évangile.
Pour arriver à ce but, l’autocrate a dû, d’une part, s’asservir davantage à l’impérialisme français et d’autre part, actionner et mettre à nu les traitres acquis à sa cause dans les partis haut-bourgeois non au pouvoir, notamment au sein des FCBE. Mais, si la mainmise de Talon sur les partis hauts-bourgeois accroît le désarroi des masses et obscurcir les perspectives immédiates, la résistance populaire se poursuit. Personne ne croît plus vraiment à la possibilité de se défaire de l’autocratie à travers les urnes et l’on se réfère aux luttes ayant abouti au renversement du pouvoir autocratique de Kérékou-PRPB. On assiste alors à une clarification dans les rangs de la Résistance.
Mais surfant sur le ralliement à lui des hauts bourgeois traitres, Talon entend organiser des élections communales et municipales dans l’exclusion, encore une fois, des partis qui lui résistent et ont rejeté les conditions anti-démocratiques posées aux anciens partis pour l’obtention du récépissé. On constate alors que comme pour les législatives de 2019, le Parti Communiste et les masses sont arbitrairement exclus des prochaines élections communales et municipales de mai 2020. Ensuite, en imposant pour ces élections communales qui sont un scrutin de proximité, la présentation des candidats dans tous les arrondissements ainsi que l’attribution des sièges aux seules listes ayant recueilli au moins 10% des suffrages exprimés au plan national, le nouveau code nie la décentralisation et exclut de fait les masses du droit de désigner leurs conseillers et maires. Comme dans le cas des députés, les maires seront nommés par Talon et distribués à travers les partis acquis à lui. Ainsi, le prochain scrutin dont l’organisation est, par ailleurs, exclusivement contrôlée par le pouvoir et ses partis, est une vaste mascarade électorale ayant pour objectifs de faire accroire que le peuple est satisfait de la politique du pouvoir autocratique, de cautionner le parlement de sang, et enfin de valider la proclamation des maires nommés.
Pendant ce temps, durement frappées par les conséquences de la fermeture des frontières avec le Nigéria, les conditions de vie des masses, notamment celles des ouvriers, des paysans et artisans, des vendeurs et vendeuses des marchés se sont brutalement et davantage dégradées. La faim s’est aggravée et étendue et des actes de désespoir allant jusqu’aux suicides se multiplient. Le plan de destruction de tout le secteur public et son remplacement par des monopoles privés des hommes et des associés du clan de Talon se poursuit. L’Ecole publique est à l’agonie, la santé publique en ruine.
Par ailleurs, cette fermeture des frontières a souligné la faillite objective du modèle de "pays entrepôt", de fournisseur de matières premières brutes (coton et autres) au service du pacte colonial. La réorientation du modèle économique du pays sur une base patriotique pour le développement du pays et un meilleur avenir à la jeunesse est posée comme problème urgent à résoudre.
Ayant atteint son apogée, l’autocratie, pour se maintenir développera davantage la démagogie, les mesures trompe-œil, mais surtout la répression et la terreur contre le peuple résistant. En témoignent le flot de duperie à propos de la réalisation du projet d’asphaltage, les intimidations et menaces de représailles contre le droit légal et légitime de ne pas aller voter, et tout particulièrement l’état de siège de Savè. Mais confrontés à la faim et au manque de libertés, instruit de ses expériences de luttes passées contre les pouvoirs dictatoriaux, le peuple béninois vaincra l’autocratie de Talon.
En conclusion
Sur la base de ces analyses et considérations, la session du Comité Central a pris des décisions et des résolutions pour la poursuite des combats aux côtés de la jeunesse et des masses combattantes. Il a adopté des motions sur les sujets brûlants de l’actualité internationale, sous régionale et nationale dont notamment :
Une déclaration sur la situation internationale ;
Une motion contre les agissements et les agressions de l’impérialisme français en Afrique ;
Une motion à propos des prochaines élections communales et municipales ;
Une motion à propos des événements de Savè ;
Une motion sur la ruine de l’Ecole ;
Une motion de soutien et d’appel à la solidarité avec les enseignants arbitrairement radiés ;
Le Comité Central salue le réveil patriotique de la jeunesse africaine contre le pacte colonial et les guerres de type colonial que mène actuellement l’impérialisme français contre nos pays. Il soutient les exigences de départ de toutes les bases et troupes militaires étrangères de nos pays, de la fin de la servitude monétaire et culturelle.
Le Comité Central salue et félicite les ouvriers, paysans et artisans, les jeunes, tous les démocrates et patriotes à l’intérieur et de la diaspora qui, malgré les intimidations et les répressions, continuent la résistance à la dictature autocratique de Talon. Il les appelle à ne pas céder face à la terreur que développe ce pouvoir de gouvernance d’opacité, d’accaparement des secteurs vitaux de l’économie du pays et de pillage des ressources publiques.
Il les appelle particulièrement à opposer à la campagne électorale de démagogie et de mensonge du pouvoir, la réalité de la dégradation des conditions de vie et de travail du peuple, le règne de la faim, de la misère pour l’immense majorité des jeunes, le piétinement quotidien des libertés démocratiques.
A bas l’autocratie ! Le peuple vaincra !

Cotonou, le 1er février 2020.

Le Comité Central du PCB
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