APPEL
A L’UNION DU PEUPLE POUR UNE GOUVERNANCE DEMOCRATIQUE ET PATRIOTIQUE.
Peuple béninois,

Depuis le 20 août 2019, notre pays a vu ses frontières fermées avec notre grand voisin de l’Est, le Nigéria. Comme c’est le cas lorsque cela se produit, notre peuple, déjà meurtri par la gestion assassine de la Rupture, est encore plongé dans des souffrances atroces. Cette situation n’est pas à sa première édition et ne constitue en fait pas une surprise. Et pour cause ! La raison est simple : la politique de contrebande du Bénin tue l’économie nigériane. Le Ministre nigérian de l’agriculture déclarait en août 2018 : « Notre autre problème c’est la contrebande. Actuellement il y a un de nos voisins qui importe du riz plus que la Chine. Pourtant, on ne consomme pas de riz étuvé dans ce pays mais du riz blanc. Ils utilisent donc leur port pour nuire à notre économie » (L’Economiste du 25 juin 2018).
Dans un papier en date du 14 juin 2019, je disais ceci « Pendant que le Nigéria fournit des efforts pour produire une énorme quantité de riz de très bonne qualité sur le marché nigérian, le gouvernement béninois, non seulement ne fait rien pour promouvoir la production interne, mais autorise que transitent par le port de Cotonou des tonnes de riz à qualité douteuse en provenance des pays que l’on connait et ceci à très bas prix ; ce qui crée des conditions de mévente et de sabotage de l’économie nigériane... Au lieu d’une telle politique de patriotisme économique, les différents gouvernements de notre pays et plus particulièrement celui de la Rupture préfèrent la poursuite de politique du pacte colonial. Exporter brutes les matières premières produites et importer le produit fini ».

Notre pays est dans l’impasse désormais, obligeant des éléments du pouvoir à des déclarations incongrues comme celles du Ministre Wadagni à Tokyo selon laquelle « Le Bénin veut transformer sur place les 2/3 de ce qu’il produit » (La Nouvelle Tribune du 28 août 2019). Comme par une baguette magique ! Est-ce le réveil ? On est désormais face à l’abîme. Le journal l’Economiste dans un éditorial intitulé « C’est le moment de sortir le grand jeu face au Nigéria » écrit justement : « Mon cher pays…, est appelé à un sursaut patriotique…Dos au mur, je ne peux pas reculer …C’est maintenant que les dirigeants doivent sortir le grand jeu. La politique efficace qui permet au Bénin d’avoir une autosuffisance alimentaire, de transformer les produits agricoles sur place avant de les exporter … » (L’Economiste du 06 septembre 2019).

Peuple béninois,
Il faut rompre avec le pacte colonial.
Depuis 1960, les démocrates, les patriotes du Bénin, dont plusieurs dans maints domaines d’édification du pays (soit par connaissances techniques, soit possesseurs de moyens financiers) sont tenus à l’écart. Ils observent ce qu’il est convenu d’appeler la classe politique dans des gesticulations et contorsions politiques dont les mobiles sont tout sauf ceux du développement, ceux de l’amour du pays, l’amour pour ce peuple qui leur a pourtant tout donné. Il est noté que les actions des divers gouvernements qui ont dirigé ce pays depuis 1960 se sont inscrites davantage dans la mise en œuvre des engagements coloniaux datant de cette période et qui contraignent notre pays à n’être qu’un dépotoir des produits industriels métropolitains principalement français et exportateurs de produits bruts, commandités de l’extérieur et définis comme « filières phares » ou produits de rente. La conséquence est que le génie du peuple béninois est enchaîné et tous les jours qui passent voient notre chère patrie piétiner sinon reculer, alors que d’autres pays, même africains progressent.
La gouvernance actuelle, celle de Patrice Talon est allée plus loin dans cette politique d’économie de traite coloniale. En plus d’une politique mafieuse et accapareuse des biens nationaux, en plus qu’elle étouffe les libertés y compris les libertés d’entreprendre et de produire, la gouvernance de Patrice Talon donne la chasse à tous les opérateurs économiques béninois non soumis à son clan, transforme les monopoles d’Etat en monopoles privés à son service, étouffe les énergies nationales, détruit toutes les entreprises nationales porteuses d’espoir (par le biais des impôts, des décisions et des appels d’offres biaisés pour les grands monopoles) ; la gouvernance Talon décourage tout patriote porteur de projets novateurs, ruine par des mesures diverses toute volonté nationale de développement et montre jusqu’à quel point notre pays peut tomber dans l’aventure.
Depuis 1960 donc, nous assistons comme à un éternel recommencement ; mais en fait à la mise en œuvre d’une même politique à travers des équipes gouvernementales diverses. Il faut une autre politique.
Notre peuple s’est bravement battu et se bat contre les agressions, les multiples actes de non droit, dont il est objet de la part du pouvoir de la Rupture. A ce sujet, je rends ici hommage à tous les combattants pro-démocratiques tant de l’intérieur que de la diaspora, dont plusieurs sont tués, en prison ou en exil. Je rends hommage à toute l’Opposition organisée sous l’appellation « Résistance ».
Mais je me dois de dire qu’aujourd’hui, il faut plus que « résister » au despotisme. La résistance peut signifier la défensive, la stratégie pour parer les coups ; elle peut signifier un combat pour le retour à l’ancien, à ce qui se fait depuis 1960. Non, cette vue est dépassée. Il faut être offensif. Il faut désormais offrir au peuple une Alternative, une Gouvernance Démocratique et Patriotique.
Chers Concitoyens, Peuple béninois,
Il est temps que tous les patriotes béninois (démocrates, possesseurs ou non de moyens et de projets de développement) s’unissent, par un pacte patriotique républicain, en un Conseil National de Gouvernance Démocratique et Patriotique (CNGDP) autour d’un Programme de développement rapide et accéléré du pays ; ceci sans sectarisme, sans manichéisme.
C’est pourquoi je propose à tous, Patriotes, Démocrates, attachés aux intérêts supérieurs du pays et pour son développement, le programme ainsi qu’il suit :

I- GRANDS PRINCIPES

A- Au Plan politique :
La restauration de l’Etat de droit, de la démocratie et des libertés politiques avec consécration de la souveraineté nationale.
B- Au Plan économique :
1°- Le programme pour une Gouvernance démocratique et patriotique vise la levée des entraves pour le développement économique accéléré et durable de notre pays et l’amélioration du sort des populations.
2°--Ce programme privilégie la production nationale pour nourrir la population et satisfaire ses besoins sans cesse croissants et exporter. Le Conseil National de Gouvernance Démocratique et Patriotique se fera le promoteur des opérateurs économiques nationaux pour leur approvisionnement en matières premières et la conquête des marchés à l’extérieur comme le font tous les gouvernements des pays développés.
3°- Le Programme, dans sa mise en œuvre, d’une part prend appui sur les valeurs et savoirs positifs de nos cultures pour les développer, et d’autre part arrime d’emblée notre pays aux secteurs les plus en pointe dans tous les domaines (génie logiciel, énergétique, électronique, biotechnologique, etc.).
Pour le développement accéléré de notre pays, il faut permettre et garantir aux producteurs nationaux le large accès à la connaissance, à l’information, au crédit et aux marchés.
4°- Pleine application du Partenariat Public-Privé avec priorité aux opérateurs économiques nationaux.
C- Au plan éducationnel :
Une Ecole qui forme les bâtisseurs et producteurs patriotes du pays.
D- Au plan environnemental :
Le principe de précaution pour la préservation de la santé humaine et de la diversité écologique.
II- PROGRAMME PROMPREMENT DIT :
IL S’IMPOSE LA CONVOCATION D’UNE ASSISE NATIONALE DES FORCES ORGANISEES DE TRAVAILLEURS, D’EMPLOYEURS ET DES NATIONALITES POUR L’ELABORATION D’UNE NOUVELLE CONSTITUTION, EXPRESSION D’UN NOUVEAU VIVRE ENSEMBLE SANS FRACTURES ET EXCLUSIONS SOCIALES.
Cette Assise doit pouvoir adopter les grandes Orientations du Programme d’Edification Patriotique du Pays que sont :
II-1 Au Plan Politique :
1°- Les libertés démocratiques totales rétablies aux citoyens et aux peuples (libertés de conscience, de culte, d’association, de réunion, de presse, liberté de manifestation, rétablissement du droit syndical de grève, du multipartisme intégral) ;
2°- Une justice indépendante et proche des justiciables ;
3°- Une administration efficace, de développement, accessible et à l’écoute des usagers ; la restauration de l’orthodoxie administrative et la transparence dans la gestion du bien public ;
4°- Le Rétablissement dans leurs prérogatives des institutions traditionnelles fondamentales du pays (Rois et autres Dignitaires traditionnels) à tous les niveaux (parlementaire, juridictionnel) matérialisé par la création d’une Chambre des Autorités Traditionnelles au Parlement (chargée d’étudier la conformité des lois votées avec nos traditions positives) ainsi que d’une Chambre de droit traditionnel de la base jusqu’à la Cour suprême ;
5°- La Représentativité des divers secteurs modernes au Parlement (Travailleurs salariés, paysans, opérateurs économiques, artisans, jeunes, femmes, etc.) ;
6°- Une lutte efficace contre l’impunité, la corruption et le pillage des ressources nationales :
- Instauration du contrôle citoyen à la base de la gestion du bien public avec l’élection et la révocabilité des DG et des directeurs techniques des entreprises publiques et administrations publiques par le personnel et les délégués des usagers de ces entreprises et administrations sur des critères de compétence et de probité ;
- Publication régulière des audits des administrations et entreprises publiques.
7°- Réhabilitation de l’armée en la sortant de l’état de ruine actuel (ruine matérielle, ruine de formation, conditions misérables des hommes en armes) à une armée moderne patriotique et bien performante. Evaluation de l’expérience de la fusion de la gendarmerie et de la police pour en situer les forces et les aspects négatifs ;
8°- Réforme territoriale avec division du territoire assurant l’auto-administration locale étendue jusqu’aux villages avec comme premier niveau, niveau le plus élevé, la région autonome définie par l’homogénéité ethnique et à direction élue.
II-2 Au Plan économique :
1°- La souveraineté de l’Etat sur toutes les ressources naturelles du sol et du sous-sol avec leur appartenance inaliénable à l’Etat ;
2°- La liberté d’entreprise et de production ;
3°- La protection des producteurs et opérateurs économiques béninois et la promotion de la production avec pour objectif à terme, consommer pour l’essentiel ce que nous produisons et produire ce que nous consommons tout en développant les échanges internationaux.
Pour cela
Réunir les opérateurs économiques béninois sans exclusive en Etats Généraux de l’Economie et signer avec eux une charte pour un plan de développement contenant les éléments suivants :
a)- Urgence de la transformation des produits nationaux au Bénin avec association de capitaux privés, prioritairement béninois dans un juste partenariat avec les capitaux publics.
b) - Obligation de donner priorité aux opérateurs et aux experts béninois dans l’attribution des marchés publics et des études des projets.
c)- Priorité accordée aux entreprises béninoises pour leur approvisionnement en matières premières produites au Bénin avant toute vente à l’extérieur.
d)- Protection par des mesures tarifaires et fiscales, des entreprises et opérateurs économiques béninois.
e)- Mise en place d’institutions bancaires publiques pour la fourniture de crédits aux producteurs. Ce qui implique : Création d’une Banque d’Etat avec le double volet secteur industriel et secteur agricole pour l’accès au crédit aux entrepreneurs nationaux et pour la promotion industrielle au Bénin.
f)- Rejet de la transformation des monopoles d’Etat en monopoles privés.
g)- Publication de tous les accords à caractère économique de l’Etat avec les pays étrangers.
h)- Evaluation de toutes les privatisations et concessions des entreprises et services publics depuis 1992 notamment celles effectuées sous le régime de la Rupture et arrêt des processus de privatisations des entreprises des secteurs stratégiques comme Bénin Télécoms, SBEE, la SOBEMAP, Port Autonome, Douanes, etc.
4°-Appel aux capitaux étrangers pour la réalisation de ce plan de développement avec nécessairement pour les entreprises stratégiques une participation étatique majoritaire ou tout au moins avec une minorité de blocage.
5°- Aide à la coopérativisation des paysans avec l’encadrement de l’Etat, en de grandes coopératives de service, de production et de commercialisation pour l’atteinte d’une agriculture intensive.
6°- Aide à la formation et à la coopérativisation des artisans de manière à les regrouper par branche et par secteur en grandes manufactures et en fabriques pour la transformation sur place de nos matières premières.
II-3 Au Plan Educationnel et socio-culturel :
Réunion des Etats Généraux de l’Instruction Publique pour l’adoption d’une feuille de route comprenant :
1°- La Suppression dans un délai rapide de l’analphabétisme.
Ce qui implique une Réforme totale de l’instruction et institution obligatoire de l’instruction en langues nationales suivie d’une Alphabétisation de tout le peuple en langues nationales.
2°- Développer une formation technique moyenne généralisée avec la création de multiples écoles techniques et polytechniques sous la forme duale, combinant la formation théorique à la formation technique, du primaire à l’université sous la supervision de centres de recherche de hauts niveaux capables de répondre aux besoins de transformations des divers secteurs de l’économie nationale.
3°- Révision du contenu actuel de l’histoire telle écrite et l’enseigner à tous les niveaux ;
4°- Institution de bourses et allocations scolaires et universitaires pour les fils de pauvres ;
5°- Redynamisation de l’Académie des Lettres, Sciences, Arts existante en l’expurgeant de son caractère néocolonial et exogène actuel ;
6°- Création d’Instituts de recherche de haut niveau et d’écoles supérieures dans tous les domaines possibles, mais nécessairement en énergie renouvelable et durable (soleil), en sciences cognitives et en génie logiciel ;
7° Réforme immédiate du secteur de la santé avec pour objectif l’équipement en plateaux techniques des centres de santé, l’amélioration des conditions matérielles des personnels de la santé et la gratuité progressive de la santé aux travailleurs et aux peuples, l’éducation sanitaire intégrée aux programmes d’enseignement à tous les niveaux.
II-4 Au Plan de la coopération sous-régionale et internationale :
1°- Maintien et renforcement des relations avec tous les pays sur la base des intérêts réciproques ;
2°- Etablissement d’une coopération dynamique avec les pays de la sous-région notamment le Nigéria, pour la facilitation des affaires aux producteurs nationaux ;
3°- Résoudre avec les gouvernements des pays de l’UEMOA et de la CEMAC le nécessaire décrochage du franc CFA du Trésor français et la création d’une monnaie sous-régionale souveraine.
II-5 L’Assise nationale prend des mesures d’urgence portant :
A- Réhabilitation démocratique et sociale
1°- Amnistie générale avec libération immédiate des détenus politiques et retour des exilés politiques.
2°- Suppression de toutes les lois et décrets liberticides et d’exclusions sociales (loi portant charte des partis politiques et rétablissement du multipartisme intégral, loi portant code électoral, loi portant code pénal, loi portant création de la CRIET, loi sur la grève, loi sur l’embauche, loi sur les collaborateurs extérieurs, loi portant partenariat public-privé pour élaboration d’une nouvelle loi portant partenariat public-privé, …).
B- Lutte contre l’impunité avec la création de :
1°- Une Commission « Vérité et Justice » chargée d’établir l’état des lieux en matière de crimes politiques depuis 1972 avec la création d’une Cour chargée de juger ces crimes.
2°- Une Commission chargée de connaître les crimes économiques commis depuis 1990 et particulièrement d’évaluer l’ampleur des dégâts causés au Bénin depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon par l’accaparement des entreprises publiques et les secteurs essentiels de notre économie par Talon et Compagnies (SODECO, SDI, DFA (coton), Port sec d’Allada, Bénin Control (PVI).
C- Création d’une Commission à l’Education et à l’Instruction Publique.

D- Actions économiques immédiates.
4°- Interdiction des réexportations de produits (en direction des pays voisins) tels le riz, etc., la promotion rapide de la culture de ce produit essentiel à l’alimentation en vue d’assouvir dans un bref délai l’autosuffisance alimentaire avec la suppression à terme de la politique économique basée sur l’importation/ réexportation des produits de consommation courante vers les pays voisins.
5°- Remise sur pied des anciennes et la création de nouvelles usines textiles avec l’interdiction de l’importation de kaki et autres treillis pour tenues vestimentaires des écoliers, élèves, des militaires et paramilitaires.
Peuple béninois,
Mes Chers Compatriotes tant de l’intérieur que de la Diaspora, telle est l’urgence à laquelle notre pays est confronté. Que chacun, dans son domaine de compétence et d’intérêt apporte sa contribution pour la mise en œuvre efficace et adéquate de ce programme.
Tous ensemble à la tâche pour cette alternative de Gouvernance Démocratique et Patriotique pour la Renaissance et le développement de notre très chère Patrie, le Bénin, au profit du peuple tout entier.
Je vous remercie.
Cotonou, le 12 Septembre 2019
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