Editorial
DECLARATION
A PROPOS DU SCRUTIN DU 17 MAI
2020
BRAVO PEUPLE BENINOIS !

 

Faisant suite à la motion de notre Comité
Central du 1er février 2020 à propos des élections
communales et municipales du 17 mai 2020, dans
l’Adresse à tout le peuple béninois en date du 07
Mai 2020, intitulé « Peuple béninois, compatriotes
de l’intérieur comme de la diaspora ! La mascarade
électorale du 17 Mai prochain ne nous concerne
pas ! » le Parti Communiste du Bénin vous a appelé
à Infliger « à l’Autocratie une nouvelle Défaite
méritée à la mesure de la forfaiture ! Et à Rester
« dans vos Maisons ou vaquer à vos affaires pour la
recherche de quoi s’occuper de vous et de vos
familles.». Le Parti Communiste est heureux que de
nombreux partis et organisations de la Résistance,
tant à l’intérieur que dans la Diaspora aient lancé et
agité le même mot d’ordre.
Peuple béninois !
1°- Au regard de ce qui s’est passé le dimanche 17
Mai 2020, nous pouvons affirmer que l’Appel a été
largement entendu et nous vous disons « Bravo et
Félicitations » pour vous-mêmes, pour nousmêmes ! Car, tout comme le 28 Avril 2019, la
journée du 17 Mai 2020 s’inscrira en lettres d’or
dans les annales de l’Histoire de la lutte de notre
peuple pour l’émancipation démocratique et
patriotique de notre chère Patrie : le Bénin. Comme
en 2019 vous avez largement refusé de cautionner
la mascarade électorale. Dans votre grande
majorité, vous êtes restés chez vous ou avez vaqué à
d’autres occupations. Les exemples fournis par les
données recueillies le démontrent très largement :
Commune de Cotonou : Inscrits : 414.350. Nombre
de Votants 101.598, Abstention : 299.738 ;
Bulletins Nuls : 4273, Suffrage exprimé : 97325,
taux de participation : 24,52%. Même le Centre où
le Président Talon a voté le matin – bureau de vote
Cheminots a donné les résultats suivants : Inscrits :
638, Votants : 103 et ; abstention : 535 soit 16% de
participation. A Porto-Novo 3ème Arrondissement :
Inscrits : 19.603 Votants : 7.450 ; 2ème
Arrondissement : Inscrits : 29.751, Votants :
9.394.etc. A la mi-journée du 17, les Organisations
de la Société Civile annonçaient 11% etc.
2°- Ce n’était pas évident d’attendre un tel résultat.

Car nous savons que les élections actuelles
(communales et municipales) ne sont pas les mêmes
que les élections législatives de 2019. Pour
plusieurs raisons : ici il s’agit des élections locales,
les élections de proximité où sont impliquées les
relations familiales et ethniques plus fortes que pour
les élections législatives. A titre d’exemple pour
chaque circonscription électorale, à savoir
l’arrondissement, nous avons une moyenne de
candidats de l’ordre de 30 soit un total d’environ
18.000 candidats pour les 546 arrondissements du
pays. Avec cette situation que chacun a un frère,
une sœur, un cousin, un père, une mère, une tante,
etc. candidat, les considérations subjectives
sentimentales submergeraient la conscience
politique de bon nombre de citoyens et ce
davantage lorsque l’on descend des centres urbains
vers les zones rurales. Ce qui n’était pas la même
chose pour les élections législatives qui mettent en
concurrence un nombre beaucoup plus restreint de
candidats et dont l’enjeu est davantage national. En
plus, il faut noter aussi que les masses ont été
perturbées par les mots d’ordre confusionnistes de
personnalités se réclamant de la Résistance qui, soit
disant pour « garder leur électorat », ont donné le
mot d’ordre et appelé à aller voter. Si l’on ajoute à
toutes ces considérations, le phénomène récurrent
de corruption massive, les distributions de sous
avec les fameux « porte-à-porte » la veille du
scrutin, les menaces et pressions de toutes sortes, on
voit bien davantage le succès qu’a représenté pour
le Peuple la journée du 17 Mai 2020.
3° -Nous savons que comme en 2019 pour les
législatives, où avec à peine 4% de participation
l’on a donné 27%, le pouvoir donnera les chiffres
gonflés et loin de la réalité. Mais cela ne nous
regarde pas. Pour l’heure l’essentiel a été fait. Le
peuple a exprimé sa souveraineté.
Peuple béninois !
Le Pouvoir a bafoué toute souveraineté ; il
nommera ses maires y compris ceux qui n’ont pas
été élus au nom du critère de 10% au niveau
national.
Avec le scrutin communal et municipal du 17 Mai,
le Pouvoir Autocratique de Patrice Talon peut
estimer avoir fini d’asseoir toute son armature
juridique, institutionnel et administratif de la
dictature despotique, du sommet à la base.
Il ne reste au peuple que la poursuite des combats
pour la libération définitive de notre pays de la
dictature autocratique et l’indépendance réelle de
mon pays.
C
o
t
n
La FLAMME N°350 22 mai 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 3
Elections communales et municipales du
17 mai 2020 au Bénin : Un véritable
marché d’exclusion du peuple et de
négation de sa souveraineté à la base.
omme on le sait, les élections communales
et municipales ont eu lieu le 17 mai 2020.
Ces élections de proximité qui permettent
aux citoyens de désigner leurs gouvernants à la
base, sont devenues un marché d’exclusion et de
négation de la souveraineté du peuple.
En effet, l’exclusion du peuple des élections et la
négation de sa souveraineté ont pour origine, les
lois autocratiques et en particulier la fameuse loi
portant code électoral, adoptées par les députés
vendus corps et âme au Président Patrice Talon.
Le peuple est exclu des élections communales et
municipales pour plusieurs raisons :
1) Aucun parti de l’opposition, portant les
aspirations du peuple n’est autorisé à se
présenter à ces élections selon ces lois
autocratiques;
2) Le peuple n’a pas le contrôle des urnes,
seuls le pouvoir et ses affidés y ont
véritablement accès, et font toutes les
manœuvres qu’ils veulent.
Ces élections du 17 mai ont constitué un véritable
marché d’exclusion du peuple, où la souveraineté
de ce dernier a été complètement niée.
Cette négation de la souveraineté du peuple à la
base a tiré sa source et sa sève nourricière dans la
fameuse loi autocratique portant code électoral en
date du 15 novembre 2019 qui a fixé les conditions
et les modalités d’attribution des sièges. L’article
184 de ladite loi dispose que seules les listes ayant
recueilli 10% des suffrages valablement exprimés
au plan national sont éligibles à l’attribution des
sièges. Avec cette loi, des citoyens peuvent
majoritairement accorder leur suffrage à des
candidats dans leur circonscription sans qu’ils
soient élus. Ainsi, des candidats, non élus
conseillers et peut-être maires dans leur
circonscription peuvent être parachutés à la tête
des mairies contre la volonté des populations. Dans
cette foulée, sur les 1815 conseillers du Bénin
répartis dans les 546 arrondissements, les listes en
tête dans certaines communes et n’ayant pas été
déclarées avoir obtenu 10 % ne disposeront
d’aucun siège donc n’auront aucun conseiller bien
qu’étant élues par les citoyens à la base. Le cas des
communes de Porto-Novo, d’Adjarra etc en sont
illustratifs. Le PRD de Adrien Houngbedji n’a aucun
conseiller. Cette loi, à vrai dire s’oppose à la
souveraineté du peuple et son exercice à la base.
Dès lors, dans l’exercice de la gouvernance locale,
les citoyens sont dépouillés du pouvoir de
désignation de leur mandant et du contrôle de la
gestion de leur commune ou de leur municipalité.
Ainsi, les maires illégitimes et nommés
continueront à tourner dos aux aspirations des
populations à la base tout en faisant le jeu de
l’autocratie.
Abla ADAN
C
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ANTI-MANUEL (Suite7)
Table des stratégies des travailleurs et des
peuples
Faites ceci
Plus d’organisation
publique
Plus de dépenses
publiques
Veiller à l’exigence
de l’instruction de
la jeunesse dans la
liberté de choix de
ses options
Exiger le moins de
laisser-aller au
niveau de l’Etat et
moins de contrôle
Exiger la
programmation
informatique de
haut niveau des
questions publiques
Révélation des
données
économiques et des
Pour obtenir ceci
Le peuple voudra
s’instruire
davantage
Le peuple a alors
moins de
préoccupation et il
se libère pour des
activités plus
intéressantes pour
lui
La cellule familiale
sera plus compacte
et plus utile pour la
société en lutte
Alors les
travailleurs
exigeront plus de
cash et moins de
crédits
Diversification des
ressources et des
qualités des
membres de la
société
Protestation des
travailleurs contre
les taxes
contraintes
Dénoncer les
complications
administratives
Dénoncer les
problèmes ainsi que
leur non résolution
par le pouvoir
d’Etat
Dénoncer le
désordre
administratif
Résistance
maximum au
contrôle d’Etat
Mécontentement
social accru,
exigence d’une
nouvelle
administration,
notamment sa
simplification vers
l’autonomie
administrative
locale
Défense de
nouveaux termes de
la Loi fondamentale
Exigence par les
travailleurs de
planning dans les
activités d’Etat
Minimisation du
contrôle d’Etat
Nous avons là les conditions du rejet du
«consentement» ou rejet de la soumission au
diktat de l’Etat des grands et hauts
bourgeois.
Et lorsque ce rejet est bien acquis avec
l’émergence de nouvelles lois
constitutionnelles énoncées et exhibées dans
le cadre d’organisations légales bien
connues du pouvoir, on peut dire que les
conditions sont mûres pour le renversement
de l’ordre établi.
La FLAMME N°350 22 mai 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 5
Comment procéder alors au renversement
de l’ordre établi ?
Les esclaves classiques, dans leurs
soulèvements ont toujours été obligés d’agir
en clandestinité d’abord avant de réunir des
forces pour se démontrer face à leurs
maîtres. Ils ont toujours été mâtés et leurs
rébellions se sont soldées par des échecs. Il
est pour le moins curieux que des grands
bourgeois au pouvoir, disposant des élites
formées dans les plus grands et prestigieux
centres de formation aient conseillé et
observé la clandestinité pour agir contre les
peuples, les «esclaves» ainsi qu’ils les
appellent eux-mêmes dans «Manuel». Il leur
faut la capitulation complète des esclaves, le
«consentement» aux exactions pour se
déclarer véritablement vainqueurs. Il y a
manifestement la peur de l’organisation des
«esclaves» qui remette en cause la
domination des vainqueurs qui se savent
vulnérables avec la possibilité d’être
renversés avec les esclaves organisés.
L’élite des esclaves bénéficie elle, de la
force physique des esclaves organisés ainsi
que de l’instruction et de la science des
élites formées dans les mêmes grands
centres de formation que les maîtres ou dans
des écoles analogues à celles des maîtres.
Poursuivre la formation de cette élite et
organiser systématiquement les masses
travailleuses et tous les esclaves salariés est
une première tâche à exécuter pendant ou
immédiatement après le rejet du
«consentement». Et pour cette organisation,
si l’on doit toujours commencer
clandestinement, il faudra néanmoins à un
moment donné affirmer haut et fort la
volonté de passer à la prise du pouvoir et le
prendre effectivement. Dès lors que les
matériaux législatifs populaires se mettent à
cumuler pour un changement de la Loi
fondamentale, pour un changement de la
Constitution, il faut se mettre à préparer
pratiquement cette prise du pouvoir par le
peuple. Il faudra à point nommé affirmer
cette décision de prendre le pouvoir et
chercher les points d’appui à l’extérieur du
pays, s’assurer de leur existence et réalité
en même temps que l’on prépare l’élite
instruite. Aujourd’hui, la préparation de
cette élite instruite doit se concevoir dans la
perspective d’instruire tous les peuples de
sorte que ce projet peut et doit impliquer
autant que possible plusieurs peuples à la
fois pour une implication ultérieure de
l’ensemble du monde entier. C’est ce que
nous enseignent les expériences passées
ainsi que l’expérience directe et actuelle des
peuples du Bénin. Il n’est pas besoin d’aller
ici dans les détails d’ailleurs déjà bien
connus. ...»
ECHOS DE NOS REGIONS
ECHOS DU SCRUTIN DU 17 MAI 2020
Les dessous d’une élection frauduleuse et
de haute corruption !
Le dimanche 17 mai 2020, le
peuple béninois était appelé
aux urnes pour le choix des
conseillers communaux et
municipaux. Cette élection
était à l’avance dénoncée de
part et d’autres vue son
caractère inopportun, exclusif
et insincère. Effectivement au
jour du scrutin, des actes et incidents justifiant les
dénonciations ont été enregistrés. En voici
quelques-uns :
- Partout dans le pays, il y a eu distribution
massive d’argent. A la veille des élections, des
millions de FCFA ont été déboursés par les
responsables des partis pour faire ce qui est appelé
Un Mineur Votant
dans le Couffo
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l’opération « porte à porte ». Des hommes ont été
préparés à travers les villes et campagnes pour
parcourir nuitamment les ménages et leurs
distribuer d’argent afin de les convier à l’élection
du lendemain. Ainsi a été l’ambiance à la veille de
ces élections.
- Au jour des élections, plusieurs pratiques de
fraude et de corruption ont été développées. Que
ce soit dans les maisons ou sur les lieux de vote,
l’achat de conscience est organisé à travers la
distribution d’argent, la mobilisation des moyens
de déplacement (motos ou voitures) au profit des
électeurs sans oublier la nourriture et les boissons
(sandwich, coca-cola, sodabi, etc.) Aussi, des cas
de bourrage des urnes avec des bulletins préestampillés, des votes multiples par des personnes
détentrices de plusieurs cartes d’électeurs ont été
enregistrés partout dans le pays. A Cotonou par
exemple, tous les quartiers avaient été envahis par
les hommes du candidat UP Luc ATROKPO. Ils
parcouraient les maisons et centres de vote pour y
laisser des consignes de vote à travers l’achat de
conscience. C’est la même chose à Parakou où des
individus ont été appréhendés pour pratiques de
bourrage des urnes. En effet aux centres de vote
Titirou et Ladjafarani/école maternelle, les sieurs
Ibrahim YAKOUBOU (frère utérin du ministre Sam
Seidou ADAMBI) et Kadri ADAMBI (neveu du même
ministre ADAMBI Sam) ont été pris avec sur eux
plusieurs cartes d’électeurs et bulletins de vote
pré-estampillés BR. Plusieurs autres personnes
impliquées dans la fraude à Parakou sont en fuite.
Ceux qui ont été arrêtés seront présentés au
Procureur dans les jours à venir d’après les propos
de Geneviève BOKO NADJO, Vice-Présidente de la
Commission Electorale Nationale Autonome
(CENA), organe en charge de l’organisation des
élections au micro de la radio ORTB. Toujours à
Parakou, et cette fois-ci au centre de vote
EPP/Rose croix (2e
arrondissement de Parakou) où
il y a 7 bureaux de votes, le député Rachidi
GBADAMASSI a été surpris le jour du scrutin en
distribution d’argent aux agents de bureau de vote
y compris les policiers en charge de la sécurité des
lieux. A la suite du centre de vote, GBADAMASSI et
sa bande ont circulé dans les ruelles du quartier
pour y distribuer de l’argent aux populations. Ayant
constaté les faits, Monsieur Karim Issa Mama
NARO (candidat FCBE) a pris son téléphone et a
tenté de filmer la scène. Mais malheureusement
pour lui, il a été brutalisé par GBADAMASSI en
personne après que son garde-corps et son équipe
ont réussi à le neutraliser. Son téléphone lui a été
arraché puis emporté par GBADAMASSI et sa
bande. Alertées, par les cris de Monsieur Mama
NARO, les populations sont venues à son secours
puis les fraudeurs ont pris la clé des champs (Cf.
message audio de Monsieur Karim Issa Mama
NARO).
- Dans les autres régions du pays telles que,
Athiémé, Azovè, Klouékanmè, Toviklin, Abomey
etc., ce sont les députés nommés et autres agents
assermentés du pouvoir TALON qui ont instauré
des états de siège avec des millions mobilisés pour
l’achat de conscience. Ainsi dans la commune de
Toviklin plus précisément au poste de vote N°1 de
l’EPP Klémé dans l’arrondissement de Doko, le chef
de village a, lui seul, voté au moins 12 fois avant la
fin du scrutin. A l’EPP Ouando, Arrondissement
Ouanho, Commune d’Avrankou, Département de
l’Ouémé, 04 cartes d’électeurs ont été retrouvés
chez un membre de poste de vote. A Athiémé, plus
de 50 millions ont été dépensés pour l’achat de
conscience des populations. A Abomey et dans le
couffo, ce sont des cas de vote des mineurs qui ont
été enregistrés. Un individu avait été surpris
votant en lieu et place d’une vielle femme qu’il a
remorquée derrière sa moto et qui criait vouloir
voter le Baobab, symbole du parti Union
Progressiste.
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Tels ont été les grands faits de fraudes massives
et de haute corruption ayant marqué le scrutin
communal et municipal du dimanche 17 mai 2020.
Voilà donc les dessous du score de moins de 50%
de taux de participation enregistré.
Dovi TOSSOU
COVID-19 A PARAKOU :
IMPACTS ECONOMIQUE ET SOCIAL SUR LES
USAGERS DES PARCS DE LA VILLE ET DES
POPULATIONS
es parcs automobiles de Bus ou de petits
Taxis interurbains de la ville de Parakou sont
de très importants lieux d’intenses et
diverses transactions économiques. Il en existe 4
principaux : Albarika, Okédama, Guèma et Nima.
Les agents économiques qu’on y rencontre
fréquemment sont :
- Les conducteurs de Bus et chauffeurs de Taxis
interurbains,
- Les racoleurs en quête de passagers au profit
des Bus et Taxis contre une ristourne,
- Les chauffeurs de Bus et de Taxis,
- Les conducteurs de Taxi-motos zémidjans,
- Les vendeuses de diverses nourritures,
- Les vendeuses de pains, sandwich, de fromage
de lait de vache, d’eau ‘’pure water’’,
- Les agents des points de vente des produits de
MTN et Moov (crédits, retrait et dépôt
d’argent),
- Etc.
Plusieurs acteurs de ces différentes catégories citées
plus haut ont été rencontrés. Les plaintes sont
pratiquement les mêmes. Ici, sont reproduites celles
qui expriment le plus grand éventail des avis.
Au niveau des chauffeurs de Taxis
Shérif A, chauffeur Taxi 5 places fait la ligne
Parakou - Djougou - Natitingou. Pour lui, c’est la
désolation totale : « aujourd’hui, je ne peux pas
charger plus de 3 passagers ; le prix du voyage est
doublé. On ne trouve pas de clients. Je suis sur le
parc Albarika ce matin à 4 heures. Jusqu’à 10 h
maintenant, j’ai un seul passager qui menace de
descendre et je lui dis d’attendre et que si je trouve
un passager en plus on va démarrer. Le voyage
coûte cher, pas de passagers, le prix de l’essence n’a
pas baissé. Et souvent on ne trouve pas les trois
passagers autorisés. Parfois quand c’est ça, on
descend le seul passager et on ne voyage plus. Parce
que tu ne sais pas si tu vas trouver de passagers
pour revenir à Parakou. Parfois si on va, on est
obligé de dormir là-bas et revenir le deuxième jour
parfois même le troisième jour avec deux passagers,
alors qu’habituellement on fait l’aller-retour en une
seule journée. Comment on peut vivre comme ça ?
si le véhicule n’était pas pour moi, comment je vais
faire avec le propriétaire ? J’ai deux femmes et cinq
enfants. Tu vois ça ! ça chauffe. Il faut que le
gouvernement revoit sa décision sinon on va
mourir. La maladie même là, le gouvernement ne
nous aide pas et il nous empêche de nous
débrouiller encore. Ça veut dire quoi ? »
Au niveau des Bus
Le transport par Bus étant interdit, leurs sièges
(parcs) sont carrément fermés et il n’y a que les
gardiens. Les trois conducteurs rencontrés sont en
chômage et disent unanimement à peu près ceci :
‘’ je suis en chômage. Si je trouve autre chose je
vais faire en attendant, car je dois manger et nourrir
ma famille ‘’.
Au niveau des racoleurs
Les racoleurs sont à 90% en chômage. Ce n’est pas
moi qui le dis. C’est Abou sur le parc Albarika. « Je
suis chauffeur. J’ai mon permis de conduire mais je
n’ai pas trouvé de véhicule pour faire taxi. Je suis
obligé de faire racoleur pour manger et nourrir ma
famille. Tous les jours j’arrive sur le parc vers 4 h le
matin. Je reste au bord du goudron pour guetter les
clients qui arrivent. Je ne suis pas le seul. Avant,
nous sommes nombreux et nous courrons tous pour
nous arracher les clients. Parfois ça devient de la
bagarre entre nous parce que si tu restes tranquille,
tu ne trouveras pas un seul passager. Si tu trouves 2
passagers pour un taxi, ça peut te rapporter 500
francs. Par jour, je gagne entre 1000 et 2000 francs.
Mais il y a des jours où je ne gagne rien. Depuis
que Coronavirus est arrivé, les voyageurs ont
diminué, tous les taxis ne chargent plus et les prix
de voyage ont doublé. Les bus ne viennent plus.
Regardez comment tout est vide et tout est calme.
Plus de 90% parmi nous sont partis ailleurs.
D’autres sont allés dans les carrières pour charger
du sable dans les camions bennes. Ça va durer
combien de temps encore ; est-ce qu’on ne va pas
mourir ? »
L
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Au niveau des conducteurs de Taxi moto
zémidjans
Les Taxi-motos zémidjans ont déserté
considérablement les parcs. Pour AKANNON K.
conducteur zém à Parakou depuis plus de 10 ans at-il indiqué, la situation est simplement dramatique.
« Notre gouvernement ne fait rien. Il a dit que
chacun n’a qu’à se débrouiller. Est-ce que c’est bon
ça ? au Togo tout près, on a appris que les zém sont
interdits de circuler, mais leur gouvernement leur
trouve quelque chose par semaine. Comme ça, ils
sont mieux protégés et peuvent se débrouiller avec
leur famille avec ce qu’on leur donne. Ici, rien du
tout pendant qu’on ne trouve plus de passagers à
prendre parce que les Bus sont à l’arrêt depuis
plusieurs mois et le pays est divisé en deux. Je sors
de la maison tous les jours vers 4 h le matin pour
rentrer vers 20h. Difficilement je fais maintenant
1500 francs contre au moins le double avant. Je
n’arrive plus à faire les tontines comme avant et
mes projets sont stoppés tout ça à cause de la
corona. On n’a qu’à laisser les Bus rouler ».
Au niveau des vendeuses de nourritures
Malgré la diminution drastique de l’effectif des
vendeuses sur les parcs de la ville et surtout sur
celui d’Albarika, les quelques rares qui sont encore
en activité se plaignent de mévente et de baisse de
rendement. Maman Géné - diminutif de Géneviève
- vendeuse de nourriture à Albarika déclare : « le
parc est vide. Même si on prépare un peu, ça ne finit
pas et on ramène à la maison. Avant je prépare deux
fois. Le matin, je prépare 10 kg de riz et 10 sachets
de macaroni. A 14h je mets encore 3 kg ou 5 kg de
riz sur le feu et tout ça fini. Depuis que corona est
arrivé, les Bus ne viennent plus, les prix de voyage
sont devenus chers, les gens ne voyagent plus.
J’avais engagé 3 jeunes filles qui travaillent avec
moi. Maintenant je n’ai conservé qu’une seule.
J’étais dans 3 tontines : 2000 francs par semaine,
1000 et 500 francs par jour. Aujourd’hui,
difficilement je continue la tontine de 1000 par jour.
Si ça va durer encore longtemps, c’est grave ;
comment on va faire ? ».
Au niveau des vendeuses de pains, sandwiches,
fromage et eau ‘’pure water’’
Les vendeuses de fromage, de pains, de sandwich et
même d’eau ‘’pure water’’ ont presque disparu des
parcs. Certaines qui sont rencontrées ont indiqué
que beaucoup d’entre elles ont abandonné l’activité
parce que incapables d’honorer aux conditions
habituelles à savoir : prendre du pain chez le
boulanger à crédit pour la vente et revenir
rembourser pour prendre un autre stock à crédit et
ainsi de suite. Le système est semblable pour les
autres. C’est comme ça que la plupart d’elles se
débrouillent pour avoir un peu de bénéfice dans
lequel elles font des tontines qui les aident à réaliser
et à contribuer aux nombreuses dépenses de leurs
ménages. Aujourd’hui, on peut les rencontrer dans
la ville aller à pieds avec du pain, des fromages, de
l’eau sur la tête sans être certaine de tout vendre
dans la journée. Alimatou et Adjara toutes deux
vendeuses de pains sur le parc d’Okédama
souhaitent de toutes leurs forces « que corona s’en
aille et que les taxis reprennent leurs activités
comme avant. Sinon, elles vont mourir de faim ».
Au niveau des agents des points de vente des
produits de compagnie de téléphone MTN et
Moov
Quant aux nombreux points de vente de crédit, de
dépôt et de retrait de MTN et Moov, beaucoup ont
fermé par suite de la chute importante de leurs
revenus. Quelques-uns seulement continuent de
fonctionner. Aminou derrière son bureau juste à
l’entrée du parc Albarika ainsi que Gisèle sur le
parc d’Okédama que nous avons interrogés, ont dit
pratiquement les mêmes choses : ‘’ le matin, on a
dans notre sac jusqu’à 400 000 voire 500 000 francs
comme provision. Avec les opérations de retraits,
cette provision s’épuise avant 11 heures et on
n’arrive plus à servir les clients qui viennent opérer
des dépôts de sommes importantes. Si le patron ne
nous approvisionne pas à nouveau, on est bloqué.
On ne vend alors que des crédits et forfaits qui ne
rapportent pas autant que les opérations de retraits
et dépôts. Beaucoup de nos collègues sont au
chômage car leurs patrons n’ont pas pu tenir, nous
ne savons pas pourquoi. Nous sommes sûrs
qu’après la corona, si les transports reprennent
comme avant et que la limitation des places dans les
taxis est rétablie, les coûts de voyages vont revenir
à la normale et les activités seront plus florissantes.
Malgré que les points de vente sont maintenant très
réduits, c’est rare que la provision de 150 000 ou
200 000 francs s’épuise toute une journée. La
conséquence, si Aminou déclare que son patron
menace de diminuer son salaire qui est à 25 000
francs le mois, celui de Gisèle a déjà réduit sa
rémunération de 25 000 à 22 000 francs le mois
depuis fin mars 2020. Elle dit qu’elle est obligée
La FLAMME N°350 22 mai 2020
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 9
d’accepter et souhaite que corona soit vite
maîtrisé. »
Enquête menée dans la période du 16 avril au 8 mai
2020.
Parakou, le 14 mai 2020
AROUNA.
SITUATION INTERNATIONALE
FIN DU FRANC CFA ?
ENCORE UNE PROVOCATION DE LA
FRANCE
« Le Gouvernement français a adopté le projet de
loi entérinant la fin du franc CFA ce mercredi en
Conseil des ministres. Ce projet de loi découle de
l’accord conclu fin décembre par Paris et les États
de l’Union monétaire ouest-africaine. Il acte la
transformation du franc CFA, qui deviendra l’Eco
en maintenant la parité fixe avec l’Euro ainsi que la
fin de la centralisation des réserves africaines de
change auprès du Trésor français. » Ainsi parle RFI
dans une de ces émissions du 20 mai 2020. Puis
d’ajouter : « Le texte entérine l’accord de
coopération signé le 21 décembre dernier à
Abidjan par le président français Emmanuel
MACRON et les gouvernements des Etats de
l’UMOA, l’Union monétaire ouest africaine.
« Cette fin symbolique devait s’inscrire dans un
renouvellement de la relation entre la France et
l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre
histoire », a déclaré la porte-parole du
Gouvernement français, Sibeth Ndiaye. La France
retire ses représentants des instances de
gouvernance monétaire comme la BCEAO et
n’exige plus le dépôt de la moitié des réserves de
change de la BCEAO à Paris…la France n’a plus de
représentants, et sera seulement informée des
décisions prises par les Etats de l’UMOA. Car Paris
continue de garantir la monnaie ouest-africaine, ce
qu’elle présente comme une assurance tous-risques
en cas de grave crise monétaire. »
Encore une fois, la France vient de montrer son
arrogance et son mépris vis-à-vis des peuples
africains. Elle vient de façon paternaliste de décider
ce que les peuples d’Afrique francophone doivent
faire. En disant qu’elle se retire des instances de la
CEDEAO mais sera informée de tout ce qui se
décide, elle montre que tout ceci n’est qu’une farce
tendant à faire dire aux peuples africains : Vous
voulez votre indépendance monétaire ? Je vous la
donne !
Toute ces manœuvres avec les dirigeants vendus
d’Afrique, a pour objet, le sabotage de l’avancée
d’une monnaie commune à parité fixe avec d’autres
monnaies que l’Euro au niveau de la CEDEAO que
les hommes d’affaires français voient comme
contraire à leurs intérêts.
Les africains ont-ils besoin de leçons à recevoir de
la France aujourd’hui qui a montré son désarroi et
son incapacité face à la grave crise sanitaire et
économique que vit le monde ?
Les peuples africains veulent que chacun
s’occupent de ces affaires et le monde se portera
mieux. Voilà pourquoi nous disons à monsieur
MACRON : Votre CFA et votre ECO, nous n’en
voulons pas. Laissez les peuples africains vivre et
occupez-vous des affaires de la France.
DOSSOU Chimène
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