SUPPLEMENT SPECIAL AU N°350 du 22 mai 2020

La question de la Femme est d’une très grande importance. La situation de la femme est
un gradimètre du niveau d’émancipation de la société. La question d’actualité du
harcèlement sexuel révèle un aspect de cette situation de la femme dans la société
béninoise. Le PCB y a réfléchi et présente dans le texte qui suit, son analyse et ses
perspectives pour soutenir et éclairer le combat émancipateur des femmes.
La Rédaction
DU HARCELEMENT SEXUEL A LA CONDITION GENERALE DE LA FEMME:
LE PARTI COMMUNISTE DU BENIN CONDAMNE ET PROPOSE DES PERSPECTIVES.
I- Le Parti Communiste du Bénin condamne le harcèlement sexuel.
1°- Le 03 Mai 2020, à l’occasion de la célébration
de la Journée de la Liberté de la Presse, dame
Angela Kpéidja, journaliste à l’Organe d’Etat ORTB
a fait des déclarations sur son post « Facebook » :
« J’ai failli... Non je l’ai fait mais je reviens encore
plus forte. Ça m’a rongé toute la journée puis j’ai
décidé de mettre les pieds dans les plats. Le
harcèlement sexuel en milieu de travail, même à
mon âge a encore droit de cité avec des humiliations
de tout genre y compris la baisse de l’estime de soi.


Et ça, du plus haut vers les petits chefs de bas étages
que sont les rédacteurs en chef et sous chefs… ».
Pour prouver que Dame Kpéidja ne raconte pas des
mensonges, beaucoup d’autres témoignages et des
plus poignants émanant des victimes femmes
journalistes, comme celle de dame Pricile
Kpogbeme, sont venus renforcer ses déclarations,
révélant la pratique en cours à l’ORTB et dans
d’autres organes de presse.
La déclaration du 03 Mai 2020 est
importante en effet à plus d’un titre. Il s’agit d’un
véritable pavé dans la mare, non point seulement
de l’ORTB, mais de l’ensemble de l’administration
tant publique que privée de notre pays.
Le Parti Communiste du Bénin mesure quelle dose
de courage, quelle force de caractère, il a fallu à
dame Kpéidja pour oser briser l’omerta et affronter
toute la forêt des violeurs, harceleurs de l’ORTB,
toute la mare des autorités diverses, protégés par
leur position sociale temporellement occupée.
Derrière ce cri de désespoir, on perçoit aujourd’hui
quelles douleurs internes cachent les sourires forcés
de nos femmes journalistes aux antennes de nos
radios et télévisions béninoises. Derrière ce cri de
dame Kpéidja, c’est celui de nos innombrables
sœurs, filles, tantes et mères qui souffrent en silence
de ce fléau qu’il faut entendre. Car la parole doit être
donnée à ceux qui souffrent et qui se plaignent.
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Le Parti Communiste du Bénin condamne cette
pratique odieuse, il réprouve les tentatives de
banalisation des choses, les quolibets sur la vie
individuelle de la personne de la journaliste
Kpéidja, il loue sa bravoure et lui apporte son
soutien total dans ce combat. Il estime qu’à l’ORTB,
tous ceux qui tapis dans l’ombre, ont développé de
telles pratiques, doivent subir les sanctions méritées.
2°-Malheureusement, le cas de l’ORTB n’est qu’un
microcosme de cette pratique répandue dans toute
l’administration de notre pays. Dès le cri d’alerte de
Dame Kpéidja lancé, nous entendons déjà bien de
langues se délier et parler de ce qui se passe dans les
diverses administrations de notre pays. Que ce soit
dans l’armée (surtout), où la règle c’est « Exécution
avant réclamation », que ce soit dans les diverses
administrations publiques (des ministères et
directions diverses), les universités, que ce soit dans
les entreprises privées de toutes sortes, jusqu’aux
plus petits services et emplois de notre pays, les
femmes se trouvent soumises à cet esclavage
corporel pour leur survie.
3°- Comme il faut le prévoir, le Président Talon est
entré dans la danse, la reçoit dès le mardi 5 mai ainsi
que des dirigeants de l’ORTB et même déclare que
son Gouvernement « ne manquera pas d’engager
des actions hardies en vue d’assurer une meilleure
protection aux femmes afin de les encourager à
briser l’omerta !» sic. Des sanctions auraient déjà
commencé contre certains responsables de cet office
et la dame Kpéidja a reçu une promotion
professionnelle. Comme tout le monde le constate,
l’opération de charme, d’hypocrisie et de
récupération de la part d’un pouvoir en panne de
soutien est visible ! Opération de mensonge comme
il est aisé de le prouver.
En effet, si tant est que le Président Patrice Talon
s’occupe si bien des femmes, dame Prudence
Amoussou abattue froidement le premier mai 2019
(laissant 7 enfants orphelins dont des filles) et dont
le corps traîne encore à la morgue, n’est-elle pas une
femme ? Sa grande sollicitude pour les femmes ne
s’est pas non plus manifestée lors des dernières
élections communales et municipales : seules 4%
des élus sur les listes des partis présidentiels UP et
BR aux élections communales et municipales du 17
mai 2020 sont des femmes !
Pire, la loi n°2017‐05 du 29 août 2017 fixant les
conditions et la procédure d’embauche, de
placement de la main‐d’œuvre et de résiliation du
contrat de travail en République du Bénin, fait partie
de la panoplie du pouvoir de la Rupture. Cette loi ne
dispose-t-elle pas en ses articles 12 et 13 que le
contrat à durée déterminée est fixé à temps convenu
par les parties et est « renouvelable
indéfiniment » ? Cette loi ne vient-elle pas ainsi
renforcer les harceleurs de tous poils, les violeurs
de tous crins ? En fragilisant à l’extrême le contrat
de travail et en en soumettant le renouvellement à la
bonne volonté du patron, celui-ci dispose d’un droit
despotique illimité de chantage sur la femme
employée qui doit ou se soumettre ou voir son
contrat de travail non renouvelé. Car, de quel atout
particulier dispose une employée pour mériter le
renouvellement de son contrat auprès d’un patron
tout puissant à qui la loi donne tous les droits, si ce
n’est son corps ?
On voit bien le caractère factice et inadapté de lois
pompeusement votées telle la « Loi n ° 2006-19 du
17 juillet 2006 portant Répression du harcèlement
sexuel et protection des Victimes en République du
Bénin » et celle « n° 2011-26 du 09 janvier 2012
portant prévention et répression des violences faites
aux-Femmes », lois adoptées par nos députés, par
mimétisme (imitation) et comme conditionnalité des
institutions internationales ; car, ce ne sont que des
lois qui ne protègent pas réellement les femmes
béninoises du phénomène du harcèlement ;
autrement dit des parapluies qui ne protègent pas en
temps de pluie ; car de telles dispositions légales ne
sont pas adaptées à la société béninoise. Pour
apprécier l’effectivité d’une loi dans une société,
c’est-à-dire son applicabilité, il faut aller interroger
la société pour laquelle elle est destinée. Car comme
le dit Montesquieu dans ‘’L’Esprit des Lois’’ « Les
lois doivent être tellement propres au peuple pour
lequel elles sont faites que c’est un hasard si celles
d’une nation peuvent convenir à une autre. »
II- Le phénomène de harcèlement sexuel dans
la société béninoise actuelle
(patriarcale et capitaliste) et nécessité
de l’éradiquer.
Tout le monde le sait, avec une population rurale à
56% et urbaine à 44 %, un taux officiel
d’analphabétisme de 60%, (où celui de la femme
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atteint environ 75%), la société béninoise est
imprégnée de pratiques traditionnelles non
épanouissantes pour la femme. Donnée en mariage,
et même objet de rapt dans certaines régions de
notre pays, excisée, la femme béninoise qui fait près
de 52% de la population totale, dont la majorité vit à
la campagne, ne dispose pas de son corps. A la
campagne existe très largement la petite production
marchande avec sur-domination des petites
exploitations paysannes et de très petits commences.
Les pratiques traditionnelles patriarcales y sont
encore vivaces. A ces femmes rurales, aucune loi
portant sur le harcèlement sexuel n’est applicable ni
celle sur « la violence faite aux femmes », lois qui
ne peuvent s’entendre qu’en ville.
En ville, l’énorme chômage (camouflé en sousemploi) existant, frappe en premier lieu les femmes.
Regardez dans nos villes, le nombre de femmes qui
se trouvent assises derrière de petits étals à longueur
de journées pour vendre de petits « divers » (de
quelques oranges ou piment). Regardez dans nos
gares routières, nos pont-péages, nos carrefours etc.
le nombre effroyable de femmes courant après les
passagers, sous les roues des taxis ou la menace de
« zémidjans » au risque de leur vie, pour offrir qui
du pain, qui de « ablo » et poisson, qui du « pure
water », qui des cacahuètes et autres bricoles
importés. Au total, un nombre effroyable de très
petites et petites activités de production
(commerciales, artisanales, et de services) logées à
l’informel à plus de 90%. En fait, un chômage et
sous-emploi généralisé. De ce fait, celles qui
trouvent à s’employer même dans l’administration
publique comme privée, sont soumises à
d’effroyables chantages, sous-payées et sujettes à
une exploitation féroce de leur force de travail, à
commencer par leur propre corps pour survivre. Les
conditions des nombreuses serveuses des bars,
restaurants et débits de boissons, les domestiques de
« maisons » dites « bonnes » ont-elles d’autres
choix ? Le chômage au Bénin a, surtout en ville,
un visage féminin. La loi sur l’embauche comme
celle portant sur la Fonction publique avec la
précarisation de l’emploi et la privatisation de
l’administration publique du Gouvernement de la
Rupture, avec le nombre écrasant de vacataires,
viennent renforcer les choses.
Toute cette situation de pays économiquement
arriéré (avec mélange de pratiques capitalistes et de
survivances de pratiques patriarcales) est due au fait
que le Bénin demeure 60 ans après les
indépendances formelles, un Etat de type colonial
avec une économie de traite (gérée sous un pacte
colonial), consistant à exporter brutes nos
productions agricoles et à importer tout. La société,
béninoise est une société patriarco-capitaliste sous
domination française. Ce qui fait supporter à la
femme béninoise, une double exploitation
patriarcale et capitaliste.
Un franc développement du capitalisme, consécutif
à la suppression du joug du pacte colonial, libérerait
les forces productives et ferait tomber bien d’aspects
de pratiques patriarcales ainsi que certains aspects
aliénants des corvées domestiques. La liberté de la
femme, notamment sur son corps, dépend
directement des transformations révolutionnaires,
politiques et surtout économiques qui doivent
intervenir dans notre pays.
C’est pourquoi, le Parti Communiste du Bénin
considère que la femme doit à cette étape, en
union étroite avec les hommes, se battre ensemble
pour la suppression du joug de type colonial
français qui pèse sur le Bénin et empêche son
plein développement à travers ses instruments
(monnaie CFA, non transformation de nos
produits sur place, non contrôle sur nos richesses
naturelles et nos entreprises stratégiques) ; pour
dans un deuxième temps, ensemble avec les
hommes émancipés, éradiquer les pratiques
patriarcales aliénantes pour la femme. En
prenant part activement à la lutte patriotique de
libération, elle participe du coup à sa propre
libération.
III- Seule une société libérée de l’esclavage
salarié et de l’exploitation capitaliste
pourrait assurer l’émancipation totale
de la femme.
Il est connu que partout dans le monde, aujourd’hui,
y compris dans les pays capitalistes les plus
développés, existe l’esclavage sexuel, et son
expression le harcèlement sexuel. Que ce soit aux
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Etats-Unis, dans tous les pays européens sans
exclusive, on entend tous les jours, des scandales les
plus divers sur le harcèlement sexuel. Cela dans
maints domaines, la politique, la presse, les
industries touristiques et hôtelières, l’administration,
la culture, le sport, etc. L’exemple du haut milieu de
cinéma américain, Hollywood, avec le procès de
Harvey WEINSTEIN, etc.et d’autres ne sont qu’une
face cachée du géant iceberg de l’esclavage sexuel
auquel la femme est soumise dans tous les pays
capitalistes. Oui, le harcèlement sexuel est partie
intégrante du mode de production capitaliste. Il est
la suite du système esclavagiste où la femme ellemême est propriété du propriétaire esclavagiste ; il
est la suite du féodalisme ou servage où le droit de
cuissage officialise le droit du suzerain sur toutes les
femmes du domaine seigneurial et du royaume.
Avec la production capitaliste, la force de travail
elle-même est devenue marchandise (comme le
coton) que le patron capitaliste achète pour produire
et accroitre le profit individuel. Il est sans nul doute
que, dans cette force de travail, se trouve aussi le
sexe de la femme. En achetant la force de travail de
l’ouvrière, le patron dans son subconscient intègre
aussi son corps. La vente du sexe comme force de
travail s’effectue officiellement à travers la
profession de prostitution ; mais cela se fait
également à travers la « prostitution occasionnelle »,
c’est-à-dire la nécessité où se trouve la femme pour
survivre, se conserver comme personne vivante, de
devoir livrer son corps occasionnellement au
propriétaire du capital. La conscience chez des
femmes salariées que le sexe peut être une
marchandise est si présente qu’elles n’hésitent pas
parfois à s’en servir pour avoir des faveurs et
évincer des concurrents et même des concurrentes ;
au point que cela peut donner lieu à une sorte de
harcèlement à rebours ; c’est-à-dire le harcèlement
de la femme à l’égard du patron capitaliste pour être
dans ses bonnes grâces. Le capitalisme a institué le
commerce du sexe comme une activité capitaliste
mondiale, avec des grandes entreprises de
souteneurs et proxénètes qui opèrent des
déportations des femmes, des esclaves sexuelles
d’un continent à un autre et livrées comme des
ouvrières, machines à produire du profit et ceci loin
de leur domicile. Ainsi aussi longtemps qu’existera
l’esclavage du salariat, la prostitution est inévitable.
La situation est si oppressante pour les femmes dans
le monde qu’elles se mettent partout à s‘organiser
pour défendre leur dignité. Les mouvements « Me
too » se généralisent et connaissent des succès. Cette
situation vient croiser une autre question, question
connexe à la première, celle de l’égalité de la
femme avec l’homme.
IV- La Question de l’égalité de l’homme et
de la femme.
Nous n’allons pas nous livrer à l’historique de cette
question d’égalité de l’homme et de la femme. Mais
les conditions de graves inégalités en défaveur de la
femme, si elles sont prégnantes dans les sociétés
patriarcales comme celles africaines, n’en existent
pas moins même dans les pays capitalistes
développés. Malgré les meilleures législations les
plus avancées des pays développés qui affirment la
liberté, l’égalité de l’homme et de la femme en droit,
dans le réel, on observe la persistance des éléments
d’inégalité fondamentale en défaveur des femmes.
Cette inégalité est d’abord professionnelle. En fait
le capitalisme, tant qu’il demeure capitalisme, c’està-dire un mode de production axé sur la recherche
effréné de profits, maintiendra toujours et ce, en
dépit des lois et conventions internationales,
l’inégalité réelle entre l’homme et la femme. Le
capitalisme maintiendra toujours pour sa sûreté, une
proportion de chômage (population flottante qui
frappe avant tout les femmes) et le capitaliste
préférera toujours pour son recrutement et
promotion de carrière, un homme à une femme pour
une raison fort simple : la femme pour les raisons
naturelles et sociales, devra s’absenter pour des
obligations de maternité (congés et autres de
maternité) dont le coût devra être supporté par le
patron ; enfin le patron s’arrange pour des raisons
diverses de toujours sous-payer le travail féminin
par rapport au travail masculin. Et cette inégalité
demeure encore de nos jours dans les pays les plus
développés malgré les lois sociales prises.
Cette inégalité est aussi sociale : Tant que n’existe
pas la grande production, (ce qui est déjà réalisé
dans les pays capitalistes développés et assure une
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plus grande liberté aux femmes de ces pays par
rapport à celles des pays arriérés comme les nôtres),
tant que pèsent encore sur la femme les multiples
tâches domestiques et ménagères non évaluées dans
toutes les sociétés capitalistes (développées et non
développées) du monde, les appels à l’égalité et à la
parité sont de vains mots.
Au Bénin, les pathétiques luttes de nos femmes
féministes pour l’intéressement des femmes à la
politique, à leur positionnement dans les niveaux de
prise de décision, bref à la parité, ces appels sont
nobles mais complètement inopérantes. En effet, dès
lors que la femme des campagnes sera tenue d’aller
travailler avec son époux aux travaux champêtres
dans la journée, aller chercher de l’eau à des
kilomètres du domicile, ou encore aller chercher des
fagots de bois, devoir revenir le soir faire à manger,
s’occuper de la propreté des enfants et répondre aux
obligations conjugales la nuit ; dès lors que la
femme salariée ira travailler dans la journée comme
l’homme, son mari, et devoir le soir faire la cuisine
et autres obligations familiales, un tel appel est un
coup d’épée dans l’eau. Car il faut avoir le temps de
lire les journaux, suivre les informations, il faut
avoir le temps d’aller aux réunions, etc. Beaucoup
de femmes dans les pays développés ont franchi déjà
ces étapes (instruction générale pour tous, égalité
réelle des femmes dans maints domaines, éducatifs,
culturels, professionnels ; grande production de
biens et d’équipements ménagers : cuisinières, lavelinge, lave-vaisselle etc., crèches et jardins
d’enfants, réfectoires publics) et veulent, sans tenir
compte du niveau de développement de nos sociétés,
nous faire imposer par des lois, leurs situations
respectives.
Face à toute la situation de non liberté et d’inégalité
que subissent les femmes, face aux luttes qu’elles
mènent partout sur la planète, les grandes
Institutions internationales comme les Nations Unies
et d’autres Institutions, pour se donner bonne
conscience, ont mis en œuvre le paradigme
« Gender » ou « Genre » venant intégrer le
mouvement féministe mondial. Le paradigme
« Genre » a ceci de particulier que, comme le
mouvement féministe en général, il déplace la
contradiction non sur le terrain de classes et de luttes
de classes, mais sur le terrain de l’opposition
Homme (vir)/Femme (femina). Ainsi toutes les
femmes auraient une communauté d’intérêts à
défendre contre tous les hommes. Tous les grands
mouvements féministes nagent dans cette eau. Ce
qui est une aberration. A titre d’exemple, peut-on
mettre dans la même eau comme ayant les mêmes
intérêts, Isabel do Santos, la femme supposée la plus
riche d’Afrique, avec une ouvrière de l’une de ses
nombreuses entreprises capitalistes ? Et dans nos
vies ordinaires, l’on voit les traitements qu’infligent
les femmes à leurs domestiques femmes, à leurs
« bonnes », ceci parfois au grand dam des époux,
pour comprendre la fausseté de considérer la
communauté d’intérêts à travers le sexe. On veut
résoudre de graves problèmes de société en
occultant les classes et les luttes de classes.
La question de la « parité » participe donc de ce
courant.
V- Il est établi par l’expérience que seul le
système socialiste (communiste) libère
réellement la femme et assure sa
parfaite égalité avec l’homme.
Il apparait tant en théorie qu’en pratique que sans la
suppression de l’esclavage salarié et du profit
capitaliste, aucune libération réelle de la femme
n’est possible.
En interrogeant l’histoire récente et l’actualité, les
expériences de société où la femme a reconquis
toute sa liberté et sa dignité, c’est la société où a été
instaurée la suppression du profit capitaliste avec
l’instauration de l’appropriation des moyens de
production. C’est dans les pays où la grande
production sociale a remplacé la petite production
marchande, où la question d’égalité de niveau
d’instruction et de culture, ainsi que de profession
sont résolues ; c’est dans les pays où les crèches et
autres équipements d’enfants sont assurés aux frais
de la société, cantines et autres restaurants collectifs,
etc, c’est dans ces pays que la question de l’égalité
de la femme a été résolue. C’est seulement lorsque
nous serons passés des petites exploitations au
travail en commun de la terre et des grandes
productions économiques essentielles, que la femme
sera pleinement affranchie, émancipée. Que ce sont
dans l’ancienne Union soviétique, que ce soit à Cuba
actuellement, cette réalité existe.
VI- Que Faire ?
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Dans une société comme la nôtre, la femme a une
triple révolution à mener.
La première : Ensemble avec les hommes pour la
révolution bourgeoise, de type capitaliste et antiimpérialiste qui libère le travail producteur social et
permet un rapide développement des forces
productives. Ce qui permettra de remplacer la petite
production actuelle par la grande production. Ce qui
veut dire qu’il faut que la femme s’engage dans la
lutte, aux côtés des hommes, pour mettre fin au
système de pacte colonial : la suppression de
l’arnaque du franc CFA, la suppression de
l’économie de traite, consistant à exporter brutes nos
productions agricoles et à importer tout ; la propriété
étatique sur nos richesses naturelles et entreprises
essentielles ; c’est-à-dire la Révolution Nationale
Démocratique Populaire et Anti-Impérialiste.
La deuxième : Ensemble avec les hommes pour la
révolution socialiste. A cette étape, non seulement
assurer la santé pour tous, l’éducation pour tous, le
travail comme droits et obligations pour tous y
compris pour la femme, mais encore créer partout
des conditions d’allègement des tâches ménagères
par la création partout dans les centres ruraux et
urbains notamment dans les administrations, les
quartiers des villes, les services etc. de crèches, de
cantines, et réfectoires publics. A cette étape,
procéder à un rapide équipement de tous les foyers
de matériels électroménagers (cuisinières à gaz,
lave-linge, lave-vaisselle etc.) de façon à alléger les
tâches domestiques, non seulement pour les femmes
mais également pour les hommes.
La troisième : A travers toute cette révolution, se
battre avec le soutien de toute la société pour la
libération du joug patriarcal et du travail
domestique.
Il est observé que partout où les femmes se sont
émancipées, cela n’a pas été un cadeau des hommes.
Cela a toujours été fruit de leur participation aux
diverses étapes de la révolution sociale. Les femmes
françaises n’avaient acquis le droit de vote en 1946,
et donc l’égalité formelle et civique avec les
hommes, que suite à leurs grandes contributions à la
libération de la France de l’occupation nazie pendant
la deuxième guerre où en absence des hommes
partis au front, elles ont tenu et les maisons et les
usines et même des maquis. Si l’on parle des
Rwandaises comme occupant une position de
relative égalité au Parlement c’est suite aux prix
forts payés par elles pendant et contre le génocide de
1994 et à leur situation centrale pour la
reconstruction du pays.
VII- Pour le présent :
Au plan politique général, s’engager avec les
hommes dans la lutte pour la réalisation de la
Révolution Nationale Démocratique Populaire et
Anti-Impérialiste, contre la domination de type
colonial français sur notre terre, pour la libération
immédiate des forces productives (développement
économique du pays, pour plus d’emplois, de travail
et de formation générale et technique pour tous)
Se battre pour :
1°- Assurer une réelle gratuité de l’école. Ce qui
veut dire, non seulement supprimer les contributions
scolaires à tous les sexes garçons comme filles, mais
encore assurer la gratuité totale des fournitures
(livres cahiers, tenues kaki etc.), un repas à tous au
primaire comme au secondaire dans la journée.
2°- Assurer l’effectivité du principe de l’école
obligatoire pour tous. Ce qui veut dire poursuivre
au pénal un parent qui n’aura pas envoyé un enfant
et surtout une fille à l’école, comme passible de
prison car violation grave des droits de la fille.
3°- Assurer une réelle égalité de la femme et
l’homme dans le travail. A travail égal, salaire
égal. Installation des conditions matérielles pour
faciliter le travail des femmes (crèches, cantines
pour les enfants, équipements ménagers, etc.)
4° Supprimer la Loi n°2017‐05 du 29 août 2017
fixant les conditions et la procédure d’embauche, de
placement de la main‐d’œuvre et de résiliation du
contrat de travail en République du Bénin en ses
dispositions notamment sur le contrat à durée
déterminée, loi qui place l’employé(e) sous le
despotisme total du patron.
5°- Sanctionner de manière adéquate les
harcèlements avérés incompatibles à la dignité de
la femme.
Cotonou, le 19 Mai 2020.
Le Parti Communiste du Bénin.
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