Le stade de Kouhounou non homologué par la FIFA
A quoi ont servi les milliards dépensés pour la réfection ?

 

Le stade de l'Amitié de Kouhounou, haut lieu de pratique du sport national est aussi le site sur lequel la sélection nationale de football, Les Guépards du Bénin, reçoit ses homologues étrangères pour des rencontres amicales ou internationales. C'est donc un fait établi dans la conscience collective que lorsqu'on parle de rencontres sportives nationales et internationales, la mémoire collective se réfère au stade de Kouhounou. Mais quelle histoire se cache derrière cette infrastructure sportive à caractère national ?


Le stade de l'Amitié de Kouhounou, d'une capacité de 30.000 places, est construit dans le quartier de Kouhounou à Cotonou et entièrement financé par la République Populaire de Chine en 1982. Avec l'évolution du football dans le monde, la FIFA a intégré dans ses cahiers de charges la modernisation des enceintes qui accueillent les rencontres internationales dans le monde ; un minimum de confort étant désormais exigé tant pour les acteurs que pour les spectateurs. En langage simple, le stade de Kouhounou construit en 1982 ne répond plus aux normes internationales.
Pour combler donc ce déficit, une convention est signée en Avril 2016, (date qui coïncide avec l'avènement du régime Talon au pouvoir) entre le Bénin et la Chine pour rénover le stade et le remettre aux normes. Ce sont ces travaux de rénovation démarrés en 2020 que les médias locaux nous ont vendu comme des travaux de réfection à mettre à l'actif du gouvernement alors que lors de la livraison à la partie béninoise par les Chinois le 1er juillet 2021, il est mentionné que l'on doit cette réalisation à la coopération sino-béninoise. On en était là, avec la propagande médiatique et gouvernementale sur la modernisation du stade lorsque le couperet est de nouveau tombé. La FIFA déclasse le stade de Kouhounou suite aux pertes en vies humaines enregistrées lors du match Bénin-Sénégal du 17 Juin 2023. Nous sommes pour le moment contraints jusqu'à nouvel ordre de jouer nos matches à domicile à l'extérieur, même si le porte-parole du gouvernement Wilfried Léandre Houngbédji a rebondi sur le sujet, en mars 2024, suite à une série de questions et se voulant rassurant. L'éternel problème qui nous interpelle ici est celui de la gestion du financement, les milliards de l'aide chinoise pour la réfection du stade.

Les devises étrangères en l'occurrence chinoises ont-elles entièrement servies à ce pour quoi elles étaient préalablement destinées ? Où ont-elles suivi le chemin d'autres circuits opaques comme cela se fait d'habitude ? La voie de la corruption n'est jamais loin, surtout en ce qui concerne la gouvernance sous la rupture avec les scandales sans fin.


Pour finir, il n’échappe à personne que le stade est de nouveau couvert et de nouveau en chantier depuis des mois. Le gouvernement voudrait en faire un espace commercial avec la construction de galeries marchandes, des boutiques de pagnes, de bijoux, etc... Tout cela concourt à dénaturer un site comme un stade qui a son propre écosystème avec des activités commerciales essentiellement tournées vers la restauration, le rafraîchissement, la détente. C'est ce qui se fait sous d'autres cieux. Ici, la recherche de l’argent à tout prix détruit et éloigne l’âme de la chose sportive.


Dine
La Flamme N°542 du 22 mars 2024