Dénonciation par le Niger des accords militaires avec les USA
Les crimes des gouverneurs à peau noire mis à nu

 

Le samedi 16 mars 2024, le CNSP (Comité National de Salut Public) au pouvoir à Niamey a rendu public un communiqué télévisé portant rupture « en toute responsabilité, avec effet immédiat, de l’accord relatif au statut du personnel militaire des Etats-Unis et des employés civils du département américain de la Défense sur le territoire du Niger».


Cette décision de dénonciation par le Niger des accords de coopération militaire avec les Etats-Unis d’Amérique, fait suite à une rencontre les 12, 13 et 14 mars 2024 à Niamey avec une délégation américaine ainsi composée: Molly Phee, Secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines, Celeste Wallander (une responsable des affaires de sécurité internationale) et Michael Langley, Chef de l’US AFRICOM et de l’ambassadrice des USA au Niger, Kathleen Fitzgibbon. La délégation nigérienne est conduite par le Premier ministre Ali Mahaman Lamine Zeine.
Comment en est-on arrivé là ?


D’abord, on parlait de base américaine aérienne de drones (201) à Agadez pour le contrôle de l’ensemble du Sahel et de la Libye. Avec 700 soldats. Et de la base 101 à Niamey avec 400 soldats. Et le Niger ne veut plus de bases militaires américaines sur son territoire. La question de leur départ avait fait l’objet de préoccupations avec le Premier Ministre Zéine lors des assises avec les forces vives d’Agadez (où se trouve d’ailleurs la base aérienne américaine 201 de drones). C’était le 5 janvier 2024. Il avait parlé de ses échanges avec une délégation américaine conduite par la sous-secrétaire adjointe aux affaires étrangères en charge de l’Afrique, à qui il avait notifié « que jusqu’à fin 2010, il n’y avait pas un seul militaire étranger sur notre territoire. Et il n’y avait pas un seul terroriste sur notre territoire. Comment pouvez-vous nous empêcher d’établir une corrélation directe entre la présence de ces militaires et la présence des terroristes ? On ne peut plus accepter ça. Je lui ai dit que nous savons quand les Américains considèrent un peuple ami et allié, ils vont jusqu’au bout. On les a vus en Israël. On les a vus en Ukraine. Et s’ils se considèrent comme des alliés à nous, ils doivent nous aider ; ou alors, ils doivent partir. Il n’y a plus de peur à exprimer ».


Voilà que c’est après cet épisode que les USA reviennent à la charge et cette fois, ils y vont par des menaces de représailles avec injonction à la partie nigérienne de renoncer à certains choix de partenaires notamment l’Iran et la Russie. Le CNSP a trouvé cela inadmissible et il a pleinement raison de prendre ses responsabilités. Le Communiqué en rend explicitement compte.


Le communiqué lu par le Col. Amadou Abdramane dénonce :
1°.Un accord convenu par « simple note verbale N°174, imposée au Niger le 06 juillet 2012 ». (On peut souligner que c’est sous le Président Mahamadou Issoufou et Bazoum aux Affaires étrangères).


2°. « Un accord non seulement profondément injuste dans son fond mais également qui ne répond pas aux aspirations et aux intérêts du peuple nigérien ; il contraint le Niger à payer des factures liées aux taxes des avions militaires américains dont ces derniers doivent normalement s’acquitter et qui coûtent des milliards de FCFA aux contribuables nigériens.


3°. « Les autorités nigériennes ne reçoivent aucune information sur les activités militaires menées à partir des bases américaines et ignorent jusqu’aux effectifs civil et militaire ainsi que le matériel déployé sur le sol nigérien ».


4°. « L’armée américaine n’a aucune obligation, selon l’accord, d’accéder aux demandes nigériennes d’appui contre les groupes terroristes qui assassinent nos vaillantes forces de défense et de sécurité et massacrent nos laborieuses populations ».


5°. « Constat d’activités illégales de survol du territoire par des aéronefs américains, depuis quelques semaines alors même que les USA ont unilatéralement rompu cet accord de coopération militaire imposé par note verbale sans retirer leurs troupes et matériels », mais encore continuent d’agir illégalement sur le sol nigérien comme en territoire conquis.
Toutes choses qui sont « de nature à s’interroger sur la sincérité de leur partenariat et la pertinence du maintien de l’accord de coopération militaire imposé par note verbale ».


6°. Plus grave, la délégation américaine allègue que le Niger aurait signé des accords secrets avec la République islamique de l’Iran pour la vente de l’uranium à cette dernière.


Cela est d’autant plus grave et révoltant que le communiqué rappelle l’exemple de la seconde guerre d’Irak en 2003. Une guerre d’agression de l’Irak sur fonds de mensonges grossiers où le Secrétaire d’Etat américain Colin Powell (sous George Bush) avait brandi de fausses preuves d’armes dites de destructions massives par Saddam Hussein. Il était insinué que le Gouvernement Tandja fournissait de l’uranium à l’Irak, alors que l’exploitation de l’uranium nigérien était entièrement contrôlée par la France.


La suite de cette grosse manipulation mensongère on la connait. L’Irak est détruit et en proie à des guerres interminables aujourd’hui. Le pays qui était parmi les plus instruits au monde est aujourd’hui plongé dans l’illettrisme et la misère.


La décision du CNSP de chasser les bases d’occupation américaine de leur territoire est juste, digne et de grande portée patriotique. Elle donne des exemples et leçons aux peuples et à la jeunesse.


Ensuite, la publication des clauses et de la forme (note verbale) de cet accord de coopération militaire, révèle les crimes d’apatridie et d’aplatissement des gouverneurs à peau noire au service de leurs maitres, français, américains et autres.


En ce qui concerne particulièrement notre pays, Macron a publiquement parlé des accords militaires (avec des bases) avec le Bénin et son Chef d’Etat-major des armées, Thierry Burkhard est venu cette année 2024 en tournée d’inspection à cet effet au Bénin. Le refus persistant de Talon à reconnaitre l’évidence des bases et des accords, confirment que ce sont des accords de sujétion, d’humiliation comme ceux du Niger, du Mali, dans son contenu et dans sa forme. Notre peuple est plus que jamais fondé à exiger le départ des troupes étrangères françaises, américaines, belges ou autres.


A.Monguinin

La Flamme N°542 du 22 mars 2024