DÉCLARATION 
A PROPOS DE LA GOUVERNANCE DE PATRICE TALON
ET DES GRAVES ATTEINTES AUX DROITS DE L’HOMME

 

Depuis 2016, le gouvernement de la « rupture » et ses députés aux ordres n’ont fait qu’imposer au peuple béninois des lois liberticides voire scélérates votées au pas de charge. Ainsi en est-il aujourd’hui du nouveau code électoral voté sans tenir compte des protestations populaires encore moins des amendements de l’opposition parlementaire. Un code qui est apparu aux yeux de tous et même à l’international comme anti démocratique, liberticide et destiné, à la promotion des nantis au détriment notamment des jeunes et des femmes. Les cautions qu’il préconise à savoir 249 millions pour les listes électorales et 250 millions pour l’élection présidentielle sont hors de portée du commun des Béninois et consacrent ainsi la ploutocratie. Elles contrastent avec la pratique de la gouvernance électorale dans la sous-région, en Afrique et dans le monde. Ce code qui impose le quitus fiscal donne au pouvoir la possibilité de sélectionner, d’éliminer les opposants de la compétition électorale.


En outre, la traitrise de ce code réside dans le fait que tout le processus électoral se déroulera sous le contrôle exclusif du pouvoir de la « rupture ». Ainsi toutes les institutions sont vassalisées. Tous les sept membres du bureau de l’Assemblée Nationale sont de la majorité présidentielle nonobstant la règle du respect de la configuration puis de la parité consignée dans le règlement intérieur de l’Assemblée Nationale. Avec la complicité de ce bureau, le Président de la République a nommé les sept sages de la Cour Constitutionnelle faisant d’elle une institution monocolore et partisane alors qu’elle est juge du contentieux électoral et ses décisions sans recours.
La CENA qui organise les élections est mise également au pas avec le remplacement du défunt conseiller Moïse BOSSOU par Adam SOULE, un « rupturien » bon teint. Il s’ensuit que seuls les représentants du président Patrice Talon seront présents dans les bureaux de vote en qualité d’assesseurs pour signer les procès-verbaux et suivre la centralisation des résultats au niveau des arrondissements.
Dans ces conditions, il est évident que la voix du peuple dans son expression véritable ne sera sans aucun doute pas entendue. Toutes les institutions y compris une bonne partie de la justice et la HAAC sont aujourd’hui au service d’un seul homme, le tyran que nous avons à la tête de notre pays. La mainmise sur la HAAC s’est malheureusement traduite par la destruction systématique de la liberté d’expression et de presse.
Au plan socio -économique, les mesures successives prises sous le couvert des réformes ne font que fragiliser davantage les populations qui vivent dans la misère et la peur du lendemain. Ce que traduit bien la baisse de l’indice du développement humain (IDH) sous le pouvoir actuel
En effet, les casses des maisons, des boutiques et des fonds de commerces opérées tambour battant ont laissé sur le carreau des milliers de nos compatriotes désormais sans abris ni moyens de production. La jeunesse plus que jamais en proie au chômage est frappée dans ses activités de survie par des impôts et taxes dont ceux sur les communications des réseaux sociaux et d’internet. La pression fiscale trop pesante est présente à tous les niveaux, oblitérant dangereusement le revenu disponible déjà maigre des citoyens ainsi que les ressources des opérateurs économiques.
Cette pression fiscale est aggravée par une propension du pouvoir à prélever des taxes tous azimuts. Toute cette activité frénétique déployée par le pouvoir du 06 Avril 2016 a fini de terroriser le peuple béninois pourtant connu pour sa promptitude à rejeter l’injustice et l’arbitraire.
Le monde paysan n’est pas épargné par la « ruse » et la « rage » destructrice de la « rupture ». Outre que la culture du coton continue d’appauvrir les terres, d’assurer l’avancée du désert, le recours au glyphosate et autres pesticides toxiques pose aujourd’hui un problème réel de santé publique. Quel est le produit intérieur brut vert, socle du développement durable de notre pays ?
Par ailleurs, la misère ambiante et les conflits d’intérêts au sommet de l’Etat qui permettent l’accumulation de richesses par le Président Patrice Talon et son clan créent de plus en plus deux pôles aux intérêts antagonistes et dont il faut craindre dans un proche avenir l’affrontement.
Au regard de ce constat amère et inédit dans l’histoire politique de notre peuple, le Front pour le Sursaut Patriotique (FSP) décide une fois encore d’attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur le caractère particulièrement désastreux de la gouvernance actuelle, de la misère qu’elle induit, de l’exclusion qu’elle entraine et des germes de confrontations qu’elle renferme notamment dans son aspect électoral.
En tout état de cause, la présente déclaration lance un appel solennel au Président Patrice Talon et à son équipe de renoncer à l’exclusion et au mépris pour :
- Procéder au retrait pur et simple de la charte des partis politiques et du nouveau code électoral qui sont une véritable provocation envers le peuple. Sans cela, il ne peut y avoir d’élections transparentes et crédibles.
- Mettre fin aux harcèlements contre les paisibles citoyens de toutes catégories. Libérer le maire de Nikki et ses collaborateurs ; stopper la chasse aux jeunes protestataires responsables des initiatives contre la gouvernance mafieuse du pouvoir.
- Libérer Laurent METONGNON et tous les détenus politiques et arrêter les poursuites arbitraires contre les opposants et les exilés politiques.
Ensemble pour le rétablissement immédiat des libertés démocratiques et des droits de l’homme au Bénin
Fait à Cotonou, le 18 septembre 2018
Le Front pour le Sursaut Patriotique (FSP)
Le Comité de suivi

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