VTB n°35

Editorial……………………………………………………………………………………………………...page 1

La privatisation du patrimoine public est un fléau…………………….………………….....page 1 et 2

Motion de SIT IN de LIBERCOM au MENC……………………………..…………….….page 2 et 3

Motion de protestation au sit-in des travailleurs………………………………………….....page 3, 4, 5 et 6

 

Editorial        

Ce numéro est essentiellement consacré à la déclaration de la CSTB sur les privatisations sauvages qu’organisent  le gouvernement et les motions de protestation des travailleurs des sociétés publiques de télécommunication.                                                                                    

LA PRIVATISATION DU PATRIMOINE PUBLIC EST UN FLEAU POUR LE PAYS ET POUR LES TRAVAILLEURS

Depuis l’avènement du pouvoir de Patrice TALON, la privatisation des sociétés et services publics s’est aggravée au point où même dans des secteurs stratégiques on privatise dans le dessein d’enrichir le Président de la République et les membres de son clan. La réforme qui détruit le secteur public sans développer les entreprises nationales privées, ne fera qu’accroître la dépendance de notre pays vis-à-vis de l’étranger notamment la France qui fait tout pour maintenir le pacte colonial.

De même la liquidation des sociétés et services publics laissant des milliers de travailleurs sans emploi, précarise davantage l’emploi dans notre pays où le taux de chômage était déjà très élevé.

Au Bénin, de façon générale, les conditions de vente de la force de travail sont mauvaises à cause des réglementations en vigueur (code du travail, etc…) qui donne tous les pouvoirs aux patrons privés et qui maltraitent sans ménagement leurs employés.

Le patron privé chosifie le travailleur qu’il ne tarde pas à licencier pour peu que ce dernier tente de défendre ses intérêts ou ceux de ses camarades.

La précarisation de l’emploi prend des proportions alarmantes vu les conditions difficiles de vente de la force de travail notamment dans le secteur privé.

De nos jours, la privatisation prend plusieurs noms (affermage, délégation, mise en concession, ouverture de capital, etc…) et se fait en violation de la légalité et au mépris des citoyens, travailleurs renvoyés au chômage et les usagers ploient sous le coup de la misère qui s’aggrave chaque jour.

L’article 7 de la loi 92-023 du 06 août 1992 sur la dénationalisation, prévoit : « sont exclues du champ de dénationalisation ou de transfert de propriété du secteur public au secteur privé les entreprises stratégiques et les entreprises du secteur non concurrentiel ayant une mission de service national.

Sont réputés stratégiques les entreprises ayant pour objet les mines, l’énergie, l’eau, les forêts, les transports, les communications et les télécommunications »

Le citoyen béninois ne peut donc accepter que les hôpitaux publics, les parcs, les structures du développement rural comme la SONAPRA, L’ONS, l’ONASA, etc…, l’Aéroport, le port et les télécommunications, soient privatisées.

Travailleur, lève-toi pour sauvegarder ton patrimoine national face aux prédateurs qui ne pensent qu’à eux seuls. Bas-toi contre la privatisation des services publics. Elève ton combat jusqu’à obtenir la généralisation dans tout le pays de l’élection et la révocabilité des responsables des services et sociétés publics.

Le Secrétaire Général Confédéral

Paul Essè IKO.-


Motion de SIT IN de LIBERCOM au MENC

Motion de protestation du SIT-IN du 07 juillet 2017

Madame le Ministre de l’Economie Numérique et de la Communication,

Le personnel de LIBERCOM SA, à travers le SIT-IN de ce jour vendredi 7 juillet 2017 voudrait attirer votre attention sur ce qui suit :

- Considérant les différentes pratiques des gouvernements successifs et de certains cadres de l’Ex OPT et de Bénin Télécoms SA, pratiques ayant conduit LIBERCOM dans l’abîme total ;

- Considérant le mutisme du gouvernement actuel sur ces pratiques peu orthodoxes et les cas de mauvaises gestions des différents dirigeants de Bénin Télécoms, responsables de la destruction du réseau GSM national ;

- Considérant les conditions dans lesquelles LIBERCOM SA a été créée avec des équipements obsolètes et sans fonds de roulement ;

- Considérant les efforts que le personnel fournit tout le temps pour maintenir le réseau malgré l’état de dégradation avancée de ses équipements ;

- Considérant la décision de dissolution anticipée de LIBERCOMS SA prise en Conseil des Ministres le 21 juin 2017 ;

- Considérant, l’annonce de payement de droit au personnel de LIBERCOM SA, ce qui présage d’un licenciement collectif ;

- Considérant que les partenaires sociaux n’ont été associés ni de près ni de loin aux différents travaux ayant conduit aux réformes annoncées dans le secteur des télécommunications ;                  Le personnel de LIBERCOM SA s’insurge et s’indigne contre :

- Le licenciement collectif du personnel annoncé par vous, Madame le Ministre de l’Economie Numérique et de la Communication ;

- les raisons avancées pour expliquer le licenciement du personnel qui n’est aucunement responsable de la situation dans laquelle se retrouve LIBERCOM SA.

- Les raisons avancées pour justifier la dissolution anticipée de LIBERCOM SA (raisons faisant référence aux règles de l’OHADA alors LIBERCOM SA n’a pas été créée selon les règles de cette institution)

Le personnel réuni en SIT-IN ce jour :

- Dit « oui » à la restructuration dans le secteur des télécommunications, mais dit « non » au licenciement collectif du personnel tel que annoncé ;

- Exige que les partenaires sociaux soient associés au processus de restructuration en cours ;

- Exige à la rigueur, la négociation d’un plan social offrant la possibilité de départ volontaire au personnel ;

- Exige le redéploiement du reste du personnel dans les autres structures ou démembrements de l’ex Bénin Télécoms ou vers le Ministère de l’EconomieNumérique et de la Communication.

Par ailleurs, la coupure de l’international par Bénin Télécoms SA et l’annonce de la dissolution anticipée par le Conseil des Ministres, ont fragilisé totalement l’entreprise qui n’arrive plus à faire le tiers du chiffre d’affaire moyen réalisé autrefois. Cette situation met le personnel dans un état d’anxiété et de stress total, le salaire du mois de juillet étant incertain.

Nous exigeons la remise immédiate de l’international par Bénin Télécoms SA et qu’une solution soit trouvée dans un bref délai afin que les travailleurs de LIBERCOM SA qui n’ont pas cessé de se rendre sur leur lieu de travail, puissent jouir de leur salaire qui leur permet de faire face à leurs différentes charges familiales.

Nous, travailleurs de LIBERCOM SA, nous réservons le droit de poursuivre les manifestations par tous les moyens jusqu’à satisfaction totale de nos revendications.

Fait à Cotonou, le 07 juillet 2017

Les secrétaires généraux des syndicats de LIBERCOM SA

Eric DEGBO Ferdinand HOUNKPE

 

MOTION DE PROTESTATION AU SIT-IN DES TRAVAILLEURS DE BENIN TELECOMS SA

Madame la ministre,

Les travailleurs, par la présente motion, se prononcent sur les mesures prises par le Conseil des Ministres en date du 21 juin 2017 portant sur le plan de restructuration de Libercom SA, de Bénin Télécoms Services SA et de Bénin Télécoms Infrastructures SA.

Considérant ces mesures prises rappelées comme suit :

  • la dissolution anticipée de Libercom SA,
  • la dissolution anticipée de Bénin Télécoms Infrastructures SA avec le transfert d’actifs sains vers une société de patrimoine publique,
  • le transfert des infrastructures de téléphonie fixe de Bénin Télécoms Services vers la société de patrimoine publique,
  • la sélection d’un partenaire pour la gestion commerciale et la maintenance des équipements transférés à la société de patrimoine,
  • la sélection d’un partenaire pour une gestion de type privé de Bénin Télécoms Services.

Considérant que le lundi 03 juillet, messieurs Djalil ASSOUMA, Serge KOUDJO et Serge ADJOVI respectivement Directeur Général de Bénin Télécoms Infrastructures SA, Secrétaire Général du MENC et Directeur de l’Agence du Numérique ont animé une conférence de presse au cours de laquelle ils justifiaient le bien-fondé de la réforme notamment par les contre-performances des entreprises concernées.

Considérant que les travailleurs se posent donc la question de savoir : Qui nomme les dirigeants de ces sociétés ?

Considérant que Monsieur Djalil ASSOUMA, qui ose bomber le torse pour parler de mauvaise performance de l’entreprise qu’il a gérée pendant plus de 3 ans, devrait, dans les pays qui se respectent, être derrière les barreaux. Mais, en dépit de sa mauvaise gestion notoire de BTI SA, il a été maintenu à la tête de ladite société par le Gouvernement dit de la Rupture et du Nouveau Départ.

Considérant que la dernière mission de vérification conduite par le Bureau d’Analyse et d’Investigation de la Présidence de la République, suite à une dénonciation du Syndicat Libre des Travailleurs de Bénin Télécoms SA (SYLTRA-BT) a confirmé la mauvaise gestion du DG ASSOUMA en mettant à sa charge les actes ci-après :

  • Paiement irrégulier de douze milliards (12 000 000 000) FCFA comme avance de démarrage du Projet de Développement des Infrastructures des Télécommunications et des TIC (PDITT) ;
  • Interdiction, à la structure en charge de l’audit interne, d’auditer les bons de commande ;
  • Non respect du cahier de charges du partenaire MGI TELCOM AG dans le cadre de l’équipement du nouveau Centre de Transit International ; les réceptions techniques provisoires et définitives des équipements installés n’ont jamais été faites ;
  • Détournement des tickets-valeurs du pool de véhicules de la Direction Générale ;
  • Détournement du budget de communication (des prestations non justifiées sont payées) ;
  • Equipement du bureau de l’ex-DGA non conforme aux procédures en vigueur ;
  • Plus de 29 millions de FCFA décaissés illégalement (prime spéciale de fin d’année, commissions, …) et partagés entre les membres du conseil d’administration et les cadres de l’entreprise ;
  • Dépenses fantaisistes en ce qui concerne le réaménagement du POP de Ganhi qui a coûté plus de 165 millions de FCFA. Les travaux ont été saucissonnés pour éviter les seuils des marchés publics avec constitution du délit de copie ;
  • Dilapidation de quarante et un (41) millions de FCFA pour la rénovation de la villa de résidence du DG ;
  • Népotisme dans le processus d’achat (PRMP, CCMP même si le BAI s’emble ne pas détenir des éléments).

Considérant que ladite mission ne portait pas sur un audit complet de la gestion de monsieur Djalil ASSOUMA comme l’avait suggéré le SYLTRA-BT mais uniquement sur les dénonciations faites.

Considérant que ce cas, qui n’est pas le seul, illustre à merveille qu’il s’agit d’une stratégie planifiée sur le dos des travailleurs visant à dilapider les ressources de l’entreprise pour finir par la liquider en dépit des nombreuses plaintes des travailleurs. Nous pouvons vous tenir copies des diverses dénonciations du SYLTRA-BT.

Considérant que le DG ASSOUMA a délibérément délaissé certains actes de gestion du personnel, notamment le versement des cotisations à la CNSS, les reclassements et avancements…

Considérant que Monsieur Djalil ASSOUMA et certains de ses prédécesseurs ont agi comme des prévaricateurs et ont échoué en causant d’énormes préjudices à la Nation. Ces fils de la République ainsi que leurs mandants d’hier ont failli, au regard de la situation de faillite dans laquelle se trouvent nos entreprises. Le peuple béninois, le seul vrai propriétaire de ces entreprises demande des comptes et exige l’exploitation judicieuse des rapports d’audit ou de gestion desdites entreprises à cette fin.

Considérant que la mauvaise gestion des dirigeants de ces sociétés n’est pas la seule cause de la situation de ces dernières. Les raisons sont multiples, mais nous nous intéressons ici à celles qui font l’unanimité au niveau du propriétaire, des travailleurs, des clients, des fournisseurs et autres partenaires desdites entreprises. Il s’agit de :

  • l’ouverture du secteur des télécommunications au privé sans une bonne régulation et une clarification du rôle de l’opérateur historique comme ce fut le cas au Sénégal ;
  • pratiques vicieuses de l’Administration publique empêchant BÉNIN TÉLÉCOMS SA de moderniser ses réseaux afin de répondre efficacement aux attentes de ses nombreux clients patriotiquement fidèles. Ils sont encore très nombreux, ces béninois, prêts à s’abonner à un opérateur national, à condition que le service soit simplement satisfaisant. Mais, des ministres béninois de télécommunications en ont décidé autrement, en prenant des actions dans des entreprises privées concurrentes - des Cadres de nos institutions de réglementation et de régulation du secteur ont aussi servi les intérêts d’opérateurs privés, des Cadres de nos différentes administrations, notamment des Finances, du Plan et des Décideurs au sommet de l’Etat n’ont pas pu jusqu’à présent réaliser ce vœu des béninois. Celui de consommer “un service télécom de qualité offert par un opérateur national”.

Considérant, Mesdames et messieurs, que de tout temps, les pauvres travailleurs accomplissent leurs tâches, souvent sans moyens adéquats, dans la défiance même pour ceux qui osent dire ce qui ne va pas ; des fois, avec le mépris de leurs Dirigeants. Malheureusement, c’est en majorité ces travailleurs qui font les frais de la mauvaise gestion de leurs dirigeants que le politique leur a imposés et protégés jusqu’à présent.

Considérant que les travailleurs ne sont pas hostiles à la réforme, contrairement à ce que ceux qui y ont intérêt vous font croire. Mais contre une réforme qui les exclut.

Considérant que le processus de restructuration aboutirait vite et bien, si le gouvernement adopte une approche participative qui implique aussi les travailleurs. Ceci aidera le gouvernement à avoir des informations de plusieurs sources dont l’analyse serait plus pertinente et fiable. Cette démarche aura aussi l’avantage d’apaiser le processus. Il n’est pas bon que l’on vous pousse à violer la loi portant Code du Travail en vigueur, qui prescrit en cas de restructuration la négociation entre l’employeur et les travailleurs. Nous promettons au Gouvernement qu’avec les travailleurs, la restructuration connaîtra plus de succès, parce que, au-delà des aspects sociaux, les travailleurs fourniront, non seulement des informations utiles sur le vrai patrimoine desdites entreprises, mais aussi vous proposerons des stratégies de collaboration avec le privé compte tenu de leurs expériences dans le métier.

Considérant que le Gouvernement ne tient pas compte des préoccupations des travailleurs dans le processus de restructuration engagé jusque-là.

C’est au vu de toutes ces considérations que les travailleurs de BTSA réunis en Assemblée Générale dénoncent avec la dernière vigueur les mesures prises par le Conseil des Ministres en date du 21 juin 2017 et exigent :

  • La révocation du DG Djalil ASSOUMA ;
  • Un audit externe et immédiat du projet P2I2T afin que nul n’en ignore, car il y a suffisamment d’écarts négatifs à la fois techniques, administratifs… qui risquent de compromettre les résultats attendus. Vous mesurez donc la gravité de la déception de toutes les parties prenantes de ce Projet, si dans les mois à venir, ces écarts au sujet desquels nous donnons l’alerte maintenant, se révèlent être les causes des prochaines coupures intempestives de la fibre et d’autres désagréments des clients. Nous le disons urbi et orbi, afin que nul n’en ignore.
  • L’arrêt du plan de restructuration proposé unilatéralement par le Gouvernement; et l’écoute et la prise en compte des propositions des travailleurs dans le cadre de la restructuration des entreprises Libercom, BTS et BTI.
  • La réunification de Bénin Télécoms SA;
  • La gérance libre de l’entreprise par les travailleurs sous la supervision du Gouvernement avec un contrat de programme à la clé. En effet, nous ne pensons pas irrécupérables ces entreprises que le Gouvernement estime finies au point de décider de leur dissolution. Les Travailleurs, forts de leurs expériences du métier, sont prêts à relever ces entreprises de la ruine dans l’intérêt supérieur de la Nation toute entière.

Vive Bénin Télécoms SA réunifiée dan.re pour le nouveau départ !

Vive l’émergence de l’économie numérique dans le Bénin révélé !

Je vous remercie.

Cotonou, le 13 juillet 2017

Les participants

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