Boni YAYI entend remettre en cause nos droits acquis : c’est inadmissible!

(Communiqué de la CSTB)

Le Conseil des Ministres en date du jeudi 14 juillet 2011 s’est penché sur le conflit qui oppose le gouvernement aux travailleurs de l’Administration publique et l’on peut lire dans le communiqué ce qui suit :

« Des rapports présentés par les ministres, le Conseil des ministres a noté que … d’importants dysfonctionnements minent la bonne gouvernance des organisations syndicales. Ces dysfonctionnements se traduisent par le fait que :

 

-          La plupart des centrales et confédérations ou des organisations syndicales de base ne disposent pas de textes fondamentaux (statuts, règlement intérieur, etc. …

-          Les syndicats, au cas où ils en disposent, ne respectent pas les textes dont ils se sont eux-mêmes dotés et ne renouvellent pas leurs instances dirigeantes dont les mandats sont arrivés à terme depuis plusieurs années. Mieux, les dirigeants qui bloquent le renouvellement des instances n’ont plus qualité de travailleurs pour la plupart, puisqu’ils sont déjà admis à faire valoir leurs droits à la retraite…

-          Eu égard à ce qui précède et en raison des insuffisances que comporte la loi sur le droit de grève au Bénin, le Conseil des ministres a décidé : Sur le plan législatif de solliciter de la représentation nationale, l’accélération de la relecture de la loi sur le droit de grève en République du Bénin» LA NATION N°5285 du 18 juillet 2011

Ainsi, le gouvernement prétend intervenir dans l’organisation interne des travailleurs et les modalités de désignation de leurs responsables, y compris en trafiquant les lois du pays par le biais de ses députés. En somme, rééditer le 1975 de Mathieu KEREKOU avec l’UNSTD. Nous réaffirmons que cette époque est révolue et laissons aux travailleurs et aux organisations internationales du Travail le soin de donner à Boni YAYI et ses hommes la réplique appropriée.

Mais au-delà des questions juridiques, il se pose quelques questions éthiques :

-          Les travailleurs, à travers leurs syndicats posent des revendications « jugées légitimes » par tout le monde et le gouvernement ne veut y apporter  des solutions et dit : vos organisations ne fonctionnent pas correctement, je vous poursuis pour violation de vos propres règles internes. Il voulait bien dire comme KEREKOU en 1974 et 1975 « je vous dissous », mais l’époque est révolue, les travailleurs et les peuples du Bénin ont fait d’énormes conquêtes démocratiques. Alors, il veut réduire quand même les organisations syndicales au silence par le biais de lois scélérates.

-          Les travailleurs mènent des actions syndicales conformément aux textes en vigueur et Boni YAYI se ridiculise en disant qu’elles sont illégales. Alors, comme en 1974 et 1975, il veut se tailler une Constitution d’où le droit de grève sera absent ou réduit à une coquille vide.

-          Les travailleurs se fâchent face aux énormes scandales de la CEN SAD (vous vous rappelez) et le Chef de l’Etat dit : « vous vous taisez sur la CEN SAD et les autres affaires ou je vous envoie l’IGE ». En somme, je bouffe, je piétine les droits, taisez-vous ou je vous réprime en vous inventant des crimes. C’EST TOUT SIMPLEMENT IMMORAL. C’est indigne d’un Chef d’Etat.

Mais il est important de dire que le communiqué du Conseil des ministres dit : « Des rapports présentés par les ministres, le Conseil des ministres a noté que …». En clair, c’est cela le compte-rendu que Pascal KOUKPAKI et ses acolytes ont fait de nos rencontres au gouvernement : ce compte-rendu est faux et immoral. Si c’est cela le compte-rendu qu’ils ont fait, les ministres méritent-ils encore qu’on poursuive les discussions avec eux ? Peut-on encore leur faire confiance, non pas pour déboucher sur une solution, un accord, mais pour tout simplement restituer ce que nous disons à nos séances ? Assurément non. De deux choses, l’une :

-          Ou le communiqué a fidèlement reproduit le compte-rendu des ministres, et alors ce sont de fieffés menteurs puisque ces points n’ont figuré nulle part dans les discussions ni dans aucune prise de position des travailleurs ou de leurs organisations ;

-          Ou le Conseil des ministres a trafiqué le compte rendu, a dit ou leur a accolé ce qu’ils n’ont pas dit et on doit s’attendre à obtenir leur démarcation publique de ce communiqué, leur protestation officielle.

C’est tout simplement une question d’éthique et aussi de respect de soi.

Fait à Cotonou, le 19 juillet 2011

La CSTB