FORUM  NATIONAL  DES TRAVAILLEURS SALARIES DU BENIN

DECLARATION

A L’OCCASION DU 1ER MAI 2011

A l’instar des travailleurs du monde entier, ceux du Bénin, aux fins de faire le point des revendications et d’envisager les perspectives, commémorent ce jour, 1er mai 2011, la Fête du Travail, journée de revendications des syndicats américains dès 1884, adoptée en France par l’Internationale Socialiste en 1889 puis devenue fête légale et jour férié en 1947.

Comme chacun le sait en effet, le 1er mai en tant que fête et occasion de réjouissance reste avant tout la consécration d'une lutte grandiose menée depuis 1886 par des ouvriers de CHICAGO et qui aura laissé d’importants acquis pour les générations de travailleurs cent vingt-cinq (125) ans plus tard, tels que la journée de huit (8) heures de travail. En respect à cette portion de l’histoire et afin que soit magnifiée sa signification de luttes et des sacrifices, la CSTB a coutume de commémorer le 1er mai en tant que jour de combat et en général par des manifestations actives telles que les marches  et meetings ou encore, le forum des travailleurs de ce jour,  placé sous le thème : « Comprendre  comment et pourquoi est née la nouvelle autocratie en vue d’organiser la résistance et de frayer la voie au pouvoir des travailleurs et des peuples ».

Dans ce sens, et pour se mettre à la hauteur des exigences que suscitent les luttes et sacrifices consentis par des ouvriers de CHICAGO, les travailleurs du Bénin et d’ailleurs ont le devoir de s’élever sans complexe ni état d’âme pour voir, aujourd’hui, au-delà des manifestations constantes de la confrontation cruelle entre le capital et le travail, la main des puissances impérialistes par le canal de leurs multinationales (BOLORE, BOUYGUES, MONT SANTO etc.) et des institutions de Bretonwood (FMI, Banque Mondiale) et de l’OMC. Par tous les moyens, elles tiennent à maintenir au cou des dominés, la chaine de domination afin que se perpétue sans trop de heurts l’exploitation économique et l’aliénation culturelle.

C’est là, la source de la colonisation ; c’est aussi celle de la néo-colonisation et des assauts les plus brutaux de reconquête impérialiste observables çà et là partout actuellement dans le monde avec à leur tête notamment, les impérialistes français anglais et américains. Pour eux, la reconquête économique est quasi terminée en ce qui concerne l’’essentiel des Etats surtout détenteurs d’un grand potentiel de matières premières surtout énergétiques. Il faut la parachever en prenant d’en haut la direction politique de ces pays au besoin par la force.

En remontant un peu plus loin (1990 par exemple), on peut se rendre compte que le FMI et la Banque Mondiale ont balisé le terrain et implanté solidement les jalons en imposant le désengagement de l’Etat des activités de production ou de commerce, en conséquence la braderie tous azimuts des entreprises d’Etat au profit surtout de multinationales retenues soit directement, soit comme repreneurs stratégiques. Ainsi, en Afrique de l’Ouest par exemple, du Sénégal au Bénin en passant par la Côte d’Ivoire et le Ghana,  BOLORE est le maître des Ports, Bouygues celui de la télécommunication, la CFDT coiffe l’essentiel des filières coton etc.. Le café et le cacao en Côte d’Ivoire comme au Ghana sont la chasse gardée des compagnies américaines et françaises. Aucun budget d’Etat ne se confectionne et ne s’adopte par les Assemblées Nationales sans l’accord express de la Banque Mondiale et du FMI. Il n’y a pas de politique sectorielle adoptée sans l’accord des puissances impérialistes et leurs officines pudiquement rangées depuis peu sous le vocable de partenaires techniques et financiers (PTF). Même la constitution du Bénin met au-dessus de la souveraineté du peuple, les accords signés avec l’extérieur c’est-à-dire ces institutions. Il est de notoriété publique, et depuis les temps coloniaux, que la monnaie, le franc CFA, était déjà solidement attelé au Trésor français, par la parité et par sa gestion.

Il est clair qu’avec toutes ces ficelles robustes en leur main, il ne manquait plus qu’une main plus ferme sur les chefs d’Etat, peu importe si ces mains sont nettement plus visibles que celles de FOCART ou de la France-AFRIQUE.

Les Etats Unis ont donné le top en s’octroyant sous des prétextes aussi friables les uns que les autres, l’AFGANISTAN puis, l’IRAQ. SARKOZY leur emboîte le pas en aidant à s’installer après des élections fortement contestées, un fils de l’ami  BONGO ONDIMBA (Ali), un fils d’EYADEMA (Faure) ; Il y va par la force féroce, sous le manteau des Nations Unies ici, ou de l’OTAN là, en installant en Côte d’Ivoire, l’ami dont il a célébré le mariage en tant que maire. Avec ses alliés américains, anglais et Italiens, il est de la partie en LYBIE où comme chacun le sait, les enjeux énergétiques notamment pétroliers sont grands.

La brutalité de la reconquête est d’autant plus forte que la concurrence des Etats émergents rangés sous le sigle BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) est rude.

De même, pour juguler la crise financière déclenchée en 2008 aux Etats Unis suite aux super avantages, aux pratiques frauduleuses et profits colossaux que s’octroyaient les dirigeants des institutions bancaires et financières et qui s’est rapidement étendue en Europe, les victimes sont tout désignées, les travailleurs notamment en Turquie en Espagne, puis ailleurs dans le monde pour prendre la potion amère des licenciements, des restructuration etc..

Il est donc clair que la voracité et le cynisme du capital financier au service des puissances impérialistes n’ont jamais laissé un acquis des travailleurs quel qu’il soit devenir ou rester définitif s’il n’est constamment sauvegardé et entretenu  à coup de luttes.

Au Bénin, le recours par Boni YAYI à la tyrannie, aux méthodes fascistes et à ses seules références personnelles pour la gestion du pouvoir politique sera vu par SARKOZY et les autres maîtres avec bienveillance tant qu’il continuera de donner la preuve de la garantie pour les intérêts des multinationales françaises BOLORE, BOUYGUES et autres. La nouvelle autocratie tient ses sources et sa justification notamment de cette offre de garantie et de l’éveil croissant des peuples du Bénin enclins à la lutte dans maints secteurs pour arracher les subsides nécessaires à la survie. Il montre les crocs et les griffes au moindre évènement défavorable, interdit toutes manifestions publiques à propos des affaires CEN-SAD, DANGNIVO, et de l’élection présidentielle, arrête et bastonne des manifestants pacifiques sans que cela n’occasionne le moindre émoi auprès de ses maîtres. Il protège et intègre à ses rangs les criminels de renom pour les basses besognes en cours ou à venir. La cour et la basse cour de Yayi multiplient des initiatives pour le maintien du pouvoir dans leur main.

L’élection présidentielle 2011 a été l’occasion de la démonstration de la force de ces initiatives (vote sans liste d’électeurs, sans liste de bureaux de vote, les fraudes de tous genres, des bulletins de vote pré-estampillés etc.) et qui logiquement ont conduit aux résultats sans précédant au Bénin, le coup d’Etat électoral qui réinstalle au pouvoir, l’autocrate assoiffé de pouvoir.

A la tête des manifestations relatives à ces élections puis, au hold-up électoral, des organisations syndicales dont notamment la CSTB et la FESYNTRA- FINANCES, des organisations des droits de l’Homme dont l’ODHP, des partis politiques dont le PCB et bien d’autres organisations ont appelé à juste titre à la résistance et ont mis en place un comité à cet effet.

Pour parachever l’édifice de l’autocratie nouvelle, les acteurs du coup de force électoral font campagne au cours de l’élection législative en cours pour une majorité dite confortable à l’Assemblée Nationale.

Les peuples du Bénin qui ont connu les affres de l’autocratie se laisseront-ils victimes à nouveau ?

Les travailleurs mieux que les autres couches, ont par leurs expériences des six derniers mois, donné la preuve de leur rejet du pouvoir décadent du Renouveau et du Changement en même temps que leur aspiration à leur propre pouvoir et à celui des peuples dont ils sont issus.

Ceux par qui ce nouveau malheur arrive à notre peuple, ceux qui sont allés chercher Boni YAYI pour en faire un président de la République, sont, même s’il n’a pu être qu’une calamité pour le pays, en train de monter  un nouveau piège au peuple pour  tenter de légitimer, lui, sa cour et sa basse cour, après le vol en plein jour du pouvoir politique dont il ne peuvent ni triompher ni en tirer la moindre gloire.

C’est pour ces raisons que la seule réponse que mérite un tel nouveau marché de dupe, ce nouveau traquenard est le rejet ferme et sans appel.

Il faut rappeler à l’intention de ceux qui l’ont oublié ou font semblant de l’avoir oublié, que ce sont les luttes politiques, déclarées comme telles, non fardées ou hypocritement maquillées sous des vocables comme « lutte citoyenne » déclenchées à divers moments de l’histoire par les peuples et notamment les travailleurs, qui ont tour à tour conduit à l’avènement du « Renouveau Démocratique » puis du « changement ».

Les travailleurs en tandem avec toutes les autres couches qui se battent sauront au travers de la nécessaire résistance face à la nouvelle autocratie, poser les jalons vers  leur pouvoir propre en vue du parachèvement de la satisfaction de leurs revendications essentielles. En attendant, ils exigent:

  • la jouissance des libertés fondamentales et syndicales les plus larges ;
  • la suppression des N P E en accord avec le sentiment de la majorité du peuple, l’instruction dans nos langues maternelles ;
  • l’arrêt des références incessantes faites aux travailleurs, des diktats des institutions impérialistes pour justifier la non satisfaction des revendications;
  • l’élection et la révocabilité des responsables des services et entreprises publiques (DG, DT, Directeurs et Coordonnateurs de projets, Chefs services etc.) pour une lutte efficace et populaire contre la corruption ;
  • l’arrêt ou la fin des privatisations de Bénin Télécom SA, Sonapra, Ocbn, Port, Sobemap, SBEE, SONEB et de toutes autres entreprises de service public;
  • l’arrêt des licenciements dans les entreprises publiques et privées;
  • la reprise et de la publication des audits des ministères et de toutes les entreprises et institutions de l’Etat;
  • la lumière dans les scandales actuels (Affaire DANGNIVO, CEN-SAD, Avion présidentiel, machines agricoles, ICC Services sans oublier ceux non moins importants et ténébreux des Gouvernements précédents) et le châtiment des coupables ;
  • la garantie des libertés, le jugement et le châtiment des auteurs de violation des libertés, la réhabilitation des victimes;
  • l’arrêt de l’atteinte des acquis en matière de primes et autres avantages salariaux ;
  • la fin de l’impunité des crimes politiques de sang (assassinat du juge Coovi, du commissaire Tossou et du policier Koundé)  et économiques et dont les principaux responsables sont agglutinés au gouvernement ou à l’Assemblée Nationale.
  • La mise en exécution rapide au profit des travailleurs du MEF, de tous les acquis des dernières négociations Confédération syndicales/Gouvernement ainsi que la généralisation des salaires coefficiés (au moins coefficient 2) à tous les agents de l’Etat en activité ou à la retraite (pension).

Travailleurs de toutes conditions et de tous horizons, renforçons la confiance en nous-mêmes au regard de nos principales conquêtes et victoires du passé.

Contrairement à la propagande mensongère développée par les réseaux indélicats du pouvoir au sein des travailleurs, les titres du trésor pour payer les arriérés de salaires, le coefficient de 1,25 sur les salaires des Enseignants, le reversement des contractuels sont loin d’être les résultats de la magnanimité du pouvoir de YAYI Boni. Le compte rendu de la séance de travail présidée le vendredi 07 mars 2003 par Kérékou pour disait-il sauver l’année scolaire, en dit d’ailleurs long. On y notait en bonne place :

  • la levée du gel du paiement des effets financiers des avancements, promotions et reclassements, qui donnera lieu aux titres du Trésor ;
  • la levée du gel de recrutement imposés par le PAS depuis 1987 et une compensation rapide en effectifs,  qui mettra fin au recrutement au compte-gouttes en fonction des départs à la retraite ;
  • le « décrochage du secteur le l’Enseignement de la Fonction Publique » qui donnera lieu entre autres au coefficient de 1,25 ;
  • les « problèmes des contractuels » qui conduiront à des décrets puis au reversement ;
  • les « problèmes de régimes indemnitaires » dont la suite consiste en certaines primes instituées puis supprimées.

Par ailleurs, comme les travailleurs et les peuples des autres pays, les travailleurs du Bénin ont combattu le PAS et ont contribué à y mettre fin ;

Les travailleurs ont combattu et empêché l’application de l’avancement au mérite ;

Les travailleurs ont combattu et empêché la promulgation de la loi 98-035 destinée à modifier le statut général des APE  en vue de l’avancement au mérite;

Par leur vote, les travailleurs ont acculé, battu et infligé la honte aux opportunistes en élisant deux fois successivement déjà la CSTB comme confédération syndicale la plus représentative.

De même, en réplique aux assauts multiformes et organisés des institutions impérialistes, il urge que les travailleurs de la région ouest-africaine, d’Afrique et du monde, se dotent des creusets appropriés afin de contrer valablement ces actions nocives, de les rendre hors d’état de nuire et de frayer ainsi dans chaque pays la voie à la révolution, au pouvoir véritablement des travailleurs et des peuples. Le Forum des travailleurs du Bénin en lance solennellement l’appel aux travailleurs de tous les pays concernés.

HALTE A LA NOUVELLE AUTOCRATIE !

VIVE LA RESISTANCE DETERMINEE CONTRE L’AUTOCRATIE DE YAYI BONI !

EN AVANT POUR LE COMBAT EMANCIPATEUR ET GENERATEUR DE LA SATISFACTION DES REVENDICATIONS DES TRAVAILLEURS !

EN AVANT POUR LE POUVOIR DES TRAVAILLEURS ET DES PEUPLES!

VIVE LA CLASSE OUVRIERE DU BENIN !

Cotonou, le 1er mai 2011

Le Forum des travailleurs