PARTI COMMUNISTE DU BENIN (P.C.B)

01 B.P. 2582 Recette Principale Cotonou (Rép. du Bénin)

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Commémoration du 11 décembre 1989

INVITATION :

- A tous les démocrates et patriotes,

- A tous ceux dont les aspirations de dignité, de patriotisme et de probité au sommet de l’Etat restent inassouvies,

Bientôt 22 ans que le 11 décembre 1989, le peuple de Cotonou, capitale économique et siège du gouvernement, s’est soulevé dans une manifestation gigantesque de rue pour dire NON ! au règne barbare de Kérékou-PRPB.

Cette manifestation fait suite à de nombreuses protestations ouvertes ininterrompues démarrées un an plus tôt en décembre 1988 par les grèves des fonctionnaires et qui se sont prolongées toute l’année 1989. Avant ces mouvements, toute manifestation autonome des masses était interdite sauf les louanges à l’autocrate Kérékou et à son régime : pas de liberté de parole, de réunion, d’association, de manifestation, de marche, de presse, de grève. Même les libertés de conscience et de culte étaient limitées. Toute personne qui enfreignait ces interdictions était sauvagement réprimée par les arrestations, les emprisonnements et les tortures ou l’exil forcé. Pour imposer un tel régime, Kérékou avait prononcé la dissolution des organisations de jeunes, mis sous tutelle les syndicats, envoyé les responsables protestataires dans des camps de concentration. Il a promis marcher sur des cadavres et il l’a fait. Il a ordonné de tirer à vue sur tout manifestant et cela a été fait.

Mais si Kérékou a brisé les organisations, il n’a pas pu briser la combativité du peuple, des travailleurs et, notamment, de la jeunesse d’alors. C’est dans ces circonstances douloureuses où le PRPB venait de se proclamer avec sa loi fondamentale en août 1977 comme parti unique (Parti-Etat) qu’a été fondé en décembre le Parti Communiste du Dahomey avec sa jeunesse, l’Union de la Jeunesse Communiste du Dahomey.

Le Parti Communiste et sa jeunesse se sont constitués en noyau ferme de résistance, défiant l’autocratie et sa police politique. Ce noyau ferme de résistance a aidé aux luttes de protestations qui, d’épisodiques et sectorielles, se sont généralisées tout au long de l’année 1989. Kérékou fit tout pour arrêter le mouvement : il prononça la radiation de grévistes (402 enseignants) de la fonction publique ; il arrêta et assassina encore, dont Luc Togbadja ; il réprima des marches ; mais, le courage restait. Le droit de grève était conquis par la grève, le droit de manifestation par des manifestations de rue, la liberté d’expression par la multiplication et la diffusion ouvertes de papiers volants et de journaux interdits, la liberté de réunion par la tenue des assemblées générales ouvertes de combattants. Les détentions de prisonniers pour ces causes devenaient inutiles ; alors, le pouvoir a dû les libérer. Toutes les libertés ont été arrachées dans les rues par les luttes, dans la douleur, la sueur, les larmes et le sang ! Le peuple a compris, assumé et montré que la liberté, la grandeur se conquièrent dans la douleur, la sueur et, parfois, les larmes et le sang s’il le faut. C’est ce qui fait la fierté du pays.

La suite normale, honorable et profitable au peuple aurait été un Gouvernement des Travailleurs et des Peuples. C’est ce qu’a souhaité et voulu le Parti Communiste du Bénin. C’est ce à quoi il a appelé de toutes ses forces les démocrates, les travailleurs et les peuples. Mais, il n’a pas été suivi. Les illusions ont conduit à la grande messe de la Conférence Nationale où le sort du pays a été remis, une fois encore dans les mains de ses exploiteurs et oppresseurs. Les vieux profiteurs des fruits des luttes des peuples se sont coalisés avec l’impérialisme français pour corrompre, avilir et humilier le peuple. Les exigences de contrôle populaire de la gestion du bien public sont rejetées. On enseigne, au lieu du mérite au travail, la facilité et la jouissance sans effort ; au lieu du courage et de la bravoure, la peur et la soumission au plus fort du moment ; au lieu de la justice aux victimes, on promeut l’impunité des criminels et des pilleurs ; au lieu du patriotisme, on encense l’apatridie ; au lieu de la probité, la vénalité ; au lieu du respect et de la promotion du bien public, le pillage et le bradage ; au lieu de l’unité des travailleurs et du peuple, la division sous toutes les formes ; au lieu de la vérité, on enseigne le mensonge, la calomnie et la dissimulation des faits. La fraude et la tricherie sont élevées aux rangs de vertus et leurs auteurs qualifiés d’honorables et couverts de médailles.

La jeune génération aura été éduquée dans ce climat. Le résultat aujourd’hui est amer et révoltant. Le pays est plongé dans le chaos. L’école est détruite, la misère et la pauvreté amplifiées. Le chômage est endémique. Les valeurs morales sont détruites. Et sur ce chaos, s’opère la refondation d’une nouvelle autocratie, celle de Boni YAYI amené, propulsé et soutenu par les dirigeants les plus sanguinaires qu’ait connus notre pays et ceux-là mêmes qui ont pensé, réalisé et chanté la Conférence Nationale à savoir Kérékou et Zinsou, Tévoèdjrè, Robert Dossou, Théodore Holo et autres : le marché de dupes est allé jusqu’à son terme ultime, le retour à l’autocratie.

Tous ceux qui se sont battus pour une cause noble, qui ont rêvé de dignité, de patriotisme, de probité au sommet de l’Etat et dans la vie sociale au Bénin se retrouvent devant ce résultat amer. Beaucoup ont vieilli et se demandent que faire ? Notamment à la vue d’une jeunesse avilie dont la portion qui émerge et que l’on voit sur les télés n’est que la fraction avilie, castrée et rendue poltronne et corrompue.

Avec le recul, l’on peut mieux lire les verdicts de l’histoire, l’histoire qui, malgré tout, continue de condamner les dictatures et dictateurs des peuples, de révéler les ressorts et les ardeurs inextinguibles des jeunesses.

Alors, l’espoir est permis également ici. Le relais peut être passé à la jeunesse et cette dernière, accablée et interpelée par le chaos actuel peut saisir et tenir d’autant plus fermement le témoin si les vieux combattants utilisent leurs dernières, leurs immenses dernières forces à passer à la jeunesse le relais de courage, d’intrépidité, d’esprit de sacrifice, de don de soi, de patriotisme, de probité.

Le relais peut être passé, car la jeunesse d’aujourd’hui, quoiqu’écrasée par la misère et accablée par les quolibets, les dénigrements, les mensonges et flatteries, continue de se battre. Contre les taxes et contributions iniques, vous l’avez vu encore récemment à Bohicon. Contre la dilapidation des fonds publics et la fabrication d’éléphants blancs sur le dos des peuples, vous l’avez vu à Natitingou pour le 1er août 2011. Contre la destruction de l’Ecole avec des conditions de vie et d’études insupportables dans les Universités comme en 2010.

Mais la jeunesse n’est pas suffisamment encouragée, soutenue. Elle a besoin de l’approbation franche de ses aînés. Elle a entendu parler des hommes et des femmes qui, en octobre 1963, ont marché de Porto-Novo à Cotonou pour faire triompher la première révolution du Dahomey indépendant et ont renversé le gouvernement Maga. Elle a entendu parler des élèves et étudiants qui, en 1968-1969, ont combattu le premier dictateur du Dahomey indépendant, Emile Derlin Zinsou au prix de leur liberté et de leurs études. Elle a entendu parler de ceux qui en 1975 se sont jeté dans les rues pour contester un dictateur, Kérékou qui venait d’assassiner son ministre de l’intérieur ; ces hommes qui, même condamnés sans jugement aux travaux forcés, n’ont rien renié.

Les jeunes ont simplement entendu parler de tous ceux-là qui, de 1960 à 1990, ont animé tous les mouvements qui ont osé se regrouper pour refuser d’accepter l’inacceptable : le riz mal cuit à l’internat ; l’absence ou le mauvais état des salles de classes ; des réformes scolaires rétrogrades ; la suppression des libertés ; les brimades contre les parents paysans ou ouvriers ; etc. Ils ont entendu des noms : Idossou Tchona David, Fidèle Quenum, Mito-Baba Florentin, Adanlin Thimothée, Fakorédé Azaria, Azodogbèhou Codjo François, Ogouma Simon, Mama Adamou Ndiaye, Saré Eustache, Adjinda Kocou Obed dit Oka, Guy Landry Hazoumé, Dégbé Marcellin, Dramani Zacharie, Nanako Edouard, Karl Augustin A. Voyèmè, Philippe Noudjènoumè, Tigri Alassane, Thomas Houédété, Daniel Djossouvi, Kokodé Gaston ; ou de plus jeunes tels : Léon Adjakpa, Luc Agnankpé, Moïse Sèdjro, Thérèse Waounwa, Baparapé Aboubacar, Alassane Issifou, Kassa Mampo Nagnini, Denis Sindété, Malèhossou Bouraïma, Osséni Agbétou, Séraphin Agbahoungbata, Epiphane Yélomè, Zinzindohoué Eustache, Paul Faradito, Jérôme Noma, Anato Gustave et tous leurs compagnons plus ou moins connus, mais tout aussi valeureux.

La Jeunesse aurait terriblement voulu que ceux-là leur disent qu’il est beau de se battre, qu’il est généreux de se battre pour la patrie. Elle aurait voulu que ces aînés dont elle entend les ‘papa’ et les ‘tonton’ parler entre eux, avec admiration, leur disent à eux, jeunes d’aujourd’hui : « Allez-y, faites mieux, terminez ce que nous avons commencé, en toute dignité, sans jamais renier, sans jamais renoncer ». Elle aurait voulu… et le silence de tous ces aînés leur pèse. C’est pour cela que le relais doit être passé.

Les démocrates et patriotes de la vieille génération ont pu, avec l’indépendance formelle, obtenir que les béninois ne soient plus aujourd’hui des sujets français ; ceux de la dernière génération ont pu conquérir des parcelles de libertés.

Si les démocrates et patriotes des vieilles générations peuvent

  • dire à la jeunesse qu’ils ne regrettent pas leurs sacrifices pour le Bénin ;
  • s’indigner quand un Géro Amoussouga fait tirer sur ses étudiants ;
  • dire publiquement à la jeunesse que c’est à elle de reprendre le flambeau en refusant l’indignité et la corruption et que ce chemin de pierres et de sacrifices est un chemin de gloire,

alors ils auront mobilisé leurs ressources pour passer le relais.

Ainsi, tous ceux dont les aspirations de dignité, de patriotisme et de probité au sommet de l’Etat restent inassouvies, auront servi, beaucoup servi la cause du peuple en disant la vérité à la jeunesse, en l’aidant à s’indigner, à se libérer de la torpeur, à écouter les conseils des forces d’avant-garde pour assumer la mission que lui assigne l’histoire : être le fer de lance pour débarrasser le pays à jamais de toute autocratie et de toute sujétion au diktat étranger, instaurer le pouvoir des travailleurs et des peuples pour le développement économique accéléré du pays. C’est ce à quoi le PCB les invite.

ALORS, VIVE LE COURAGE AU COMBAT !

VIVE LE 11 DECEMBRE, JOURNEE DES LIBERTES ! !

Cotonou, le 29 novembre 2011,

Le Parti Communiste du Bénin