PREMIER GOUVERNEMENT DE YAYI II : 

LA NOUVELLE AUTOCRATIE SORT LES TENTACULES, PHAGOCYTE LES « PHAGOCYTABLES »

 POUR MIEUX SORTIR LES GRIFFES

Le week-end du 28 mai 2011, Boni YAYI a publié le premier gouvernement de son deuxième quinquennat. Les journalistes y sont allés de leurs analyses et commentaires dans l’indifférence quasi générale des populations. Les médias qui se sont essayés à l’exercice ont vu, comme innovations ou caractéristiques :

 

-     La réduction du portefeuille à 26 postes ministériels contre 30 précédemment,

-     Le renouvellement à plus de 80 %,

-     La création d’un poste et la nomination d’un premier ministre,

-     La nomination de 8 femmes, soit plus de 30 %,

-     Des nominations récompenses,

-     Un gouvernement de jeunes et de techniciens avec des femmes à des postes de souveraineté,

-     etc.

Des commentateurs y sont allés de leur plume pour « saluer » ces « avancées », notamment la nomination d’un Premier Ministre. Mais tout le monde sait que ce poste de « premier ministre » n’est qu’une illusion, un « Premier Ministre Kpayo », Boni YAYI demeurant le chef du gouvernement… Les commentateurs les moins obtus rappellent la forte propension de YAYI à se substituer à tous ses ministres, usant de sa cour pour intervenir en tout et partout pour montrer que le « Premier Ministre » n’aura pas grand-chose à faire que de porter le titre. Mais à y regarder de près, ce maroquin consenti à KOUKPAKI est un garage. Il est chargé de la coordination de l’Action gouvernementale, de l’Evaluation des politiques publiques, du programme de dénationalisation et du dialogue social. Il est chargé du programme de dénationalisation. Abrité derrière lui comme un bouclier face à la protestation populaire, YAYI bradera les reliquats du patrimoine national à ses amis BOUYGUES, BOLLORE, France TELECOMS, etc., bref aux intérêts financiers français comme reconnaissance de leur soutien au hold-up électoral. Vincent BOLLORE, PDG du groupe BOLLORE n’était-il pas présent comme personnalité d’Etat à l’investiture de YAYI Boni ! D’ailleurs, il ne reste guère de choses : YAYI et ses prédécesseurs ont tout vendu : la SBEE, BENIN TELECOMS, la SOBEMAP… Mis à part la dénationalisation, que reste-t-il ?  Il avait déjà toutes ces attributions qui se sont révélé des ornements autour du noyau principal que constituait le Plan. Ce noyau lui a été enlevé et confié au beau-frère. En fait, cela a tout l’air d’un chargé de mission, guère plus. S’il s’y plaît et se plie aux injonctions et désirs de l’autocrate, cela ne regarde que lui. Par contre, ce qui n’est pas indifférent au peuple, ce sont ses rapports avec ce dernier. C’est le rôle de sapeur-pompier qui se cache derrière « dialogue social » qu’on lui a accolé et qu’il jouait déjà en tant que Ministre d’Etat. Ses airs policés contrastant avec les manières rustres de son patron, c’est à lui que ce dernier a recours toutes les fois qu’il s’agit d’aller réparer les gaffes déjà commises. Et on le verra bientôt actif sur ce front. Quand Boni YAYI provoquera la colère des travailleurs en décidant de remettre en cause le droit de grève, KOUKPAKI sera envoyé au front pour éteindre l’incendie. Quand, sur injonction de YAYI, DEGLA fera tirer sur les travailleurs ou les paysans, KOUKPAKI descendra dans l’arène pour justifier l’injustifiable. Comme naguère il a justifié et couvert les malversations, Affaires SOAGA, ICC, CEN-SAD. Des gens espèrent, souhaitent qu’il démissionne quand il se rendra compte de la grande viduité de la coquille qu’on lui a attribuée mais KOUKPAKI n’est pas homme à démissionner ; il aurait pu le faire mille fois mais c’est le balayeur des ordures de YAYI.

Et si le Premier des ministres n’est guère plus, on devine aisément ce que sont les autres. Des chiffes molles, surtout par compromissions qui, comme le beau-frère Marcel de SOUZA ou Nassirou BAKO ARIFARI, n’ont d’autres mérites, d’autres faits d’armes que l’organisation et la défense des pires fraudes électorales de l’histoire de notre pays. Récompensés, ils sauront se faire dociles et obéissants, exécutants des basses œuvres de l’autocrate YAYI. BAKO a du métier en la matière ; il l’a prouvé comme agent de l’autocrate KEREKOU en milieu universitaire comme Président du BEF où il a livré ses camarades étudiants à la police politique et à la prison en 1985 et années suivantes avant d’être destitué en 1989 par les braves E. ZINZINDOHOUE et AGBAHOUNGBATA.

DEGLA a été porté à la tête du Ministère délégué de l’Intérieur (dont YAYI est en fait le titulaire), et presque de celui de la défense (qui lui a été enlevé au dernier moment) pour avoir montré la gueule et les muscles à l’Assemblée et dans les collines. Il saura peut-être, espère l’autocrate, aider à casser des manifestants et des rebelles.

Un autre élément qui n’a pas laissé indifférente la population, c’est le virage du parti «La  Renaissance du Bénin » qui officiellement rejoint la mouvance présidentielle avec d’abord l’entrée au bureau de l’Assemblée nationale d’un de ses militants en la personne du député YEHOUETOME,  puis de celle de Blaise AHANHANZO-GLELE comme ministre de YAYI Boni. A ce propos, les spéculations vont bon train. Des journaux avancent la raison que c’est parce que les militants de « La RB » seraient affamés et épuisés et en auraient assez de quinze ans « d’opposition ». Ce qui veut dire qu’ils confessent qu’ils font partie de la race de politiciens qui ne peuvent vivre que des prébendes de l’Etat ; malgré la possession par la RB de mairies dont certaines comme Cotonou sont parmi les plus riches du Bénin ! En tout état de cause,  réuni le 23 mai 2011, « le Bureau Politique National de la RB a décidé d’accepter la main tendue du Président de la République ». Quelles que soient les causes réelles de cette nouvelle attitude de la RB, elle ne peut être perçue que comme l’expression de l’anti- modèle et de l’anti-éthique progressive en politique contraire aux intérêts des travailleurs et des peuples du Bénin.

 Tout le reste, d’illustres inconnus affublés des épithètes de techniciens, jeunesse, femmes, etc. qui ne sont là, comme ils l’ont tous récité mercredi, 02 Juin 2011 comme une leçon bien apprise que pour appliquer la politique de Boni YAYI et dont ils ne connaissent du contenu qu’un seul mot, le seul qui existe d’ailleurs : Refondation. Bons élèves, ils ont dit qu’ils ne sont venus appliquer que cela. Même à la santé. Et bientôt, on les entendra.

·     Boni YAYI tue-t-il à Natitingou ou à Dogbo ? Refondation !

·     Vend-il Bénin-Télécoms pour une bouchée de pain ? Refondation !

·     Prend-il des lois liberticides ? Refondation !

·     Laisse-t-il des dizaines de malades mourir au CNHU faute de bonnes conditions de travail des médecins ? Refondation !

·     Condamne-t-il des millions d’enfants à l’échec scolaire ? Refondation !

Au total, une bande d’aventuriers embarqués sur un navire dont le capitaine est un despote et dont ils ne connaissent en réalité rien de la feuille de route, rien sinon qu’elle sera la volonté de l’autocrate.

Bref, la nouvelle autocratie sort les tentacules, phagocyte les « phagocytables » pour mieux sortir les griffes. Mais ses griffes sont déjà limées. Les travailleurs et les peuples qui en ont vu et vaincu d’autres le disent déjà. C’est le message clair que les travailleurs de l’administration publique lui ont lancé en réussissant brillamment leur grève de 48 heures en pleine période de prise de service des nouveaux ministres. Comme discours de bienvenue, c’est suffisamment éloquent. Bravo les travailleurs. Poursuivez vos luttes en n’ayant en vue que vos intérêts et ceux du pays.

Cotonou le 03 juin 2011,

Le Parti Communiste du Bénin