ADRESSE IV
Aux Travailleurs, au peuple du Bénin en lutte
La cause est commune :
Sauvegarder à tout prix les acquis démocratiques de 1989-90 et Réunir les Etats Généraux du peuple.
La démocratie n’est pas saucissonnable !

 

Travailleurs et peuple du Bénin !
La grève générale déclenchée à partir du 16 Janvier 2018 par les Centrales syndicales et d’autres organisations syndicales, de l’avis de tout le monde, a connu un succès éclatant. Du nord au sud, de l’est à l’ouest, les portes des administrations publiques et d’entreprises publiques dans leur ensemble ont été fermées. L’enseignement, la santé, la justice, le développement rural, le ministère des infrastructures et des transports, de la décentralisation etc… Comme le dit le journal La Nouvelle Tribune « C’est la première fronde sociale d’envergure depuis celles des années 1989- et 1990 ». La panique s’empare des « Rupturiens enragés», et leur porte-voix « Le Matinal » d’écrire « Et le festival du repos continue » ; ou encore « L’étrange grève générale ». Oui, la grève est générale, elle est politique. Le pouvoir de Talon Houngbédji a poussé le bouchon trop loin. Même le peureux, on ne le pourchasse pas jusque dans sa tanière. Il finit par se retourner contre soi.

Je vous dis « bravo travailleurs ». Je dis « bravo » à mon peuple qui soutient ce mouvement.
Oui, la cause est commune. Et c’est ce que vous avez compris par le caractère unitaire du mouvement protestataire. Le mouvement est unitaire parce que la cause en jeu, c’est la survie de la démocratie béninoise. Celle qui fait à juste titre la fierté de notre peuple parce qu’il l’a conquise aux prix de torrents de larmes et au prix du sang. Les martyrs partis sont encore là et nous regardent : Luc Togbadja, Akpo-Kpo Glélé Rémy, Mama Yari Moussa, Serge Gnimadi, Clovis Agoli-Agbo, Atchaka Parfait etc. Ils sont là car « les morts ne sont pas morts ». Les victimes vivantes sont encore là. Baparapé Aboubakar, Agnankpé Luc, Sindété Denis, Waounwa Thérèse, Issifou Alassane, Houédété Thomas, Mètongnon Laurent, etc. etc. pour ne citer que quelques-uns. On ne peut les trahir. Pour le gouvernement de Talon-Houngbédji et les aventuriers en ballade, il faut liquider la démocratie béninoise et la remplacer par la dictature autocratique incarnée par une Constitution autocratique. La tentative a été un échec. Le peuple béninois a dit non en avril 2017. Alors on procède autrement. On dépèce pan par pan la Constitution béninoise ; avec une complicité de la Cour Constitutionnelle ? et les jeux sont faits. Tout cela dans le seul objectif d’asseoir et renforcer l’empire financier de Talon et Cie. La collusion Gouvernement-Assemblée nationale est établie ; celle de la Cour constitutionnelle est possible et tout est réglé.
Vous ne pouvez, vous ne devez pas laisser votre sort aux mains d’une Institution constitutionnelle quelle qu’elle soit.
Travailleurs et peuple du Bénin, la cause est commune ; il s’agit de la démocratie en danger. Il ne s’agit point d’intérêts catégoriels qui divisent ; mais de l’intérêt général : défendre la démocratie ; défendre le patrimoine national
Des rumeurs font état de ce que l’on pourrait déclarer conforme à la Constitution une loi et non conforme une autre. Et ceci pour diviser les travailleurs et gagner à la charge. Proprement inacceptable ! La démocratie est une et indivisible. Elle n’est pas saucissonnable. Telle a été la tactique du pouvoir « diviser pour régner. » Aucune fraction du peuple ne peut jouir de liberté pendant que l’autre partie en est privée. En 2012 le Gouvernement sous procuration -Talon a arraché le droit de grève aux douaniers, les autres travailleurs se sont tus. Et cela a passé. Le pouvoir fait un nouveau pas en l’étendant cette fois-ci à d’autres travailleurs ; demain ce sera l’interdiction de la grève étendue aux enseignants et tout le reste si l’on se tait. D’ailleurs l’officieux gouvernemental « Le Matinal » du 16 janvier 2018 dans un article intitulé « De quoi se mêlent les enseignants ? » préconise ouvertement la suppression du droit de grève aux enseignants.
Face à la grande menace qui plane sur la démocratie béninoise, avec la conspiration en œuvre des Institutions constitutionnelles, le salut réside dans la reprise en main par le peuple de sa souveraineté, pour raffermir et rasseoir de nouvelles bases démocratiques qui résistent désormais à toute atteinte autocratique. Et ceci à travers une Assise nationale : Les Etats généraux du Peuple.
Vive le peuple travailleur, Vive le Bénin.
Je vous remercie.

Cotonou le 17 Janvier 2018.

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