Les enseignants AME sans salaires
Quand finira-t-on de martyriser les enseignants ?


Selon un communiqué en date du 29 octobre 2022, signé du Secrétaire Général du Creuset National des Aspirants au Métier d’Enseignant (CNAME), Monsieur Paterne KOUTON, « Les virements dans les banques ou paiement du salaire du mois d’octobre ne sont pas effectués… Cet état de chose ne cesse de traumatiser et de pousser la plupart des AME à la démotivation, face à la cherté de la vie et la faim.» Quelques jours après la publication de ce communiqué, il commence à circuler sur les réseaux sociaux que certaines banques auraient démarré les paiements des salaires aux AME. C’est dire donc qu’au moment où certaines catégories d’enseignant perçoivent régulièrement leurs salaires, ce n’est pas le cas chez celle appelée AME (Aspirants au Métier d’Enseignant). Ainsi, plus d’un mois après la reprise des activités académiques, il aura fallu des cas de dénonciations de toutes parts en soutien aux AME pour que leurs premiers salaires commencent à tomber.


Par ailleurs, rappelons que c’est à 09 mois sur 12 que ces AME sont payés. Autrement dit, leurs derniers salaires pour le compte de l’année précédente date du mois de juin. Pendant les trois mois de vacances, ils sont donc abandonnés à eux-mêmes. Et c’est contre ces conditions dégradantes et barbares faites à eux que ces AME ont observé des grèves pour notamment exiger un contrat de 12/12 mois et leur recrutement formel comme Agent Permanant d’Etat. Ce mouvement avait connu un soutien populaire et de toutes les catégories socioprofessionnelles. Ce fut un véritable succès. Au lieu de satisfaire les revendications des AME, le gouvernement a plutôt opté pour la répression des gens dans leurs rangs ; il est resté sourd à leurs revendications. Mais ils n’ont pas baissé les bras. A la veille de cette nouvelle rentrée académique 2022-2023, des aux appels aux boycotts et autres manifestations ont été lancés. Cela a poussé le gouvernement à engager une procédure de prêts remboursables (à partir de janvier 2023) en guise d’avancement sur salaires au profit de ces AME. Voilà comment les AME subissent des privations, de persécutions, des formes de torture diverses depuis l’institution de ce corps d’enseignant.


En effet, depuis leur institution en 2019 en tant que corps d’enseignant, ces AME ont toujours été traités ainsi à chaque nouvelle rentrée scolaire. Parfois, c’est jusqu’en décembre voire janvier qu’ils percevaient leurs premiers salaires soit plus de 3 mois après la rentrée. Cette fois-ci la pression a contraint le pouvoir à faire un geste en leur direction plus tôt. Et encore ! Ce n’est pas le salaire du à eux pour le mois de septembre mais un prétendu prêt remboursable. Pendant que d’autres catégories telles les APE, ACE, etc. jouissent de quelques avantages somme toute maigres en plus de leurs salaires, les AME quant à eux n’ont pas droit aux mêmes traitements. Et pourtant, ce sont eux qui constituent aujourd’hui la majorité dans cette corporation du corps enseignant au Bénin (plus de 70%). On se demande finalement le crédit à accorder aux propos tenus il y a un an par le Directeur de l’ANPE Monsieur Urbain AMEGBEDJI à savoir que « tout a été mis en place pour qu’à partir des rentrées prochaines les AME soient payés dès le premier mois de la rentrée. »


En fait, les AME sont gérés en sous-traitance par l’ANPE au lieu de la fonction publique en bonne et due forme. C’est dire qu’ils n’ont aucun contrat direct avec l’Etat béninois qui pourtant se trouve être leur employeur. C’est avec l’ANPE (Agence Nationale Pour l’Emploi) qu’ils ont établi leurs contrats, un contrat d’un an renouvelable. Ainsi, à chaque nouvelle rentrée, chaque AME est appelé à renouvelé son contrat au niveau de l’ANPE. Et c’est après cette étape de renouvellement de contrat que l’ANPE fera le point de leur nouvelle situation à l’Etat qui à son tour va ordonner le paiement de leurs salaires, salaires autour desquels règne tout un flou par ailleurs. On voit qu’ils sont soumis comme à un parcours de combattant dans le dénuement pendant qu’on les accable d’horaire de travail insupportable. Et dire aussi que malgré cela, il y en a toujours en attente pendant tout le premier trimestre. On manque de mot pour décrire les conditions esclavagistes et de misère faites aux AME.


Voilà comment l’autocratie de Talon gère la grande masse des enseignants et clame en France que tout va bien dans le secteur de l’éducation. En se refusant d’améliorer la situation des AME, non seulement Talon démontre sa vraie nature d’exploiteur féroce, il donne la preuve qu’il se préoccupe peu du sort du peuple dont les AME sont issus.


Brieux.