Extension et durcissement de la loi contre la grève par Talon
Quand participer à une grève conduit en prison


Dans les temps de l’esclavage noir, du 15ème au 19ème siècle, les négriers faisaient travailler les esclaves dans les champs de coton et de canne à sucre notamment ; toute désobéissance étant soumise à l’enfermement en plus du fouet et du marquage au fer chaud. C’était inacceptable et les luttes des esclaves ont mis fin à ces horreurs depuis près de deux siècles. Talon ramène le travailleur salarié béninois à cet état complètement révolu.


En effet dans sa rage de tout soumettre à sa seule volonté autocratique, le Président de la République a promulgué la Loi N°2022-21 du 19 octobre 2022 modifiant et complétant la loi N°2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin telle que modifiée et complétée par la Loi N°2018-34 du 05 octobre 2018.


Voici ce qui fait la substance de cette nouvelle Loi.
Article 2 alinéa 2: « En raison des spécificités de leurs missions, les personnels militaires, les personnels paramilitaires, notamment de la police, des douanes, des eaux, forêts et chasse, les personnels des services de santé, les personnels des secteurs d'activités portuaire, aéroportuaire, ferroviaire et fluvial, de l'eau, de l'énergie et des hydrocarbures, ne peuvent exercer le droit de grève.


Les dispositions de l'alinéa 2 du présent article sont également applicables aux agents des entités ou organismes nationaux ou internationaux opérant sur le territoire national et dont les activités concourent à la réalisation des missions des personnels et agents ci-dessus visés, nonobstant les stipulations des conventions d'établissement.
La grève de solidarité est interdite ».
Article 11 nouveau : « Toute grève qui ne respecte pas les dispositions de la présente loi est illégale et ses auteurs sont passibles de révocation ou de licenciement de plein droit, sans préjudice des sanctions pénales. La violation de l'interdiction de grève est punie d'une amende de un (1 000 000) million à cinq (5 000 000) millions de francs CFA et d'un emprisonnement de trois (03) mois à deux (02) ans ».
A la suite des lois scélérates qui violent les libertés élémentaires et les droits sociaux, le Président Talon dans sa hargne autocratique vient d’en rajouter une qui est de nature explicitement esclavagiste : « la violation de l’interdiction de grève est punie d’une amende de un (1 000 000) million à cinq (5 000 000) millions de francs CFA et d'un emprisonnement de trois (03) mois à deux (02) ans ».


Les relations entre l’employeur et le salarié sont régies par un contrat de travail entre deux parties libres. Par cette loi, Talon transforme ce contrat en un lien de sujétion entre maître et esclave qui, en cas de grève, est conduit à l’enfermement en prison.
C’est monstrueux et inadmissible.


Babalola A.