APRÈS LES ÉLECTIONS, RIEN DE VRAIMENT NOUVEAU SOUS LE SOLEIL DE L'ITALIE


Pays politiquement périphérique et téléguidé, pleinement loyal à toutes les guerres de l'OTAN depuis 1991, néanmoins pays économiquement important parce qu'il est le deuxième producteur manifacturier d'Europe mais en même temps très endetté, l'Italie est ces jours-ci sous les yeux inquiets du monde. Pourquoi?


Il se trouve que les élections législatives du 25 septembre ont vu triompher une coalition de partis de centre-droite. Mais ce n'est pas nouveau dans l'histoire du pays. Ce qui est nouveau, en revanche, c'est que Fratelli d'Italia (FdI), le parti qui est sorti vainqueur des urnes avec 24 % des voix, est considéré comme l'héritier du Mouvement social italien (MSI), lui-même héritier du parti fasciste dissout, responsable de la tragédie mondiale de la guerre de 1940-1945. La dirigeante du FdI, Giorgia Meloni, sera le Premier ministre d'un gouvernement de coalition entre le FdI, la Lega et Forza Italia. Pour la première fois dans l'histoire du pays, une femme va siéger au Palazzo Chigi (le siège du gouvernement). Mais cela est passé presque inaperçu, absorbé par le "réveil fasciste".


Eh bien, les “progressistes” devraient se rassurer. "Meloni n'est pas vraiment fasciste; elle est atlantiste et alignée sur le bellicisme occidental, sur l'envoi d'armes à l'Ukraine, sur les politiques néolibérales européennes, sur l'état d'urgence en cas de pandémie; et elle agira dans la continuité des gouvernements précédents, elle a déjà rassuré tout le monde": ainsi Mohamed Konaré, un panafricaniste résidant en Italie a expliqué la situation dans une vidéo, après que les représentants de la diaspora africaine l'ont interrogé avec inquiétude.


Voyons donc, à la sortie des bureaux de vote, où 37% des éligibles ne se sont pas rendus (un abstentionnisme record pour le pays), qui va gouverner et qui a déjà gouverné. Qui a gagné, qui a perdu et pourquoi. Les partis qui faisaient partie du précédent gouvernement, créé en raison d’une “urgence pandémique", qui a été suivie d’une “urgence ukrainienne", et dirigé par Mario Draghi, ancien chef de la Banque centrale européenne (BCE), ont perdu la partie. Un gouvernement qui, selon de nombreux Italiens, n'a pas su les protéger de la hausse des prix de l'énergie et donc de tout le reste, lié à la spéculation internationale plus qu'à la guerre en Ukraine (que néanmoins le gouvernement a alimentée en envoyant des armes à Kiev, e suivant l’OTAN qui a tué les chances de négociations entre Kiev et Moscou en mars dernier). L'Italie a également une dette énorme et des services sociaux de plus en plus en crise, remplacés par des mesures d'aide sociale dont les bénéficiaires sont souvent indignes.


Le Parti démocrate – Pd (une copie parfaite des démocrates américains) a axé sa campagne électorale sur l'évocation de la menace fasciste à déjouer, mais n'a obtenu que 20%. Le Mouvement 5 étoiles (M5S) a obtenu 15%, en hausse par rapport à il y a quelques mois (mais il avait atteint son apogée en 2018 avec 30% et la direction du gouvernement) ; il a réussi l'exploit en abandonnant le navire gouvernemental et en insistant sur les mesures qu'il avait introduites : revenu de citoyenneté pour les plus démunis (qui a malheureusement connu beaucoup d'abus) qui garantissait le consensus dans le Sud, et cadeaux coûteux aux propriétaires, au nom de la rénovation énergétique des bâtiments. Puis la Lega: ses électeurs ont préféré le parti de Meloni, qui n'était pas au gouvernement. En outre, la Lega est passée de positions fédéralistes (qui plaisaient au Nord) à des positions nationalistes, semblables à celles du FdI. La Ligue a également été diabolisée par les médias pour ses prétendues positions pro-russes (elle soutient l'envoi d'armes à Kiev mais pas les sanctions contre Moscou, estimant qu'elles sont la cause de la crise énergétique). Fratelli d'Italia, quant à lui, a bondi de 4 % aux législatives de 2018 à 24 %, principalement parce qu'il était le seul parti formellement dans l'opposition au gouvernement Draghi.


Malheureusement, aucun des partis "anti-système" (tels que Italia sovrana e popolare) qui étaient alignés pour la sortie de l'OTAN, contre l'envoi d'armes à l'Ukraine, contre les politiques hystériques et pro-Big Pharma sur Covid19, n'a passé le seuil pour entrer au Parlement. Et le seul parti qui conserve le symbole et le nom de l'ancien Parti communiste italien (PCI), qui était le plus fort de l'Ouest, n'a pas réussi non plus: il a réussi à se présenter dans peu de circonscriptions et a obtenu quelques dizaines de milliers de voix.


Les "progressistes" craignent maintenant la "guerre contre les pauvres" (comme si le gouvernement précédant était pour la ustice soiale...), ils craignent les reculs en matière de droits civils, ils craignent la chasse aux migrants. Mais ces mesures ne seraient pas acceptées à niveau international, par les “alliés”. Du reste, le nouveau gouvernement a déjà rassuré l'Europe et l'OTAN sur tous les plans. Il s'alignera notamment sur le néolibéralisme belliqueux. Il n'y a pas de "risque" que l'Italie devienne une puissance de paix et de négociation.
Un peu pire, mais pas vraiment différent!

Marinella 

Correspondante de La Flamme en Italie

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