APPELAU DE LAURENT METONGNON AU PEUPLE BENINOIS

Chères mères, chers pères, chers frères et sœurs,
Chers compatriotes,


Depuis le renversement du pouvoir du président Ahmed BAZOUM au Niger le 26 juillet 2023, un
grave danger plane sur notre pays. En effet, ce coup d’Etat heurte directement les intérêts de la France qui
a choisi le Niger comme base de repli de son armée chassée du Mali et du Burkina Faso, et risque de
remettre en cause ses sources d’approvisionnement en uranium pour l’alimentation de ses centrales
nucléaires. Voilà pourquoi, dès le départ, elle a choisi de rétablir BAZOUM au pouvoir par la force en
s’appuyant sur ses agents au sein de la CEDEAO. C’est dans ces conditions que depuis là, le Président
Patrice Talon est devenu un exécutant fidèle de cette volonté de la France. Dès le départ, il déclare dans
un ton menaçant que : « Ce qui arrive au Niger est inadmissible et tous les moyens" seraient utilisés,
si nécessaire, pour rétablir l'ordre constitutionnel au Niger ».

Ensuite, il a été le premier chef d’Etat à
fermer les frontières de son pays avec le Niger, sans tenir compte de la situation de nombreux Béninois
coincés dans ce pays, (Conducteurs de gros camions, malades partis se faire soigner, parent en visite chez
la famille, étudiants, etc.), sans oublier les nigériens coincés du côté de la frontière béninoise et qui vivent
les mêmes difficultés. Si on sait qu’avant de commencer ses menaces contre le peuple nigérien,
Emmanuel Macron a pris soin d’évacuer les ressortissants de son pays, on voit comment, pour les
dirigeants africains, la vie de leurs concitoyens ne compte pas. Cette fermeture des frontières qui fait
partie de la panoplie des mesures illégales, cruelles et inhumaines prises par la CEDEAO et l’UEMOA et
qui incluent l’interdiction de l’importation de médicaments pour les malades et les enfants, relèvent
largement de crimes contre le genre humain.


Ce qu’on constate, c’est que, plus les préparatifs de guerre s’accélèrent avec l’implication de plus en plus
poussée des autorités de notre pays, plus grandit l’opposition à cette guerre d’agression par procuration
que le Président Patrice Talon et son Gouvernement s’apprêtent à déclencher contre le peuple frère du
Niger. L’église catholique, les musulmans, les pasteurs anglicans, les Hounons, les Bokonons, les partis
politiques dont le Parti Communiste du Bénin, le parti « Les Démocrates » sont contre. Les centrales
syndicales comme la CSTB, la CSA, la COSI-BENIN... se sont prononcées contre. L’ONU est contre les sanctions tandis
que la commission « Paix et Sécurité de l’U.A est contre la guerre. Au niveau même de la CEDEAO, les
pays se désengagent petit à petit et aujourd’hui on peut remarquer qu’il ne reste que les rebuts de la
FrançAfrique comme le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et le Bénin qui sont à l’avant-garde de cette guerre
d’agression en préparation.


Tout ceci se passe au moment où notre peuple est confronté à d’énormes difficultés. Nos prisons sont
remplies de nombreux prisonniers politiques retenus sans jugement ou condamnés à des peines iniques et
fantaisistes par simple opposition au pouvoir. Pleins de compatriotes innocents sont contraints à l’exil.
Les conditions de vie des populations ne cessent de se dégrader. La fermeture des frontières avec le Niger
est venue aggraver la situation dans le Nord du pays. Aujourd’hui, les camions remplis de médicaments,
de vivres, s’alignent de Kandi jusqu’à Malanville. Leurs contenus, frappés par la pluie, le soleil et toutes
les intempéries, pourrissent à vu d’œil, ruinant aussi bien les propriétaires des camions que les
commerçants commanditaires tandis que les populations meurent de faim à côté.


Chers compatriotes,
Le déclenchement de la guerre d’agression contre le peuple du Niger est imminent. La date est déjà fixée
selon les chefs d’Etat-Major réunis à Accra et selon les informations concordantes, les premiers soldats
ivoiriens ont commencé à fouler le sol de notre pays.


Allons-nous regarder en spectateurs cette guerre d’agression qui arrive ? Pour ma part c’est non. Voilà
pourquoi je lance un appel au peuple, aux travailleurs de toutes catégories, aux élèves et étudiants, aux
commerçants et aux paysans, aux confessions religieuses, aux associations de la société civile, aux
personnalités, aux béninois de la Diaspora, à tous les hommes de bonne volonté, à mettre rapidement sur
pied, un grand Front Patriotique d’opposition à cette guerre d’agression qui se prépare contre le peuple
frère du Niger et qui déstabilisera encore plus, toute notre sous-région. D’ores et déjà, dans chaque
village, dans chaque commune, dans chaque hameau, nous devons mettre sur pied, des comités
d’opposition à la guerre.


En direction de leurs excellences, Nicéphore Dieudonné SOGLO et Thomas Boni YAYI, anciens
Présidents de la République, je les prie humblement de s’associer à cette initiative pour son aboutissement

dans l’intérêt supérieur de notre peuple.
Quant à moi, comme d’habitude, je prendrai ma modeste part comme je l’ai toujours et en ai payé le prix
lorsqu’il s’agit des intérêts supérieurs du pays.
La Patrie est en danger, ne la laissons pas sombrer.


Cotonou le 25 aout 2023


Laurent METONGNON
Administrateur du Trésor à la retraite.
Ancien Détenu politique