A propos du nouveau discours sur la politique africaine de la France
Emmanuel MACRON se trompe d’époque


Le 27 février 2023, à la veille de la tournée qui doit le conduire au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et en République Démocratique du Congo, Emmanuel Macron a prononcé le énième discours d’un président français sur l’orientation qu’il entend donner aux relations entre la France et l’Afrique. Il faut rappeler qu’à son arrivée au pouvoir, il avait prononcé en 2017, un discours de la même veine à Ouagadougou. Pourquoi donc un nouveau discours d’orientation ? C’est que depuis là, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Les troupes françaises ont été chassées du Mali et du Burkina-Faso, sont conspuées au Niger et sont rejetées au Bénin où le Gouvernement qui les accueille est obligé de cacher leur présence. Partout, la jeunesse africaine est debout et exige la fin du franc CFA, la fin de l’imposition du français comme langue nationale dans nos pays et le départ de toutes les troupes d’occupation françaises du continent. Voilà les motivations de cette nouvelle allocution.


Dans ce nouveau discours donc, Emmanuel Macron déclare tout de go : « Je n'ai pour ma part aucune nostalgie vis-à-vis de la FrançAfrique, mais je ne veux pas laisser une absence ou un vide derrière elle. » C’est donc dans cette logique qu’est construit tout son développement. Concernant les bases militaires françaises en Afrique partout aujourd’hui rejetées, il déclare : « Au fond, la logique, c'est que notre modèle ne doit plus être celui de bases militaires telles qu'elles existent aujourd'hui. Demain, notre présence s'inscrira au sein de bases, d'écoles, d'académies qui seront cogérées, fonctionnant avec des effectifs français qui demeureront, mais à des niveaux moindres et des effectifs africains qui pourront aussi accueillir, si nos partenaires africains le souhaitent et à leurs conditions, d'autres partenaires. Conformément aux échanges que j'ai eus ces dernières semaines avec mes homologues, cette transformation débutera dans les prochains mois sur le principe même de la co-construction, avec une diminution visible de nos effectifs et, de manière concomitante, une montée en puissance de la présence dans ces bases de nos partenaires africains. » Pour indiquer pourquoi la France doit se préoccuper des problèmes de l’Afrique, il déclare : « Nous avons un destin lié avec le continent africain. »


Et c’est justement là où le bât blesse. L’Afrique a des problèmes qui doivent être pensés et résolus par les Africains et non par la France. Et quand Emmanuel Macron parle du destin de la France, lié avec le continent africain, tout le monde sait que jusqu’ici, cette liaison et ces rapports sont comme ceux du cheval et du cavalier. Le premier, porte toute la charge et les peines, l’autre la jouissance. Et c’est justement ce que ne veulent plus la jeunesse et les peuples africains. La jeunesse africaine et les peuples africains veulent mettre fin à près d’un siècle de domination et d’humiliation ; ils ne veulent plus que la puissance coloniale continue à contrôler la monnaie qu’ils utilisent plus de 70 ans après les indépendances. Ils ne veulent surtout plus de bases militaires étrangères sur le sol africain ; ces bases militaires qui constituent des centres de contrôle de la domination et de départ pour des agressions contre eux. Les manifestations de protestation et de rejet de la politique française en Afrique qui se multiplient tout au long du parcours de Macron, au Gabon, au Congo et en République Démocratique du Congo, sont une illustration concrète d’une autre époque, une époque de réveil du patriotisme panafricain.


Bases militaires françaises, hors d’Afrique ! Macron Assassin, Macron Dégage ! Tels sont les cris lancés et inscrits sur les murs partout par la jeunesse africaine comme slogans d’accueil du président français en tournée d’inspection. Les conversations qu’Emmanuel Macron dit avoir eues avec ses agents de la FrançAfrique, OUATTARA, BAZOUM, DEBY, MACKY SALL, TALON, n’engagent pas les peuples africains, tous ces messieurs sont dépassés par les évènements et ont été déjà mis hors-jeu par l’histoire.


En réalité, tout le dessein d’Emmanuel Macron, c’est tenter de contrer ce nouveau réveil des peuples africains. Ce qu’il faut comprendre à travers toutes ces gesticulations, c’est que la France s’est imposée à nous par la force, et elle n’en repartira que contrainte et forcée comme on l’a vu au Mali et au Burkina-Faso. Aucune des solutions réformistes ne sauvera l’Afrique. Elles ne serviront toutes qu’à renforcer le système de domination française. Tout ce que propose l’oligarchie française depuis son occupation coloniale et au gré de l’évolution de la lutte des peuples africains, ce sont toujours des solutions de replâtrage qui permettent à l’impérialisme français de garder ses positions sur le Continent. Maintenant, les peuples africains ont compris et ne veulent plus se faire avoir. Ce nouveau discours de Macron ne trompe personne. Voilà pourquoi elle est déjà à la poubelle de l’histoire comme celle de Ouagadougou en 2017.


Rémy

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