Fixation du prix d’achat du soja par le gouvernement
Patrice Talon décidé à appauvrir les producteurs de soja, après ceux du coton et des noix de cajou

 

Nul n'ignore que Patrice Talon détient le monopole de la filière coton au Bénin. De la production à la commercialisation, en passant par la fourniture des intrants et l'égrenage, il est omniprésent dans le coton. C'est à juste titre qu'il est surnommé le "Roi" du coton, parce qu'il a, bien avant son avènement à la tête du pays, le pouvoir souverain de fixer les prix de vente des intrants (engrais, pesticides, etc.) et les prix d'achat aux producteurs du coton. Les principaux acteurs de la filière coton que sont les paysans pauvres et semi-pauvres, sont en fait ses ouvriers agricoles, taillables et corvéables à merci. Elu président en 2016, Patrice Talon accapare toutes les ristournes découlant des opérations de commercialisation. Ainsi, malgré les records de production atteints au cours de son premier quinquennat, les producteurs de coton sont demeurés les plus pauvres pendant que l'empire financier de Patrice Talon s'élargit et se renforce tous les jours.

Souvent endettés et incapables de rembourser les crédits des intrants, les petits producteurs se sont détournés progressivement de cette culture de rente qui appauvrit non seulement l'homme mais aussi la terre et l'environnement. En abandonnant la culture du coton, les paysans pauvres ont jeté leur dévolu sur la production des noix de cajou et du soja. Mais là aussi, c'est sans compter avec la volonté de Patrice Talon de s'accaparer de tous les secteurs ‘’juteux’’ de l'économie béninoise. Par la ruse, il fait casser les prix rémunérateurs offerts aux producteurs par les commerçants nationaux (340 F, voire 350 F sur le terrain, et 500 F au Nigéria et au Togo), et fixe à 190 F le prix du kilogramme de soja au Bénin. Cette fixation du prix au producteur par le gouvernement est également doublée d'une interdiction d'exportation des grains de soja au-delà des frontières béninoises, assortie de sanctions contre les contrevenants.

Mais la grogne des producteurs et leurs menaces de boycott de la production des cultures de rente et les prochaines élections législatives ont fait reculer le gouvernement. En effet, un communiqué du Secrétariat Général du Gouvernement publié le 7 décembre 2022 rapporte : << Le lundi 5 décembre 2022, le ministre de l’Industrie et du Commerce et le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche ont tenu une séance de travail avec l’ensemble des acteurs de la filière soja pour analyser et trouver des solutions aux difficultés liées à la commercialisation du soja au titre de la campagne 2022-2023. Le compte rendu fait au Conseil des ministres du mercredi 7 décembre 2022 fait ressortir que ces difficultés sont liées à la mise en application des dispositions du décret n°2022-568 du 12 octobre 2022 portant interdiction de l’exportation du soja grain et fixant les conditions de mise en œuvre de l’interdiction d’exportation des noix de cajou brutes et du soja grain en République du Bénin >>. Ledit communiqué précise qu’<<en prenant acte de ce compte rendu, le conseil des Ministres a décidé de différer l’application desdites dispositions à la prochaine campagne >>.

Comme on le voit, cette reculade du gouvernement n’est que temporaire et surtout motivée par le mécontentement général dans le pays en cette veille des élections législatives. C’est pourquoi les dispositions interdisant les exportations des noix brutes de cajou et du soja grain ne sont pas rapportées, mais plutôt différées à la prochaine campagne. Une fois les élections passées, elles seront remises en scelle. Les exportateurs tomberont-ils dans le piège à eux tendus ? Ils doivent continuer leur combat jusqu’à l’abrogation pure et simple de toute la loi et laisser les acteurs de la filière cajou et soja aux lois du marché.

Habib A.

 

Talon poursuit l’aggravation de la faim des paysans du Borgou

La campagne commerciale 2022/2023 de la culture de rente soja a été lancée par le gouvernement qui en a fixé le prix en Conseil des Ministres au cours de sa session du 07 décembre 2022. Contrairement à ce qui se fait dans la filière coton, le gouvernement de Patrice TALON a fixé le prix du soja à 190 F le kilogramme soit 22800F le sac de 120kg sans associer les producteurs. En plus de cela, il interdit la sortie du soja du territoire national vers les pays voisins, le Togo et le Nigeria où le prix du soja par kilogramme est fixé à 500F. Ce prix imposé au plus bas( 190 F/kg) a obligé certains acheteurs à renoncer à l’achat du soja ou en ont baissé le prix jusqu’à 150f le kilogramme soit 3500F la bassine ou 18000f le sac de 120kg.


Cette grande perte suscite la colère des producteurs du soja car elle vient s’ajouter aux différentes taxes et impôts qui grèvent lourdement leur pouvoir d’achat et rendent leur vie très pénible. Ainsi donc, le président TALON, par ces mesures antiéconomiques et antisociales, continue d’affamer les producteurs béninois et par ricochet le peuple béninois. Il est injuste que le soja soit vendu à 500 F le kilogramme au Togo et au Nigéria, deux pays voisins et qu’il soit vendu à 190F voire moins au Bénin.


Le gouvernement béninois doit corriger le tir en relevant le prix du soja au Bénin au même niveau que celui pratiqué dans les pays voisins conformément aux accords de la CEDEAO. Sinon, les producteurs béninois sont considérés comme travaillant pour enrichir leurs collègues des pays voisins.
En conséquence, il faut trouver les mesures d’accompagnement aux producteurs pour que ceux-ci rentrent dans leurs frais ou créer les conditions nécessaires pour leur permettre d’écouler leurs produits.


A bon entendeur salut !
Parakou, le 08 décembre 2022
SAKA Bio Salifou, Correspondant de La Flamme, depuis Parakou.

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