DECLARATION A PROPOS DE LA SITUATION POLITIQUE ACTUELLE

Se lever contre le régime autocratique et d’impunité de Patrice Talon

 

Le "Bénin révélé" dont rêve le pouvoir de Patrice Talon rompant avec "la Rupture" est sans nul doute un Bénin à genoux devant son président dont les désirs sont lois et au-dessus de tout. C’est ça l’autocratie. En effet, l’autocratie est un régime politique où le pouvoir exercé par un individu n’a d’autre justification et légitimité que lui-même. Un tel individu autocrate dénie, selon sa seule volonté, tout droit aux gouvernés. L’existence d’institutions dites de contre-pouvoir (Parlement, Justice, Cour Constitutionnelle) sert à cautionner et maquiller les désirs de l’autocrate. Telle est la pratique qu’il est donné au peuple de vivre avec le pouvoir de Talon.

Ainsi dès le départ, des lignes rouges non inscrites nulle part et non connues de personne d’autre que de lui et de ses exécutants sont évoquées pour interdire des manifestations publiques. Les organisations estudiantines sont interdites d’activités sur leurs lieux d’études, les campus universitaires. Leurs manifestations, même en dehors des campus, dans des espaces privés sont sauvagement réprimées et dispersées. Le pouvoir veut une jeunesse soumise et aplatie sous lui et travaille à vouloir imposer une organisation estudiantine unique, comme le MRU des Lazare Séhouéto et autre Eric Houndété sous l’autocrate Mathieu Kérékou. Le droit à l’information est attaqué. Des chaines de radio et de télé non conformistes sont fermées pendant des mois de façon arbitraire. Des sanctions sont prises, sans avertissement et sans mesures préalables de réformes de l’Ecole, contre des directeurs d’école pour mauvais résultats au CEP. Des arrêtés passés sous la correction et la censure de la Présidence imposent de façon arbitraire des méthodes et des inspecteurs pour l’encadrement pédagogique des instituteurs. Des revendeurs et artisans des rues sont déguerpis de façon brutale et inhumaine sans alternative de réinstallation, précipités ainsi brutalement dans la misère. On interdit l’expression de la foi dans les espaces publics. Les préfets désignés par le dictateur agissent comme des gouverneurs de province dans la négation des prérogatives reconnues aux maires par des lois sur la décentralisation. Les opérateurs économiques rivaux de l’homme d’affaires suprême qu’est devenu le président de la République sont harcelés. Mépris de l’expertise nationale au profit de soi-disant spécialistes étrangers payés à prix d’or.

. En même temps que les droits des citoyens, ceux des élus locaux sont ignorés, piétinés. Les maires dont la soumission n’est pas garantie font l’objet de destitution. Les opérateurs économiques nationaux sont grillés au profit de ceux (nationaux ou étrangers) proches du sérail. Les contrats d’Etat sont signés de gré à gré. Main basse est faite sur tous les secteurs stratégiques : coton, port, finances publiques, les autres filières agricoles anacarde, ananas (avec les projets phares exécutés sous la supervision directe du Président). Le patrimoine foncier public (le domaine abritant l’ancien logement du ministre des affaires étrangères) est accaparé, vendu et acheté par le Chef de l’Etat lui-même au motif du seul désir de se construire un espace pour recevoir ses hôtes privés et officiels !
Lorsque les désirs, les besoins d’un Chef d’Etat font loi, l’autocratie est installée. Avec sa cour "au cœur de l’appareil politique et économique", comme le révèle le journal Jeune Afrique (Olivier Boko, Johannes Dagnon, Rémy Guédègbé) et sa basse-cour (Eustache Kotigan, Mathieu Adjovi, Pascal Koupaki, Abdoulaye Bio Tchané, Joseph Djogbénou) et ses exécutants zélés du genre Toboula. Les projets d’arrêtés des ministres doivent passer par la censure de la cour de l’autocrate au Palais afin de s’assurer de la soumission des ministres et éviter la moindre initiative autonome de leur part. D’ailleurs l’exécution de l’essentiel du Programme d’action du gouvernement leur échappe, la supervision de 78% du financement prévu étant placé sous la « supervision directe» (sic) du président autocrate.
L’autocrate et ses courtisans ont évidemment tous les droits, obsédés dans le pillage des ressources et biens publics. L’impunité leur est garantie en contrepartie de leur servilisme. On peut sanctionner des sous-fifres, des non membres du sérail. Mais la cour et la basse-cour et leurs associés sont protégés. Les auteurs de pillage des réserves administratives, des scandales des machines agricoles, de Maria-gléta, de Ppea2, d’Icc-service, Cen-sad, sont libres et tranquilles au service du nouvel autocrate. On a décidé pour eux et à cause d’eux de ne point regarder dans le rétroviseur les dizaines de milliards volés au peuple. Le pillage devant se poursuivre. Les drames des crimes de sang (enlèvement et disparition de Dangnivo, assassinat de dame Sohoudji, du professeur Djènontin, du jeune El Fawaz) ne sont point l’objet de préoccupation du pouvoir. On peut décider de l’audit de la gestion de la filière de l’escorte des véhicules d’occasion et poursuivre des éléments de Segub ; mais en aucun cas il ne faut aller en deçà de 2012, date à laquelle le nouvel autocrate ainsi que les éléments de la cour et de la basse-cour n’étaient plus dans les coulisses de l’ancien pouvoir. Et pourtant, les lois disent bien que les crimes économiques sont imprescriptibles ; et pourtant on nous a parlé d’un audit de l’effectif des agents reversés depuis 2008 et de l’effectif des armées depuis 2001.
Face à un tel déploiement brutal de l’autocratie, le peuple qui s’est levé dans un élan patriotique pour rejeter la recolonisation et la continuité du système d’impunité a vécu, dans un premier temps, comme un traumatisme. Certains éléments qui avaient fait le choix du recolonisateur trouvaient l’occasion belle de vouloir faire regretter au peuple son élan de dignité et de souveraineté. Mais ce peuple qui a appris à se battre contre l’autocratie et a conquis les libertés élémentaires contre le régime barbare de Mathieu Kérékou ne peut pas avoir tout oublié. Au contraire, depuis lors, il a appris à défendre les libertés chèrement conquises. Il apprend à élargir et étendre ces libertés jusqu’à celle de produire. Le rejet de l’impunité des crimes économiques et politiques avec le jugement des auteurs des violations des libertés et de pillage du bien public est devenu un principe de bon aloi. Pouvoir élire et destituer les responsables de la gestion des biens publics apparaît de plus en plus comme la seule solution populaire et efficace pour une bonne gouvernance du pays.
Mieux, le peuple fait ses comptes : il a cru à "l’oiseau rare" à rechercher en dehors des patriotes et probes qui se battent tous les jours à ses côtés. On lui a seriné qu’il faut, pour gouverner le pays, des hommes riches, ayant des relations à l’extérieur, qui peuvent et arrivent à distribuer de l’argent pour trafiquer les élections. Il a cru aux banquiers, au général autocrate reconverti en pasteur, au banquier pasteur, aux hommes d’affaires.
Pire, les pilleurs et apatrides intimident le peuple contre les communistes, jugés "trop durs" dans la défense des libertés, de la démocratie et contre le pillage, "trop intègres" dans la préservation et la gestion du bien public, "trop patriotes" dans la sauvegarde de notre souveraineté et de notre dignité. Mais l’expérience se fait qu’il faut la fermeté non pas contre les petites gens des bords des rues qui travaillent à survivre mais contre les violateurs des libertés élémentaires du peuple, contre les mafieux prédateurs et pilleurs des biens publics. Le peuple fait l’expérience que la rigueur doit s’exercer non pas pour se servir soi-même d’abord et toujours, mais dans l’appui aux travailleurs, à la jeunesse et au peuple. Le peuple apprend que les économies doivent se faire non pas au détriment des pauvres qu’on accable de nouveaux impôts et frais de formation, mais en appui et au profit de l’accès plus large du peuple au savoir, à la santé et à l’emploi. Alors la rigueur dans l’analyse, le programme, les propositions et la pratique patriotiques et de probité des communistes se comprend et s’assume mieux. De même qu’il est établi depuis longtemps que les communistes et leur parti le PCB constituent un rempart solide dans la défense des libertés et de la démocratie, il se comprend de mieux en mieux que c’est seulement les communistes au pouvoir avec leurs alliés patriotes qui peuvent constituer des remparts contre l’impunité, le pillage et la mauvaise gouvernance et assurer ainsi le développement réel et rapide du pays.
Le peuple sort du traumatisme dans lequel l’autocratie de Talon voulait le plonger. Il relève la tête et ose lutter. Après les grèves des financiers, des agents de santé, des agents des entreprises liquidées, après les protestations sourdes des petits transporteurs de coton, des revendeurs et artisans déguerpis et plongés dans la désolation et la misère, les instituteurs en grève ont fait annuler les arrêtés autocratiques. Les enseignants du secondaire se réveillent. La jeunesse estudiantine réapprend à s’organiser et à se battre. Les fidèles des religions n’entendent pas céder facilement aux mesures arbitraires du nouveau monarque Le PCB leur dit à tous, bravo et est à leurs côtés.
Le peuple sait désormais qu’il a affaire à une autocratie obsédée par ses propres intérêts. Il voit qu’il faut faire face. Se lever contre le régime autocratique et d’impunité de Talon.
Le PCB, afin de contrer la recolonisation du pays, avait appelé le peuple au second tour des élections à voter Talon et à maintenir ses combats pour le patriotisme et la probité en vue des Etats généraux du peuple. Le PCB, en décembre 2016, après huit mois d’observation de la gouvernance par le nouveau pouvoir, l’a caractérisé de pouvoir autocratique et d’impunité. Le PCB dit alors au peuple :
Levons-nous contre le pouvoir autocratique et d’impunité de Talon !
Non à l’écrasement du peuple au profit des mafieux au pouvoir !
Luttons pour la réunion des Etats généraux du peuple en vue d’un gouvernement patriotique et de probité.
Cotonou, le 20 février 2017
Le Parti Communiste du Bénin