DÉCLARATION
A PROPOS DE L’ENLÈVEMENT DE TOURISTES FRANÇAIS AU BÉNIN AVEC L’ASSASSINAT DU GUIDE BÉNINOIS.

 

Le 04 Mai 2019, un Communiqué du Ministère de l’intérieur informe l’opinion publique nationale et internationale « de la disparition le mercredi 1er Mai 2019 de deux touristes français et de leur guide béninois dans le Parc national de la Pendjari » (au Nord-Ouest du pays).
Dans le même communiqué, il a été dit « qu’un corps a été découvert », et les précisions ultérieures ont renseigné que ce corps est celui du guide béninois sauvagement assassiné par les ravisseurs.
Le Parti Communiste du Bénin (PCB) condamne un tel acte, odieux et crapuleux, inédit au Bénin, pays connu pour son hospitalité traditionnelle. Il présente à la famille de notre compatriote assassiné les condoléances les plus profondes et à tout le corps des guides béninois, tout notre encouragement, soutien moral, devant une si rude épreuve.

De même, le Parti Communiste du Bénin compatit à l’angoisse des familles des touristes enlevés. Il demande que tout soit mis en œuvre pour que dans les brefs délais, les deux touristes français soient retrouvés vivants, pour l’amitié des peuples français et béninois, pour la préservation de la sécurité des touristes au Bénin, la sauvegarde des intérêts économiques du pays, représentés ici par le Parc national Pendjari qui reçoit pas moins de 6000 visiteurs par an.
L’enlèvement des deux touristes français suscite deux observations :
La première, il intervient dans une zone frontalière jouxtant le Burkina Faso et particulièrement, une zone où depuis quelque temps se produisent des actes terroristes du genre signalé.
La deuxième, l’enlèvement des deux touristes français intervient à un moment de crise politique aigüe au Bénin, avec les crimes de sang que perpètre le pouvoir sanguinaire de Patrice Talon contre le peuple et à juste titre, dénoncés par la presse étrangère, notamment RFI et France-24.
Du fait de ces considérations, des interprétations diverses sont avancées dont certaines tendent à dire que l’enlèvement des deux touristes français est trop bien « arrivé à propos » pour servir de prétexte pour une intervention étrangère au Bénin et l’occupation de notre territoire par les troupes françaises.
A ce propos, le Parti Communiste du Bénin rappelle simplement les éléments que voici :
1°- L’intervention des troupes françaises comme d’autres forces dans les pays africains sous divers prétextes, n’a constitué que des catastrophes et le malheur pour les peuples de ces pays. L’expérience du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Centrafrique, du Congo démocratique pour ne citer que ces cas le prouve largement. Quand les troupes interviennent dans un pays, c’est pour favoriser et aiguiser les conflits internes et des massacres inter-ethniques (en Centrafrique, au Mali, au Congo)
2°- La conquête et l’occupation en 1894 du Dahomey par les troupes coloniales françaises, commandées à l’époque par le général franco-sénégalais appelé Dodds a constitué la base de nos misères qui se perpétuent jusqu’aujourd’hui. En 2017-2018, divers peuples de notre pays (Holli, Baatonu-Boo, Natimba- Wama, Sahouè Adja) ont commémoré le centenaire des crimes commis contre eux et leurs leaders Résistants (tels Bio Guerra, Kaba, Otoutou Bi Odjo et Hounza) par les troupes coloniales françaises.
C’est dire que c’est à bon droit que feu Justin AHOMADEGBE en 1964, alors Président du Conseil (Premier Ministre) a fait partir les forces françaises du Bénin et depuis lors, toute tentative de retour s’est heurtée à des réactions du peuple béninois. On ne saurait accepter que les troupes françaises reviennent boire du champagne sur la tombe de nos vénérés héros nationaux que sont Béhanzin, Bio Guerra, Kaba, etc vaincus par elles il y a un peu plus de cent ans.
C’est dire enfin, que tout problème interne au Bénin, qu’il soit d’ordre politique, sécuritaire ou autre, ne peut être résolu que par le peuple béninois lui-même, certes avec le soutien des peuples du monde, mais sans intervention militaire étrangère.
Cotonou, le 7 Mai 2019.
Le Parti Communiste du Bénin.
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