CONFERENCE PUBLIQUE.
Date 04 Juillet 2018

Thème : Situation politique nationale : les graves menaces sur la démocratie et les défis de l’heure.

Introduction.

 

Travailleurs et jeunes de toutes catégories, peuple béninois ;
Mesdames et messieurs les journalistes,
Notre pays vit des heures graves de son histoire. Ce n’est pas vouloir jouer simplement « au Cassandre » à l’oiseau de mauvais augure ; mais parce que nous sommes face à l’abîme dans lequel l’on entend précipiter le peuple.
Mon objectif ici à travers cette conférence publique, n’est point de m’étendre en longueur sur les actes, mesures graves qui font notamment depuis un certain temps la chronique du pouvoir de la Rupture ; la presse, les personnalités, les autres Organisations de la défense de la démocratie et de la patrie en danger (Front pour le Sursaut Patriotique, Confédérations syndicales, Coalition pour la défense de la démocratie, députés de la « Minorité », etc.) à travers diverses prises de position le font déjà largement et je tiens ici à leur rendre hommage. Mon objectif, à travers ce point de presse, est d’énoncer simplement ces actes et faits pour en tirer les significations, les graves conséquences qu’ils portent pour le bien-être du peuple, pour la démocratie, la paix, la sécurité, de ce pays, si cher à nous tous.
Camarades travailleurs de toutes catégories, jeunes, femmes, peuple béninois,

I- LE BENIN VA MAL ! LE BENINOIS VIT MAL !
Depuis l’arrivée au pouvoir de l’équipe dite de la « Rupture » dirigée par Patrice Talon, un mal-vivre s’est emparé de l’ensemble du pays et touche tout le corps social, toutes les professions. Les artisans sont frappés de plein fouet par le manque de travail, par les impôts et taxes qui croissent tous les jours et ce, devant les ateliers ou vides ou désœuvrés. Les fonctionnaires sont privés de leurs primes et sont réduits seulement à leurs salaires. Les femmes des marchés se tournent les pouces devant les étalages déserts de monde sans clientèle. Le paysan ne trouve plus de clientèle pour écouler les produits agricoles tels le maïs, le manioc ; l’étudiant est exclu des universités par un décret assassin fixant un quota pour la bourse au Bénin et par des frais exorbitants d’études. La famine a gagné les maisons ; les trois repas normaux sont devenus un luxe et sont souvent inassouvis. Et pour cause ! Des centaines de milliers de petites gens déguerpies des voies publiques sans solution de rechange végètent dans la misère et des milliers sont morts de maladies bénignes. Des milliers de pères et mères de famille sont jetés dans les rues suite aux suppressions des structures publiques, notamment agricoles et leur accaparement par le clan au pouvoir. Des hommes d’affaires et chefs d’entreprises sont réduits au chômage, sans marchés à exécuter, accablés de redressements fiscaux et contraints de fermer les portes de leurs entreprises et de licencier des milliers d’employés. Même les banques ne sont pas épargnées qui procèdent à des licenciements récurrents. Comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement tous les jours, crée et augmente des impôts et taxes ; les derniers en date sont l’augmentation des grilles tarifaires applicables au niveau des postes de péage passant du simple au double ainsi que l’augmentation du prix du carburant. Et on nous parle de faire des économies pour le pays ; mais où va le produit de ces économies ? La lutte contre la pauvreté pour le régime de la Rupture se traduit en lutte contre les pauvres qui ne savent plus à quel saint se vouer. Pendant que l’empire financier du clan Talon s’étend, l’on demande aux pauvres de serrer davantage la ceinture.
La prison se remplit de personnes arrêtées sous le prétexte de lutte contre la corruption mais qui, pour bon nombre à y regarder de près, ne sont que des détenus politiques. Le cas de Métongnon Laurent et compagnie de l’affaire dite CNSS/BIBE est un cas illustratif. Les travailleurs de la fonction publique qui pendant quatre mois ont mené un légitime mouvement de grève n’ont reçu aucune attention de la part des autorités, ni obtenu aucune satisfaction.
Bref, le pays va mal ! Le Béninois vit mal ! Et les plaintes s’élèvent de partout.
Face à la houle populaire de mécontentement qui grandit à l’horizon, le régime dit de la Rupture se lance dans une escalade fasciste dans le but avoué de mettre notre peuple dans les fers : mettre fin aux acquis démocratiques consacrés par la Conférence nationale pour la prospérité de l’empire financier de Talon et Cie.
Et depuis le mois de mai 2018, correspondant à peu près à l’arrêt du mouvement de grève des travailleurs, intervenu le 4 Mai, les évènements semblent se précipiter avec une cadence époustouflante dans le sens de la restauration complète d’un pouvoir dictatorial.
Dans mon Adresse au Peuple en date à Cotonou du 21 Mars 2017, je soulignais ce fait en ces termes quand je disais : « -…Il ressort …que toute la pratique et les déclarations du Chef de l’Etat, Patrice Talon expriment sans détour, une volonté délibérée non seulement de piétiner, de violer les normes fondamentales de notre Constitution, mais de la remplacer par une autre, à l’image de la tentative avortée du projet de Constitution avorté d’avril 2017.
-Que face à l’échec essuyé, il recourt au saucissonnage des dispositions fondamentales de cette Constitution en des lois liberticides votées par une majorité parlementaire à sa solde ;
Qu’il ne lui fait défaut à l’heure actuelle que la complicité active d’une Cour Constitutionnelle pour valider l’imposition d’une Constitution autocratique au Bénin (réécrite à coup de lois) et par voie de conséquence la liquidation totale des acquis de la Conférence nationale ;
Qu’il espère ardemment atteindre cet objectif au travers le prochain renouvellement de la composition de cette Cour devant intervenir en juin 2018 … ». Tout cela est en œuvre aujourd’hui.
En effet, depuis le mois de mai, toute une avalanche de mesures s’abattent sur le peuple abasourdi, toutes, allant dans le sens de l’enterrement de la démocratie béninoise pour laquelle il faut désormais chanter le « Te Deum ».
-15 mai 2018 : nomination de Djogbénou Joseph par le Bureau de l’Assemblée nationale et tout le reste se déroule comme sur des roulettes. -23 Mai : suspension de l’organe d’information « La Nouvelle tribune », porteur d’opinions divergentes de celles du Chef de l’Etat ;-28 Mai : engagement du vote du Code pénal ;-05 Juin 2018 au petit matin à 02 h 27 mn : Vote par l’Assemblée « en catimini », (ils étaient 15 députés présents sur 82) de la loi 2018-15 portant Code pénal en République du Bénin, code fort de 1007 articles ;-06 Juin : prestation de serment de la Cour Djogbénou ;07 Juin : « élection » de Joseph Djogbénou comme Président de la Cour constitutionnelle ; 14 Juin : Séminaire des députés sur la réforme du Code électoral qui portent des dispositions nécessitant la révision de la Constitution ; 18 Juin : mise en branle par le pouvoir d’éléments vénaux dits de la Société civile du genre de Martin Assogba d’ALCRER pour demander la révision de la Constitution pour y introduire la Cour des comptes à la place de la Chambre des comptes ; 21 Juin 2018 : Prise de la Décision DCC 18-124 annulant la Décision DCC 18-118 du 22 mai 2018 et fixant la fin du mandat du COS-LEPI à fin juin 2018 ;28 juin : introduction par les AMOUSSOU Bruno, IDJI et autres NAGO de la proposition de loi portant révision de la Constitution. ; Enfin les deux décisions DCC18-141 DCC18-142 en date du 28 juin 2018 et promulgation aussitôt par le Chef de l’Etat des lois liberticides et anti-sociales rejetées jusque-là par décisions de la Cour.
Béninoises, Béninois, mes chers Compatriotes,
Pour certains d’entre nous qui ont vécu cette période, la décision de la Cour Djogbénou du 28 juin portant entre autres retrait de droit de grève à des travailleurs et vassalisation de la justice s’apparente à celle prise par Kérékou le 18 février 1974 portant dissolution de toutes les organisations démocratiques de notre pays. La portée étant la même. Comme elle, les décisions Djogbénou rompent avec une légalité pour nous installer dans une autre. Elle déchire la Constitution du 11 décembre 1990. Telle est la réalité qu’aucun artifice ne peut cacher.
A propos de ces mesures assassines, bien de choses ont été dites. J’entends des caquetages de personnes comme Abraham Zinzindohoué et autres Jacques Migan sur les chaînes de radio, de télévisions etc. qui s’érigent en donneurs de leçons démocratiques. J’ai lu dans les journaux la prise du groupe de Zinzindohoué, approuvant les dites décisions. Et je me pose la question « De quoi parle-t-on ? Il ne suffit pas d’avoir occupé, pour des raisons politiques et non techniques, des postes, pour se donner le droit de nous imposer la descente aux enfers d’un peuple qui en a vu d’autres. A les entendre, on voit clairement qu’ils ne sont mus que par des intérêts personnels, bassement matériels, familiaux ou claniques. A bout d’argument juridique, Abraham Zinzindohoué aurait recouru à la définition du droit « comme l’expression des rapports de force » avouant ainsi que c’est la force qu’ils détiennent déjà qu’ils veulent transformer en droit et l’imposer au peuple. Examinons un peu les considérations de droit que portent les décisions de la Cour Djogbénou.
II- CONSIDERATIONS JURIDIQUES
Je déclare, j’affirme d’entrée que les décisions de la Cour Dogbénou sont à la fois illégales (anti-constitutionnelles) et illégitimes.
Voici pourquoi.
A- Illégalité externe (ou de forme). En effet selon notre Constitution,
1°-Les décisions de la Cour ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités civiles, militaires et juridictionnelles » (article 124)
2°-Les décisions de la Cour sont revêtues de l’autorité de la chose jugée.
Elles s’imposent en conséquence au juge constitutionnel lui-même.
L’on parle des dernières décisions de la Cour Constitutionnelle comme constituant des « revirements de jurisprudence ». Voire. Je dirai même que ce n’est nullement des revirements de jurisprudence ; car ne remplissant pas dans le cas d’espèces, les critères régissant cette question. Le cas de revirement de jurisprudence porte un objet similaire (semblable et non le même) et aboutissant à une modification de principe jurisprudentiel. Lorsqu’il s’agit du même cas d’espèce, jugé et dont le jugement devenu définitif, est contesté devant le même juge, on parle de révision de décision de justice. Mais encore là se pose un problème : pour qu’il y ait révision de décision de justice, il faut ou « une erreur manifeste » dans la prise ou le libellé même de la décision ou alors l’intervention de faits matériels (et non de droit) nécessitant la réouverture du dossier. Ce qui n’est nullement le cas ici. Le seul changement intervenu entre les deux décisions, celle de janvier et celle de juin, c’est le changement d’équipe à la tête de la Cour. Il s’agit purement et simplement d’annulation de décision constitutionnelle. Du reste, le temps très court existant entre la décision DCC 18-01 du 18 janvier 2018 de la Cour Holo et les DCC 18-141 et 18-142 de la Cour Djogbénou (à savoir de 6 mois) ne peut autoriser d’autre interprétation. Et cela est inacceptable.
B- Illégalité interne (ou de fond)
Les décisions du 28 juin violent les dispositions expressions de notre Constitution et constituent une révision manifeste de notre Loi fondamentale.
D’une part, la Cour Djogbénou opère de façon grotesque une hiérarchisation arbitraire des droits et libertés constitutionnelles. Elle crée une notion floue de « impératif constitutionnel » dont seraient revêtues certaines dispositions constitutionnelle telle « le fonctionnement continu des services stratégiques » et les autres libertés fondamentales comme celle relative au droit de grève devenues normes constitutionnelles inférieures.
D’autre part, elle procède à une réécriture des dispositions de l’article 31 de notre Constitution sur le droit de grève qui dispose : « L’Etat reconnaît et garantit le droit de grève…Le droit de grève s’exerce dans les conditions définies la loi ». En lieu et place, désormais l’Etat peut non seulement« restreindre »l’exercice du droit de grève, mais même « l’interdire ». Ce qui est une marque sans fard de la dictature autocratique
C- Les décisions de la cour Djogbénou sont frappées d’illégitimité.
Voici pourquoi.
1°- La position de Djogbénou dans la prise de ces décisions fait de lui à la fois « juge et partie ». Et si la Constitution en son article 115 dispose que « les fonctions de membres de la Cour Constitutionnelle sont incompatibles avec la qualité de membre du Gouvernement, l’exercice de tout mandat électif… », c’est pour éviter des conflits d’intérêts. En effet, Me Djogbénou était l’initiateur ou l’inspirateur des différentes lois déclarées non conformes à la Constitution par la Cour Holo ; en tant qu’initiateur des dites lois à titre de garde des Sceaux, Ministre de la Justice, il était situé en amont de la procédure. Aujourd’hui il se trouve en aval. Il a donc un intérêt personnel dans cette affaire. Il s’était opposé directement aux décisions de la Cour Holo contre lesquelles il avait organisé la résistance, que dis-je la rébellion. Il manque alors des critères d’objectivité, de « distanciation objective » indispensable à l’édiction de la règle de droit dont la décision constitutionnelle. Il ne juge plus au nom du Peuple mais au nom d’un intérêt personnel; ses décisions sont frappées de subjectivité partisane et en conséquence sont nulles et de nul effet à l’égard du peuple.
Au surplus, elles créent une instabilité institutionnelle et juridique au Bénin.
2°-Les décisions de la Cour Djogbénou créent une instabilité juridique et institutionnelle. En plus qu’elles vont à l’encontre du principe d’autorité de la chose jugée attachée aux décisions du juge constitutionnel insusceptibles de recours, elles soulèvent un autre problème : celui de la permanence et la continuité attachée à une « Institution » par-delà des hommes qui la dirigent. L’institution est définie par Maurice Hauriou comme « Une organisation sociale… durable c’est-à-dire qui conserve sa forme spécifique malgré le renouvellement continuel de la matière humaine qu’elle contient ». La Cour Constitutionnelle est une institution à ne pas confondre avec les équipes qui passent à sa tête. De ce point de vue, les décisions de la cour quelle que soit l’équipe qui la dirige, devraient revêtir le principe de continuité et de stabilité. Se remettre en cause aussi grossièrement en moins de quelques mois (sinon de semaines), revient à conférer à l’institution-Cour Constitutionnelle, un caractère instable, changeant à l’humeur personnelle d’équipe dirigeante et non de « diseuse » de droit caractérisé par « l’impersonnalité et l’impartialité » et du coup enlève toute crédibilité à cette Institution et à ses décisions.
Il apparaît nettement que tout ce qui se passe chez nous s’analyse en la Volonté d’un seul individu (entouré d’une Cour ) qui décide de tout, demande à ses affidés juristes du genre de Djogbénou Joseph et autre Quenum Sévérin de donner une forme juridique à sa volonté, dût cette forme juridique violer des dispositions formelles constitutionnelles, ou législatives selon la célèbre formule de Louis XIV «L’Etat, c’est moi. » Un individu devant lequel même le Ministre n’a pas voix au chapitre.
Au regard des considérations ci-dessus, je déclare que la Cour DJOGBENOU a révélé son caractère de Cour à ordre ; qu’elle n’est plus crédible et ne mérite plus de confiance. En conséquence toute décision émanant d’elle est pour nous, nulle et de nul effet. Désobéir aux décisions de la Cour constitutionnelle n’est point chose nouvelle. Cela nous a été enseigné par le Président Talon, lui-même, par le Président de l’Assemblée nationale, Me Houngbédji et le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, Djogbénou. Le peuple est donc à bonne école.
Béninoises, Béninois, travailleurs des villes et campagnes, peuple béninois,
Nous sommes désormais au fond de l’abîme avec la liquidation des acquis démocratiques consacrés par la Conférence nationale. Nous sommes devant la nécessité du combat pour la restauration de la démocratie et de la dignité du peuple béninois. Et c’est le lieu de se poser la question de l’essence du pouvoir de Patrice Talon. Comment en est-on arrivé là ?
III- CONSIDERATIONS POLITIQUES.
A- En quoi s’analyse le phénomène Talon Patrice ?
Voilà l’équation à élucider. Patrice Talon, c’est l’individu qui, à force de volonté, a tissé patiemment et méthodiquement sa toile au cours des années et des pouvoirs (Soglo, Kérékou, Yayi). Il a fini par s’approprier l’essentiel de l’appareil de production du pays. (Coton, port). Il a réussi à occuper, dans l’ombre, grâce à ses moyens puissants de corruption, une place de faiseur de roi. Selon les déballages, il a fait le pouvoir de YAYI 1 et YAYI 2. Lorsqu’il a senti que par un réveil tardif, Yayi (Président par procuration de Talon) pourrait constituer une menace, il a tenté son coup aboutissant à ce qu’on a appelé « tentative d’empoisonnement ». Et pour éviter des surprises désagréables à l’avenir et reprendre sa revanche sur Yayi, pour agrandir sa mainmise sur tout l’appareil productif du pays et sécuriser ses affaires contre les velléités de remise en cause des régimes bureaucrates non affairistes, il faut carrément prendre le pouvoir politique. Il s’en est donné les moyens et les grosses fautes du pouvoir précédent ont favorisé la suite : il vient au pouvoir.
Talon a désormais les deux pouvoirs dans un Etat ; le pouvoir politico-administratif et le pouvoir économique et financier. En tant que bourgeois compradore, il vit de l’exploitation de la force de travail des producteurs béninois (producteurs de coton et autres travailleurs du port etc.) sur lesquels on perçoit des impôts destinés à entretenir l’Etat; et désormais, il se fait qu’en tant représentant de l’Etat, Talon est encore destinataire de ces impôts prélevés sur la production. Pour le patronat, il est connu que la recherche du maximum de profit implique le moins de liberté et de réclamation pour le travailleur. Le travailleur doit se taire pour mieux se faire tondre, pour produire plus de surprofit. La loi sur l’embauche exprime le système esclavagiste que le système Talon crée pour le travailleur au Bénin. Il est donc compréhensible que Talon soit l’initiateur sous Yayi de la loi contre le droit de grève des douaniers en 2011 et de la décision de la Cour de Dossou Robert avalisant cette mesure. Le rôle d’arbitre habituellement dévolu aux Organes d’Etat dans les cas de conflits « patronat-travailleurs » ne peut être joué dans ces circonstances qu’en faveur du patronat ; car l’Arbitre (ici c’est le Patron) se trouve être le Joueur du camp adverse qui ne pourra que siffler des pénaltys en défaveur du peuple. Ainsi s’explique le caractère répressif, autocratique et anti-liberté du pouvoir de Talon.
Une vue comparative de l’échiquier international ne peut que nous édifier. Nous avons le magnat Berlusconi en Italie ; cela a révélé ce que nous avons connu. Nous avons devant nous aussi le cas TRUMP de la confusion du pouvoir politique avec le pouvoir financier entrainant des mesures fascistes et d’extrême droite. La tentative plus près de nous de cette expérience, au Nigeria a échoué avec l’assassinat d’ABIOLA Mushood en 1993.
B- La privatisation des rapports de l’Etat à particuliers.
La stratégie de Patrice talon va dans deux directions : la première direction consiste à étendre autant que possible son empire financier. De la production du coton et du contrôle du port, il met la main sur toutes productions pouvant rapporter de l’argent tant agricole, industriel, commercial que touristique avec une insatiabilité gargantuesque. La deuxième est de prendre toutes dispositions législatives pour garantir et protéger cet empire financier, aujourd’hui et même après son départ du pouvoir, contre toute remise en cause. C’est le contenu des lois telles celle sur les « collaborateurs extérieurs » et celle portant « Partenariat- Public Privé ». De fait, pour le système Talon, le Partenariat- Public Privé » signifie Partenariat- Privé- Privé ». Et pour cause, il faut limiter au maximum les prérogatives étatiques qu’on appelle « prérogatives exorbitantes du droit commun » pour situer la puissance publique, c’est-à-dire l’Etat, dans un contrat avec un particulier au même niveau que le particulier. Cette conception de l’équipe Talon ne date point d’aujourd’hui, mais de très loin. En 2013, l’avocat de Talon dans l’affaire PVI, Me Joseph Djogbénou avait déclaré publiquement que le contrat liant l’Etat à Bénin Controll PVI était de droit privé. Cela a fait bondir tous les enseignants et praticiens du droit administratif. Car tous contrats de cette envergure dans lequel l’Etat est partie avec un particulier concourant à l’exécution d’un service public est de droit administratif. Lorsque, en tant qu’enseignant, j’eus à interpeller le professeur Djogénou sur la question sur le campus, il l’a plutôt éludée.
La privatisation de l’Etat va très loin ; on le voit dans la composition même de la Cour Constitutionnelle où il n’existe aucun Juriste de droit public. Or, l’on sait que les approches du publiciste et du privatiste face aux problèmes de l’Etat sont loin d’être les mêmes. Le privatiste œuvrera spontanément dans le sens de la défense des intérêts privés au détriment de l’intérêt général. Ce qui est le contraire du publiciste. On l’a vu dans la rédaction du projet de Constitution rejeté en avril 2017 où on ne distingue aucune touche de publiciste.
La privatisation des rapports Etat-privé vise justement à empêcher en temps opportun l’exercice des poursuites judiciaires contre des passe-droits par lesquels le système Talon s’appropriera indument le patrimoine de l’Etat.
Le peuple est pressuré à l’extrême et afin qu’il ne parle pas, on lui arrache tout droit de pleurer autrement dit «On frappe le peuple et on lui refuse de pleurer ».
Ce pouvoir comme tout pouvoir a une base sociale : De qui se compose-t-elle ? Les deux piliers du système autocratique Talon ce sont les deux dinosaures : Houngbédji Adrien et Amoussou Bruno tenus par les affaires : Houngbédji a dû son perchoir à la Télécommande « non vertueuse » de Paris : Talon en 2015. Mais de tous, Amoussou Bruno semble être le véritable mentor du César Talon ; tellement les méthodes utilisées par celui-ci (ruse, rage, corruption massive, menaces physiques diverses contre opposants etc.) semblent convenir comme un gant à celles d’Amoussou Bruno. Et ce n’est pas pour rien qu’on le met à la tête de l’une des trois plus grandes coalitions pro-Talon aux prochaines élections législatives. On l’aura vu et entendu hier sur ORTB, user de la ruse pour faire accroire que l’autocrate Talon ne serait pas d’accord avec leur proposition de révision de la Constitution et pour laquelle, pourtant, lui et le pouvoir autocratique font chantages, menaces, intimidations sur les députés de tout bord pour la faire voter en dehors du peuple.
Qui sont ceux qui le soutiennent à la base et qui constituent les chantres de la Rupture ? Ce sont les animateurs des presses aujourd’hui monocolores au service du pouvoir de la Rupture. Ils sont constitués d’une faune de gens avides d’argent et payée à la besogne avec les instincts les plus bas dont 1°- le régionalisme et l’ethnicisme ; 2°- le goût du lucre et de l’argent ; 3° -l’agitation de la peur : la mort, la prison, 4°- la perte de gros intérêts pécuniaires. Patrice Talon vit sur cette faune en manipulant à volonté l’argent, les menaces à la liberté et à l’intégrité physique, le chantage de tous genres contre tous ceux qui résistent. Plusieurs personnalités et non des moindres se trouvent ainsi en otage.
Notre pays a été ainsi conduit à pas forcés, vers un régime autocratique.

 

IV- LES DEFIS A RELEVER
Travailleurs, jeunes, peuple du Bénin
Dernièrement, vous avez mené et/ou soutenu pendant quatre mois d’âpres luttes pour l’amélioration de vos conditions matérielles et pour une nouvelle gouvernance. Cette lutte a révélé d’énormes potentialités en votre sein et permet beaucoup d’espérer pour l’avenir de ce pays. Vous avez démontré dans les combats, la souveraineté de vos décisions à la base sur les appareils syndicaux et politiques. Vous avez prouvé par des actes conséquents que l’exercice de cette souveraineté doit se traduire par la destitution des responsables syndicaux traîtres à la cause commune. Vous avez pu élever pour une bonne part, votre conscience à la compréhension que votre sort est lié à celui de l’ensemble du peuple avec des assises régionales et sectorielles. Le pouvoir est resté sourd à vos revendications. Et de façon responsable vous avez effectué une suspension pour une meilleure organisation de vos luttes. Car il est apparu que, sans le départ du pouvoir de la Rupture, aucune revendication matérielle des travailleurs et du peuple ne peut trouver satisfaction.
C’est là que réside le défi qui dépasse le seul cadre des travailleurs salariés. Il s’étend à l’ensemble du peuple. Il est désormais établi que c’est l’ensemble du peuple et pas seulement des fonctionnaires qui, en se levant comme un seul homme, peut mettre fin à ce régime barbare et assassin en instauration.
J’entends des gens déclarer « Le PCB est là, je compte sur lui. » Ou bien « Le PCB n’est plus comme avant sinon… », je leur réponds : « Les événements passent mais ne se ressemblent pas » et « les situations ne sont pas les mêmes ». On ne fait pas la révolution par procuration. Il n’y a pas de « sauveur suprême ». Le salut de tous se trouve dans la détermination de chacun au combat à consentir des sacrifices, et non dans des membres d’un parti quel qu’il soit.
Mais, ce qui a contribué à la situation actuelle, surtout c’est le rôle du Régime du Renouveau démocratique, qui dans la lutte contre le PCB, a œuvré à combattre et à détruire les valeurs morales de patriotisme, d’abnégation, d’esprit de sacrifice et de don de soi qui caractérisaient notre jeunesse et qui ont permis la victoire sur la dictature du PRPB et la conquête des libertés démocratiques. Ce sont ces valeurs mises en avant et portées par le PCB et reprises par tout le peuple qui ont permis la victoire. Mais, le régime du Renouveau démocratique, non seulement n’a pas reconnu et honoré ces valeurs d’abnégation et de sacrifice à travers les représentants physiques des jeunes combattants et du PCB, au contraire, il les a même diabolisé ces valeurs, en traitant tout acte de courage, de violent ; tout acte de probité, d’acceptation volontaire de la pauvreté.
Or, ce sont justement ces valeurs d’abnégation, d’esprit de sacrifice, de don de soi, de patriotisme qu’il nous faut retrouver, mettre en avant, exalter aujourd’hui au sein de notre peuple pour espérer venir à bout du nouveau pouvoir de dictature autocratique. Le Parti communiste du Bénin est toujours là, engagé au côté du peuple comme par le passé, à aider par ses éclairages. Et si les expériences des peuples comme ceux de Madagascar, d’Arménie, de Nicaragua etc. pourraient inspirer notre peuple, le PCB sera toujours devant pour vous dire « Allons y ensemble vaincre la fatalité », cette fois-ci, véritablement.
Peuple béninois, rejetons l’infamie et la honte ! Rejetons les provocations ridicules d’un Djogbénou à la solde du dictateur Patrice Talon! Lançons-nous dans une désobéissance active contre les mesures et lois autocratiques du pouvoir de la Rupture.
Pour ma part, je n’ai aucun doute que notre peuple, relèvera ce défi : le rejet de l’esclavage pour la liberté si chère à nos cœurs. Ce sera œuvre de salubrité publique !
Je vous remercie.

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