POINT DE PRESSE
A PROPOS DE LA SITUATION SOCIO-POLITIQUE NATIONALE ACTUELLE

Le Front pour le Sursaut Patriotique est heureux de s’adresser à l’opinion nationale et internationale à propos de la situation socio-politique nationale actuelle.
Les mouvements de protestation des vacataires de l’enseignement secondaire condamnés à la famine depuis des mois, le licenciement collectif des travailleurs au Port de Cotonou, la rebuffade du PRD et de son Chef Adrien Houngbédji à continuer de se plier au modèle partisan voulu par le Chef de l’Etat, la dénonciation de la CRIET par le syndicat des magistrats ainsi que par le barreau des avocats, autant de faits récents qui meublent l’actualité et qui interpellent sur leur signification profonde.
Il est important d’avoir à l’esprit que le système économique, social et politique voulu, mis en place et en œuvre depuis le 06 avril 2016 est celui d’une dictature au service d’un clan autour d’un autocrate. Les principaux secteurs économiques et rentables sont accaparés par le clan ; ce système ne compte pas l’homme comme acteur mais comme un outil devant obéir et se taire. Ses droits et ses libertés sont réduits voire supprimés : le travailleur est réduit à l’état d’esclave, avec des contrats à durée déterminée toute sa vie, le droit de grève lui est supprimé ; les manifestations publiques revendicatives sont soumises à l’approbation préalable des autorités. Les libertés politiques, d’association en partis politiques et d’éligibilité sont interdites aux travailleurs et aux citoyens pauvres, pendant que les opposants politiques sont pourchassés, mis en prison (cas Mètongnon) ou poussés à l’exil (Ajavon, Djènontin, Houngbadji, etc.) par une justice à ordre. Les lois portant Charte des partis politiques et code électoral instaure la suppression de l’existence de tout courant politique autonome du pouvoir. Un bras judiciaire est installé avec une juridiction d’exception et d’inquisition, la CRIET, pour mettre en prison ou pousser à l’exil tout opposant. Bref, le système mis en place est qu’un seul homme détienne toutes les richesses du pays, dicte et détermine par la terreur le comportement politique de tout le monde.


Il est clair qu’un tel système orienté par et vers la poche et la volonté (érigée en loi) d’un seul individu, fut-il le plus puissant du monde, ne peut marcher ni tenir dans la durée. Et les événements de l’actualité ne sont que la manifestation d’une crise commençante du système monstrueux mis en place.
Le pouvoir et ses ministres de l’éducation, à la veille de la dernière rentrée scolaire ont claironné que tout a été mis en place pour une rentrée et une année scolaire apaisées. Ils ont mis en épingle le cas des enseignants vacataires dont les conditions de rémunération auraient été améliorées. Mais voilà, plus de deux mois après la rentrée, les vacataires sont sans aucune rémunération. Un doute plane même sur l’effectivité de l’amélioration des rémunérations annoncées. Leurs mouvements de protestation, consistant à refuser la surveillance des devoirs, parce qu’ils ont tout simplement faim, parce qu’ils ne sont pas payés depuis juin 2018 pour certains, indiquent, au-delà du mépris pour la vie du travailleur, le mépris des droits à l’instruction des pauvres. Si l’on ajoute la pénurie d’enseignants, de maîtres dans l’enseignement primaire public, pénurie face à laquelle le pouvoir laisse les directeurs d’école imposer des taxes nouvelles aux parents d’élèves pour le recrutement et le paiement de maitres vacataires, n’est-on pas en droit d’affirmer que le pouvoir de Talon aggrave la crise et la ruine du système éducatif au Bénin ? Bien sûr.
La nouvelle est tombée, incroyable : un licenciement collectif des travailleurs est décidé au Port Autonome de Cotonou par la direction belge et avec la validation du Comité de Suivi des réformes, piloté par Johannes DAGNON, le conseiller spécial du président de la République. Jusqu’à présent, un licenciement collectif intervient dans les sociétés en faillite. Mais le Port Autonome de Cotonou n’est pas dans ce cas. Au contraire ! Les responsables des travailleurs, au cours de l’assemblée générale réunie au sujet de ce crime de masse, ont annoncé qu’avec le relèvement du barème tarifaire, le chiffre d’affaire a grimpé de 30 %. On se rend compte que la crise et le désastre social au PAC ne répondent qu’aux fondamentaux du modèle économique qui ignore et exclue le travailleur et l’homme. Un licenciement collectif ouvrirait, outre la mise au chômage des centaines de travailleurs du Port, la soumission des autres au contrat à durée déterminée à vie. Et pour mieux servir ce dessein, il vaut mieux faire appel à des étrangers, plus insensibles à la misère et au vécu des Béninois. Le peuple voit que le licenciement collectif des travailleurs annoncé au Port n’est qu’une manifestation de l’inadéquation du système économique instauré par le pouvoir dictatorial. Le FSP dénonce ce crime contre les travailleurs du Port et le peuple béninois.
Le vendredi 17 novembre 2018, un rapport d’études sur la CRIET par le barreau des avocats du Bénin était diffusé à l’attention de tout le peuple et du monde entier. Les conclusions sont sans appel:
« La CRIET, instituée comme une juridiction spécifique de lutte contre la corruption et l’impunité doit garantir les droits essentiels du mis en cause que sont : la présomption d’innocence, le droit à la défense, le droit à un procès équitable, la faculté d’interjeter appel).
Ces principes et droits ne sont pas garantis par les lois qui régissent la CRIET.
Mieux, le Barreau relève que bon nombre de décisions rendues par la CRIET et les procédures suivies devant elle, violent ces droits et principes essentiels. »
Et à la suite de ces conclusions sans appel, « Le Barreau du Bénin se prononce pour l’abrogation et le retrait pur et simple de :
La Loi n°2018-13 modifiant et complétant la Loi n°2001-31 du 27 août 2002 portant organisation judiciaire en République du Bénin (et portant création de la CRIET
La Loi n°2018-14 modifiant et complétant la Loi 2012-15 du 18 mars 2013 portant Code de Procédure Pénale en République du Bénin. »
Ainsi après le syndicat des magistrats l’UNAMAB, c’est l’Ordre des avocats du Bénin qui dénonce et rejette la CRIET et en demande la suppression. Jamais, de mémoire de Béninois, l’on n’a vu le barreau des avocats s’élever dans son ensemble contre une juridiction et en demander la suppression. Aussitôt mis en place, le système judiciaire créé par le pouvoir dictatorial avec la CRIET comme clé de voute, est décrié tant par les praticiens de droit à l’intérieur qu’à l’extérieur que par tous les démocrates. Le système est déjà en crise.
Il en est ainsi de l’autre système phare conçu et mis en place par Patrice Talon : le système partisan. A la mise en œuvre, son mentor attitré, Me Adrien Houngbédji, celui qui a présidé et conduit les travaux pour l’adoption des lois scélérates dans ce cadre, à savoir la Charte des partis politiques et le code électoral se rebiffe. Il soutient le refus de son parti, le PRD, de disparaître (avec ses attributs, nom, logo, siège, etc.) en tant que courant politique de l’échiquier national, et ceci, de par la seule volonté d’un Chef d’Etat. Jusqu’où et jusqu’à quand Houngbédji peut-il tenir face à son complice et maître Patrice Talon? Nul ne peut le dire, les motivations de l’homme étant toujours éloignées de celles du peuple. Mais les rebuffades du PRD indiquent que le système mis en place révèle toute sa monstruosité, son inadéquation avec les droits élémentaires des citoyens ainsi qu’avec les réalités sociologiques du pays. Du reste, tous les blocs suscités, abreuvés et patronnés depuis le palais de la République ne sont que des assemblages hétéroclites qui n’ont d’avenir que le temps de la dictature autocratique.
Ainsi la crise du système économique, social et politique craque déjà de toute part. On ne peut cacher qu’il produit des exclus par millions. On ne peut cacher qu’il produit des détenus ainsi que des exilés politiques. Les efforts puérils de ses partisans tendant à nier ces faits ou à défendre le système les plongent dans le ridicule absolu. Comment peut-on soutenir par exemple le système partisan actuel en arguant que la "pléthore des partis politiques" freinerait le développement du pays en oubliant que de 1960 à 1972, le pays ne comptait que quatre partis et que 1974 à 1989, il n’en a connu qu’un seul, officiel. Ces faux diagnostics et la solution dictatoriale qui cachent l’apatridie et le pillage du pays ne résistent ni à l’analyse ni aux réalités sociologiques ni aux aspirations démocratiques qui induisent les résistances multiformes actuelles. L’éthique universelle s’élève et aucun peuple ne peut accepter longtemps l’esclavage économique et politique.
La preuve vient de nous être encore administrée avec la décision du Président français, Emmanuel Macron, suite au rapport SAVOY-SARR « sur la restitution du patrimoine culturel africain » qui s’inscrit « dans une nouvelle éthique relationnelle », de restituer au Bénin 26 objets culturels réclamés de longue date de façon répétée, demande renouvelée par le pouvoir de Talon. Le FSP se réjouit de cette restitution et appelle le gouvernement à réunir les meilleures conditions de conservation de ces œuvres au profit de la culture populaire.
Combien de temps durera la crise commençante du pouvoir avant l’effondrement certain de ce système affameur, dictatorial et de pillage ? Pour le FSP, seules les luttes du peuple sont et seront déterminantes. On sait par expérience que les dictatures n’acceptent de bon gré aucun résultat des élections défavorable à elles. On le voit partout en Afrique. Au Bénin, en juin 1989, Mathieu Kérékou s’est déclaré élu président de la République, bien que le peuple ait voté massivement contre lui. Ce sont les luttes tenaces qui ont décidé du sort de son régime barbare.
Le pouvoir dictatorial actuel dispose en ses mains de tout l’appareil ainsi que les hommes chargés de l’organisation, du contrôle, de la validation des prochaines élections et de la proclamation des résultats. Le peuple ne peut compter que sur lui-même, sur son organisation, sa détermination et son courage, et sur rien d’autre face à cette machine de ruse et de rage qui ne reculera devant rien pour proclamer sa victoire. Toute illusion est suicidaire.
En tout état de cause, au FSP, nous ne cesserons jamais de répéter, jusqu’à ce que l’autocratie soit définitivement abolie, l’appel ci-après : Que de partout, chaque citoyen qui souffre et se plaint de la gouvernance autocratique, de pillage, d’apatridie et de famine du pouvoir de Talon, refuse d’accepter l’inacceptable que l’on veut lui fait subir dans son coin, et alors l’ensemble de ces refus débouchera certainement, immanquablement comme un torrent qui emporte tout, sur la libération du peuple du joug autocratique.
Alors, des Etats généraux du peuple se réuniront et institueront une gouvernance nouvelle, de probité et de patriotisme.

 Enfants du Bénin, debout pour que Vive la démocratie, pour que survive le Bénin !

Cotonou, le 30 novembre 2018
Pour le Comité de Suivi,
Le Porte-parole
Jean Kokou ZOUNON

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