DECLARATION DES FORCES POLITIQUES DE L’OPPOSITION

 

Mesdames et Messieurs les Chefs de Partis ;
Honorables députés à l’Assemblée Nationale ;
Mesdames et Messieurs les personnalités en vos rangs et qualités ;
Mesdames et Messieurs,
Le 06 avril 2016, le Président que les béninois se sont librement donné a prêté selon l’article 53 de notre Constitution le serment suivant :
« Devant Dieu, les Mânes des Ancêtres, la Nation et devant le Peuple béninois, seul détenteur de la souveraineté ;
Nous …, président de la République, élu conformément aux lois de la République jurons solennellement :
- de respecter et de défendre la Constitution que le Peuple béninois s’est librement donnée ;
- de remplir loyalement les hautes fonctions que la Nation nous a confiées ;
- de ne nous laisser guider que par l’intérêt général et le respect des droits de la personne humaine, de consacrer toutes nos forces à la recherche et à la promotion du bien commun, de la paix et de l’unité nationale ;
- de préserver l’intégrité du territoire national ;
- de nous conduire partout en fidèle et loyal serviteur du peuple.
En cas de parjure, que nous subissions les rigueurs de la loi.»

Bien avant cette date fatidique et au cours de la campagne qui a conduit aux élections, le candidat Président, répondant aux inquiétudes des populations, avait juré s’être définitivement débarrassé de sa toge d’homme d’affaire pour se consacrer au service de l’Etat, car c’était un sujet d’inquiétude pour la plupart de nos concitoyens. N’est-ce pas cette inquiétude, du reste bien fondée, qui a amené le Président Adrien HOUNGBEDJI à déclarer à la face du monde entier qu’il ne fallait pas porter les suffrages sur un opérateur économique, appuyant sa logique par le désastre créé par le PVI du candidat Patrice TALON.
Toujours au cours de la campagne, le candidat Président avait rassuré le peuple de consolider l’indépendance de la justice qui seule, à ses yeux, a résisté à la dictature.
Curieusement et à travers de multiples lois, aussi liberticides les unes que les autres, le dispositif judiciaire de notre pays a été affaibli. Au cours du seul mois de juillet 2018, trois lois ont été votées, dont le Code Pénal voté nuitamment par une dizaine de députés et le comble la naissance de la CRIET fortement contestée par les magistrats, avocats et tout le peuple, une cour spéciale chargée d’envoyer en exil ou en prison ceux qui s’opposent à la pensée unique.
Ainsi, notre peuple qui était si heureux de retrouver son fils rentré de l’exil et porté aux fonctions suprêmes de la République, ce brave peuple n’aura pas attendu plus d’un mois pour déchanter.
Au nom d’intérêts qui auraient été bafoués sous le régime précédent, des dizaines et des centaines de milliards de francs de nos maigres ressources ont été soustraits des caisses du trésor public. Même la prétendue condamnation de l’Etat à payer plus de cent milliards au président a été exécutée. Et depuis, on assiste à une avalanche d’actes aussi scandaleux que contraire à l’esprit de la Conférence Nationale :
- Le PVI du Chef de l’Etat est revenu à toute allure, plus fort, plus arrogant et plus vorace ;
- Le Port et l’Aéroport sont passés sous le contrôle des sociétés du Chef de l’Etat ;
- Au nom de la production cotonnière, une culture de rente totalement contrôlée par le Chef de l’Etat (semences, herbicides, engrais, égrenage et commercialisation), les béninois sont obligés de consommer du glyphosate, produit hyper toxique interdit partout ailleurs.
Cet herbicide pollue nos eaux et nourritures, préparent l’organisme à une série de maladies dont notamment les divers cancers ;
- Dans la République, les institutions ont perdu leur indépendance. L’Assemblée Nationale et la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication (HAAC) se disputent la palme d’or. Une poignée de députés ont livré le peuple à la flagellation à travers un code pénal poussé à l’adoption par le ministre de la justice. Somme toute l’Assemble Nationale est responsable du malheur du peuple, un peuple qu’elle a livré aux bourreaux ;
- La HAAC quant à elle rivalise d’ardeur pour supprimer la liberté d’expression :
• La Nouvelle Tribune est interdite arbitrairement ;
• La télévision SIKKA TV est privée d’image ;
• La radio Soleil FM est constamment brouillée ;
• L’ORTB est devenu l’outil de propagande du régime.
- La Cour Constitutionnelle qui constitue le dernier recours du citoyen est désormais perçu comme un service rattaché directement au Président de la République et dirigé par son avocat personnel.
Nous profitons de cette tribune pour lui lancer un appel patriotique, celui de lui rappeler le rôle déterminant qui est le sien, surtout à l’occasion des élections législatives qui s’annoncent et celles à venir. Nous avons l’espoir que cet appel sera entendu afin d’éviter de balancer le pays dans la violence, car disons le haut et fort, même détenteur de la force publique, on n’est pas certain de venir à bout d’un peuple révolté.
La charte des partis politiques a été assise sur de l’argent pompeusement baptisé aide de l’Etat au détriment des convictions et des résolutions de la Conférence Nationale. Il en est également pour le code électoral qui embrigade la classe politique dans des formations appelées ‘’grands partis’’ pendant que le Chef de l’Etat se met à l’abri des partis politiques. Il est clair que ces deux textes sont porteurs de germes de conflits que le bon sens doit nous épargner.
Notre pays a besoin de tous ses fils, de toutes ses intelligences pour se construire. C’est pourquoi l’Etat policier doit arrêter d’envoyer nos compatriotes qui pensent autrement en exil ou en prison.
En tout état de cause, nous, forces politiques de l’opposition, déterminés à nous battre pour la restauration de notre démocratie et notre état de droit en péril,
A-Exigeons :
1- L’arrêt immédiat des poursuites judiciaires ciblées et de toutes autres manœuvres d’intimidation contre l’opposition sous le prétexte grossier de lutte contre la corruption alors que notre peuple observe avec indignation que le syndicat des corrompus tapis au sein des députés membres de la majorité présidentielle (BMP) est sous la protection du Chef de l’Etat ;
2- La libération immédiate suivie de l’amnistie des détenus et prisonniers politiques ;
3- L’abrogation pure et simple des lois portant code électoral et charte des partis politiques ;
4- La délivrance des récépissés à toutes les formations politiques constituées et qui ont déposé leurs dossiers ;
5- Le retour des exilés politiques avec garantie de sécurité, de liberté et de leur participation libre à la vie politique nationale ;
6- La relecture du code pénal et l’abrogation de la loi N° 2018-13 du 02 juillet 2018 portant création de la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET) ;
7- La mise en place d’une structure paritaire pour encadrer les élections à venir pour rester conforme à l’esprit de consensus.
B-Lançons un appel vibrant au peuple à se mobiliser pour défendre les présentes exigences.
Prenant à témoin l’opinion nationale et internationale, les Forces politiques de l’Opposition rendent le gouvernement et son chef responsables des déconvenues qui découleraient de leur entêtement à ne pas prêter oreilles au cri de détresse du peuple.
Fait à Cotonou, le 03 Novembre 2018

Les Forces Politiques de l’Opposition.

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