DECLARATION
ELECTIONS DU 17 MAI 2020
ET SI LE PRESIDENT PATRICE TALON ARRETAIT LA MASCARADE

 

Le samedi 11 avril 2020, la CENA a invité les 5 partis politiques en course pour le scrutin du 17 mai à une séance d’information et de concertation pour parler de l’organisation des élections et ceci après « la concertation du chef de l’Etat avec les Présidents des institutions ». Suite à cette réunion, les décisions suivantes ont été prises :
« - la poursuite du processus électoral, - les élections sont maintenues au 17 mai 2020,- la campagne sera exclusivement médiatique. Pas de meeting et de caravane, ni de porte à porte. Les partis politiques devront faire usage des médias (TV, radio, presse écrite....), et autres outils tels que mégaphone sur tricycle, charrette.....- La HAAC invitera d'ici à là, les partis politiques à une séance afin de convenir des modalités de mise en œuvre pratique, - la CENA mettra à disposition des agents électoraux (coordonnateurs d'arrondissement, assistants coordonnateurs, membres des postes de vote, des Délégués des partis aux postes de vote......) et, des électeurs, des masques et gel hydro-alcoolique qui seront rendus disponibles sur les lieux du vote. »
Tout ceci appelle plusieurs remarques.
1) Tout le monde sait maintenant, qu’il n’y a plus d’institutions indépendantes dans le pays. Elles sont toutes soumises au Président Talon qui les manipule à sa guise.

On se souvient de comment il s’était servi d’elles pour la tenue des élections législatives et la lecture humiliante du texte d’approbation de la tenue de ces élections par le Médiateur de la République. Nous sommes toujours dans le même schéma avec cette soi-disant concertation des institutions de la République.
2) On nous dit que la campagne sera médiatique. Pas de meeting et de caravane, ni de porte à porte. Il faut dire que faire campagne, c’est présenter son programme et essayer de prouver qu’il est meilleur que ceux de ses concurrents. La CENA a retenu pour ces élections, une liste de cinq Partis : les deux blocs créés par le Président Talon, à savoir l’Union Progressiste (UP) et le Bloc Républicain (BR) qui soutiennent le Programme d’action du Gouvernement ; le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) de maitre Adrien HOUNGBEDJI qui soutient le Programme d’action du Gouvernement ; l’UDBN de Claudine PRUDENCIO qui soutient le Programme d’action du Gouvernement ; et enfin le FCBE du duo YAROU-HOUNKPE qui depuis la controverse qui a éclaté au sein de ce Parti depuis le dépôt des listes à la CENA est apparu comme une fabrication du pouvoir. On voit donc que logiquement, le PAG ayant une dimension nationale et locale, la campagne de tous les Partis retenus sera une campagne de promotion et de valorisation du PAG.
3) Tout le monde sait que depuis l’avènement du Renouveau Démocratique, la vraie campagne électorale, c’est celle qui se fait au corps à corps, ou « mano à mano », avec distribution d’argent, de riz, de maïs de sel etc. Malheureusement, elle a déjà commencé sur le terrain pour les élections du 17 mai, malgré les consignes du Gouvernement face à l’épidémie du coronavirus.
4) En effet, depuis le lundi 30 mars 2020, des mesures sévères ont été prises dans le cadre de la lutte contre le coronavirus ; isolement de certaines villes du reste du pays, fermeture des lieux de prières, interdiction de réunion à plusieurs et dernièrement, obligation du port du masque en public. Mais ce qu’on constate, c’est que ces recommandations sont pour le peuple et non pour les dirigeants. On l’a encore vu dernièrement avec le Président Talon lui-même au volant de sa voiture sans masque, signifiant au peuple : « faites ce que je dis et pas ce que je fais. » De même, le cordon de sécurité établi autour de certaines villes est inconnu des hommes politiques. Ils le franchissent allègrement et vont organiser des réunions secrètes et illégales dans leurs circonscriptions, dans des maisons avec trente ou cinquante personnes avec distribution de riz, de maïs, de sel et autres produits surtout par les temps qui courent, or la campagne officielle n’a même pas encore commencé.
5) Dans le pays, les hommes ont faim. Les bus, camionnettes et taxi qui faisaient la navette entre certaines contrées de l’intérieur et Cotonou sont au garage. Les chauffeurs et petits propriétaires de ces véhicules sont confrontés à d’énormes difficultés. Les étudiants ont été renvoyés de l’université sans penser à une solution alternative pour ceux qui se retrouvent seuls. Les petits travailleurs des bars sont laissés à l’abandon. Pendant ce temps, le pouvoir est prêt à dépenser de l’argent pour l’achat de millions de masques et de gel pour des élections sans enjeu.
6) Les agissements des candidats sur le terrain alors que la campagne officielle n’a pas commencé indique que l’organisation des élections municipales le 17 mai prochain, serait une catastrophe. D’ailleurs, rien ne presse. Les élections communales ne sont pas des élections constitutionnelles à date fixe. On a déjà décalé des élections communales dans ce pays et rien ne s’est passé. D’autre part, ces élections sont sans enjeu. Le pouvoir contrôle déjà les 77 communes du pays. Pour les élections du 17 mai, tous les Partis retenus sont de son bord. Il n’y a aucun Parti de l’opposition. Nous sommes donc encore en face d’élections exclusives.
7) Aujourd’hui, l’éthique a fait beaucoup de progrès. Le regard porté sur la vie d’un homme n’est plus le même qu’entretemps. Personne ne comprendra qu’on sacrifie la vie de milliers de gens pour des caprices. Les réunions clandestines qui ont débuté dans tout le pays, mettent en danger la vie de milliers d’hommes. Voilà pourquoi le Président Patrice Talon doit purement et simplement annuler ces élections exclusives et mortifères qui se préparent. En tout cas, il prendrait une lourde responsabilité devant l’histoire en les maintenant en pleine crise sanitaire dans tous les pays du monde entier.
Cotonou le 16 avril 2020.
Le Parti Communiste du Bénin

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