Editorial

Se lever contre le mépris du peuple


L'attitude du pouvoir de Talon face à la pandémie de la
faim, ses justifications de la suppression des structures
de protection sociale, comme l’ONASA ainsi que le refus
irresponsable de toute mesure concrète de soulagement des
populations affamées, souligne son mépris du peuple et sa
gouvernance hasardeuse du pays. Ce mépris est une
caractéristique des exécutants du pacte colonial, pour qui le
peuple ne compte pas, pour qui la démocratie se limite à l’infime
partie des lettrés en langue française (moins de 15 % de la
population) et dans le rejet de la souveraineté réelle du pays.
Alors, « Quand des porte-parole de la FrançAfrique redonnent de
la voix » en situant la contradiction principale au niveau des
« préposés » exécutants du pacte colonial en occultant les
« commanditaires » et premiers bénéficiaires, ils sont dans la
même logique de mépris du peuple, de sa souveraineté
monétaire, linguistique et sur ses ressources. Mais pour le
peuple qui lutte pour sa souveraineté, il se pose la question de
« Quelle Ecole pour un Bénin émancipé ?» ; et le programme de
l’APP apporte des solutions de la libération des hommes pour le
développement du pays.
La Rédaction
Suppression de l’ONASA :
Mépris du sort du peuple et gouvernance hasardeuse du
pays.
a famine qui sévit actuellement au Bénin, suite à la flambée
des prix des denrées alimentaires, a fait voir la faute grave
de gouvernance qui a consisté en la fermeture et la
liquidation par le pouvoir de Talon des structures de prévoyance
sociale, notamment dans le domaine de la sécurité alimentaire.
Même les soutiens les plus zélés de Talon sont obligés
d’interpeller le pouvoir. Mais chaque réponse montre le mépris
souverain du sort des pauvres et du peuple.
Examinons les réponses du gouvernement face à l’actuelle
pandémie de la faim. Interrogé à l’Assemblée nationale le 29 juin
2021 sur les raisons de la fermeture de l’Office National d’Appui
à la Sécurité Alimentaire (ONASA), le nouveau ministre d’Etat de
Talon, Romuald Wadagni répond que « la rationalisation du
paysage institutionnel constitue la réelle motivation de la
décision du gouvernement à procéder à la liquidation ordonnée
de certaines structures sous tutelle du Ministère de l’agriculture
dont l’ONASA. »
Ainsi donc, la réelle motivation de la liquidation d’une structure
de prévoyance sociale par Talon, c’est la rationalisation du
paysage institutionnel ! Le sort des masses en cas de catastrophe
ne compte pas. En quoi consiste cette rationalisation ? Wadagni
dit : « Plutôt que de constituer à coûts onéreux d’entretien, des
stocks physiques parfois non utilisés compte tenu de la faible
récurrence des situations sévères d’insécurité alimentaire au
Bénin ». L’argument massue, c’est les coûts onéreux d’entretien
de stocks physiques parfois non utilisés, donc un problème de
gestion des stocks ! Et à cause d’un problème de gestion, on
supprime une structure de prévoyance de catastrophe.
Cela veut dire tout simplement que le sort des hommes ne
préoccupe pas le pouvoir de Talon. En effet :
1- Comme rappelé par Philippe Noudjènoumè (Adresse XXXVII
du 16 juin 2021) « Dans tout système politique, même dans les
pays les plus libéraux, il est toujours prévu et organisé une
« Réserve stratégique » dans les secteurs, notamment de
l’énergie et des aliments de base pour faire face à toutes
situations de fléau naturel ou politique ». En liquidant l’ONASA
sans penser constituer une autre structure de prévoyance
sociale, le pouvoir de Talon a laissé le pays dans une gouvernance
hasardeuse.
2- Gouverner, c’est prévoir. Depuis 1995, et notamment depuis
la réunion de Paris (COP 21) en 2015, la question de
changements climatiques et notamment du réchauffement
climatique avec les risques accrus de catastrophe naturelle
(sécheresse, inondations, ouragans, etc.) occupe toutes les
rencontres internationales et préoccupent tous les
gouvernements sérieux. L’agriculture dans notre pays demeure
entièrement dépendante du climat. La rareté des pluies causant
la sécheresse, ou bien leur surabondance entrainant des
inondations sont des faits auxquels tous les gouvernements sont
davantage sensibilisés pour des mesures de survie des
populations. Mieux, bien avant cela, dans les années 1980, les
faits d’extension de la sècheresse au Sahel avaient conduit à la
mise en place du Comité Inter-Etats de lutte contre la sécheresse
au Sahel dont le Bénin est membre et il avait été institué à cet
effet la journée nationale de l’arbre ainsi que des structures de
prévoyance sociale.
A partir de ces constats faits depuis des décennies, "la rareté des
pluies" doit être prise en compte dans toute prévision agricole et
y recourir comme argument pour ne rien faire relève à la limite
de l’irresponsabilité. Tout pouvoir se doit, plus que jamais
auparavant, fonder une politique de sécurité alimentaire sur la
constitution des stocks physiques de réserves stratégiques.
Mais, le gouvernement de Talon passe outre ces éléments
majeurs de changement climatique et ses conséquences sur
notre agriculture, abandonne le pays au chaos et nous parle de
« faible occurrence de situations sévères d’insécurité
alimentaire » et met en avant « la rareté des pluies » pour
justifier l’inaction et la démission devant sa responsabilité de
sauver les hommes de la pandémie de la faim. Cela veut dire que
le pouvoir de Talon ne prévoit rien quant à l’avenir du peuple, et
pratique donc une politique hasardeuse pour la vie des hommes
au Bénin.
Dans le cadre des engagements internationaux, le Bénin et le
pouvoir de Talon ont souscrit aux ODD (Objectifs de
Développement Durable) dont les deux premiers sont : 1-
Eliminer l’extrême pauvreté et la faim » et 2- faim « zéro ». Le
pouvoir de Talon bénéficie des financements internationaux
dans le cadre des ODD, mais se dérobe à ses engagements vis-àvis du peuple affamé.
3- On peut s’être trompé, car l’erreur est humaine dit-on. Mais
devant les signes évidents de flambée des prix avec les
répercussions sur la nutrition des enfants, des hommes et
femmes pauvres (la majorité du pays) devant les cris et appels
au secours de tous les jours et sur tous les tons, le gouvernement
ne fait rien. La ministre de l’industrie et du commerce, Mme
Alimatou Shadiya Assouman, dans une interview sur la chaine
officielle gouvernementale (Office de Radio et de Télévision du
Bénin) le 6 juillet 2021, dit : « Il faut être patient. Les premières
pluies viennent de s’installer. La demande des pays de la sousrégion est très forte. Mais les dispositions sont prises au niveau
de l’Agriculture pour augmenter la production.» Voilà
l’échappatoire encore irresponsable du gouvernement. Mais en
attendant les prochaines récoltes, le pouvoir de Talon appelle à
la patience les hommes, les femmes, les enfants qui souffrent et
meurent de faim. N’est-ce pas alors un crime de non-assistance
L’
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à personnes en danger ? Les masses populaires n’ont-elles pas
raison lorsqu’on les entend dire que « Talon veut nous tuer » ?
D’un autre côté, le gouvernement, par la voix de la ministre de
l’industrie et du commerce sous-entend qu’avec l’augmentation
de la production, les prix vont redescendre et l’accès plus facile
pour les pauvres aux denrées alimentaires. Mais rien n’est moins
sûr, Mme la ministre, car l’augmentation de la production
n’entraine pas automatiquement une baisse conséquente des
prix à la consommation. Il faut tenir compte du coût de la
production supplémentaire, des intermédiaires pour la
commercialisation et enfin du niveau général des prix. Le paysan
producteur et le commerçant intermédiaire doivent tenir
compte du niveau général des prix pour la fixation du prix de
vente de leur produit afin d’assurer leur propre survie. Et en
matière par exemple du niveau général des prix, le pouvoir de
Talon, par l’augmentation continue des impôts et taxes, par les
prix de monopole de son empire économique et financier (PVIBénin Control), alimente constamment la flambée des prix à la
consommation.
4- Ainsi, en plus de ne rien faire pour soulager les masses,
pendant qu’il prêche la patience au peuple et aux affamés, le
gouvernement de son côté lui ne prend aucune patience, aucune
pause dans l’augmentation et la multiplication des taxes. Il ne
prend aucune patience, aucune pause dans l’entretien de la
flambée des prix. L’imposition scandaleuse aux compagnies
d’assurance par le gouvernement de l’augmentation de plus de
30 %, à partir du 1er juillet 2021, des prix des assurances
automobile en vue de l’augmentation des taxes à percevoir par
l’Etat, en est la dernière illustration. Avec cela, avec les prix de
monopole au cordon douanier avec le PVI-Bénin Control, avec
l’imposition à la hausse de prix de l’essence des bords des rues
(de 350 à 400 frs), le pouvoir de Talon entretient la spirale de la
flambée de prix et condamne les pauvres à la faim.
La gouvernance hasardeuse pour la vie des hommes du peuple
sert à ruiner les populations pour le renforcement de l’empire
économique et financier des hommes au pouvoir. Contre cette
gouvernance hasardeuse pour la vie des hommes, le programme
de l’APP résout le problème de la sécurité alimentaire, car
mettant l’homme au centre des priorités (Cf "La Flamme" n° 408
du 2 juillet 2021). Alors, face à la démission du pouvoir de Talon,
et à ses mesures à la limite de la provocation contre les
populations affamées, l’appel du président de l’APP au peuple
demeure la seule planche de salut : « Peuple béninois, lève-toi
contre la faim planifiée et la gouvernance du pouvoir de
Talon ».
Rémy
A PROPOS DE LA « CONTRADICTION PRINCIPALE AU
BENIN », DES PORTE-PAROLE DE LA FRANÇAFRIQUE REDONNENT DE LA VOIX.
ans une émission de Sikka TV intitulée « 100% Bénin -
Législatives de 2023 : quel type d’opposition pour 2023
et autres défis d’urgence ? » en date du 30 Juin 2021, le
Journaliste Vincent Folly déclare entre autres : « Nous avons une
opposition, au moins dans le pays, représentée par des partis qui
ont été exclus. Il y a l’Usl qui n’est pas dans le processus, il y a Les
Démocrates qu’on connaît, et avant ça c’était les Fcbe, mais en
dehors de ça nos amis communistes qui sont dans une position
d’opposition, ils n’ont jamais dit qu’ils sont avec le pouvoir…. Ça
au moins c’est clair. (…) Ce qui est important, c’est de savoir
quelle stratégie l’opposition va mettre en place dans ce contexte
que nous avons….Comment tous ceux-là (de l’opposition) vont
se rassembler ? J’avais déjà dit avant la présidentielle qu’il faut
appliquer ce que les Marxistes appellent, c’est Mao qui a eu ce
mot, … qu’il faut distinguer la contradiction principale des
contradictions secondaires. Résoudre la contradiction
principale. Quelle est la contradiction principale que nous
avons à régler, c’est celle qui nous oppose à celui qui a mis la
démocratie entre parenthèses ; celui qui est au pouvoir. Et il
faut chercher à se rassembler. J’ai prêché ce rassemblement …
l’argumentaire n’a pas changé, nous avons toujours un pouvoir
qui est antidémocratique ».
Un tel discours touchant à la contradiction principale qui doit
servir de ciment de rassemblement de l’ensemble de
l’Opposition au pouvoir despotique de Patrice Talon n’est pas
nouveau.
Déjà en février 2021, le Pr AÏNAMON tenait le même langage en
ces termes : « Mais il faut qu’à un moment donné on montre
suffisamment de la cohérence et de solidité pour distinguer la
contradiction principale des contradictions secondaires. A
chaque jour suffit sa peine et il faut pouvoir établir des priorités
au lieu de renvoyer dos à dos tout le monde. Pendant ce temps,
c’est celui qui bénéficie de la puissance publique et qui a le
monopole de contrainte qui consolide son pouvoir de nuisance.
Additionner les forces qui vont dans le même sens que de se
concentrer sur des soustractions et des querelles intestines… »
(Réseau CPCM 13 février 2021). Nous lui avons répondu en son
temps.
D’autres moins importants ont tenu le même langage. A l’instar
d’un certain EWINSOU Juste Flavius de la diaspora qui
s’écrit : « Nous avons écrit une charte consensuelle dans laquelle
tout le monde se retrouvait…Dans la Charte, il était question de
faire un large front uni et les idées développées dans la Coalition
S’engager pour le Bénin respectait scrupuleusement l’esprit de
la charte…Tout notre objectif était de nous voir ensemble en
grand nombre pour mieux faire la lutte de la liberté et de la
restauration de la démocratie…A partir de là ils ont couru pour
aller créer leur machin de APP… A partir de là, ils nous
indisposent avec leur idéologie de Françafrique,
d’impérialisme, de colonialisme, de néocolonialisme, de pacte
colonial à n’en point finir or ils vivent en France … »»
Ainsi, tel un serpent de mer, cette question de « contradiction
principale » revient dans les débats.
La situation de la contradiction principale à un moment donné,
autrement dit du problème le plus important susceptible de
rassembler toutes les forces de l’opposition contre un pouvoir en
place, est une question déterminante de toute stratégie de
combat dans un pays. On entend par contradiction principale,
l’obstacle principal à lever pour faire avancer une société d’un
point A à un point B supérieur à A. En interrogeant aujourd’hui
bon nombre de citoyens africains notamment des ex colonies
françaises, de savoir à quoi ils aspirent profondément, ils vous
répondront sans hésiter qu’ils aspirent à une réelle
indépendance de leur pays, qu’ils veulent récupérer leur
monnaie, leurs langues et leurs ressources pillées par l’ex
colonisateur français. Ils vous diront qu’ils rejettent les accords
secrets noués par la France coloniale avec les Etats africains dits
indépendants contenant les clauses telles que « la confiscation
automatique des réserves financières des pays africains auprès
du Trésor français » (2)- «la priorité aux intérêts et entreprises
français dans les marchés publics et appels d’offres publics( 4)-
« Le droit de la France de faire déployer des troupes et
d’intervenir militairement dans le pays pour défendre leurs
intérêts » (6)- « L’obligation de faire du français la langue
officielle du pays et la langue pour l’éducation »(7)- «L’obligation
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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 4
d’utiliser le franc CFA (franc des colonies françaises
d’Afrique »(8)…
Le pouvoir despotique et affameur de Patrice Talon doit être
combattu et renversé. Cela ne fait l’objet d’aucun doute pour
tous ceux qui se réclament de l’Opposition. Mais posons-nous
cette question : en faisant partir ce pouvoir et en le faisant
remplacer par des éléments qui ont fait leur preuve par la
négative par le passé (« Les Démocrates » et autres FCBE et que
Folly Vincent cite lui-même) en quoi notre pays aura avancé ?
Revenons à cette fameuse notion de « démocratie » dont se
réclament tant nos grands « Démocrates » du Bénin. Si l’on
définit la démocratie comme « pouvoir du peuple, par le peuple
pour le peuple », donc pouvoir de la majorité, en quoi les 85% de
nos concitoyens analphabètes en langue française participent-ils
de cette démocratie ? Cette simple question posée touche à
l’épineux problème de la contradiction principale : la
contradiction principale où l’obstacle majeur à lever pour faire
avancer notre pays, se trouve notamment en ces mots
« souveraineté monétaire, souveraineté linguistique,
souveraineté sur nos ressources». Autrement dit, c’est le
maintien du colonialisme français sur le Bénin par le biais de la
monnaie, de la langue française, de la propriété de nos richesses
principales etc. qui constituent la Contradiction principale. Mais
puisque le colonialiste français n’est pas présent aujourd’hui
physiquement à la tête de notre pays, qu’il y a mis à sa place, des
gouverneurs béninois, notre combat doit être dirigé contre cette
équipe de Gouvernement français par substitution ou
procuration qu’est le Gouvernement de Patrice Talon ; notre
combat doit être contre toute équipe quelle qu’elle soit de
Gouvernement par « procuration » de la France au Bénin : le
gouvernements passés à l’instar de celui de YAYI Boni incarné à
travers le groupe « Les Démocrates » ? FCBE et autres
irradiations politiques, sont compris.
Tout cela, le Parti Communiste du Bénin l’a écrit, l’Alliance Pour
la Patrie l’a érigé en programme politique « A savoir que notre
pays, le Bénin ensemble avec les autres anciennes colonies
françaises d’Afrique, ne sont pas des Etats souverains avec tous
les attributs que cela demande ; que ce sont des « Enclos
français » d’Afrique… A savoir, que le patriotisme en même temps
que la démocratie doit être nos mots d’ordre de combat. Que l’on
fait fausse route en négligeant l’un pour l’autre…. Il en découle
que la démocratie béninoise tant vantée, est la démocratie sans
souveraineté du peuple et de l’Etat, la démocratie compatible
avec les intérêts permanents de la France coloniale et du pacte
colonial qui tient notre pays en laisse en semi-colonie. Autrement
dit la démocratie de prisonnier ». En enlevant le genou des
Colonialistes français sur le Cou du peuple béninois, nous aurons
permis la jouissance de la pleine démocratie par l’ensemble du
peuple, y compris la grande majorité de sous-citoyens actuels
exclus de la politique que sont les 85 % d’analphabètes en
français.
En reprenant cette rengaine de « Contradiction principale »
située au niveau du Préposé (pouvoir de Talon) et non au
niveau du Commanditaire (le Colonialiste français) qui fait la
guerre actuellement contre les peuples africains, comme cela
se voit au Sahel, Vincent FOLLY comme d’autres, se révèlent
simplement comme porte-parole des tenants de la
« Françafrique » au Bénin, objectivement et indépendamment
de ce qu’ils se pensent eux-mêmes.»
La Rédaction.



1 Voir notamment P. Fantodji (1989, 1994 et 1997).
PROGRAMME DE L’ALLIANCE POUR LA PATRIE
QUELLE ECOLE POUR UN BENIN EMANCIPE ?
ette question n’est pas nouvelle. La Démocratie
révolutionnaire en a traité. La Convention Patriotique des
Forces de Gauche a tenu en 2013 un Colloque sur le Sujet
sur le thème « la ruine de l’école au Benin : pourquoi et comment
en sortir ? ». A ce colloque un texte a été présenté par le
Président de la Convention Patriotique, Pr Philippe
Noudjènoume en guise d’Orientation. Ce texte dessine pour
l’essentiel l’Ecole qu’il faut pour un pays qui veut s’émanciper.
Voilà pourquoi nous republions ici un large extrait de cette
Orientation.
La Rédaction.
I- « En guise d’introduction :
Position théorique de la question
Quelque soient les secteurs auxquels ils appartiennent, les
hommes et femmes du Bénin conviennent que l’école béninoise
est en ruine. Les expressions telles que « on est dans le gouffre
éducatif », «génocides culturels » s’entendent pour exprimer cet
état de choses. Cette situation doit interpeller tout citoyen
béninois quelque peu préoccupé du devenir de ce pays et des
générations futures.

La question de l’école est au centre de toutes les
préoccupations des consciences pensantes de l’humanité. Et
pour cause, l’école est la mesure du niveau d’évolution d’un
pays. En fait, on parle de crise de l’école lorsque celle-ci ne
répond pas ou plus aux besoins d’une société, lorsqu’il y a
inadéquation entre les besoins de transformation d’une société
et les types de formations proposés par l’école. Et à ce propos les
systèmes d’éducation formelle du monde entier connaissent de
constantes crises et nécessitent de constantes réadaptations ou
réformes pour leur mise à jour. Et lorsqu’on constate une
contestation d’un système scolaire par les citoyens d’un pays,
c’est que ce système est caduc et un autre est appelé. Notre pays
est confronté à une telle situation de crise de l’école, c’est-àdire, d’inadéquation entre elle et les besoins de notre société
depuis son existence en tant qu’Etat dit indépendant.
C’est dire que pour un pays comme le nôtre, cette
question devient cruciale, presque existentielle. Pour traiter de
la problématique de la ruine de l’école, c’est-à-dire de sa crise et
de son échec au Bénin, je bâtirai mon développement introductif
ci-après autour de deux notions que sont la notion de libérations
successives de l’homme et celle de connaissances définies
comme l’ensemble des informations que l’on acquiert par
l’étude. Et à ce niveau, je me réfère à des réflexions synthétisées
par Pascal Fantodji1 dans divers écrits dont notamment sa
brillante communication au Colloque de l’Association AfriqueSynthèses à Cotonou en 1997 intitulée « Maîtriser le savoir :
pourquoi et comment ? » ; son article « l’Académie : mémoire
sociale moderne au service du développement économique et
social » (Convention du Peuple Documents, Cotonou, 1989) ;
« Les problèmes actuels de science et de politique » in Les
Cahiers de Recherche marxiste-léniniste n° 2 (Cotonou,
décembre 1994).
Il est désormais prouvé par la science que l’histoire de
l’humanité n’est qu’une série de libérations successives de
l’homme vis-à-vis de sa dépendance de la nature et pour la
conquête de celle-ci. On peut les citer dans leur succession :
CLA FLAMME N°409 09 juillet 2021
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 5
- le détachement de la tête du reste du corps ;- la bipédie ou
marche sur deux jambes au lieu des quatre membres comme les
autres animaux. ; - le détachement du pouce des autres doigts ou
« libération de la main », ce qui rend possible une préhension par
la main et la fabrication des outils ; - le langage articulé ou
conventionnel qui désormais permet une coopération des
hommes entre eux en vue du travail collectif pour la production
nécessaire à l’existence d’une communauté humaine ; -
l’écriture ou la représentation de l’information, la découverte de
l’imprimerie comme support de la conservation du savoir ; - la
création des académies comme mémoire collective d’un peuple
ou instrument de conservation du savoir et savoir-faire d’une
société; et - la dernière plus grande libération, celle de la
révolution cybernétique et robotique.
L’histoire de l’évolution de l’humanité a été celle de la
reproduction, de l’acquisition de l’information, de sa
conservation et de sa distribution pour la transformation de la
nature et de la société. La représentation de l’information par
l’écrit - autrement dit, le graphisme - a constitué sans nul doute
un pas décisif dans la projection de l’humanité dans l’ère de la
civilisation, car il faut convenir que sans l’existence de l’écrit au
sens formel, il n’ y a pas d’école formelle. A propos de l’écrit voici
ce que Fantodji (1989) écrit :
Le langage articulé qui s’enrichit depuis sa naissance
prendra une importance capitale dans la conservation de
l’expérience humaine acquise. Il est intimement lié à la
production et à son développement… Mais la mémoire
sociale ‘’sortie du gêne’’ pour se fixer dans le langage
articulé se heurtait-elle à un obstacle, aux limites de la
résistance cérébrale face à la mémorisation des gestes de
production et autres faits sociaux… Avec l’écriture la
mémoire du geste de production peut alors quitter le
cerveau pour se conserver dans des textes écrits. (doc.
Convention du Peuple p. 38)
Que l’Afrique, berceau de l’humanité, ait contribué de
manière substantielle à ces libérations successives, notamment
à la naissance et au développement de l’écriture en tant que
forme universelle de représentation graphique de l’information
avec la civilisation nubienne et égyptienne pharaonique, il est
par contre remarquable qu’une grande partie du continent
africain est resté en dehors de ce vaste mouvement libérateur de
la représentation universelle de la pensée et de l’information
qu’est l’écriture. Il y a, certes épars à travers le continent, depuis
les peintures rupestres des grottes sahariennes ou du
Monopotapa en passant par les bas-reliefs des cours royales, des
formes de représentations graphiques de l’information. Mais
elles demeurent généralement au premier stade de l’écriture
qu’est le dessin en Afrique noire. Que cette situation soit due à
des facteurs exogènes, tels la traite négrière et la colonisation
européenne, cela aussi est une réalité historique qu’il faut
souligner. Le fait est là que la non généralisation de l’écrit dans
nos sociétés africaines précoloniales - le cas de Tombouctou avec
l’écriture arabe mis à part - la prédominance de l’oralité
constitue un facteur de retard historique au sens que les
hommes demeuraient encore dépendants de leur mémoire
cérébrale et des contingences attachées à cette situation.
L’information était demeurée essentiellement dépendante de la
mémoire, donc subjective. Il suffit de voir avec quelle prouesse
nos griots pouvaient composer leurs chansons essentiellement
par mémoire pour comprendre ce que j’affirme. A l’heure de
l’ordinateur, ce retard est encore plus insupportable.
A propos de l’ordinateur voici ce que P. Fantodji (1994)
écrit :
On sait que l’écriture a pu permettre une certaine
libération de l’homme ; celle de confier des tâches de la
mémoire initialement dévolue au cerveau à l’écrit, au livre.
Cette libération avec l’ordinateur est allée jusqu’à la
mémoire de ce dernier… L’ordinateur étant le dernier des
instruments médiatiques pouvant recevoir et restituer
l’information à la vitesse de la lumière, d’une part ; d’autre
part, c’est l’instrument de plus grande capacité dans la
conservation de l’information a fortiori scientifique
(instrument de plus grande conservation du savoir :
bibliothèque géante)… C’est en ce sens que l’ordinateur,
du point de vue de la communication, est le dernier cri de
la science. (pp. 48- 51)
L’information, la communication de l’information, sa
conservation pour sa consultation rapide sont au centre de
toutes les principales libérations humaines. Si selon Couffinal
(1978) « l’information est l’ensemble d’un support et d’une
sémantique », et qu’un quantum d’information détermine un
quantum d’action, on peut conclure qu’un potentiel d’action
dans un individu est fonction de la somme d’informations qu’il
possède ou qu’il est à même de posséder en un temps le plus
court possible en vue de prise de décision. L’action ici pouvant
être assimilée à une capacité d’agir sur son milieu, c’est-à-dire à
une capacité de conquête, de la transformation de la nature,
pour la satisfaction de ses besoins sans cesse croissants. C’est
dire que moins on a d’informations, moins on a des possibilités
d’actions sur son milieu. Le niveau de développement d’un
peuple est donc fonction de la somme d’informations que ce
peuple - et chacun de ses individus - a accumulée et le retard
d’un peuple est donc caractérisé par sa sous-information
généralisée.
Au regard de tous les développements qui précèdent,
nous affirmons que le retard social et économique de notre pays
est avant tout un retard informationnel car l’information est
avant tout graphique. Ce retard est caractérisé par une
proportion très majoritaire d’hommes et de femmes ne sachant
lire ni écrire une langue quelle qu’elle soit (62,3% d’analphabètes
selon le recensement de la population de 2002). De la sorte,
notre peuple dans son ensemble vit dans un état de sousinformation généralisée et n’a donc pas accès à l’information
scientifique, condition nécessaire pour la transformation de son
milieu en vue de la satisfaction des besoins des hommes.
C’est en vue de répondre à cette nécessité - le retard social
et informationnel de notre peuple - que l’Institut International
de Recherche et de Formation (IN.I.R.EF) a adopté pour label :
Pour une recherche et une formation fondées sur l’unicité
du genre homo en une seule espèce animale sociale, la
richesse et l’équivalence de toutes les langues naturelles et
l’épistémologie sans cesse rationalisée avec
l’identification, le traitement, la représentation et le
stockage de l’information et du signal.
La crise de l’école béninoise est l’expression de son
incapacité à contribuer à la résolution rapide de ce paradigme.
Alors comment se présente cette crise de l’école béninoise
aujourd’hui, ses causes et quelles sont les voies prospectées pour
en sortir ?
(A suivre)


REPONSE A MESSAN LAWSON A PROPOS DU GUINGBE
ous constatons que de plus en plus de lecteurs s’intéressent à
la rubrique « Histoire, Traditions et Développement » de Nnotre journal. Nous les en remercions sincèrement. Cela LA FLAMME N°409 09 juillet 2021
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 6
montre que la nécessité de la réécriture et de l’appropriation de notre
histoire est une exigence du tournant actuel pris par le Continent
africain, et une tâche qui est appelée. Dans cette optique, nous
essayons de nous guider par cette orientation du professeur
Emmanuel KARL-AUGUST en nous plaçant : « modestement non pas
sous le signe des certitudes scientifiques, mais bien plutôt des
hypothèses de travail, avec comme toile de fond, le doute
méthodique de Descartes, tant il est vrai que la recherche, avant
d’aboutir, à des synthèses probantes, est obligée à plus de
circonspection dans sa quête toujours renouvelée de la vérité
historique. » (1) Emmanuel Karl-August in Peuples du Golfe du Bénin
ed. Karthala 1984 pages 243-244.
Ceci est d’autant plus important que notre histoire est souvent de
source orale et les pans qu’on connait par l’écriture nous ont été
légués la plupart du temps par des gens qui ignoraient tout de notre
culture et qui souvent l’abordaient avec mépris ou condescendance.
Ceci dit, l’histoire n’étant pas neutre, notre parti-pris sera toujours en
faveur du peuple béninois, des peuples africains et des peuples du
monde. C’est fort de cette orientation que nous essayerons de
répondre à monsieur Messan Lawson dont la réaction a été publiée
dans le numéro 408 du journal La Flamme après la publication de
l’article sur le guingbe dans le numéro 407 du même journal. Il faut
rappeler que nous sommes ici au niveau des sciences sociales et non
des mathématiques et de la physique. C’est dire qu’il y aura toujours
des controverses à propos des hypothèses émises par tel ou tel
chercheur.
Premièrement, Messan Lawson écrit : l’auteur de l’article écrit : « les
fugitifs dirigés par le prince Foli-Bébé, son frère et son oncle, vinrent
en pays Hwela ou Pela »
Cette phrase laisse entendre que Foli-Bébé et son frère, FoliHemadzro, étaient des princes gãs (ou guins). Ce n’est pas vrai. En
effet, le prénom Ofori, dont l’altération a donné Foli, n’est pas un
prénom gã (ou guin) mais un prénom akan. Sans être gã, les deux
Ofori, surtout Ofori Bemberen (Foli-Bébé), devaient avoir une fonction
importante à la cour du royaume de Guengbo (Accra). Peut-être
étaient-ils chefs d’armée, au moment où les événements, qui ont
déclenché la migration d’une partie des Gãs, se sont produits. Les
deux Ofori se sont retrouvés à la tête des migrants. Foli Bébé prendra
la tête de la nouvelle communauté constituée à Glidji, comme premier
roi du Guenyi. Son prénom Ofori, altéré en Foli, sera désormais intégré
aux prénoms du clan tougban (clan guin,détenteur du trône de Glidji) ,
et perpétué comme tel jusqu’à nos jours. »
Effectivement, comme l’écrit le professeur L.N.
Gayibor : « Contrairement à la croyance populaire, Ofori et Foli Bébé
n’étaient pas Gan, mai akyem… Ils étaient sans doute des généraux
akyem qui avaient pris la tête des débris de l’armée gan en fuite vers
le site de Glidji après la défaite devant les Akhamou. » L.N.Gayibor
Histoire Des Togolais, Edition définitive, Presses de l’UB, 1997. Ils ne
sont pas Gans d’origine, mais ils le sont devenus en combattant
comme des généraux dans l’armée des Gans. Ce n’est pas pour rien
qu’ils sont venus créer un royaume gan et ne cessaient d’avoir des
contacts avec le Guingbo au Ghana actuel. En parlant de princes gans,
il faut entendre ici, dignitaires gans.
Deuxièmement, Monsieur MESSAN Lawson écrit : « Le Père Roberto
Pazzi fait ainsi procéder l’émergence du guin du mariage des deux Foli
à deux princesses de Tado et de l’imposition, par Foli-Bébé, de la
nouvelle langue au peuple. Certains historiens aiment de telles
épopées, qui font procéder les événements historiques d’individus
« exceptionnels », mais la réalité est souvent autre. En ce qui concerne
le guin, la construction du Père Pazzi ne tient pas debout. Deux
éléments s’y opposent : d’abord le fait que les Guins désignent, en
guin, cette langue par « guingbé » (littéralement, la langue des Guins) ;
c’est dire que les Guins ne considéraient pas que c’est une nouvelle
langue qu’ils étaient en train d’adopter mais que c’est leur propre
langue qu’ils continuaient de parler ; ensuite, le guin est très proche
de l’ewe (et ses deux variantes : anlon, ouatchi) et non de l’aja. »
Dans tous les cas, le problème de l’origine des langues est souvent un
débat sans fin. Concernant les relations entre l’aja et le guin, Roberto
Pazzi dit exactement : « Leurs enfants apprendront ainsi la langue de
leurs mères (l’aja) qui, en s’adaptant aux parlers Waci, et Ofla des
villages du secteur, va donner naissance au dialecte Guin. »
Troisièmement, Monsieur MESSAN déclare : « La classification des
langues du Sud du Bénin et du Sud du Togo dans un groupe
linguistique appelé « Langues Gbé », sous prétexte que leurs noms
dans ces langues se terminent par « gbé », est une erreur…Ce nom
sème la confusion. En effet, dans les langues d’origine aja, les noms
de toutes les langues du monde se terminent par « gbé ». Ainsi en
guin, parlera-t-on, par exemple, de « flanségbé » (littéralement, « la
langue des Français ») pour désigner le français (6). Pourtant, à
l’évidence, le français ne fait pas partie du groupe des « Langues
Gbé ».
Ici encore, il ne s’agit pas d’engager une polémique sur un sujet qui
est en débat au niveau des linguistes. Ce sont des hypothèses de
travail et des débats entre techniciens qui ne doivent pas nous faire
perdre l’objectif qui est l’arrachement de nos langues de la
soumission impérialiste et leur transformation en support de la
science et de notre développement.
La Rédaction

FINALE DE LA COUPE DE LA CONFEDERATION DE LA CAF A COTONOU
LA JEUNESSE ENCORE EXCLUE !?
e samedi 10 Juillet 2021, Cotonou va abriter la finale de la Coupe de
la Confédération de la CAF. Ainsi, les équipes finalistes à savoir le club
algérien Jeunesse Sportive de Kabylie et Raja Athlétic Club du Maroc
vont croiser leurs crampons au stade GENERAL MATHIEU KEREKOU
de Cotonou. Sont attendus à ce grand rendez-vous sportif du football
africain, 12.000 spectateurs. A cet effet, le gouvernement du Bénin a défini
les conditions pour accéder au stade. Selon un communiqué publié sur le
site internet du gouvernement Béninois le 05 juillet 2021, il est mentionné :
« L’accès au stade dans le cadre de la finale de la Coupe CAF ENERGY 2020-
2021 est libre et gratuit. Néanmoins,…il est exigé la présentation d’un test
négatif de la Covid-19 comme ticket d’accès au stade. » Autrement dit,
n’entre au stade que celui qui exhibe le résultat négatif de son test de la
Covid-19. Par ailleurs, le même communiqué précise que pour faire le test,
il faut aller se faire enregistrer sur une plateforme en ligne et récupérer un
code à présenter dans les différents centres de dépistage afin d’être
exonéré des frais de dépistage s’élevant à 51.000 FCFA. Dans le cas
contraire, l’intéressé est contraint au paiement des 51.000 FCFA. Ce qui
suppose un instant que tous les jeunes qui n’ont pas accès à l’internet pour
une raison ou une autre ou qui ne peuvent mobiliser la somme de 51.000
FCFA sont d’office exclus.
C’est pour la 1ère fois dans son histoire que le Bénin accueille une finale de
la Coupe de la Confédération CAF. Naturellement, l’évènement a créé un
enthousiasme au niveau de la jeunesse Béninoise. Ainsi parmi les 12.000
spectateurs attendus, la jeunesse sera au premier rang en termes de
mobilisation. C’est donc naturel ! Car partout au monde, les jeux et autres
activités d’épanouissement en dehors des études occupent la jeunesse.
Face à cette réalité objective, l’on s’interroge alors sur l’intention réelle du
gouvernement envers cette jeunesse Béninoise lorsqu’il décide de fixer des
barrières pour l’accès au stade. En plus de la faim et la misère généralisées
que le pouvoir de Talon inflige à la jeunesse Béninoise, faut-il encore lui
exiger un test de COVID pour suivre un match de football alors que le coût
du test s’élève à 51.000 FCFA? N’est-ce pas là encore une autre politique
d’exclusion de la jeunesse du peuple de la jouissance de son droit au loisir
qui lui est capital ?
C’est donc clair que l’épanouissement de la jeunesse Béninoise ne
préoccupe guère Patrice TALON et son gouvernement. Alors, jeunes du
Bénin, levons-nous contre l’injustice, l’inacceptable et l’inadmissible !
Cotonou, le 09 juillet 2021
Pour le Comité Exécutif du Conseil
Le Président
LLA FLAMME N°409 09 juillet 2021
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Damien DEGBE.

Opération assainissement des axes routiers à Parakou :
Encore un moyen pour pressurer les propriétaires de taxi
interurbain.
e maire de Parakou, Monsieur Inoussa ZIME CHABI, a lancé
une opération dite ‘’assainissement de la circulation sur les
axes routiers à l'intérieur de la ville’’. Ladite opération
consiste à réprimer tout conducteur de taxi interurbain faisant le
chargement ou le déchargement hors des gares routières de la
ville. La police républicaine est mobilisée pour la réalisation de
l'opération.
Depuis deux semaines déjà, les conducteurs de taxi interurbain
sont traqués par les agents de police commis à la besogne. Le
bilan de cette chasse aux conducteurs de taxi interurbain est
lourd. Des dizaines de taxis ont été arrêtés et mis en fourrière.
Pour entrer en possession de leur moyen de travail, les
propriétaires doivent payer une amende de 50.000 FCFA et une
somme de 15.000 FCFA pour frais de fourrière. Malgré eux, les
propriétaires de ces taxis arbitrairement arrêtés payent cette
somme de 65.000 FCFA afin de retrouver leur moyen de travail.
En apparence, cette opération est bien au regard de l'intention
avouée de l'autorité municipale : réduire les accidents de
circulation à l'intérieur de la ville. Mais avant et après tout ce qui
motive cette opération, c'est le financement du budget de la
municipalité qui constitue la source d'enrichissement pour les
fonctionnaires du président Patrice TALON à la tête de nos
communes et municipalités. En effet, un maire qui veut
réellement lutter contre les arrêts hasardeux des taxis
interurbains qui participent à l’encombrement des voies à
l'intérieur de nos villes devrait créer les conditions matérielles en
mesure d'instaurer une pratique sociale collective et individuelle
favorisant la sécurité des personnes, des biens et les activités
économiques et qui assurent aux citoyens les meilleures
conditions de voyages. C'est à cette condition que la répression
des comportements qui entravent les activités économiques
peut être productive.
Pour une ville comme Parakou, les arrêts hors gare routière de
véhicules de transport commun s'imposent. Les points d'arrêt au
bord des voies à l'intérieur de la ville doivent être définis et
aménagés. Ces points devraient être distants de 500 m à 1 km les
uns des autres. Ce dispositif simple et qui pourrait instaurer
l'apprentissage collectif à la discipline sur nos voies n'effleure pas
l'esprit du maire Inoussa ZIME CHABI parce que les motivations
de son opération sont ailleurs. Dans le même sens, les gares
routières existantes devraient être aménagées afin que le
citoyen qui veut voyager y trouve des conditions d'attente qui le
mettent à l'aise. Ce qui n'est pas le cas actuellement dans les
gares routières de Parakou. Aux gares routières de Guéma, Nima,
Oké Dama communément appelée gare Tchaourou, il n'y a ni
hangar de fortune comme lieu d'attente des voyageurs, ni
toilettes. C'est dans des conditions difficiles que les voyageurs
sont tenus de faire de longues heures d'attente qui durent plus
que par le passé en ces temps de crise sociale qui entraîne la
réduction du nombre de voyageurs. Pour ne pas vivre le calvaire
dans ces gares routières, le voyageur préfère attendre au bord
de la voie pour entrer dans le premier taxi venu et descendre au
bord de la voie à son arrivée. Les conducteurs suivant cette
tendance des voyageurs font la ronde sur les voies à la recherche
de clients. Cela gêne les intérêts des maires et des aristocrates à
la tête des associations des conducteurs des taxis qui vivent des
taxes que payent les conducteurs.
Un maire soucieux de la fluidité de la circulation sur nos voies, de
la sécurité routière devrait s'attaquer aux causes profondes de la
pratique qu'il juge indésirable au lieu de réprimer les
conducteurs de taxi interurbain. Cette guerre contre les
conducteurs de taxi interurbain ne va pas mettre fin à la pratique
tant que sa cause demeure. Si Inoussa ZIME CHABI se trouve
incapable de comprendre les raisons réelles des chargements et
déchargements hors gare routière et d'apporter de solution
idoine aux aspirations des populations de Parakou, il doit arrêter
de tracasser les conducteurs de taxi interurbain et de leur faire
payer un impôt indirect qui ne fait qu’aggraver leur misère.
D. Zermatt,
Correspondant du journal La Flamme à Parakou.
Contre la faim planifiée, mobilisons-nous pour éviter la
mort.
a scène se passait le dimanche 04 juillet 2021, dans un
village de l’arrondissement d’AZOWLISSE dans la Commune
d’ Ajohoun.
Qu’y a-t-il au juste ?
Comme à l’accoutumée, le groupe de tontine appelée ‘’
OGBEMADON’’ a bouclé son cycle de tontine. Fort au départ de
45 membres, ce groupe, après avoir fini le cycle, organise de la
bombance, de la fête sous apatam avec souvent des membres
habillés d’un tissu choisi pour la circonstance. Généralement, il y
a de repas copieux avec poissons ou viande au rendez-vous avec
la boisson.
Cette fois-ci, c’est la galère, le calme plat. C’est comme l’occasion
d’un deuil. Le groupe qui était au départ de 45 membres, s’est
retrouvé à l’arrivée avec 28 parce que beaucoup de gens se sont
retrouvés dans l’incapacité de continuer par honorer leur mise,
chemin faisant. C’est comme cela que la cagnotte prévue pour
les manifestations en fin de cycle de la tontine s’est réduite et
n’a plus permis aux responsables de faire face aux besoins prévus
pour faire la fête.
A la question de savoir pourquoi cette cascade d’abandons, ceux
qui ont voulu s’extérioriser n’ont pas manqué d’alléguer les
difficultés à faire face à la survie de la famille et aux charges
sociales ; ils estiment que la vie est devenue trop chère pour leur
permettre de trouver de ressources financières à chaque période
pour honorer leurs engagements.
Alors, à leur corps défendant, pour ne pas rester sans rien faire,
le reste des membres dudit groupe ont décidé de faire la fête,
cette fois-ci, non pas avec du riz, de macaroni, etc. arrosés de
bière et de sucrerie mais en délayant du gari accompagné de
galette « kloui-kloui ».
Ainsi va aujourd’hui la vie sous la rupture avec le mandat
hautement social promis par Patrice Talon.
Le peuple, pour souffler et espérer survivre, doit se lever et
exiger de Talon le droit à la vie. Il doit se lever contre la faim.
C’est son droit.
De Jules Agbozo
Correspondant de La FLAMME, depuis Adjahoun
L
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Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 8
QUELQUES FAITS QUI ILLUSTRENT LA FAMINE PLANIFIEE
DU POUVOIR DE TALON DANS LE COUFFO.
epuis quelques mois, la population béninoise crie à la
famine. Cette faim planifiée par le pouvoir de TALON
Patrice à travers sa politique « DE SERRER LA CEINTURE »
a mis tout un peuple à genoux. Dans le Couffo, les populations
n’en peuvent plus. Les preuves sont là. Dans certaines
communes comme Klouékanmè, à KOKOHOUE dans la commune
de Djakotomey, à DOGBO des individus non identifiés coupent
la route aux petites filles de 10 à 13 ans environ qui reviennent
du moulin avec la farine du maïs, leur arrachent la farine et la
bassine puis disparaissent soit dans les champs ou démarrent
leurs motos et s’en vont.
A TOVIKLIN, dans l’arrondissement de Missinko, des voleurs ont
vidé un grenier à maïs dans une cour commune ; une jeune dame
a volé de la noix de palme pour 150F dans le marché de nuit.
Dans la même commune un homme âgé d’environ 60 ans a
vendu des domaines d’autrui, interpelé au tribunal, il a reconnu
les faits et a affirmé que c’est parce qu’il a faim. A Klouékanmè,
dans une cours commune une maman a préparé la pâte et l’avait
distribuée dans 4 différents bols. Le temps de rentrer dans la
chambre pour déposer deux bols contenant de la pâte et de
revenir chercher les deux autres restant, elle a constaté qu’ils ne
sont plus là. A tout cela s’ajoute la recrudescence du
cambriolage des boutiques, des chambres. Le vol des poulets et
cabris par des femmes. Une femme a été battue et mise nu par
les usagers du marché de Klouékanmè il y a environ deux
marchés. Les enfants sont régulièrement arrêtés dans les
champs avec des sacs DANGOTE de 100F en main à la recherche
de quelques fruits d’orange ou de pomme.
Voilà comment les populations de nos villes et campagnes dans
le COUFFO vivent la famine planifiée du pouvoir de TALON. Il est
temps que nous nous levions pour dire trop c’est trop ! Halte !
On ne peut plus continuer par serrer la ceinture inutilement
SOSSOU
Correspondant de La Flamme dans le Couffo.
L'insécurité généralisée dans l'Alibori : une autre facette
de l'échec de la rupture.
epuis plusieurs mois se multiplient des assassinats lâches
dans l'Alibori.
Dans la Commune de Malanville un jeune garçon a été
charcuté dans l'arrondissement de MADECALI. Quelques mois
après, un conducteur de Taxi moto a été égorgé et son corps jeté
dans des ravins derrière le Centre de santé de l'arrondissement
central de Malanville. Le cas le plus récent est le décès suspect
d'un étudiant en deuxième année de Lettres modernes à
l'Université de Parakou. Ceci se passait le 27/06/2021 à Ségbana.
Venu en vacances juste après les examens de fin d'année, il y a
quelques jours, le jeune garçon a été retrouvé sans vie à la
devanture de leur maison à environ 10 mètres du portail dans la
matinée de ce dimanche. Après quelques investigations de la
police, le corps a été transporté à la morgue de Parakou pour les
besoins de l'enquête. Il s'agit de BANI TIAN Paul né le 26/06/1999
à Sèrèkibè, un village de ladite commune.
Tout porte à croire que la sécurité des populations ne préoccupe
nullement les autorités de ce département. Il ne reste que les
populations se prennent en charge pour assurer leur propre
protection.
Ousséni.

Interview de la Rédaction au Pr. Philippe Noudjènoumè
Président de l’Alliance Pour la Patrie,
Premier Secrétaire du PCB
e Journaliste : Mr Le Président de l’Alliance Pour la Patrie,
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin, bonjour
Pr Philippe Noudjènoumè : Bonjour
Le Journaliste. Dans le dernier numéro notre Organe Politique
« La Flamme » ont été insérés deux textes : « Message de
l’Alliance Pour La Patrie et du Parti Communiste Du Benin au
« Congrès du bicentenaire des peuples du monde » à Caracas le
21 juin 2021 et le « Communiqué d’une délégation de l’APP et du
PCB » «en date du 24 Juin 2021. Cela veut dire que certainement
vous avez été dans ce pays ?
Pr Philippe Noudjènoumè : Merci M. le Journaliste. En effet j’ai
été invité ès qualité de Président de l’Alliance pour la Patrie et
Premier Secrétaire du Parti Communiste du Bénin par le
Gouvernement Révolutionnaire du Venezuela à prendre part au
« Congrès du Bicentenaire des Peuples du monde » tenu sous
l’égide du PSUV (Parti Socialiste Unifié du Venezuela), parti au
pouvoir. L’occasion est de commémorer le 200ème anniversaire
de la bataille de Carabobo gagnée par le Libérateur, Simon
Bolivar sur les colonialistes espagnols le 24 Juin 1821 et qui scella
l’indépendance de bon nombre de pays latino-américains tels le
Panama, la Colombie, l’Equateur et bien sûr le Venezuela. J’ai
séjourné dans ce pays du 17 au 26 juin 2021.
Le Journaliste : Vous avez pris part à ce Congrès ; qu’est-ce que
vous pouvez nous en dire ?
Pr. Philippe Noudjènoumè : D’abord je voudrais souligner que ce
n’est pas la première fois que le Gouvernement du Venezuela
invite des Organisations démocratiques et patriotiques du Bénin
à prendre part à ses différentes manifestations. Déjà il y a deux
ans en 2019, nous y avons envoyé des représentants des
organisations de jeunes, de femmes, des droits de l’homme et
du Parti. En novembre-décembre 2020, j’ai personnellement été
invité à titre « d’Observateur » aux élections législatives qui se
sont déroulées dans ce pays. Pour des raisons de disponibilité de
temps, je n’ai pas pu m’y rendre. Cette fois cela a été la bonne.
Ensuite, il faut dire que le « Congrès du Bicentenaire » a été un
grand évènement anti-impérialiste de dimension mondiale.
Imaginez une Assise de plus de 1000 Délégués de tous les pays
et de tous les Continents, représentant des Peuples et
communautés diverses et unis par une seule cause : souffrance
de l’oppression et de l’exploitation impérialiste à travers la
planète. Un seul mot d’ordre : « Non à l’impérialisme, le peuple
uni ne sera jamais vaincu » C’est l’internationalisme
révolutionnaire pouvant être exprimé par ce slogan « Opprimés
de tous les pays unissez-vous », un Congrès ouvert par l’hymne
« l’Internationale » devant des Ministres du Gouvernement et
des Représentants diplomatiques tels ceux de Chine, de Cuba, du
Vietnam etc. Cela change un peu par rapport à ce que nous
vivons ici. Le manifeste qui en est issu est illustratif « L’humanité
exige une alternative à la destruction de la planète, à
l’exploitation humaine et aux injustices sociales de l’ordre actuel.
Notre Amérique se joint à cette clameur, …Le monde prend de
nouvelles directions. L’humanité se bat pour ses différentes
visions du monde, crie pour que sa diversité culturelle converge
dans un nouvel ordre mondial... La libération des peuples est
subordonnée à la possibilité de construire un nouvel ordre
caractérisé par un arc-en-ciel de nations souveraines et de
D
D
LLA FLAMME N°409 09 juillet 2021
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 9
projets de sociétés fondées sur la justice et la solidarité..
L’émancipation passe par la création de mondes nouveaux.
L’avenir exige de préserver la vie… » De tels accents
internationalistes, de telles proclamations révolutionnaires ne
peuvent que renforcer l’engagement des peuples à
l’émancipation, à la révolution.
Le Journaliste : Qu’est-ce qui a expliqué que le Gouvernement du
Venezuela organise un tel Congrès des Peuples ?
Pr. Philippe Noudjènoumè : Le Gouvernement révolutionnaire
du Venezuela est en butte depuis l’accession du Président Hugo
CHAVEZ FRIAS au pouvoir à des mesures d’agressions politiques,
militaires, économiques technologiques injustifiables, à un
blocus des plus sévères qu’un pays (en dehors de Cuba, de l’Iran
etc.) ait subis. Cela est révoltant à la conscience humaine. Les
effets sont visibles dès que l’on met pied dans ce pays, le
Venezuela, auquel la nature a tout donné et qui est destiné à être
un pays de rêve. Imaginez un pays aussi grand que le Nigeria,
près de deux fois plus grand que la France et plus de huit fois le
Bénin, doté d’énormes richesses minières : le Venezuela détient
les 1ères réserves mondiales prouvées de pétrole brut au monde
(302,25 Mds de barils, soit 1/5ème des réserves mondiales)
devant l’Arabie Saoudite, et les 4èmes réserves au monde de gaz
naturel (après la Russie. l'Iran et le Qatar, et avant l'Arabie
Saoudite)).
Le pays dispose également d’autres vastes ressources minières
(or, bauxite, fer, nickel, charbon… d’uranium) et hydrauliques,
ainsi que d’un potentiel agricole important. Un tel pays, le 5ème
en PIB d’Amérique latine en 2010, ne peut souffrir si des
exactions (sous formes de sanctions allant jusqu’au braquage des
énormes réserves de milliards de dollars dans les banques nordaméricaines) très graves de la part de l’Impérialisme Us n’ont pas
été commises contre le vaillant peuple vénézuélien.
Le Journaliste : Qu’est ce qui explique cette haine de
l’impérialisme US à travers les Administrations américaines
(Obama, Trump, et maintenant Biden) contre le Régime
révolutionnaire bolivarien de Caracas ?
Pr. Noudjenoume : Le seul crime commis par feu Hugo CHAVEZ
est d’avoir nationalisé les entreprises d’exploitations de pétrole
au Venezuela qui étaient pour l’essentiel US, c’est d’avoir établi
un régime révolutionnaire.
Le Journaliste : Quelles autres observations avez-vous à faire par
rapport à votre déplacement dans ce pays ?
Pr. Noudjenoume : J’ai découvert au Venezuela un peuple frère,
même de sang (car je n’ai jamais vu un peuple aussi métissé,
aussi mélangé que le peuple vénézuélien (Blanc- Noir- Jaune).
C’est dire qu’une proportion importante de la population
vénézuélienne est d’origine africaine et peut-être béninoise. J’ai
trouvé un peuple fier, brave, généreux, amical, enthousiaste, un
peuple frère seulement séparé par l’océan, mais martyrisé et
malmené par l’impérialisme du seul fait de ses énormes richesses
et de l’exercice de sa souveraineté sur son sol. Les luttes sont
donc communes. Il s’agit de faire connaître ce peuple au peuple
béninois, son histoire, ses luttes et ses espoirs.
Le Journaliste : Merci M. Le président et Premier Secrétaire.
Cotonou le 08/7/2021
HAITI, PEUPLE HEROIQUE ET MARTYR
ans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 juillet 2021, le Président
haïtien a été assassiné ; ce qui plonge le pays dans un terrible
chaos. Depuis quelques jours avant cet assassinat, le pays était
secoué par divers mouvements entrainant la détresse de la
population. La presse internationale à la solde des impérialistes relaie
abondamment ces évènements, oubliant de situer leur responsabilité
dans le drame que vie ce peuple martyr depuis plus de deux cents ans.
Nous publions à ce propos, un article de 2010, après le tremblement
de terre et qui est toujours valable par rapport à la situation actuelle.
La Rédaction.
« Scènes de désolation, bidonvilles écrabouillés, corps mutilés,
étalement de la misère, élans de générosité, de soutien ;
mobilisations tous azimuts etc. Tout ça est bien ; mais avant tout, il
faut savoir.
Il faut savoir que comme aujourd’hui ou le capitalisme financier
spéculateur et usurier domine le monde, avec la Banque Mondiale, le
FMI et tous les clubs de Paris, de Londres, et tutti quanti qui montent
la garde, au 18ème siècle, le système dominant dans le monde, c’était
le système esclavagiste de la traite négrière. Comme aujourd’hui où
quiconque ose dire que le système actuel ne peut pas continuer
comme cela, est indexé comme un extraterrestre, en 1803, le peuple
haïtien dirigé par le Général Toussaint Louverture, a osé mettre fin
au système esclavagiste et a battu à plate couture les troupes
envoyées par Napoléon pour son rétablissement ; un tiers de la
population périt pendant cette guerre.
Il faut savoir qu’à partir de cette date, la France, l’Europe et même les
USA qui venaient de conquérir leur indépendance ne pardonnèrent
pas à ces esclaves noirs, cet affront contre la civilisation blanche et
que de 1803 à 1825, Haïti a subi un blocus terrible de toutes ces
puissances. De cette période, date la déforestation qu’on constate
aujourd’hui dans le pays puisque les Haïtiens, isolés, ont dû utiliser
toutes leurs forêts pour produire de l’énergie.
Il faut savoir qu’en 1825, pour lever le blocus contre Haïti et
permettre sa reconnaissance internationale, la France, a exigé une
indemnité de 150 millions de franc-or soit cinq fois son propre
budget de l’époque- pour reconnaître l’indépendance haïtienne.
Aujourd’hui, cette somme est estimée à 21 milliards de dollars. Haïti
a fini de la payer en 1947 !!! Soit pendant plus d’un siècle.
Il faut savoir que de 1915 à 1934 les USA occupèrent Haïti en lui
imposant des pouvoirs dictatoriaux fantoches dirigés par la minorité
créole métisse, puisque, selon Robert Lansing le Secrétaire d’Etat
américain d’alors, « la race noire est incapable de se gouverner seule
puisqu’elle a une tendance inhérente à la vie sauvage et une
incapacité physique de civilisation. » Ils ne se retirèrent que quand ils
ont obtenu le paiement des dettes de la city Bank que Haïti refusait
de rembourser et l’abrogation de la loi interdisant la vente des
plantations aux étrangers.
Il faut savoir que pendant la guerre froide, les USA soutinrent la
dictature des Duvalier père et fils avec les fameux tontons macoutes
qui poussèrent à l’exil, des milliers et des milliers de cadres haïtiens,
décapitant l’élite intellectuelle du pays.
Il faut savoir que depuis la chute de cette dictature, Haïti est enchainé
par les programmes successifs du FMI et de la Banque Mondiale qui
exigent le démantèlement des quelques services publics de l’île. Le
seul pouvoir haïtien qui a osé s’opposer à ces diktats, a été renversé
par le colonel Raoul CEDRAS avec le soutien des américains qui pour
cacher leur implication dans ce putsch sanglant, ont subtilisé 160.000
pages d’archives secrètes du pays qu’ils ont déménagées à
Washington. Souhaitons seulement que les dizaines de milliers de
marines américains qui débarquent actuellement sur l’île, y vont pour
les Haïtiens et non pour autre chose. Mais : Il faut savoir comme l’on
dit, que l’Enfer est pavé de bonnes intentions.
Pleurer, compatir, apporter son soutien au peuple haïtien face au
désastre actuel, il faut le faire. Mais :
Il faut savoir que le peuple haïtien a payé et continue de payer pour
un crime qu’il a commis il y a deux siècles ; un crime de lèse-système
! Celui d’avoir été le premier peuple à dire non à un système de
déshumanisation et d’abêtissement du genre humain, le système
esclavagiste.
GILBERT KOUESSI »
DLA FLAMME N°409 09 juillet 2021
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! Page 10

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