ADRESSE XXIV
COMBATTRE L’AUTOCRATIE
TOUT EN REJETANT LA STIGMATISATION ET LA PEUR PANIQUE REPANDUES SUR LE BENIN.

 

Béninoises, Béninois de l’Intérieur et de la Diaspora.
Citoyens d’Afrique et du Monde !
1°- Les 1er et 02 Mai 2019, le peuple de Cotonou et de Kandi notamment s’insurgeait dans les rues contre le pouvoir autocratique et despotique de Patrice Talon. La barbarie de ce pouvoir (qui tirait à balles réelles sur sa population avec à la clé, de nombreux morts et blessés et de nombreuses arrestations) apparaissait grandeur nature à l’opinion publique internationale. Et celle-ci ne s’en privait d’ailleurs pas d’en traiter largement sur les grands mass-médias, tels BBC mais notamment français (TV5, RFI, France24, le Figaro, l’Express, Le Monde etc.)
2°- Le 04 Mai 2019, par un communiqué de l’Elysée (Présidence de la République française), nous apprenons que ce même jour, 1er Mai, se produisait l’enlèvement de deux touristes français et de leur guide béninois, notre compatriote Gbédji Fiacre, lui sauvagement assassiné et retrouvé quelques jours plus tard.
3°- Le 10 Mai, un autre communiqué de la Présidence française annonçait la libération des deux touristes français enlevés ainsi que de deux autres otages, une Américaine et une Sud-coréenne tout en déplorant le décès de deux de ses militaires français engagés dans l’opération de sauvetage.

La concomitance et la rapidité de ces évènements, et surtout les traitements qui en sont faits sur les grands organes de presse français ont déclenché une polémique opposant d’un côté les éléments se réclamant du patriotisme (dont certains ouvertement sont les défenseurs du pouvoir de Talon) et de l’autre, des démocrates sincères, outrés à juste titre par le pouvoir dictatorial de Talon, qui soutiennent la campagne médiatique française et se disent capables de s’allier même avec le diable pour faire chuter ce pouvoir vomi par le peuple béninois.

Béninoises, Béninois de l’Intérieur et de la Diaspora.
Citoyens d’Afrique et du Monde !
Dans une Déclaration du Parti Communiste du Bénin en date du 7 mai 2019 il est dit ceci : « l’enlèvement des deux touristes français intervient à un moment de crise politique aigüe au Bénin, avec les crimes de sang que perpètre le pouvoir sanguinaire de Patrice Talon contre le peuple et à juste titre, dénoncé par la presse étrangère, notamment RFI et France-24.
Du fait de ces considérations, des interprétations diverses sont avancées dont certaines tendent à dire que l’enlèvement des deux touristes français est trop bien « arrivé à propos » pour servir de prétexte pour une intervention étrangère au Bénin et l’occupation de notre territoire par les troupes françaises. »
En effet le déroulement de ces événements- leur concomitance (l’enlèvement des touristes français intervenant le même jour- le 1er mai- que de grands mouvements insurrectionnels au Bénin), la rapidité de leur libération soulève maintes interrogations et maints questionnements :
1°- Comment les touristes français ont-ils été enlevés ? 2°- Qui les a enlevés ? (Puisque jusque-là nous n’avons enregistré aucune organisation s’en réclamant la paternité). 3°- Comment et pourquoi le guide, notre compatriote, a été tué et dans quelles conditions ? 4°- Qui sont les deux autres otages « Américaine et Sud-Coréenne ». 5°- Depuis quand ont-elles été enlevées et pourquoi on n’en a jamais parlé auparavant ? Autant de zones d’ombre qui interrogent.
Oui il y a de quoi s’interroger ?
Il y a de quoi s’interroger sur la surabondance médiatique française donnée en couverture de l’événement et surtout l’orientation donnée par cette presse. Un traitement ouvertement inéquitable et donc biaisé des choses. Et comme il n’y a pas de hasard dans ce domaine surtout lorsqu’il s’agit d’organes aussi puissants que ceux concernés, cela ne peut être qu’à dessein.

Béninoises, Béninois de l’Intérieur et de la Diaspora.
Citoyens d’Afrique et du Monde !
Qu’est-ce qui autorise à déclarer le nord du Bénin zone « à risque » avec la zone de la Pendjari comme zone « rouge » du seul fait d’un seul enlèvement de touristes ? Qu’est-ce qui explique ce traitement médiatique outré dont l’objectif non dissimulé est de stigmatiser une région, d’isoler du reste du monde des populations qui y vivent et de semer la panique dans le cœur non seulement des touristes étrangers mais encore dans le peuple béninois ?
Ce traitement est d’autant plus inacceptable qu’il n’en est pas de même en cas de survenance d’actes terroristes en France même. En cas de survenance d’actes terroristes dans ce pays, et il y en a eu beaucoup depuis 2011 (Charlie Hebdo, Bataclan, Stade de France, Hypercasher, Toulouse, les Ecoles juives ; rien que pour l’année 2012, il y a eu 78 attentats terroristes en France, 21 en 2013 etc. et j’en passe), le mot d’ordre a toujours été « Ne pas céder à la peur. Céder à la peur, c’est encourager le terrorisme». Et le lendemain de ces événements en général, les salles de spectacle et les terrasses de café sont remplies de monde comme si de rien n’était. Voilà le comportement correct.
Mais pourquoi en serait-il autrement au Bénin ou en Afrique ? Il faut s’interroger.
Le Parc National de la Pendjari, disons- le, c’est au moins 4800 km2, soit un territoire plus vaste que le Cap-Vert et 4 fois l’Ile Maurice, deux fois le Luxembourg etc. C’est la plus vaste réserve naturelle encore existante en Afrique de l’Ouest. Qu’il s’y produise un enlèvement sur cette vaste étendue de territoire ne peut constituer un motif de stigmatisation et de développement de la peur.
Un peuple qui a peur est un peuple esclave. Qui a intérêt à semer la peur, la panique sur notre pays, sur notre peuple pour le rendre esclave ? Si ce ne sont ceux qui ont pour objectif de se constituer comme le dernier recours contre la peur? C’est donc ceux qui ont pour objectif de venir occuper notre territoire pour en être le recours contre « le terrorisme », baptisé de tous les noms selon le principe impérialiste bien connu qui consiste à créer le problème pour en être la solution.
Car en réalité qui a créé ou favorisé le terrorisme, le djihadisme en Afrique de l’Ouest ? A y regarder de près c’est les grandes puissances dominatrices du monde à commencer par la France. Deux choses illustrent ce que j’avance. La première, c’est la destruction du sanctuaire anti-terroriste et anti-djihadiste représenté par le régime de Kadhafi, qui a favorisé la dissémination des armes et l’expansion terroriste en Afrique de l’Ouest. Et qui a fait cela ? C’est les gouvernants des grandes puissances, Sarkozy, président français en tête.
Le cas du Mali est plus frappant. En 2012, c’est à Paris en France que s’est proclamée l’indépendance de l’AZAWAD, un territoire soi-disant touareg (au sein du Mali) avec pour objectif, la sécession de la zone de Kidal ; cet acte avait un appui sans fard du gouvernement français. Et l’on sait la suite. Les Djihadistes se sont installés et la même France depuis 2013 est installée au Mali sous le prétexte de lutte contre le terrorisme. Depuis lors les choses se sont empirées ; non seulement le Mali n’est pas pacifié par l’opération Barkhane, mais le djihadisme s’est étendu à tout le Sahel (Mali, Niger, Burkina, Nord Nigeria, Nord Cameroun) et le G5 Sahel sans oublier l’Africom sont désormais les seules références à l’exclusion des peuples de ces pays. Et tous les jours, le terrorisme s’étend avec des massacres inter-communautaires (inter-ethniques) et puis inter-religieux.et ce, en dépit des réunions internationales et des engagements pris. Cela permet à ces forces d’occupation de continuer à demeurer tranquillement sur les territoires. On crée le problème pour intervenir, on l’entretient pour se maintenir sur place. En fait, une vraie recolonisation de l’Afrique de l’Ouest est en cours sous nos yeux. Les peuples ouest-africains, à cause des immenses ressources de leurs terres, sont en voie d’infantilisation avancée sous l’effet des discours humanistes, lénifiants et menteurs.
Avant-hier, pour aller amener des millions d’Africains en esclavage, le prétexte tout trouvé et béni par le Pape Nicolas V dans sa bulle papale « Romanus pontifex », c’est « qu’il n’y a pas d’âme dans le corps noir ». Hier pour aller conquérir les terres africaines, le prétexte a été « aller apporter la civilisation à des peuples sauvages ». Et on vient, on fait la guerre et on s’installe. Aujourd’hui, le prétexte trouvé, c’est le terrorisme. Il faut alors aller sauver les peuples africains incapables de se défendre contre le « terrorisme ».
Non ! Notre peuple ne veut pas cela.
Nous devons combattre énergiquement la peur. L’ennemi premier à combattre pour la victoire du mouvement général de Résistance en développement dans tout le pays contre l’autocratie de Talon, c’est la peur. Nous devons nous dire et dire à notre jeunesse, il n’y a rien de plus beau que de se battre pour sa patrie y compris même au prix de sa vie. Il ne faut pas avoir peur devant les chars de l’autocrate Patrice Talon. Nous allons le vaincre, cela ne fait l’objet d’aucun doute. Nous allons enrayer l’autocratie de nos terres adorées. Nous ferons honneur à nos héros que sont Béhanzin, Bio Guèrra, Kaba etc.
Dans la Déclaration de mon Parti en date du 7 mai sus-citée nous écrivions :
« Tout problème interne au Bénin, qu’il soit d’ordre politique, sécuritaire ou autre, ne peut être résolu que par le peuple béninois lui-même, certes avec le soutien des peuples du monde, mais sans intervention militaire étrangère ».
C’est pourquoi je dis que notre peuple n’acceptera pas l’occupation de notre territoire par une force militaire étrangère sous le prétexte de lutte contre le « terrorisme ». La lutte contre le terrorisme au Bénin, c’est l’affaire du peuple béninois qui, tout en confiance en lui-même, doit rechercher et trouver les ressources internes, les solutions idoines à son éradication : En mobilisant non seulement les forces armées et de police béninoises, les agents des eaux et forêts, les populations des zones concernées, mais l’ensemble du peuple organisé pour assurer la sécurité, sa sécurité. Le peuple béninois dans toutes ses composantes, est à même d’assurer la sécurité de tout touriste qui aime notre pays.
Si, en dépit de ces avertissements, l’on s’avise à venir quand même installer dans notre pays, une base militaire étrangère, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, ce sera une agression pure et simple contre notre pays (comme en 1890-1894) contre son peuple qui ne manquera pas de trouver des voies et moyens d’y répondre.
Cotonou le 15 Mai 2019.
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