ADRESSE XV
Aux travailleurs et au peuple en lutte

LA TERRE DE BEHANZIN, BIO GUERA ET KABA N’ACCEPTERA JAMAIS LA RECOLONISATION DE LA PATRIE

 

Travailleurs, peuple du Bénin,
Depuis le 04 Avril 2018, le Port Autonome de Cotonou est dirigé par une nouvelle équipe, entièrement composée d’étrangers belges conformément au contrat signé le 08 janvier 2018 par le gouvernement de Talon avec le Port d’Anvers (Belgique) à travers sa filiale PAI-SA. Ainsi le peuple béninois a vu ébahi et indigné, débarquer, du jour au lendemain à la tête de la plus Grande et Vitale Entreprise du Bénin, le Port Autonome de Cotonou, une Administration étrangère au Bénin. Avec comme Directeur Général du Port, Christian De BLOCK, l’équipe est composée de huit expatriés avec : Eddy BRUYNINCKX ; directeur financier : Jan ADAM ; directeur commercial : Luc AMOUTS ; directeur infrastructures et environnement: Salut BERNAERS ; directrice des ressources humaines : Pascale Van HOECKE ; commandant du port : Jan VERBIST ; directeur de la gestion du patrimoine : Bjorn VERHOEVEN. Ce Nouveau Directeur Général a pris la direction des choses le 04 avril. Après un moment de stupeur, les réactions de notre peuple sont à la mesure de l’indignation et de l’humiliation subie : « Les Blancs ont envahi notre pays » ! « Patrice Talon a confié le poumon économique du Bénin aux Blancs » ! « Bio Guèra, Béhanzin et Kaba doivent se retourner dans leur tombe ». « J’ai honte pour mon pays ! Je suis indigné ! Je suis en colère ! Injure à l’intelligence béninoise ! C’est le Bénin désert de compétences ! ….»
Oui, je vous ai entendu travailleurs, patriotes et peuple du Bénin. Bien sûr, il ne s’agit pas d’un problème de « Blanc », bien que le symbolisme du « Blanc » qui a colonisé par les armes notre territoire et continue encore de nous opprimer, soit encore fort dans les cœurs. Il s’agit tout simplement d’étrangers quelle que soit la couleur de peau, car on peut avoir des Belges Noirs, des Français Noirs et le mal serait pareil.

Mes chers compatriotes, j’ai entendu vos multiples cris d’indignation, de colère, de dégoût. Car en effet, il s’agit d’un jour de deuil ce 04 avril 2018, date de la prise de notre port par la légion étrangère avec des collabos et traîtres béninois. La forfaiture efface des acquis de l’indépendance formelle de 1960 ; elle est allée au-delà de ce qui se faisait avec des assistants techniques conseillers des nationaux. Ainsi un voile noir vient de couvrir sinon l’ensemble du pays, du moins son poumon économique. Il s’agit là d’une véritable humiliation nationale.
Non seulement on vient de confier notre port à des étrangers, mais encore à des aventuriers (le port d’Anvers) dont la renommée même en Belgique n’est pas des plus reluisantes à l’instar de cet article en date du 06 janvier 2018 intitulé « Le Port d’Anvers dans un vaste réseau de fraude douanière » qui a coûté aux finances belges « une perte fiscale de 5 milliards d’euros ! » (News BéninwebTV du 06 janvier 2018). Il est également cité comme un des plus grands ports de trafic de drogue vers l’Europe ! Mais enfin, quelle malédiction aurait ainsi frappé les Béninois au point de les rendre inaptes « incompétents » pour gérer leur port à l’instar des nationaux Togolais, Ghanéens, Nigérians etc. qui gèrent leurs ports reconnus aujourd’hui « performants » ?
Dans sa dernière prestation aux organes de presse de ses maîtres de la FrançAfrique, TV5, RFI, Le Monde (les organes de presse du Bénin ne méritent pas un tel honneur !) le nouveau néo-colon Patrice Talon déclare « Nous voulons de l’expertise pour gérer notre bien commun avec efficacité. Je vais chercher l’expertise où qu’elle soit. Je n’ai pas de pudeur à dire qu’il faut forcément mes partisans qui soient nommés pour la gestion du patrimoine qui nous est cher. C’est pour cela que nous avons confié la gestion de notre port à Anvers. Malheureusement à la déception de mes partisans qui, tous les jours, me harcelaient pour être nommés alors qu’ils n’ont pas la compétence requise. Nous sommes allés chercher le port d’Anvers qui est le deuxième port européen qui a une expertise avérée en la matière… Nous n’avons pas de honte à cela… Mais vous qui voulez diriger le port, vous êtes professeur d’histoire, vous êtes médecin. En quoi votre expertise nous permettra de faire du Port de Cotonou le plus compétitif de la sous-région. N’est-ce pas un mérite de dire non à ses parents, à ses partisans ? ». En clair comprenez : les seuls cercles où l’on peut chercher des experts en gestion de port au Bénin, c’est « parmi les parents et partisans » de Talon. En dehors de « ses parents et partisans », pas d’experts. Or, puisque parmi ses « parents et partisans », il n’y a pas d’experts en gestion portuaire, il n’y a que des professeurs d’histoire, des médecins, donc il n’y a pas d’experts en gestion portuaire au Bénin! Voilà la logique grave qui conduit notre pays. Et pourtant tous les jours démagogiquement, le Gouvernement de la Rupture parle de rechercher, par appel à candidature, des expertises pour la gestion des entreprises et administrations centrales dans le pays ! Rien que du vent ! Du pipeau !
Travailleurs, peuple du Bénin,
En février et mars 2016, vous vous êtes levés comme un seul homme, vous, descendants de Béhanzin, de Bio Guèra, de Kaba, vous, descendants de Kpoyizoun, Tofa, de Otoutou Bi Odjo, de Sossaminou et de Hounza, etc. femmes et hommes de nos diverses contrées, vous vous êtes levés pour dire « Non « à la recolonisation française de notre chère patrie sous la couleur électorale d’un « Lionel Zinsou », et vous avez triomphé ! C’était la première victoire collective de notre peuple depuis 1894. Nous avons vaincu la tentative de recolonisation à la sauce « Lionel Zinsou » et nous avons donné un signal fort aux colons parce que « Ici c’est le Bénin !». Mais celui qui a été bénéficiaire de ce sursaut patriotique se montre un agent de la recolonisation, un élément, « plan B de la FrançAfrique », un nouveau néo-colon, Patrice Talon. Il faut le vaincre. Tel est le nouveau défi à relever.
Travailleurs, peuple du Bénin,
Il y a exactement 128 ans, le 19 avril 1890, le Roi vénéré Gbêhanzin infligeait dans la célèbre bataille d’Atchoukpa (ou première guerre du Dahomey), une cinglante défaite aux troupes françaises commandées par Terrillon, obligeant les troupes d’agresseurs français à un repli pour revenir plus tard (dans ladite seconde guerre du Dahomey) avec le commandement du franco-sénégalais Dodds ; il y a 101 ans, le 07 Avril 1917, tombait les armes à la main, sous les balles des troupes françaises commandées par Renard, le héros Kaba dans les grottes de l’Atakora à Data-Woori ; il y a 100 ans, le 18 décembre 1917, tombait à Baura (Bembèrèkè), sur les rives du cours d’eau Buri, sous les balles meurtrières des troupes coloniales françaises, le héros combattant Bio Guèra.
Nous, Descendants de ces héros dont les sacrifices résonnent tous les jours dans nos cœurs et cimentent nos espoirs, notre patriotisme, ne devons jamais accepter une recolonisation quelle que soit la forme qu’elle revêt.
Voilà pourquoi, j’en appelle à tous les Béninois à faire échec à cette recolonisation avec la prise de notre Port. J’en appelle en particulier à tous les acteurs de la plateforme portuaire à développer toute initiative pour faire échec à l’administration étrangère de notre port, pour transformer la zone portuaire en un brasier brûlant sous les pas des néo-colons, belges dans le cas actuel.
Je vous remercie
Cotonou, le 26 Avril 2018.

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