LE SENS DE LA CONCERTATION DU 14 AVRIL A DJEFFA.

Le 14 avril 2018 à Djeffa dans la commune de Sèmè-Kpodji, s’est tenue une Concertation qui à coup sûr revêt un caractère historique dans notre Pays. Pourquoi ce lieu de Djeffa ? Parce que simplement le pouvoir de la « Rupture » dans sa rage, a interdit et empêché sa tenue dans tout lieu public à Cotonou.
Pour la première fois, depuis la Conférence Nationale de février 1990, se sont réunis de Hauts Représentants des deux Composantes de la Société béninoise, à savoir : la sphère des Gouvernants et celle de ceux-là qui se sont toujours battus aux côtés des travailleurs et du Peuple. Les Gouvernants avec la présence des deux Anciens Chefs d’Etat encore vivants : le Président Nicéphore Dieudonné SOGLO et le Président Boni YAYI, le Président du Patronat béninois, Sébastien AJAVON, Président d’Honneur du Parti USL, le Professeur Albert TEVOEDJRE, Ancien Médiateur de la République et Rapporteur Général de la Conférence Nationale de février 1990 ; sans oublier de nombreux anciens ministres, députés et hommes politiques du pays ; du côté du peuple en lutte, outre Philippe NOUDJENOUME,1er Secrétaire du PCB et Président de la Convention Patriotique des Forces de Gauche, membre des Personnalités présidant la Séance, les hauts Responsables du Front pour le Sursaut Patriotique : Jean Kokou ZOUNON, Eugène AZATASSOU, Gilbert KOUESSI, Léonce HOUNGBADJI, Thérèse WAOUNWA, de Responsables d’organisations syndicales de travailleurs, de femmes et de jeunes, etc.

Qu’est-ce qui a pu donc faire réunir ensemble des hautes Personnalités politiques et syndicales dont les positions divergentes, rivales et concurrentes face aux problèmes du pays sont connues ? Le destin de notre pays, le Bénin.
En effet, lorsque vous avez à la tête de l’Etat, un Président qui s’attaque de plein fouet aux libertés fondamentales si chèrement acquises et foule au pied la Constitution, Contrat qui lie tout citoyen, Loi Fondamentale sur la base de laquelle il a été élu, qui tous les jours commet des actes de parjure ;
Lorsque vous avez à la tête de l’Etat un Président dont le mode de fonctionnement s’exprime quotidiennement en conflits d’intérêts avec des prises illégales d’intérêts, consistant à s’approprier tout le patrimoine national et annonce allègrement au peuple vouloir imposer une Constitution autocratique qui légalise ces multiples voies de fait manifestes ;
Lorsque vous avez à la tête de l’Etat un Gouvernement qui s’attaque aux petits producteurs et vendeurs (en détruisant leurs conditions d’existence et de survie sans état d’âme), qui affame son peuple et qui demeure sourd aux cris de famine et de désolation de ce peuple ;
Lorsque vous assistez à des manœuvres de tripatouillages consistant, à travers le RAVIP, à imposer une liste électorale susceptible de conflits graves post-électoraux, et pour se faire réélire et se perpétuer frauduleusement au pouvoir ;
Lorsque vous avez depuis trois mois un pays paralysé tant dans ses rouages principaux que même dans les institutions constitutionnelles avec les établissements scolaires et universitaires, les hôpitaux, les tribunaux fermés, expression d’une véritable rébellion contre le pouvoir en œuvre ;
Lorsqu’enfin devant tant de misères et de cris de désespoir, s’observe un déficit patent d’écoute et de dialogue risquant de déboucher sur un conflit meurtrier aux conséquences incalculables, si vous avez du cœur et un sens de responsabilité, vous ne pouvez, vous ne devez pas rester insensibles.
Telle est la signification de la réunion du 14 avril 2018 à Djeffa. La cause en jeu transcende les divergences et les considérations personnelles et émotionnelles. Il s’agit de l’intérêt supérieur du Pays, il s’agit de sauver la Patrie en danger. Il s’agit de parler « Pays ».
Le Contenu de la Déclaration prise à l’issue de cette Réunion de Concertation est illustratif de l’enjeu :
« 1°- Que la Constitution du 11 décembre 1990 est l’expression unique de notre vouloir vivre ensemble.
2°- Que le Président de la République est coupable de violations manifestes du serment prêté le 06 avril 2016 en ne respectant pas les décisions de la Cour constitutionnelle ainsi que les lois de la République.
3°- Mettons en garde l’Assemblée Nationale contre toute velléité visant à faire remplacer la LEPI par une liste extraite du RAVIP.
En conséquence nous demandons au Président Patrice Talon de prendre la mesure des choses et de :
1°- Faire installer, sans délai, le COS-LEPI conformément aux décisions de la Cour Constitutionnelle ;
2° Faire procéder à un audit préalable de cette LEPI, en vue des élections législatives et présidentielles, constitutionnelles qui sont insusceptibles de report.
3°- Redonner la parole au Peuple en convoquant d’urgence une Assise nationale des Forces Vives de la nation en vue de redéfinir de nouvelles bases consensuelles de gouvernance du pays.
4°- En cas de non satisfaction de ces exigences, le peuple béninois, Maître unique de sa souveraineté sera invité à prendre ses responsabilités, conformément à….. la Constitution.»
Une telle déclaration adoptée par d’Anciens Chefs d’Etat et le Rapporteur Général de la Conférence nationale dont a émergé la Constitution actuelle, par des Représentants des forces sociales en combat pour un Changement réel de ce pays, est d’une importance capitale à l’heure actuelle.
Cette importance n’échappe d’ailleurs à personne tant de l’opinion nationale qu’internationale. Et les quolibets dont veut l’accabler le Pouvoir dit de la Rupture à travers sa Cellule de communication n’entame en rien la réalité qu’un pas nouveau est désormais posé dans notre pays vers son émancipation. Et l’intervention de Patrice Talon, une semaine plus tard sur des chaînes internationales ne révèle qu’une chose : la panique du pouvoir face aux répercussions de la rencontre de Djeffa au plan international.
Quelles sont les exigences de la Déclaration de Djeffa et ses implications pour les travailleurs et le peuple ?
En observant bien les exigences posées par cette Déclaration, on voit bien qu’elles sont de trois ordres :
Le premier, c’est la défense des acquis démocratiques incarnés par la Constitution actuelle et qui en constituent le socle depuis 1990. Les points qui l’expriment sont «1°- faire installer, sans délai, le COS-LEPI conformément aux décisions de la Cour Constitutionnelle ; 2°- faire procéder à un audit préalable de cette LEPI, en vue des élections législatives et présidentielles, constitutionnelles qui sont insusceptibles de report »
Le deuxième, c’est l’exigence d’un pas en avant pour l’amélioration de notre Contrat social, base de notre vivre ensemble, l’exigence d’une Assise nationale : « 3°- Redonner la parole au Peuple en convoquant d’urgence une Assise nationale des Forces Vives de la nation en vue de redéfinir de nouvelles bases consensuelles de gouvernance du pays. »
Oui, la Constitution actuelle, en dépit des points positifs soulignés et défendus toujours par nous et dont l’essentiel porte sur les acquis démocratiques de liberté et de respect des droits de l’homme, souffre de graves tares congénitales qui conduisent à l’impasse politique actuelle : c’est la couverture de l’impunité, source des maux dont souffre notre pays. C’est l’absence de détermination du fléau que constitue la corruption et surtout l’absence des mécanismes efficaces de la lutte contre ce fléau, à savoir le refus constitutionnel du contrôle du citoyen sur le dirigeant, de l’électeur sur l’élu.
Il est nécessaire que le peuple dans toutes ses composantes se rasseye - en une Assise nationale- pour redéfinir les bases nouvelles qui empêchent que les seuls critères en matière électorale soient l’argent et la fraude massive ; pour redéfinir les bases qui permettent l’expression réelle de la volonté populaire exprimée en suffrage électoral ; les bases de l’expression de la souveraineté populaire. Car n’oublions pas que Patrice Talon, Président de la République, est bel et bien le produit de cette Constitution que pourtant il s’évertue à déconstruire et il compte sur la corruption et la fraude électorale pour se perpétuer au pouvoir.
Le troisième et le plus important en terme d’implication pour le peuple est clair : « En cas de non satisfaction de ces exigences, le peuple béninois, Maître unique de sa souveraineté, sera invité à prendre ses responsabilités, conformément à….. la Constitution.». La rébellion populaire actuelle contre la politique du pouvoir dit de la Rupture est en réalité l’expression d’une demande corrective de la Constitution actuelle à travers les Etats-Généraux. C’est la demande de lutte contre l’impunité, de lutte contre la corruption, contre les fraudes massives qui font que tout poste électif soit achetable ; c’est l’expression de la volonté d’instaurer des élections libres et transparentes assurant la souveraineté du peuple et non la souveraineté de l’argent. Cette demande se traduit déjà par les mini-Assises qui se tiennent dans notre pays et sur toute l’entendue du territoire national.
Sans les Etats-Généraux, même la demande et l’instauration d’une LEPI « consensuelle » n’empêchera pas l’achat des consciences et des fraudes en matière électorale comme l’a attesté l’histoire récente passée.
Tel est le sens de la réunion de Djeffa.
« - En cas de non satisfaction de ces exigences, le peuple béninois, Maître unique de sa souveraineté sera invité à prendre ses responsabilités, conformément à….. la Constitution.» dit la Déclaration.
Voilà pourquoi, travailleurs des villes et campagnes, femmes, paysans, artisans, tout le peuple du Bénin, vous êtes appelés à « prendre vos responsabilités », à poursuivre le combat pour la mise en œuvre des exigences pertinentes de la Déclaration de Djeffa pour un Bénin démocratique, débarrassé de l’impunité, de la faim, de l’analphabétisme et de la corruption ; pour l’instauration de la souveraineté à travers la tenue des Etats-Généraux du Peuple.
La Rédaction

Cliquer ici pour télécharger l'intégralité CDM 91