Editorial

Le pouvoir autocratique de Talon-Houngbédji se lance dans une attaque en règle contre les libertés pour liquider les droits acquis par le peuple au prix de la sueur et du sang de ses valeureux fils et filles. C’est ce qui ressort de gouvernance despotique en cours et des lois scélérates votées en série par les députés ces derniers temps, notamment la loi portant retrait du droit de grève aux travailleurs.
A bon droit, les travailleurs disent Non avec le soutien des couches sociales populaires dont la colère monte.
Dans ce numéro, votre Journal livre l’éclairage du Pr. Philippe Noudjènoumè, 1er Secrétaire du PCB, Président de la CPFG, éclairage qui fonde la justesse des luttes des travailleurs et du peuple et en second lieu un « Lu pour vous » qui est le cri de cœur d’un médecin sur comment le gouvernement assassine le peuple dans nos hôpitaux.
La Rédaction

 

l - III ADRESSE
Aux Travailleurs, au peuple du Bénin en lutte
N’attendez rien de la Cour Constitutionnelle !
Seules vos luttes vous libéreront des griffes du pouvoir autocratique de Talon-Houngbédji.

 Dans sa déclaration face à ses collègues lors de la présentation des vœux le jeudi 11 janvier 2018, Houngbédji Adrien, le Président de l’Assemblée nationale déclare, pour ce qui est des lois portant retrait du droit de grève à des catégories de travailleurs : « L’Assemblée nationale respectera les décisions de la Cour Constitutionnelle quel que soit le sort réservé aux lois adoptées ». Joseph Djogbénou, Garde des Sceaux, dans une intervention, dit presque exactement la même chose. Déjà les oiseaux « rupturiens » à la manière d’un MIGAN Jacques, avocat à la cour, écrit que la Cour Constitutionnelle ne peut que confirmer sa décision- Dossou Robert DCC2011-065 du 30 septembre 2011 déclarant non absolu le droit de grève reconnu à l’article 31 de notre Constitution. Ceci en révision de la décision DCC 06-034 du 04 Avril 2006. Et tous clament qu’il faut donc attendre la Cour Constitutionnelle.
Des journaux à ordre appellent les travailleurs et les peuples en lutte à s’en remettre à la Cour Constitutionnelle, seul juge dans cette affaire.
Il est curieux qu’aujourd’hui, et Houngbédji Adrien et Joseph Djogbénou, (c’est-à-dire Parlement-Gouvernement) appellent les travailleurs à s’en remettre aux décisions de la Cour Constitutionnelle, alors que et l’Assemblée nationale et le Gouvernement piétinent royalement et sans sourciller tous les jours, les décisions de cette même Cour, pourtant déclarées « sans recours ». C’est dire qu’Adrien Houngbédji et son Bloc de la majorité présidentielle ainsi que Djogbénou sous-entendent par leurs propos que les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont déclarées sans recours qu’à l’égard des travailleurs et du peuple.
Travailleurs et peuple en lutte du Bénin,
Il apparait là comme une convergence de vues, comme une entente entre les Institutions que sont l’Assemblée Nationale, le Gouvernement et peut-être la Cour Constitutionnelle elle-même, et ce, contre le peuple pour le soumettre à toute décision de cette Cour qui arrange leurs affaires communes.
Déjà, les rumeurs font état de ce qu’aujourd’hui même (c’est-à-dire à la veille du grand mouvement des travailleurs commençant le 16 Janvier 2018), cette décision est attendue dans les heures qui viennent.
Dans ma première Adresse en date du 09 janvier dernier, je vous disais de ne « rien attendre du côté de la Cour Constitutionnelle qui dit quelque chose aujourd’hui et demain son contraire. D’ailleurs, cette Cour est déjà niée par le pouvoir lui-même et par l’Assemblée nationale qui ne respectent aucune de ses décisions. »
C’est le lieu de vous rappeler que ce qui compte, ce sont vos droits, vos droits à la liberté, à la démocratie, votre droit à vous opposer à toute « atteinte grave et manifeste au respect des droits de l’homme et des libertés publiques ». C’est le lieu de vous rappeler que ce sont vos luttes qui ont conduit au renversement de l’autocratie de Kérékou-PRPB en 1989 et permis la tenue de la Conférence Nationale de février 1990 ; ce sont vos luttes qui ont donné la Constitution elle-même avec ses Institutions, telles la Cour Constitutionnelle. Ce sont vos luttes qui ont évité le piège de la candidature de Lionel Zinsou, et amené le pouvoir de la Rupture ; ce sont elles qui ont fait échec à la Constitution autocratique de Talon en avril 2017.
Aucune Institution n’est au-dessus du peuple. Le peuple doit reprendre sa souveraineté.
N’attendez donc rien de la Cour Constitutionnelle ! Seule votre détermination à en finir avec l’autocratie fasciste, seule la puissance et l’unité de vos combats vous délivreront de tout esclavage à l’égard du pouvoir de Talon-Houngbédji.
Vive le peuple travailleur !
Je vous remercie.
Cotonou, le 15 Janvier 2018.

 

ll- Cri de cœur d’un médecin révolté (Vu sur les réseaux sociaux)
Ce cri de cœur révèle bien que c’est le pouvoir autocratique de Talon-Houngbédji qui par leur surdité devant les aspirations et souffrances du peuple provoque les nombreux décès qu’on observe dans les hôpitaux et autres centres de santé public. Lisez plutôt.

« MARRE D’ÊTRE COMPLICE (cri de cœur d’un médecin qui en a marre)
1. Je ne veux plus être complice de ces dizaines de morts par jour dans nos hôpitaux publics faute d’oxygène. Non, non, non psychologiquement c’est plus fort que moi de devoir chaque fois choisir entre 2 personnes en manque d’oxygène, qui va vivre et qui va mourir (car je n’ai qu’une seule bouteille d’oxygène)… ça pourrait être-vous à leur place un jour.
2. Ça ne sert plus à rien de faire semblant de soigner les populations alors que je n’ai pas le minimum pour travailler. Je n’ai pas de gants, je n’ai pas d’appareils de diagnostics. Ne me demandez plus de faire de la magie, car ce serait moi le vrai charlatan.
3. Je ne veux plus être complice de ces morts bêtes juste par manque d’adrénaline (800F l’ampoule) ou d’autres médicaments qui permettent de relancer une vie
4. Je suis compétent mais ne me demandez plus de sauver des vies humaines les bras nus sans un minimum pour opérer, sans table de chirurgie, sans médicaments.
5. Ne me demandez plus d’aller négocier avec le pharmacien pour qu’il délivre les médicaments de première nécessité.
6. Ne me parlez plus de serment d’Hippocrate tant que vous me ferez travailler dans ces conditions exécrables digne d’un mouroir. Car Hippocrate ne mettait pas ses disciples dans les conditions de travail dans lesquels le médecin Béninois travaille.
7. Ne me demandez plus de passer 2 jours d’affilé à l’hôpital pour courir sauver la vie des autres, pour cotiser entre collègues afin de payer à d’autres personnes les soins dont ils ont besoin alors que ma petites famille qui ne me voit pas depuis une semaine meurt de faim
8. Je suis fatigué de courir à chaque coupure d’électricité pour gonfler un ballon délivrant de l’air à votre enfant de 2 mois qui n’a pas demandé à naître ou le pépé de 75 ans. Car ça n’arrête pas ces cas-là. A qui le tour?
9. J’en ai marre de faire des dossiers médicaux pour évacuer des personnalités en France à coup de millions pour diarrhée, pour abcès, pour vomissement pendant que d’autre meurent ci juste pour un palu, ou une infection (dont vos députés qui veulent m'enlever le droit de grève, vos ministres).eux ils s'en foutent.
10. Lynchez moi, insultez-moi, sortez le serment d’Hippocrate, mais je ne veux plus être complice de ce système qui préfère injecter 200milliards dans l’environnement, ou dans l’agriculture mais 80 milliards dans la santé.
11. Je ne veux plus être complice de ces morts suite à des coupures d’électricité en pleine opérations chirurgicales
12. Je ne veux plus être complice de ces dégâts que font les centres de santé illégaux dans mon pays (1800 cabinets illégaux au Bénin avec faux médecins, des non médecins …nombre connu officiellement). Ces malades que je reçois presque morts après qu’il les ai presque tué dans ces centres. Tout ça sans que les autorités de mon pays ne décident de les fermer. Je ne suis pas magicien.
On en vient parfois à détester son métier, à regretter son choix. Car devant chaque mort bête, on se demande à quoi on sert.
Supprimez-moi le droit de grève si vous voulez, supprimez mon salaire. Mais sachez que je ne grève pas pour moi.. Non pas pour moi. Quand je suis malade ou quand un de mes proches est malade, j’ai la chance de vite faire un diagnostic, j’ai mes collègues à l’hôpital pour s’occuper de nous parfois en priorité confraternité oblige (analyse de sang, radiographie.. ce qui est normal entre collègues). Mais vous, qui m’insultez, qui voulez que je continue à travailler dans ces conditions sans me plaindre…vous qui n’êtes pas du domaine. SI vous tombez là tout de suite et que vous allez aux urgences du cnhu.. êtes-vous sûr (malgré toute la volonté des agents de santé) de pouvoir vous en sortir ??? Imaginez qu’on doit vous opérer. Et en pleine opération. Clac.. Coupure de courant. Pas de groupe électrogène de relais.. AU bout de 30 mn si le courant ne revient pas, quelque soit la volonté du chirurgien, vous allez mourir. Quelques soient vos millions en banque. Alors la prochaine fois avant de m'insulter. pensez-y. Avant de faire des écrits pour soutenir les hommes politiques contre les agents de santé pensez-y. car c’est ce qui se passe pour de vrai. Et il y a pire. C’est pour que ça change que je lutte. Car parfois, on en arrive vraiment à regretter ce choix.
Alors demandez-vous s’il vaut mieux prendre votre énergie pour demander aux autorités d’améliorer le plateau technique des hôpitaux, de former les jeunes spécialistes pour sauver la vie des populations, ou s’il faut plutôt utiliser cette énergie pour traiter les agents de santé de tous les noms.
Je suis un homme et j’ai aussi des sentiments. II fallait que je vous le dise sans filtre, avant peut-être un jour de m’envoler aussi pour la France ou le Sénégal, pour sauver des vies de citoyens d’autres pays qui me mettent dans les bonnes conditions pour travailler et qui respectent mon métier. Car je ne veux plus être complice.
Certes il y a des brebis galeuses parmi nous, mais travaillons à les éradiquer et non à vouloir abattre tout le troupeau.

Dr T.B, un médecin qui ne veut plus être complice (Merci de respecter mon anonymat sinon, dans la semaine, on me renverrait de mon poste de travail. Je développerai chacun de ces points dans les jours à venir) »

NB : La Rédaction vous présente toutes ses excuses pour les désagréments que vous avez subis lors de la première diffusion de ce numéro 86. Une erreur de manipulation a entrainé la publication de travaux inachevés dans la diffusion sus indiquée.
C’est pourquoi nous vous livrons ce même numéro 86 de votre journal « Crépuscule du Matin » mais corrigé en conséquence.
Merci pour votre compréhension.

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