Flambée du prix de l’essence suite à la suppression des subventions du carburant au Nigéria
La Ministre de l’Industrie et du Commerce étale l’irresponsabilité du Gouvernement


La Ministre de l’Industrie et du Commerce, Madame Shadiya Assouman est reçue en interview le lundi 19 juin 2023 sur Bip Radio. A cette occasion, elle est intervenue sur la surpression de l’octroi des subventions de l’essence à la pompe au Nigéria, suppression maintenue par le Nouveau Président, Tinubu, lors de son investiture le 29 mai 2023. Cette annonce a entraîné naturellement et aussitôt une hausse vertigineuse du prix de l’essence à la pompe au Nigéria, avec comme conséquence immédiate la flambée au Bénin des prix de l’essence dite « kpayo » ainsi que du coût des transports dans toutes les régions de notre pays.


Au cours de cet entretien à Bip Radio et à propos du retrait des subventions de l’essence au Nigéria, la Ministre de l’Industrie et du Commerce a déclaré : « A toutes les échéances électorales, nous avons toujours eu cette mesure qui est annoncée. Je n’ai pas vu d’actes signés par rapport à cette annonce-là mais l’annonce a été prononcée par le nouveau Président en exercice, donc on attend la mise en œuvre… Aujourd’hui, on le dit, nous assistons à une spéculation... sur les prix, nous attendons de voir la suite…. On n’a pas de pénurie d’essence parce que nous avons aujourd’hui du stock… Les stations sont approvisionnées…Sur les 400 stations-services, on sait qu’au moins 75% sont approvisionnées en essence. Ça fait trois ans que l’essence est subventionnée ».
Avec cette crise du carburant depuis plus de trois semaines, et ses conséquences sur les 80% de consommateurs et la population, on constate que c’est maintenant que le Gouvernement a ouvertement parlé à travers sa ministre de l’Industrie et du Commerce. Et selon les propos de la ministre, c’est que le Gouvernement béninois attend la prise d’un acte officiel du Gouvernement nigérian et sa mise en vigueur avant d’agir pour soulager les populations. Pendant ce temps, que les Béninois subissent les effets de cette flambée, ils peuvent être en train de mourir, le Gouvernement ne va guère s’en préoccuper. Les effets sont là : cherté excessive des frais de transport, cherté des frais de marchandises, déplacement limité des citoyens, difficultés à se déplacer en véhicule d’une ville à une autre, d’une région à une autre, etc. Devant ces faits concrets, notre Gouvernement laisse ses populations déjà appauvries dans la souffrance et attend l’acte officiel du Gouvernement nigérian et sa mise en œuvre ! On est en face d’une fuite de responsabilité devant le calvaire que vivent les populations.
On constate simplement qu’entre les propos de la Ministre et la réalité douloureuse à laquelle est confrontée la population, il y a un grand fossé. Il y a déjà la mise en œuvre et immédiate de l’annonce de la suppression des subventions au Nigéria. La société en charge des hydrocarbures et industrie pétrolière (NNPC du Nigéria) a fait passer, aussitôt après l’annonce, le prix du litre de l'essence à la pompe de 150 à 400 nairas, soit une augmentation de plus de 250 nairas. Cette nouvelle mesure a rejailli aussitôt chez nous et a conduit à une augmentation du prix du litre de l’essence dite Kpayo que consomment plus de 80 % des utilisateurs. Ainsi, à Cotonou, à Abomey-Calavi et ses environs le prix du litre d’essence est passé de 450 FCFA à 750 voire 800FCFA, à Comé, à Hilacondji, de 500 FCFA à 1.000FCFA voire 1.500FCFA, à Porto-Novo, de 350 FCFA à 700 FCFA, à Djougou de 450FCFA à 900FCFA, à Malanville de 350 FCFA à 650 FCFA, etc. Dans toutes les régions du pays, au Nord comme au Sud la situation est similaire.


Les stations-services privées (JNP, Bénin Petro, Oryx, etc.) existant dans les grandes villes sont mal ravitaillées. C’est seulement quelques-unes qui arrivent à avoir le carburant. En raison de la pénurie et de la cherté de l’essence, beaucoup de gens ont garé leurs véhicules à deux ou à quatre roues. Si, selon les dires de la ministre, il y a au Bénin 400 stations-services privées dont 75 % au moins sont approvisionnées, tout Béninois qui vit ce qui se passe doit se demander comment et où les citoyens qui habitent les localités où sont construites ces stations non approvisionnées vont trouver de l’essence pour se déplacer avec leurs véhicules. Ensuite, le Bénin compte 546 arrondissements et dispose de 400 stations-services dont la concentration est à Cotonou, à Abomey-Calavi et leurs environs. C’est dire que la couverture en station-service est loin, très loin de ce qu’il faut. Surtout qu’on sait que le moyen principal de transport, le plus populaire au Bénin reste les véhicules à deux roues. On en enregistre dans tous les arrondissements soit pour le taxi soit pour le déplacement individuel. Ce qui amène à dire que la Ministre ne perçoit pas les problèmes de commercialisation dans notre pays. Tout ceci montre que le Gouvernement de Talon ne se préoccupe guère du transport des Béninois.


Ce que dit la Ministre de l’industrie et du commerce se résume et est comparable à une situation de crise sanitaire, à une maladie épidémique qui éclate au Nigéria et vient frapper les Béninois en occasionnant des pertes en vies humaines, qu’il faut attendre un acte de la part du Gouvernement nigérian avant de sauver les victimes chez nous. Et pendant ce temps, aucune mesure de secours en direction des victimes ne sera initiée tant que les autorités nigérianes ne signent d’actes pour signifier que l’épidémie a pour origine leur pays. On se demande donc si la Ministre du commerce s’entend parler dans sa fuite de responsabilité.


Le Gouvernement a détruit toutes les structures de prévoyances sociales telles la Société Nationale de Commercialisation des Produits Pétroliers (SONACOP) et autres au profit des privés. La crise du carburant est là, aggravant la misère du peuple, il n’existe pas de stock suffisant de secours. Le pouvoir de Talon attend l’acte officiel du Nigéria avant d’apporter une solution de soulagement à son peuple. Plus qu’une fuite de responsabilités, il n’y a pas pire expression de mépris aux Béninois. Mais le peuple ne saura se satisfaire d’un tel fait. Il est clair qu’à la misère, la faim qui sévit depuis un moment vient s’ajouter la crise du carburant qui accentue l’aggravation des conditions de vie des Béninois. Le pouvoir de Talon ne doit pas continuer de se remplir les poches ; il doit prendre des mesures de soulagement des populations : subventionner l’essence, supprimer les nombreux impôts et taxes injustes.


Afi Tossou

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