APPEL

AUX TRAVAILLEURS ET AUX PEUPLES A APPROFONDIR LA REFLEXION ET LE MOUVEMENT POUR VAINCRE LA NOUVELLE AUTOCRATIE

La semaine qui vient de s’écouler aura été dominée par les évènements à la douane et émaillée d’agressions contre les droits, les hommes et les biens. Après les longues diatribes de Boni YAYI contre les douaniers, ont suivi les hordes armées et vandales qui sont allées défoncer les portes des bureaux de douane, la déclaration de conformité de la Cour Constitutionnelle et le discours de Boni YAYI.

La décision de la Cour constitutionnelle était attendue ; sans surprise puisque Boni YAYI l’avait annoncée et avait prévu pour ce lundi les radiations des grévistes.

 

Résumons le scénario : fabrication d’une LEPI truquée et imposée à tout le peuple malgré les irrégularités manifestes, holdups up électoraux (présidentiel et législatif) annoncés et réalisés grâce à cette LEPI et aux fraudes imposés par la force, achat des responsables de la RB pour une majorité confortable à l’assemblée. Puis la suite : introduction tous azimuts de projets et propositions de lois qui passent comme lettres à la poste et qui contiennent tous des atteintes aux libertés. C’était annoncé dès la réalisation du holdup : on se souvient de la déclaration péremptoire tombée comme un cheveu sur la soupe de GNONLONFOUN donnant les résultats non encore validés par la Cour constitutionnelle : « la récréation est terminée ; mettez vous au travail ».

Les douaniers ont pensé qu’il était possible de faire retirer la proposition les concernant afin de discuter. Impossible répondent Boni YAYI et ses conseillers. Ils n’ont même pas attendu le simulacre de validation de la loi par leur Cour Constitutionnelle ; dès le jeudi (29 septembre)des escouades étaient envoyées dans les postes de douane pour défoncer les portes et remplacer les clés. Dans leur furia de tout raser sur leur passage et de faire taire définitivement les travailleurs, Boni YAYI et son ministre des finances se sont même attaqués au siège du Syndicat de l’Administration Centrale des Finances et seule la résistance et les Olé Olé des travailleurs ont pu pour l’instant préserver le siège de leur syndicat du vandalisme de Boni YAYI. Le tableau est clair et rappelle des époques bien sombres de notre histoire. Faut-il le rappeler ?

Avril 1974, KEREKOU  et son GMR dissolvent les organisations de jeunes. Juin 1975, il assassine AIKPE, pourchasse et emprisonne tous les responsables syndicaux grévistes, décapitant ainsi l’UNSTD et condamnant la centrale à un rôle de caisse de résonnance. 1977 : il impose sa Loi Fondamentale qui supprime le droit de grève. Hormis le PRPB et ses organisations, les libertés d’association, de réunion, de manifestation étaient supprimées. Pendant cette époque (de 1977 à 1989) il n’y avait pas de grève des travailleurs. Et pourtant ! L’économie était ruinée. Ce n’est donc pas à cause de la grève ! C’est le pillage des ressources et la ruine du pays que cela a entraîné qui ont conduit les travailleurs, les jeunes à déclencher les grèves et manifestations qui finirent par emporter le régime de KEREKOU ;.

Boni YAYI vient donc de poser son premier acte d’autocrate et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Les douaniers ne sont que la première étape ; les travailleurs dans leur ensemble doivent être pratiquement privés du droit de grève par une loi qui est déjà dans la file au parlement. Puis suivra la révision de la Constitution pour se donner encore plus de pouvoir. Et de toute évidence, ses ambitions sont aux antipodes des souhaits des travailleurs et de la volonté populaire ; si l’on sait écouter le bourdonnement populaire.

En résumé, vous voulez des députés qui soient réellement vos porte-parole et qui initient des lois qui résolvent vos problèmes et fassent progresser le Bénin ; vous voulez un gouvernement qui soit à l’écoute du peuple et des travailleurs et non aux ordres des puissances extérieures : cela, c’est le pouvoir des travailleurs et des peuples que vous n’avez pas encore. Si vous voulez un tel pouvoir il faudra encore travailler dur, vous battre pour le mériter. C’est la première leçon que boni YAYI vous donne.

Et il n’entend pas discuter. Vous l’avez écouté, lui-même et ses conseillers, ELEGBE (un émule de KEREKOU qui se décrit lui-même comme tel), HOUNTONDJI et autre TAMEGNON, il ne reculera devant rien proclame-t-il. Même si tous les ministères se coalisaient et partaient en grève. Il ne tolèrera même pas, rugit-il, que le peuple prenne la rue; voilà le crédo hystérique de l’homme. Il a besoin d’instaurer la terreur pour appliquer le quatrième PAS et faire payer aux travailleurs et à la jeunesse les conséquences de sa gestion désastreuse du bien public. Tout ce qu’il veut est légal et quiconque le contredit est dans l’illégalité. Toute critique à sa divine autorité est de l’anarchie.

Nous sommes donc en présence de deux droits :

- Le droit d’un peuple qui pense que les dirigeants qu’il se donne sont ses serviteurs et qu’ils doivent exécuter ses instructions, son programme, pour le développement du pays et la satisfaction des besoins de ses citoyens ;

- Le droit d’un dictateur qui pense qu’il a acquis le pouvoir par un droit divin et qu’il peut disposer des choses et des hommes comme il le désire et qu’il a le monopole de la violence contre tous les autres.

Quand deux droits sont en présence, seule la force tranche. Et YAYI Boni met en marche la force. C’est la deuxième leçon que vous donne Boni YAYI.

Travailleurs du Bénin, il n’existe plus donc d’autre solution que d’approfondir les réflexions et le mouvement global pour vous donner les moyens de battre par la force la nouvelle autocratie, celle de Boni YAYI.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui et voilà le défi. Le défi à relever par tous les travailleurs et les peuples. Vous en êtes capables. Le peuple béninois en est capable.

En 1975, KEREKOU, général de son état et de son armée a fini d’installer la terreur. En 1976, des dizaines de travailleurs et d’étudiants étaient dans les prisons et les camps de tortures, et pourtant le Parti communiste du Dahomey s’est créé en 1977 et a fortement contribué au renversement du système du PRPB. Et pourtant, en 1979, 1982, 1985, etc. les étudiants de l’UNB organisèrent de mémorables grèves qui ébranlèrent les assises du système. Et pourtant, en 1988 et 1989 les travailleurs, à travers divers comités organisèrent les mouvements qui culmineront en décembre 1989 à la chute de l’autocratie.

Vous avez donc l’expérience ou par vous-mêmes ou par vos aînés. Le Parti Communiste du Bénin, ce ne sont pas seulement des hommes ; c’est le refus de la soumission, c’est l’amour de la liberté et de la patrie, c’est l’esprit de sacrifice et la détermination. C’est pourquoi vous l’avez arrosé et nourri au long des décennies. C’est un patrimoine national et il n’est plus à créer. Les luttes pour les libertés, vous les connaissez, avec vos succès et vos échecs, vos élans de bravoure et de générosité, avec vos naïvetés et vos désillusions. Le chemin peut donc être raccourci ; énormément raccourci. Votre détermination réduira les sacrifices. Nous ne préjugeons de rien mais la détermination à vaincre vous fera trouver tous les moyens de luttes, toutes les formes d’organisation, toutes les initiatives qui viendront rapidement à bout de l’autocratie et instaurer cette fois-ci le pouvoir des travailleurs. Au bout de ces sacrifices, le bonheur et certainement un service rendu aux générations futures. Le Parti Communiste du Bénin est toujours là pour vous servir de conseil  et de guide pour la réalisation de cette tâche historique.

En avant donc !

Cotonou le 03 octobre 2011

Le Parti Communiste du Bénin