Sur les graves propos tenus par le chef de l’Etat, Patrice Talon, a Bohicon le 07 avril 2021
Communiqué de l’Alliance Pour la Patrie (APP) du 09 avril 2021


«Le Président-Candidat Patrice Talon a tenu le 07 avril dernier à Bohicon, des propos en langue fongbé ainsi exprimés : « Le peuple fon au pouvoir ne le lâchera pas pendant longtemps ».

Une telle déclaration est d’une gravité extrême, émanant surtout d’un chef d’Etat en exercice. Elle est grave pour plusieurs raisons :


La première raison: elle déplace et place le débat politique non sur le terrain politique, sur le terrain des programmes et des intérêts de tous les peuples composant le territoire national, mais sur la base des ethnies. Et puisque chaque ethnie a légitimement le droit de gouverner ce pays, on rentre ainsi dans un cycle de conflits ethniques aux conséquences incalculables.


La deuxième raison : Patrice Talon veut ainsi assimiler ses intérêts et de classe et de clan à ceux de l’ensemble du peuple fon. Ce qui est totalement faux et grave. Parmi les milliers de femmes et autres petites gens déguerpis du Sud au Nord des espaces publics sans alternative et dont plusieurs sont allées mourir dans les chaumières, n’y a-t-il pas des Fons ? Des milliers de gens licenciés des entreprises publiques liquidées, ou radiés de la fonction publique, ne comportent- ils pas des Fons ?? Et Dame Amoussou assassinée le 1er mai 2019 ? Du reste, le rejet de Patrice Talon est le fait de tout le pays, de toutes les régions et ethnies ; même à Ouidah, Allada, etc. il y a eu des manifestations contre lui le 06 Avril dernier.


La troisième raison : Une telle déclaration ouvre la voie à une exacerbation de conflits inter-ethniques, à une guerre fratricide, et donc à une déchirure du ciment d’unité nationale posée par Béhanzin, Saka Yérima, Bio Guèra, Kaba et en construction depuis lors. Elle ouvre la voie à l’installation des troupes d’occupation étrangères (notamment françaises) sur notre sol sous le prétexte tout trouvé de venir au secours d’une partie contre l’autre. Car, comme on dit « c’est dans le mur fendillé que pénètre le margouillat ». Or, l’on sait que depuis des années, le désir ardent des colonialistes français est de revenir réoccuper la terre des Béhanzin, Saka Yérima, Bio Guèra, Kaba qu’ils ont vaincus il y a cent ans. Leur désir ardent est de revenir sur cette terre d’où les a chassés feu Président Ahomadégbé en 1964.


La quatrième raison : De tels propos sont souvent le fait de pouvoirs aux abois ayant perdu complètement toute légitimité et qui tentent de se réfugier dans une réserve, un « bantoustan » ethnique pour se protéger de la colère populaire. On l’a vu ainsi avec YAYI Boni qui, complètement illégitime, avait déclaré vouloir « faire appel aux siens » du Bénin profond pour le sauver dans les années 2012. C’est le cas actuellement de Patrice Talon et ils révèlent le degré d’isolement de son pouvoir.


Il devient un danger public pour la paix et l’unité nationale des fils et filles de ce terroir que l’on appelle Bénin. Il faut en tirer les conséquences et dégager Patrice Talon du poste qu’il occupe illégitimement. De tels propos s’entendent aussi de la part d’autres citoyens tant du Nord que du Sud !


On entend dire dans les coulisses « que le pouvoir de Talon est du Sud ; car le Nord l’a exercé pendant quarante ans sur les soixante ans d’indépendance ». Ce que vient de déclarer le Président Talon n’est que l’officialisation de tels propos. En retour depuis le 6 avril dernier, au vu de l’inégalité des luttes anti-Talon au Sud par rapport au Nord, des discours s’entendent dans le genre de la partition, de la division du territoire national en Nord et Sud. De tels propos (régionalistes) sont à combattre mêmement avec une extrême rigueur. Depuis 1960, on n’a jamais eu un pouvoir qui soit ou purement du Nord ou purement du Sud. Le cas le plus clair fut le pouvoir de Kérékou (I, II, III). Tous ces gouvernements de Kérékou ont toujours eu comme piliers les plus solides, des dignitaires du Sud. Les Azonhiho, Barthélémy Ohouens, Vilon-Guézo, Zodéhougan Edouard, Ahoyo Roger, etc. n’étaient pas du Nord. Et c’est ensemble, sans distinction de région qu’en 1989 le peuple s’est levé pour dégager Kérékou. L’actuel pouvoir peut-il fonctionner sans les Saca Lafia, Abdoulaye Bio Tchané et autres Gbian Robert ? La politique de diviser en Nord et Sud, rappelle celle tristement faite en Côte d’Ivoire sous la direction de l’impérialisme français et le soutien de ses troupes.


Ces propos et autres actes régionalistes ne sont pas dans les intérêts des peuples et régions du Bénin. Ils servent les intérêts des hauts-bourgeois (du Sud et du Nord) au service de l’étranger en particulier, le colonialisme français ; ce n’est pas pour rien que déjà les grands mass media français tels que RFI font la gorge chaude sur les derniers événements au Bénin. Quiconque se livre à de telles manœuvres de division pour ouvrir objectivement des voies à des guerres meurtrières et l’occupation de notre territoire par les forces étrangères, trouverait les patriotes, les descendants de Béhanzin, Saka Yérima, Bio Guèra, Kaba, debout sur leurs chemins.


Dans l’unité des peuples et ethnies, dans l’unité des régions, poursuivons les combats pour dégager le pouvoir de Patrice Talon, un fléau pour tout le pays et les peuples.


Cotonou, le 09 Avril 2021


Pour le Conseil National pour une Gouvernance Patriotique et Démocratique (CNGP) de l’Alliance Pour la Patrie


Le Président,


Philippe NOUDJENOUME »

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