27 Avril 1972 – 27 Avril 2022
Il y a 50 ans disparaissait Kwame N’krumah

 

Parmi les grands combattants qui ont contribué à la libération du continent africain figure aux premiers rangs Kwamé N'KRUMAH le père de l'indépendance du Ghana. Qui est-il en réalité?


Il nait le 21 septembre 1909 à Nkroful, un village de la Côte-de-l'Or (colonie britannique) et actuel Ghana. En dépit de son origine sociale modeste, Kwamé N’krumah bénéficie d'une scolarisation pourtant payante et essentiellement destinée aux enfants des notables traditionnels. C’était un moyen pour l’administration coloniale britannique de s'appuyer sur une classe privilégiée d'indigènes dont seraient extraits ses agents locaux. Après avoir suivi ses premières années d'études chez les jésuites, Nkrumah devient à 17 ans moniteur-élève et est remarqué par un inspecteur qui l'envoie poursuivre ses études dans la banlieue d'Accra. En 1935, il embarque pour les États-Unis afin de compléter ses études à l'université Lincoln. Après avoir multiplié les petits boulots parallèlement à ses études (il décrit sa vie aux États-Unis comme des « années de misère »). Il obtient une licence en économie et en sociologie en 1939.


Pendant sa formation, il s’intéresse aux questions du colonialisme et de l’impérialisme. Si la lecture de Marx et Lénine l’impressionne car, dit-il, « j'avais la certitude qu'ils avaient développé une philosophie de caractère à résoudre ses problèmes », il est principalement intéressé par les théories du « Retour en Afrique » et de « l'Afrique aux Africains » de Marcus Garvey. Toutefois, il rejette le concept de « pureté de la race noire » avancé par Garvey et sa rencontre avec W. E. B. Du Bois, lors d'une conférence de la NAACP (National Association for Advancement of Coloured People, une organisation dirigée par Du Bois) à laquelle Nkrumah participe en tant que représentant de la Cote-de-l'Or, exerce une influence décisive sur lui.


Peu avant de quitter les États-Unis pour la Grande-Bretagne, où doit se tenir le congrès panafricain de 1945, il rédige la brochure « Vers la libération nationale » dans laquelle il développe son analyse du colonialisme. Il est convaincu que les discours sur la mission civilisatrice et sur l'éducation des indigènes ne sont pour lui que des prétextes pour dissimuler la réalité du colonialisme. À Londres, il adhère au syndicat des étudiants d'Afrique occidentale (la WASU) et entreprend brièvement d’étudier le droit mais se trouve rapidement absorbé par ses activités politiques. Il est co-rédacteur, avec le militant communiste George Padmore, de la déclaration finale du congrès panafricain de Manchester.


Il retourne en Côte-de-l'Or en 1947 et devient secrétaire général du parti indépendantiste, l'UGCC (United Gold Coast Convention). Le parti est cependant essentiellement constitué de notables indigènes, relativement désintéressés par les problèmes des plus pauvres et aux objectifs arrangeants avec les colonialistes. Nkrumah décide de transformer l'UGCC en parti de masse : trois journaux de propagande sont créés et rencontrent un succès croissant, le parti se dote d'une branche jeunesse et Nkrumah multiplie les conférences. L'administration coloniale réagit par la répression : six dirigeants du parti sont incarcérés, ses publications sont censurées. En février 1948, la police ouvre le feu sur des manifestants, provoquant une vingtaine de morts et des centaines de blessés. Les dirigeants de l'UGCC prennent peur et démettent Nkrumah de sa fonction de secrétaire général[1]. Il est incarcéré pendant deux mois avec d'autres dirigeants de l'UGCC[2].


Le 12 juin 1949, avec le soutien de l'organisation de jeunesse de l'UGCC, Nkrumah annonce devant 60 000 personnes la fondation d'un nouveau parti : le Convention People's Party (CPP). Souhaitant l'indépendance, Nkrumah appelle au boycott et à la désobéissance civile, ce qui lui vaut d'être arrêté par les autorités britanniques en 1950 et condamné à trois ans de prison. Pourtant, les grèves et manifestations organisées par la CPP aboutissent cette même année à la promulgation d'une nouvelle Constitution prévoyant une assemblée législative dont 75 membres seront Africains et des élections municipales. Le 8 février 1951, le CPP obtient 34 des 38 sièges du conseil municipal d'Accra et remporte également les législatives. En dépit de son incarcération, Nkrumah profite d'une faille juridique pour être candidat à Accra central et y obtient 95 % des voix. Il est finalement libéré et désigné pour constituer un gouvernement.


Après les élections législatives de 1956, le CPP, qui compte plus de 700 000 membres, remporte les trois quarts des sièges. Nkrumah, fort de son succès, oblige alors le Royaume-Uni à concéder l’indépendance, qui est proclamée le 6 mars 1957. La Côte-de-l'Or devient ainsi la deuxième colonie d’Afrique au sud sahara à obtenir son indépendance après le Soudan (1956)Il. Le jour même de l’indépendance, Nkrumah décide d’abandonner le nom colonial du pays au profit de l'actuel, en référence à l'Empire du Ghana (voir wikipédia). La libération de toute l'Afrique était son vœu d'or. C'est pourquoi il dirigeait sa pensée sur l'unité africaine et centrait la plupart de ses œuvres dans le même sillage.


Mais malheureusement, des réactionnaires au service du colon ont infiltré son parti et vont travailler à déstabiliser le pays. Le 24 février 1966, alors que N'KRUMAH revenant de Hanoï, allait atterrir à Beijing, cent soldats de la deuxième brigade occupèrent la radio à Accra. L'armée, en collaboration avec la police prit le pouvoir. N’krumah venait d’être renversé. Il s'installa à Conakry chez son ami Sékou Touré qui le fit Vice-Président de la Guinée ; et c'est pendant son séjour qu'il rédigea beaucoup d'ouvrages dont "Conakry Years","La lutte des classes en Afrique", etc. Il séjourna à Conakry du 2 mars 1966 à la fin du mois d'août 1971, date où il partit en Roumanie pour y être soigné. Il meurt à Bucarest le 27 avril1972. On saura plus tard que c’est la CIA des USA qui a orchestré le renversement de N’Krumah ayant perçu l’affirmation de sa volonté de libération de l’Afrique à travers ses œuvres et ses actes notamment dans « Le néocolonialisme stade suprême de l’impérialisme » et « L’Afrique doit s’unir ».


Un demi-siècle après la mort du grand panafricaniste qu'était N'Krumah ses idées ressurgissent à la faveur du grand vent de patriotisme humaniste anti-impérialiste surtout anti-français dans les enclos français d’Afrique comme le Mali…. Il avait lancé le Ghana dans un plan d’industrialisation avec des projets qui ont donné la zone industrielle de Tema, le barrage d’Akossombo, l’exploitation de l’or, Ghana Airways, l’université de Lagon, de grandes écoles de formation, et aussi des projets stratégiques de construction de satellites, etc., pour une indépendance économique et politique du Ghana et de l’Afrique. Il a créé aussi la monnaie ghanéenne, le CEDE…etc Cela ne pouvait pas plaire aux colons. D’où les complots, les tentatives d’assassinat et le coup d’Etat contre N’krumah.


Mais aujourd’hui, la conscience anti-impérialiste qui s’élève permet de tirer les leçons (comme N’Krumah lui-même a commencé à le faire après son renversement…) pour aller de l’avant en vue de s’inspirer des actions positives et aussi des erreurs des devanciers pour savoir battre les néo-colons et leurs agents locaux, gouverneurs à peau noire comme le nouveau président du Ghana qui asservit le pays à l’impérialisme américain notamment, liquide les acquis réalisés sous N’Krumah et se fait avec les Ouattara, Bazoum et Talon, les nouveaux pions des puissances impérialistes en Afrique de l’Ouest.
La jeunesse africaine sait rendre hommage à N’KRUMAH et se souvient de ses œuvres pour savoir s’en inspirer et faire mieux.


Rapt R.

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