ADRESSE XII
Aux travailleurs et au peuple en lutte

COMBATTRE LES SOLUTIONS DE DICTATURE AUTOCRATIQUE ET DE TERRORISME D’ETAT A LA CRISE SOCIALE ACTUELLE.

Travailleurs, peuple du Bénin.

Cela fait bientôt plusieurs mois que les travailleurs de divers secteurs et notamment de la fonction publique se battent pour la défense des libertés, la sauvegarde du patrimoine et du service public contre les privatisations sauvages, pour l’augmentation de leurs rémunérations en rapport avec le coût de la vie et enfin pour l’arrêt de la ruine de l’Ecole et du système de santé publique. Beaucoup de forces politiques et sociales (religieuses, morales et civiles), en dehors du pouvoir et dans diverses rencontres avec lui, préoccupées par la situation interviennent, avancent ou demandent une solution de sortie de crise, notamment dans le secteur de l’éducation afin d’éviter une année blanche. C’est le lieu pour moi de rendre hommage à toutes ces forces politiques et sociales, notamment religieuses qui, avec esprit de responsabilité, prennent la mesure des enjeux de l’heure pour le devenir de ce pays, le nôtre, le Bénin.

Travailleurs, peuple du Bénin,
En examinant le cours des choses notamment à travers les négociations qui sont engagées à ce sujet entre les Responsables syndicaux et le Gouvernement, on observe les solutions avancées que l’on peut classer en deux grandes catégories.
1- Du côté du pouvoir de Talon, la solution résulterait de la mise en œuvre des mesures suivantes :
- Défalcation des salaires des grévistes et rétention de leurs salaires ;
- Qualification des grèves comme « illégales » et menaces de radiation des grévistes, considérés « en posture d’abandon de poste » ;
- Limogeage de directeurs d’établissement, de chefs de service, et exigence qu’ils se désyndicalisent ;
- Menace de retraits de primes et des acquis matériels aux grévistes ;
- Arrestations des élèves et étudiants grévistes, etc.
- Dénigrement des enseignants et des grévistes que l’on oppose au reste du peuple ;
- Propositions maigrichonnes des primes des enseignants (à travers les statuts particuliers) et mépris des revendications matérielles des autres secteurs ;
- Mobilisation de la meute des journalistes à ordre pour soutenir ce train de mesures.
Il s’agit là manifestement d’une solution de dictature autocratique et de terrorisme d’Etat, une solution en totale violation des lois de la République - à commencer par la Constitution-, solution que défend avec ruse et rage Djogbénou, et qu’exécutent avec servilité les Bio Tchané et autre Adidjatou Mathys. Cette solution peut aisément se résumer en une phrase : négation du droit de grève au Bénin.
C’est cela qui explique que depuis janvier, le pouvoir a choisi la voie de la répression plutôt que celle du dialogue franc et sincère.
2- Du côté des travailleurs, ils veulent :
- La préservation et la garantie des libertés, notamment des libertés syndicales et du droit de grève ;
- Le relèvement du pouvoir d’achat des travailleurs (relèvement du SMIG et de la valeur du point indiciaire)
- L’arrêt des privatisations ;
- La mise en œuvre des statuts particuliers des enseignants avec indexation de leurs salaires ; la résolution du statut des vacataires ; l’amélioration des plateaux techniques au niveau de la santé ;
- Le retour à leurs postes des directeurs d’établissements et chefs de services limogés.
La défalcation des salaires intervenue au cours des mouvements de grève et venant du côté du gouvernement constitue une condition aggravante dans les négociations. C’est à juste titre que les travailleurs en demandent la rétrocession avant la poursuite du dialogue.
Tout observateur honnête peut constater que la solution du côté des travailleurs se trouve dans le respect de la démocratie, de l’apaisement et de la quiétude pour le peuple.
Travailleurs, peuple du Bénin,
L’on sait ce qu’endurent nos travailleurs dans leur vie au Bénin. L’on sait ce que représente pour un travailleur du Bénin, le salaire à bonne date dans la vie d’un foyer avec des enfants à charge. Beaucoup se sont retrouvés débiteurs, compte tenu des engagements antérieurs auxquels ils ont souscrits. Des morts anonymes sont enregistrées et l’on ne pourra jamais les évaluer. Et l’on sait que cette défalcation est en violation de la loi régissant le droit de grève au Bénin. De ce point de vue, la défalcation intervenue sur les salaires et leur rétention constituent à l’endroit des travailleurs, une provocation grossière du gouvernement de la Rupture, un refus de l’apaisement, un acte belliqueux et illégal, donc inacceptable pour tout homme de bonne volonté.
Dans ces conditions, que devrait faire un gouvernement soucieux de l’avenir de ce pays, soucieux de l’apaisement tant recherché ? Le minimum préalable aux négociations était de concéder de façon expresse, à l’exigence des travailleurs, la rétrocession des salaires défalqués et le paiement des salaires confisqués si l’on est vraiment de bonne foi, si l’on ne verse pas dans une autocratie sans nom. Le minimum ensuite c’est de concéder les exigences de liberté, de revoir à la hausse le pouvoir d’achat des travailleurs à travers le relèvement du SMIG et du point indiciaire ainsi que les statuts particuliers.
Ce serait alors un premier pas vers une solution de démocratie, d’apaisement et de quiétude pour le peuple. Ce serait alors un pas qui, matériellement avec le relèvement du SMIG et du point indiciaire ainsi que les statuts particuliers, et psychologiquement avec les libertés respectées donne un peu de souffle aux travailleurs de toutes catégories ; et augmente leur pouvoir d’achat qui ne peut que réagir favorablement contre la mévente dans les marchés. C’est cette solution que veulent les travailleurs et la majorité des responsables syndicaux et que défend avec courage et détermination KASSA MAMPO Gilbert de la CSTB.
Négation du droit de grève, dictature autocratique ou démocratie ? Terrorisme d’Etat ou apaisement ? voilà la question. Il est clair qu’une solution de dictature autocratique et de terrorisme d’Etat ne fera qu’aggraver la crise. Car une telle solution ne ferait que ruiner davantage l’Ecole et conduire à une année blanche.
Travailleurs, peuple du Bénin,
Il est urgent que les classes s’ouvrent. Mais la clé de la solution se trouve dans les mains du Chef de l’Etat, Patrice TALON.
C’est le lieu ici d’affirmer mon opposition solennelle à une année blanche ; une année blanche est toujours dans la vie d’un peuple une catastrophe compte tenu de ce que cela représente comme recul dans l’avancée inexorable du temps et du développement. Quiconque en endosse la responsabilité répondra tôt ou tard devant le Tribunal du Peuple et devant l’Histoire.
Je voudrais aussi saluer ici l’héroïque résistance des travailleurs qui, malgré la faim et la misère à eux imposées par le pouvoir de la Rupture, poursuivent le rude combat pour la sauvegarde et l’amélioration de la vie des hommes-travailleurs, condition sine qua non pour la production et le développement du pays.
Je lance un appel solennel au peuple tout entier, à tous les démocrates et patriotes, à toutes les confessions religieuses à soutenir les travailleurs en lutte, à s’élever contre les mesures de dictature et de terrorisme d’Etat en œuvre ; pour que vive le Bénin, notre patrie !
Je vous remercie
Cotonou le 15 Mars 2018

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