Célébration du 07 Mai : Journée Nationale de Lutte Contre la Torture au Bénin
Jamais l’oubli de nos Martyrs et Héros


La lutte pour le renversement de la dictature autocratique de Kérékou-Prpb a demandé beaucoup de sacrifices au peuple et notamment à sa jeunesse : les privations de toutes sortes, la prison, l’exil, la vie en clandestinité, les tortures, les assassinats. Mais après le renversement de l’autocratie le 11 décembre 1990 et la chute du dictateur, les concepteurs et tenant du régime du Renouveau Démocratique n’avaient tous qu’un seul souci : sauver l’autocrate Mathieu Kérékou et sa clique de tortionnaires de comparaître et de répondre de leurs crimes devant la justice. Ainsi, le Haut Conseil de la République, l’instance législative de la transition sous la direction de Mgr. de Souza avec les Robert Dossou et consorts adoptera la loi N°91-013 du 12 avril 1991 portant immunité personnelle au bourreau du peuple Kérékou qui le prémunit de toute comparution devant la justice en tant que prévenu, témoin, complice, auteur ou co-auteur. Une horreur ! Avec cette immunité au Chef commanditaire Mathieu Kérékou qui a clamé à maintes reprises qu’il marchera sur les cadavres du peuple et l’a effectivement fait, c’est l’impunité pour tous les tortionnaires, tous les pilleurs sous un régime qui a fait 17 ans ! Mgr. de Souza, Robert Dossou, Emile Derlin-Zinsou, Gratien Pognon et tous les autres comme Zinzindohoué Clément, Soglohoun Jérôme, Martin Dohou Azonhiho, Patrice Houssou-Guèdè, etc. C’est le moyen le plus court, le plus sérieux de décourager l’esprit de sacrifice dans la lutte contre les pouvoirs oppresseurs, apatrides et dictatoriaux. Alors, non seulement les crimes les plus odieux ont continué, tels les assassinats du jeune Maurice Dansou et de Sègla Kpomassi, les répressions et emprisonnements arbitraires mais aussi la défense des tortionnaires avec la cabale contre les communistes.


Mais le peuple ne pouvait accepter ni l’oubli de ses martyrs et héros ni l’absolution donnée aux tortionnaires sans leur repentance. Chaque année, s’organisait la commémoration de la journée des martyrs pour honorer leur mémoire et exiger le jugement des tortionnaires. Cette commémoration se tenait le 07 mai, car cette date était celle de nombreux assassinats : celle ignoble de Luc Togbadja le 07 mai 1989 et proche de celle de l’élève Parfait Atchaka le 06 mai 1985, sans oublier Rémy Akpokpo-Glèlè en février 1988, Crépin Boco, etc. L’ampleur des protestations obligea le pouvoir de Soglo à mettre en place une Commission pour connaître des crimes du dictateur Mathieu Kérékou : la Commission Mayaba. A la suite des travaux, le Gouvernement du Président Soglo a officiellement reconnu en décembre 1993 la journée du 07 mai comme « Journée Nationale de Lutte contre la Torture ».
Cette journée devrait être célébrée par tous les démocrates, être déclarée chômée et payée si les pouvoirs du Renouveau Démocratique voulaient effectivement saluer et honorer l’esprit de sacrifice de la jeunesse et combattre l’impunité des crimes et assassinats politiques afin de dessoucher les racines de l’autocratie. Mais jamais, aucun pouvoir sous le Renouveau ne l’a fait. Les dirigeants ne se sont jamais associés aux démocrates révolutionnaires pour juger les tortionnaires à la solde de Mathieu Kérékou, aveuglés qu’ils étaient à œuvrer au désarmement de la jeunesse, à l’affamer, à la décourager du combat patriotique et révolutionnaire, à détruire l’esprit de sacrifice, à prôner le gain facile, la prostitution politique. Le résultat, le vieil autocrate est revenu au pouvoir en 1996 et … résultat final, une nouvelle dictature autocratique, celle de Patrice Talon.


Si les hauts bourgeois et leurs pouvoirs sous le Renouveau font tout pour l’impunité des crimes politiques, les révolutionnaires, les patriotes ne se sont jamais lassés de célébrer et d’honorer l’esprit de sacrifice et son incarnation en les Martyrs et Héros en commémorant tous les ans la journée du 07 mai. En déplaçant l’édition de 2023 sur la tombe de Luc Togbadja, ils célèbrent et honorent l’esprit de sacrifice jusqu’à sa forme supérieure s’il le faut : l’acceptation du don de sa vie pour la cause du peuple même sous la torture la plus atroce.


Ni oubli pour nos martyrs et héros ! Ni pardon pour les tortionnaires.
Dans tous les cas, c’est désormais inscrit dans la mémoire collective du peuple béninois qu’il n’oubliera jamais les sacrifices de ses martyrs et héros. Il n’y aura donc ni oubli des martyrs et héros, ni pardon pour les tortionnaires ! Notre peuple ne sera pas non plus fatigué d’exiger le châtiment des tortionnaires et violateurs des libertés. Ni ceux d’hier et ni ceux d’aujourd’hui ne resteront impunis. L’humanité a reconnu et inscrit que leurs crimes sont imprescriptibles.
Brieux.


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Discours de Me. Baparapé, Président de l’ODHP à l’occasion de la commémoration du 07 mai à Akodéha (extraits)
Chers amis,
Chers parents,
Mr. le Représentant du PCB,
Mr. le Représentant des Jeunes,
Mme la représentante des Femmes,
Chers militantes et militants de l’ODHP,


Populations d’Akodéha,


Je vous salue tous. Je vous salue pour votre détermination, pour votre engagement aussi parce que Akodéha a donné de dignes fils à la Nation. C’est pourquoi cette commémoration d’aujourd’hui est importante, et c’est désormais la première d’une série qui démarre; un peu comme on faisait en 90-91. Que Dieu nous prête vie et que les mânes de nos ancêtres nous accompagnent sur ce chemin.


Le thème de la présente manifestation c’est : « Dénonçons partout l’impunité des tortionnaires et assassins politiques ». Oui, chers camarades, chers parents, voilà la plaie de notre pays. Le plus grand mal de notre pays et qui fait que nous souffrons, c’est l’impunité….


Tous les pouvoirs du Renouveau s’y adonnent jusqu’à celui de Talon qui voit notre pays comme un pays de pagaille : que les travailleurs, la jeunesse et le peuple veuille jouir de leurs droits légitimes, manifestation, libre expression, grève pour exiger leur satisfaction, pour lui c’est de la pagaille. Alors, il emprisonne arbitrairement, il planifie la faim contre le peuple. Nous devons nous battre pour dire non à cet arbitraire.


Pire, il accepte l’installation de troupes françaises Barkhane dans notre pays. Désormais notre pays est livré à l’étranger, bientôt les troupes rwandaises aussi seront dans le pays. Nous devons dire non à ce pouvoir liberticide. Un président qui demande à son peuple de se jeter à la mer, c’est lui-même qu’on doit jeter en haute mer.


Pendant qu’on se bat contre la faim, et qu’on vivote, on apprend qu’au Nord du pays, le Gouvernement du Président Talon dit que les paysans ne doivent pas vendre leurs produits à des prix qui sont intéressants pour eux. Ils ont travaillé, ils veulent manger et on leur dit non! Est-ce qu’on peut accepter ça? (Non! Répond en chœur le public).


La Constitution donne le droit au peuple privé de liberté, de démocratie, de faire la désobéissance civile. Nous défendons les droits de l’homme, les droits des peuples. Nous devons sensibiliser le peuple à dénoncer les abus. Alors, nous allons finir par nos exigences. Notre exigence N°1, c’est faire cesser l’impunité; deuxième exigence le droit au manger. Nous refusons la mort par la faim. Nous exigeons le jugement des tortionnaires, l’indemnisation des victimes et l’abrogation des lois scélérates. Enfin l’amnistie générale pour les détenus et exilés politiques.


Si on juge les tortionnaires, notre pays va faire un grand bond en avant comme il en a été de l’Allemagne quand les nazis ont été jugés après la mort du fasciste Adolf HITLER et continuent de l’être.

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PARTI COMMUNISTE DU BENIN (PCB)
01 B.P. 2582 Recette Principale Cotonou (Rép. du Bénin)
Tél. : 97 98 35 65 – Site : www.la-flamme.org

Hommage à Luc TOGBADJA,

Luc TOGBADJA, 07 mai 1989 - 07 mai 2023, cela fait 34 ans que, par ton attachement à la jeunesse et au peuple, tu as refusé la soumission au pouvoir dictatorial autocratique de Mathieu KEREKOU. Tu en as payé le prix fort.
Luc TOGBADJA, ce 07 mai 1989, par ton sacrifice tu as donné l’exemple de la détermination, du courage de la jeunesse qui ne se rend pas. Cela a galvanisé la jeunesse, les travailleurs et le peuple qui ont poursuivi le combat qui a emporté le régime du PRPB avec le dictateur Mathieu KEREKOU.
Le combat se poursuit aujourd’hui par le fait de l’impunité et ses conséquences contre une nouvelle autocratie avec le Président Talon que la jeunesse et le peuple dont tu es issu vaincront à coup sûr.


En 1989, la faim et la vie chère tenaillaient le monde des travailleurs des villes et des campagnes, les femmes des marchés, les paysans, les artisans, les ouvriers, la jeunesse et notamment sa branche studieuse : élèves et étudiants, etc. Le peuple en avait marre et a rejeté la politique de Mathieu KEREKOU. Face à cette situation, nous étudiants, jeunes communistes, nous étions retrouvés pour renouveler notre serment au Parti de nous battre aux côtés du peuple quoique cela nous coûte pour débarrasser le pays de la dictature autocratique. Et, pour conquérir la liberté et de meilleures conditions de vie avec un nouveau pouvoir patriotique, celui des travailleurs, des paysans et des autres couches. Comme nous, des camarades dans d’autres secteurs d’activité s’engageaient dans la même direction dans tout le pays.


A la réunion de Gbèdjromèdé, nous sommes partis des problèmes de vie difficile des étudiants ; nous en avons identifié les plus brûlants comme le décret d’attribution des bourses et secours, le transport, la restauration et les conditions d’étude, notamment la façon dont les cours sont dispensés; toutes choses jugées inacceptables par la majorité des étudiants. A la fin de cette séance, nous nous sommes donné la main pour dire que notre jeunesse doit chasser KEREKOU quelle que soit sa tyrannie.


Sur les différents campus, dans les quartiers des villes et dans les villages à la campagne, les structures de combat sont créées dans le feu des luttes. Toutes les couches se sont engagées dans les luttes. A l’université, les papiers de l’Organisation de Lutte des Universitaires du Bénin (OLUB), du Comité d’Action des Etudiants (CAE) inondaient les maisons, les cars de transports et les amphithéâtres. Les graffitis sur les voies et sur les murs témoignaient des actes de bravoure et de courage des jeunes communistes, de leurs sympathisants et autres bonnes volontés parmi les jeunes qui venaient élargir les rangs des combattants.


Les travailleurs, à commencer par les instituteurs s’étaient déchainés contre leurs mauvaises conditions de travail, les Unions paysannes revendiquaient la suppression de la taxe civique, les femmes des marchés dénonçaient la vie chère et exigeaient la suppression des tickets, tout le peuple s’était senti en guerre et engagé pour en finir avec le PRPB et KEREKOU. Tout le pays s’était donné un vaste mouvement, la Convention du Peuple et son journal « Actes populaires » relayaient au fur et à mesure les luttes du peuple et les dénonciations des forfaits du pouvoir et de ses hommes de main. A la suite, le Journal La Flamme et diverses publications révolutionnaires. La rage d’en finir avec le dictateur Kérékou faisait mouvoir tout le pays. La guerre était ouverte en riposte du peuple contre les crimes de KEREKOU et ses sbires. Les zélés et les mouchards qui faisaient arrêter les combattants et les gens du peuple pour les camps de torture, étaient traqués par les populations par tous les moyens. C’est dans ce combat que Luc TOGBADJA est arrêté pendant qu’il diffusait des papiers volants ou tracts ; il sera assassiné plus tard le 07 mai 1989.


Luc TOGBADJA, en invoquant ton nom, nous voyons apparaître en face de nous tes bourreaux notamment Fousséni GOMINA et Jérôme SOGLOHOUN qui ne cesseront d’avoir le sommeil troublé pour le crime abominable qu’ils ont commis sur ta personne, toi qui ne demandais que la jeunesse puisse vivre libre et épanouie dans un pays libre et développé! Ce dimanche, 07 mai 1989, aux ordres sauvages de Jérôme SOGLOHOUN, tu as été attaché les pieds en haut et la tête en bas pour être soumis à la torture jusqu’au coup fatal sur la nuque. Lorsque Fousséni GOMINA et les autres sbires t’ont détaché, tu es tombé, la tête entre les jambes de Jérôme SOGLOHOUN. Ce charognard du Petit Palais de triste mémoire mérite un jugement et un châtiment exemplaires pour décourager les tortionnaires exécrables de son rang.


Luc TOGBADJA, tu es resté fidèle à ton serment, à ton Parti jusqu’au sacrifice suprême. Le Parti Communiste du Bénin (PCB), par cet hommage vient réitérer sur ta tombe le ferme engagement de conduire les luttes jusqu’au triomphe de la Révolution Nationale Démocratique Populaire et Anti-impérialiste (RNDPA) au Bénin. C’est la meilleure manière de te venger, ainsi que tous les camarades tombés comme Crépin BOCO, Rémi AKPOKPO GLEGLE, Maurice DANSOU, Ségla KPOMASSI, Moussa Mama YARI, Boaniface SOUATUNKU, El Hadji FAWAZ, Urbain DANGNIVO, Parfait ATCHAKA, etc., avec la réalisation de l’idéal commun que les peuples du Bénin et nous construisons dans le combat émancipateur.
Akodéha, le 07 mai 2023,
Le Parti Communiste du Bénin

 

téléchargez la flamme N°501 ici:

https://www.la-flamme.org/images/La_Flamme_N501_du_12_Mai__2023.pdf