INTERDICTION DE L’EXPORTATION PAR VOIE TERRESTRE DES NOIX DE CAJOU ET DU SOJA
QUAND LES PREDATEURS AU POUVOIR QUALIFIENT LES PRODUCTEURS DE CONTREBANDIERS


Dans un communiqué radio diffusé n° 373-c en date du 20 avril 2023, le Directeur Général des Douanes, Mr Alain HINKATI écrit : « Le Directeur Général des Douanes rappelle que dans le cadre de la mise en œuvre de la politique agricole et industrielle du Gouvernement, l’exportation par voie terrestre des noix de cajou, du soja et des intrants agricoles (engrais, herbicides, pulvérisateurs, etc.) est formellement interdite.


En application de la réglementation douanière, le non-respect de cette interdiction ainsi que toute tentative d’exportation frauduleuse des produits agricoles par voie terrestre constituent une infraction douanière de contrebande sanctionnée par des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à cinq (05) ans et par le paiement de fortes amendes….


A ces peines s’ajoute, conformément à la loi, la confiscation des produits et des moyens de transport…..
En outre, suivant les dispositions du Code des douanes, les complices et tous ceux qui auront, d’une manière ou d’une autre, concouru à la sortie frauduleuse de ces produits, notamment les transporteurs, les conducteurs, les propriétaires des moyens de transport, sont punis des mêmes peines que les contrebandiers… »


Ainsi, pour le Gouvernement de Talon et ses exécutants, le producteur de soja qui veut vendre sa récolte dans les pays voisins par voie de terre devient un contrebandier, puni de peine d’emprisonnement allant jusqu’à cinq ans. Et pourquoi ? Tout simplement, parce que Talon a décidé d’une politique agricole et industrielle. Et pour cette politique agricole et industrielle, il fait main basse sur la production des paysans et les oblige à ne vendre leur récolte qu’à l’intérieur du pays, à des prix fixés par lui. A partir de là, les compagnies acheteuses aux mains des trafiquants de produits tropicaux peuvent, soit les exporter par voie maritime, ou après transformation, les vendre à prix d’or ?


Le problème qui est posé est celui-ci. Le Gouvernement n’intervient en rien dans la production du soja. Ce n’est pas comme le coton où le producteur est en fait un ouvrier à domicile à qui le patron de SODECO (Talon) fournit semence, engrais, herbicides (dont il récupère le prix à la vente) et sur lequel il se donne un droit de propriété sur le coton produit. Mais dans le cas du soja ou de l’acajou, le producteur supporte tous les coûts, organise lui-même la production. Il s’agit d’un marché libre de production. La commercialisation devrait être également libre. Si le Gouvernement a une politique industrielle, il doit assurer un prix rémunérateur au producteur et s’adapter au marché. Le kilo de soja était fixé à 170F le kilo par Talon pendant qu’il était acheté à au moins 400 frs au Togo voisin et que le coût actuel de ce même soja avoisine les 750.000 F/Tonne sur le marché international. C’est après les protestations et les menaces de zéro/coton que Talon a décidé de porter ce prix à 270 frs le kg, encore largement en-dessous du prix rémunérateur au paysan.


On voit ouvertement qu’il s’agit de ramasser à vil prix, comme pratiqué au temps colonial par les sociétés d’intervention et de traite. L’attitude du Gouvernement de Talon est une attitude de prédateur qui arrache par la violence d’Etat le produit du petit producteur au profit des hauts trafiquants compradores. Le pouvoir exploiteur, comme naguère le colon, fait main basse sur la production du petit producteur de soja, de noix d’acajou, au profit du compradore (commerçant ou transformateur) qui, lui, est exportateur par voie maritime ou aérien. Et pour soumettre l’indigène, pardon le citoyen producteur, et justifier la répression, le petit producteur, paysan ou commerçant qui voudraient se défendre sont traités de contrebandiers.


Le fait de faire acte de prédation sur une majorité de petits producteurs au profit d’une minorité de profiteurs se remarque dans le déploiement des énormes moyens (hommes et matériels) de répression. Une véritable guerre est déclenchée contre la masse des producteurs pour les traquer. Talon installe le 12 avril 2023, un Comité pour empêcher la mobilité sur les pistes frontalières non autorisées. Ce comité est chargé de la mise en œuvre des infrastructures de contre-mobilité sur les pistes frontalières non autorisées. Et l’on observe, chose difficile à cacher à cette ère de communication par voie électronique, le spectacle ignoble et honteux des engins militaires creusant aux frontières des tranchées pour empêcher la libre circulation des produits et au risque de provoquer des conflits avec les pays voisins!


Or, la solution toute simple, appliquée par tous les pouvoirs qui œuvrent au bien-être des petits paysans est de pratiquer des prix rémunérateurs au paysan producteur. C’est ce qu’exigent les producteurs. Une solution toute simple, disons-nous, au lieu d’utiliser les impôts et taxes payés par les pauvres pour entretenir la police, l’armée, le génie militaire pour creuser des tranchées et surveiller les sentiers des campagnes.

ABIB Ali

Téléchargez la Flamme N°499 ici:

https://www.la-flamme.org/images/La_Flamme_N499_du_28_Avril__2023.pdf