Début de réponse du gouvernement Talon aux conflits entre éleveurs et agriculteurs

Lettre d’un correspondant

Depuis le 11 avril 2023, circule un communiqué signé de la Coordinatrice du Projet de Sédentarisation des Troupeaux des Ruminants au Bénin (ProSeR) et libellé comme suit : « Le Projet de Sédentarisation des Troupeaux des Ruminants au Bénin (ProSeR), initié par le Gouvernement de la République du Bénin pour le développement du sous-secteur élevage, et financé avec l’appui de la BOAD, a prévu l’installation de 6.000 hectares de parcelles fourragères au profit des éleveurs au titre de l’année 2023.


Toute personne intéressée est priée de se faire enregistrer au niveau de la cellule communale de l’Agence Territoriale de Développement Agricole (ATDA) de son ressort territorial, au plus tard le vendredi 05 mai 2023 » (sic.)


Si le Projet de Sédentarisation des Troupeaux des Ruminants répond à des besoins pressants et urgents, il y a lieu de se poser des questions quant au contenu de ce communiqué. En effet, le communiqué spécifie qu’il est prévu « l’installation de 6.000 ha de parcelles fourragères au profit des éleveurs au titre de l’année 2023 » et demande à « toute personne intéressée de se faire enregistrer dans la cellule communale de l’ATDA de son ressort au plus tard le vendredi 05 mai 2023 ».


Alors question : Est-il possible, à partir de mai 2023 où on n’est qu’à l’enregistrement des personnes intéressées, de réaliser 6.000 hectares de parcelles fourragères pour l’année 2023, soit en moins de 8 mois ? Et surtout, si l’on sait qu’à partir de mai, commencent les travaux champêtres intenses autour des produits connus d’avance et où sont impliqués les producteurs et paysans sur toute l’étendue du territoire national. Peut-on les mobiliser, ces producteurs ainsi que les éléments techniques nécessaires pour atteindre l’objectif de 6.000 hectares de parcelles fourragères pour l’année 2023 ?
Il y a lieu d’en douter. Alors, doit-on demander à quoi peut correspondre un tel communiqué en ce moment ? En le lisant, je n’ai pas pu m’empêcher de penser aussitôt à la campagne du journal « La Flamme » autour des conflits récurrents entre agriculteurs et bouviers, et des dénonciations des vrais propriétaires et du pouvoir.


En effet, le journal « La Flamme », organe politique du PCB paru le 24 mars dernier a publié, après le drame de Soclogbo qui a fait quatre morts, un très bon article sur les « Conflits récurrents entre agriculteurs et bouviers » et a montré clairement « La responsabilité des propriétaires des bœufs et de l’Etat engagée ». Ensuite, le journal a publié dans le numéro 496 du 31 mars, un Appel du Comité Central du PCB où il est dénoncée «la guerre déclarée de toute la bourgeoisie au pouvoir contre la paysannerie pauvre : dans la question du conflit éleveurs/paysans (agriculteurs) dans notre pays » où « au lieu de construire des parcs et d’acheter à manger à leurs troupeaux de bœufs, les véritables propriétaires des bœufs préfèrent l’élevage en divagation et font des cultures des paysans, les repas de leurs bêtes. » Le journal « La Flamme » rappelle ainsi les solutions connues depuis longtemps pour éviter ces conflits éleveurs/agriculteurs.


Le Communiqué du Projet de Sédentarisation semble une réponse pour indiquer que le pouvoir se préoccupe du problème. C’est une course derrière le PCB. C’est bien ! Dans ces conditions, il faut éviter la démagogie et satisfaire les exigences pressantes des paysans agriculteurs. Alors, en attendant que les hectares de parcelles fourragères se mettent en place, le pouvoir, à tous les niveaux, doit condamner fermement les ravages des champs des paysans par les troupeaux de bœufs et prendre en charge le dédommagement conséquent des paysans victimes des ravages des fruits de leur labeur. Et ce ne sera que justice !


Aliou

Téléchargez La Flamme N°498 ici:
https://www.la-flamme.org/images/La_Flamme_N498_du_21_Avril__2023.pdf