29 mars 1947, l’insurrection malgache
contre le colonialisme français

 

Il y a 75 ans, le 29 mars 1947, à la tombée de la nuit et exactement vers 22 heures, un groupe de patriotes malgaches a pris d’assaut la caserne militaire coloniale française de MORAMANGA dans le centre du pays. L’objectif est de s’emparer de l’armurerie de la caserne et d’étendre la révolte à toutes les contrées du pays afin de bouter les colons dehors. Au même moment, à beaucoup d’autres endroits de l’île, des insurgés attaquent villes, campements coloniaux, concessions coloniales, etc.


En effet, depuis le 1er octobre 1895, où le colonialisme français a imposé un traité de protectorat à la reine Ranavalona III, Madagascar est tombé sous la férule de l’impérialisme français, et l'île est devenue partie intégrante de l'Empire français pour un peu plus d'un demi-siècle. Depuis-là, tout n’a été que brimades, oppression, racisme, travaux forcés, etc. Comme dans toutes les colonies, le peuple malgache n’a jamais accepté la colonisation et s’est toujours battu contre. Ceci d’autant plus que, la colonisation a toujours été, humiliation, exploitation et ruine. La reine elle-même, après avoir manifesté une opposition au protectorat, a été déportée à La Réunion puis à Alger où elle aurait eu l’occasion de rencontrer le roi Béhanzin puisqu’elle est morte en 1917.


Durant la seconde guerre mondiale, alors que Madagascar, colonie française, est contrainte de participer à « l’effort de guerre » en envoyant 15 000 tirailleurs malgaches combattre en Europe, deux sociétés secrètes, la Jina et le Panama, se forment sur la Grande Île. Toutes deux ont un seul et même but. « Leur objectif, c’est la revendication de l’indépendance de Madagascar par la lutte armée, renseigne Jeannot Rasoloarison, professeur au département d’histoire de l’Université d’Antananarivo. En 1946, les militants de ces deux sociétés secrètes intègrent les rangs du parti MDRM, le Mouvement du parti Démocratique de la Rénovation Malgache qui veut l’indépendance de Madagascar. »


Au retour de la guerre et face aux exactions des colons, une partie des élites malgaches refusent la loi Defferre et l’indépendance dans la communauté française. L’insurrection a été lancée et durera près d’un an avec un écho favorable au sein du peuple, notamment au sein des paysans et artisans pauvres de la côte Est. « Pourquoi la côte Est ? C’est parce qu’il y a les petits colons qui ont fait souffrir les paysans malgaches par le travail gratuit, qu’on a appelé la réquisition et les corvées. Et les paysans veulent se débarrasser de ces petits colons. Les grands colons étaient ceux qui avaient de grandes superficies agricoles. Les grands colons employaient une main d’œuvre salariée. Alors que les petits colons ont exploité les paysans et c’est cette exploitation que les paysans n’ont pas acceptée. Et c’est ça qu’ils ont contesté à travers cette lutte armée. »


Cette insurrection sera durement réprimée par le colonialisme français puisqu’elle fera près de 50.000 morts. Elle durera près d’un an et ne s’arrêtera qu’avec la capture et la mise à mort des principaux dirigeants.


L’insurrection de 1947 à Madagascar fait partie de l’épopée de la résistance des peuples africains contre le colonialisme en général et contre le colonialisme français en particulier. La sauvagerie utilisée par le colonialisme français pour écraser cette insurrection légitime est un crime contre le peuple malgache et les peuples africains que l’impérialisme français paiera tôt ou tard.
Afia

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