A propos des exécutions extra judiciaires et le communiqué de la police républicaine
Déclaration du PCB
PARTI COMMUNISTE DU BENIN (PCB)
01 B.P. 2582 Recette Principale Cotonou (Rép. du Bénin)
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Déclaration
A propos de la recrudescence des exécutions extrajudiciaires et du Communiqué de presse de la police

 

La section départementale (Ouémé) de l’ODHP dénonce depuis quelques temps la recrudescence des exécutions extrajudiciaires dans le département. L’un des derniers cas a eu lieu le 16 novembre 2022, à l’Ecole primaire publique de Dowa à Porto-Novo et concernerait une vingtaine de personnes. Elles ont été dénoncées dans le Journal L’œil de l’Ouémé N° 27 du 23 novembre 2022. Une enquête a porté sur le même cas par le Journal radio en ligne Crystal News le 14 décembre 2022. Après ces dénonciations, la police a procédé à des arrestations notamment du Gardien de l’Ecole et du Chef Quartier Dowa qui ont témoigné dans l’enquête dès le 15 décembre. Le journaliste, auteur de l’enquête a été gardé à vue du 20 au 22 décembre avant d’être libéré et mis sous contrôle judiciaire.


Dans le communiqué de presse du 27 décembre 2022 de la Cellule de communication de la Direction de la police, à l’issue du point de presse animé par le porte-parole de la police, le Capitaine Eric Orou Yérima, en présence du Directeur général de la police, le Contrôleur général de 2ème classe Soumaïla Yaya, il est écrit : « Face à cette déclaration d’une extrême gravité et préjudiciable à l’image de marque de la police républicaine, l’institution tient à apporter un démenti formel. Ces allégations colportent des faits inexacts.» Pour prouver les faits inexacts, dans le même communiqué, on lit ceci au sujet de deux personnes qui seraient des malfrats en fuite « Une battue a permis de les localiser derrière l’un des bâtiments de l’école. Surpris, ils ont choisi de ne pas se rendre. Et alors que les éléments de la patrouille les sommaient de le faire, ils ont entrepris de faire usage de leur arme à feu. Les deux fugitifs ont été mortellement atteints et les corps déposés à la morgue du Centre hospitalier départemental de l’Ouémé-Plateau sur instruction du procureur de la République… ».


On voit là que la Direction de la police qui s’est tout le temps tue sur les dénonciations et a usé d’arbitraire notoire par les arrestations et les interpellations pour étouffer ces forfaits, tente de justifier une exécution extrajudiciaire. Elle pourrait parler ici de légitime défense; mais cela ne tient pas. Elle confirme plutôt bel et bien qu’il y a eu exécution extrajudiciaire ce 16 novembre 2022 « derrière un des bâtiments de l’école ». Elle confirme en plus les dénonciations de la recrudescence des exécutions extrajudiciaires dans le département. Mais en fait, il n’y a pas que dans ce département que ces forfaits sont perpétrés et presque quotidiennement à la charge de la police avec pratiquement le même mode opératoire.


Sans remonter loin dans le temps, on peut citer des cas suivants, qu’une certaine presse magnifie pour encourager la police. Le 11 novembre 2020, la police républicaine tue 7 présumés braqueurs à Zogbohouè. Voici ce qu’en dit La Nouvelle Tribune: « Au nombre de sept, ces présumés braqueurs ont été surpris… en train de planifier le braquage d’une institution financière. Ayant constaté la présence de policiers dans leur habitation, ils ont ouvert le feu avec des armes de fabrication artisanale. Les policiers ont donc riposté. Sept malfrats ont trouvé la mort. Le reste de la bande a pris la fuite et est recherché activement » (in LNT, 12/11/2020).


Le Matinal (N°6165 du 09 septembre 2021), on lit à la Une : « Lutte contre l’insécurité à Cotonou : 10 braqueurs neutralisés à Guinkomey. (Un exploit inédit de la police républicaine) ». « Abattre dix malfrats en l’espace de quelques heures relève d’une prouesse inédite qui mérite d’être saluée ». Or, le même quotidien Le Matinal précise « selon les informations, des policiers en civil étaient sur les lieux dans le cadre des enquêtes ouvertes à la suite d’un braquage opéré le mardi 7 septembre 2021 au quartier Sikècodji ... L’équipe sur-place a été rejointe par d’autres policiers en tenue… ». Dans le même temps, des exécutions sommaires sont signalés à Parakou à Zongo Nima (4 présumés malfrats abattus), etc.


Dans matinlibre.com du 29 novembre 2021, on lit : A Avrankou, « six personnes exécutées en l’espace de cinq jours par des éléments de la police républicaine en cagoule ». Les conseillers communaux en ont fait une préoccupation majeure à leur session qui a pris fin le 24 novembre 2021. « On dit que ce sont des voleurs, des receleurs. Non! On peut dire que l’un d’entre nous ici est receleur alors qu’il ne l’est pas » et quelqu’un de poursuivre « J’ai deux connaissances qui ont été exécutées la semaine surpassée à Ajarra. Après leur exécution, ils sont venus perquisitionner mais n’ont rien vu. C’est un monsieur cagoulé qui est venu les chercher ». On ne cite pas les alertes de l’ODHP relayées par la CBDH et autres associations. Dans son rapport 2020/2021, la Commission Béninoise des droits de l’homme signale que « le 29 juillet 2021, le Sieur D.A. qui aurait reçu des éléments de la police Républicaine à son domicile autour de 22h à Drabor, …dans la commune de Calavi où il a été criblé de balles et a rendu l’âme sur le champ n’est pas un épi phénomène ». Et au sujet de ces cas et d’autres, « la Commission se désole du silence qu’observe la police républicaine face aux lettres à elle transmise …pour élucider ces cas d’exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires ».


On peut citer encore des tas et des tas de tels forfaits et refus de la police de suivre les recommandations à elle faite afin qu’elle cesse d’avoir la gâchette facile contre les vies humaines en violation de la Constitution et des textes internationaux auxquels le Bénin est partie.


Au regard de tout ce qui précède, le Communiqué de la Direction de la police qui pense démonter ce qu’elle appelle les allégations qui colportent des faits inexacts, apparaît plutôt comme un entêtement à persévérer dans le massacre inacceptable de vies humaines dans notre pays. Elle persiste dans ces actes dans le silence et/ou la complicité coupables des institutions de la République, Premier magistrat (Président de la République), Gouvernement, Assemblée nationale. Elle se substitue même à la justice comme on voit dans le communiqué du 27 décembre qui s’autorise à juger déjà le Gardien de l’école, le Chef Quartier et le journaliste avant même le procès prévu pour le 13 février 2023. C’est pourquoi, il urge que tout soit mis en œuvre pour arrêter la main assassine de la police. Cela passe par le respect des lois qui protègent la vie humaine et la mise en place de structures indépendantes d’enquête pour faire la lumière sur les exécutions extrajudiciaires, la sanction des auteurs. Autrement, ce sera la liquidation dans notre pays des acquis universels des droits à la vie, à la liberté d’expression, de presse, d’information, etc. auxquels notre peuple a concouru et entend préserver.


Alors, halte aux exécutions extrajudiciaires! Liberté pour toutes les personnes détenues!
Cotonou, le 28 décembre 2022
Le Parti Communiste du Bénin

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