MOTION DE PROTESTATION


- Au Président de l’Assemblée Nationale,
- Aux honorables députés en session extraordinaire.

- Considérant que la Constitution du 11 décembre 1990 actuellement en vigueur est le fruit des énormes sacrifices consentis par le peuple contre le régime autocratique et barbare du PRPB ;
- Considérant depuis lors l’opposition ferme et constante du peuple à toute révision de la Constitution sans son implication active et directe comme l’ont montré les rejets des tentatives de Mathieu Kérékou et de Boni Yayi ;
- Considérant que de partout fusent, en moins d’un an d’exercice, les contestations du pouvoir prédateur, d’impunité, affameur du peuple de Patrice Talon et le rejet de sa gouvernance autocratique ;
- Considérant qu’au lieu que le Président de la République écoute cette désapprobation générale, et cherche, à travers un dialogue franc et sincère, les raisons du mécontentement généralisé, il préfère passer par certains députés pour introduire plusieurs propositions de lois scélérates, notamment de destruction de l’Administration publique, de généralisation de la précarité de l’emploi, d’instauration d’un régime policier, d’impunité des crimes politiques des services d’espionnage et de renseignement contre les citoyens;

- Considérant que constatant son rejet par le peuple, le Président Patrice Talon, trahissant toutes ses promesses en la matière, veut se réfugier au Parlement et se couvrir de la caution des Députés pour faire passer son projet de révision de la Constitution ;
- Considérant que le projet de révision de la Constitution envoyé à l’examen du Parlement le 15 mars 2017 traduit la volonté du pouvoir de Patrice Talon de constitutionnaliser sa gouvernance autocratique, prédatrice et affameuse contre le peuple;
- Considérant que ce projet remet en cause les libertés fondamentales conquises, notamment celles de réunion et de manifestation et renforce l’impunité des gouvernants ;
- Considérant que contrairement à ce qu’il prétend, le projet ne corrige pas le déséquilibre entre les institutions ni ne réduit le pouvoir du Président de la République, mais, au contraire bafoue l’indépendance de la Justice et déstabilise toutes les institutions de contre-pouvoirs au profit d’un renforcement des pouvoirs du Président de la République;
- Considérant que ce projet se permet par exemple de supprimer certaines institutions, de modifier la composition, les attributions ainsi que la durée des mandats d’autres sans en recourir à leur mandant, le peuple souverain;
- Considérant que même l’endettement du pays et des générations présentes et futures serait désormais du seul ressort du Président de la République qui négocie, signe et ratifie les conventions de financement extérieur ;
- Considérant que ce projet de révision de la Constitution veut transformer notre pays en une société privée du Chef de l’État et tous les citoyens, en employés taillables et corvéables sur lesquels le "PDG", Chef de l’État, Président du Conseil National du Renseignement aurait même impunément droit de vie et de mort ;
- Considérant que le simple respect du parallélisme des formes en matière de droit devrait conduire à l’implication obligatoire du peuple, constituant originaire, dans le projet de révision de la Constitution ;
- Considérant enfin les nombreux appels passés et actuels à la réunion des États généraux du peuple en vue de reconstruire les bases d’une nouvelle gouvernance de démocratie, de patriotisme et de probité pour notre pays;

Les participants au sit-in initié par le Front pour le Sursaut Patriotique du 23 au 24 mars 2017devant le siège de l’Assemblée nationale :
- Rejettent le projet de loi constitutionnelle portant révision de la Constitution du 11 décembre 1990 ;
- Exigent le rejet par les députés de ce projet de constitutionnalisation d’un pouvoir autocratique, prédateur, policier et d’impunité sur notre pays ;
Proclament, qu’en tout état de cause,le peuple béninois qui ne se reconnait pas à travers ce projet de révision de la Constitution, se donnera les moyens de le combattre et de réunir les conditions pour l’élaboration d’une autre Constitution qui prenne en compte ses aspirations de liberté, de patriotisme et de probité pour la gouvernance de la Patrie.
Porto-Novo, le 24 mars 2017
Les participants.

[Le sit-in couché initié par le Front pour le Sursaut Patriotique (FSP) du jeudi 23 au vendredi 24 mars 2017]