Adresse aux Dirigeants de ce Monde réunis au Sommet COP 21 de Paris, Novembre 2015.

Les Excellences Distingués Dirigeants de ce Monde,

Notre vieille terre, patrimoine commun de l’Humanité est en péril. La vie y est menacée. Depuis les millénaires l’homme a agi en véritable apprenti sorcier : détruisant systématiquement les éléments naturels de son existence. Si pendant longtemps, ces actions déprédatrices de l’homme se faisaient sous l’effet de l’ignorance et par instinct individuel de conservation, depuis la naissance du capitalisme, ce phénomène destructif de la planète s’est accéléré sous l’instinct de cette classe bourgeoise dont la raison première d’existence est l’accumulation au maximum de profits égoïstes sans considération de l’existence commune. Et ce, malgré tous les avertissements et alertes des forums scientifiques de par le monde ! Conséquences : les forêts disparaissent sous les barrages, les routes, les villes, les usines et même les déserts etc. Pendant que le couvert végétal est en disparition rapide sur la planète, les usines avec le dégagement des gaz polluants finissent de détruire la mince couche d’ozone qui permet la vie sur terre. Les glaciers polaires fondent ; le désert avance, les pluies deviennent rares ; les côtes s’érodent sous l’avancée vertigineuse de la mer ; des villes entières disparaissent sous les flots, les mers et nos côtes sont infectées de pollutions multiples etc.

L’on cite volontiers les plus grandes puissances pollueuses de la planète telles les Etats-Unis, la Chine, l’Europe, le Japon etc. comme responsables de cette situation.

Je sais que la question en débat mondial-le réchauffement climatique-met en jeu deux droits apparemment opposés et contradictoires : le droit au développement et le droit de l’humanité à un environnement sain. Comme on le sait, tout processus de développement engendre toujours quelque nuisance à l’environnement. Le droit au développement, depuis le 18ème siècle, des hommes de certaines régions de la planète (depuis l’Angleterre jusqu’aux actuels pays émergents) l’ont exercé par la destruction systématique de l’écosystème, au mépris du droit de l’humanité à un environnement sain, au mépris notamment de l’Afrique qui subit ainsi à la fois et le non développement et la destruction de son environnement. La problématique d’aujourd’hui est de permettre à l’Afrique d’exercer elle-aussi pleinement les deux droits que sont le droit au développement et le droit à un environnement sain ; ce qui signifie pour elle le droit de se développer en causant le moins de nuisance possible à l’environnement.

Nous voilà aujourd’hui donc dans la situation de péril. L’humanité est au pied du mur : soit prendre conscience du danger collectif par des dispositions idoines ; soit assister à un suicide collectif et ceci indépendamment des classes auxquelles l’on appartient.

C’est dire que les Grands pollueurs doivent prendre des mesures énergiques pour limiter la pollution dans les limites acceptables à la vie humaine ; de l’autre, il s’agit pour les nouveaux appelés au développement, d’éviter les écueils du passé en recourant le plus possible aux énergies renouvelables.

La responsabilité qui vous incombe Distingués Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Planète est donc énorme.

Il  est désormais inacceptable que des individus et des entreprises, voire des Etats « s’enrichissent par des activités climatiquement criminelles ».

Tout en soulignant la responsabilité des plus grandes puissances de ce monde, je ne puis oublier la part que doit prendre mon pays, à la protection de l’écosystème mondial.

C’est pourquoi à l’endroit des dirigeants de mon pays, le Bénin, je préconise la prise de mesures immédiates telles que :

1°- Une politique résolue de développement en prenant principalement pour base les énergies renouvelables (éoliennes, solaires, biomasse etc.) ;

2°- Une disposition portant interdiction de toute exportation de bois brut du Bénin ;

3°- Une disposition portant interdiction de coupes de certaines espèces en voie de disparition ;

4°- La protection de toutes les aires forestières existantes ;

5°- La prise de décision immédiate portant promotion de la cuisson au gaz domestique par subvention étatique du prix du gaz domestique ;

6°- La limitation des zones de cultures du coton et l’adoption d’une politique rationnelle de zonage des cultures en tenant compte de la nature pédologique des sols ;

7°- La prise de sanctions fermes contre les destructions des forêts en sanctionnant immédiatement tous ceux qui, ces dix dernières années, ont systématiquement œuvré à la destruction de nos forêts ;

8°- L’obligation faite à chaque commune d’aménager des périmètres d’aires protégées : de forêts et d’animaux d’au moins 100 hectares ;

9°- L’adoption d’une véritable politique de reforestation de tout le pays en lieu et place du folklore annuel dit de reboisement organisé tous les 1er juin depuis trois décennies dans notre pays ;

10° - L’éducation de la population avec interdiction et sanctions contre les feux de brousse ;

11° - L’alphabétisation accélérée de la population pour l’adoption de méthodes culturales modernes de protection des forêts, notamment contre les cultures sur brûlis.

Excellences Distingués Dirigeants de ce Monde,

Telles sont les propositions que nous faisons comme contribution à ce sommet de dernière chance pour l’humanité.

Quelle terre laisserons-nous à nos enfants ? La question est ainsi posée. A vous d’y apporter la solution.

Cotonou le 23 Novembre 2015

Pour la Convention Patriotique des Forces de gauche

Le Président,

 

Philippe Noudjènoumè