POINT DE PRESSE
Cotonou, Bourse du Travail, le 28 février 2018
A propos de quelques éléments de l’actualité politique

Mesdames et Messieurs les journalistes,
Camarades et chers amis,
Nous avons pris l’habitude de rendez-vous réguliers avec vous à propos de l’évolution de la situation sociale et politique nationale. Ainsi, notre dernier rendez-vous, le 05 février 2018, nous a permis de nous prononcer sur la révolte des populations et propriétaires terriens du périmètre aéroportuaire de Glo-djigbé, le scandale des salaires politiques pendant que l’on fait serrer la ceinture au peuple, le quadrillage policier le 30 janvier 2018 en prévision du procès de Laurent METONGNON et enfin à propos de la violation par le pouvoir des décisions de la Cour constitutionnelle.

Depuis le 05 février 2018, en trois semaines, le pays s’est davantage enfoncé dans la crise sur tous les plans. La crise économique s’aggrave et le moral ainsi que les perspectives pour les opérateurs économiques sont de plus en plus en berne. Il s’annonce encore des licenciements pour raison économique dans maintes entreprises du secteur privé, sans parler de la mévente généralisée dans les marchés. Le chômage augmente par conséquent ainsi que la crise sociale avec l’extension de la faim et de la misère dans les ménages et foyers.
Mais, c’est sur le plan politique que la crise s’étend, s’aggrave, face à la surdité, l’arrogance et la gouvernance autocratique du Chef de l’Etat. Le pouvoir de Talon, complètement submergé par les effets désastreux de sa politique et les ripostes populaires à sa mal-gouvernance est aux abois, pose des actes à la manière d’un naufragé qui ne sait pas nager et qui a refusé la bouée de sauvetage et dont chaque geste augmente par conséquent les chances d’une noyade assurée. C’est ainsi que l’on peut comprendre les éléments de l’actualité récente que nous voulons passer aujourd’hui en revue avec vous en ce jour du 28ème anniversaire de la fin de la Conférence des forces vives de la nation de 1990.
Nous passerons en revue la poursuite des violations des libertés publiques, la lutte sélective contre la corruption, la surdité face à la crise sociale et enfin l’impasse politique actuelle avant de conclure à la nécessité pour tout le peuple de se lever pour imposer sa solution : mettre fin à la gouvernance autocratique, affameuse, de pillage et d’accaparement des ressources publiques.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Camarades et chers amis,
Le peuple est en train de vivre aujourd’hui comme un cauchemar. On ne pouvait imaginer revivre et entendre, après la chute de la dictature autocratique et les heures sombres du pouvoir de Mathieu Kérékou –PRPB, des hommes du genre d’un Martin Dohou Azonhiho, le Mison, proférer sur les ondes, des interdictions et des menaces contre les femmes de marchés, les étudiants, les travailleurs salariés, les paysans à qui on interdit tous droits de manifestations, de grève, décréter des zones et des lignes rouges. Et c’est pourtant ce qui est donné au vaillant peuple du Bénin de vivre et d’entendre avec le pouvoir de la ruse et de la rage de Patrice Talon. Des hommes, comme le préfet Toboula et le ministre Djogbénou vocifèrent et provoquent tous les jours le peuple, les étudiants, les femmes, les travailleurs salariés, dans la défense aveugle d’une dictature autocratique en violation de la Constitution et des lois de la République. On a pu entendre hier, 27 février sur les antennes de la télévision nationale, Toboula, arrachant les prérogatives du maire de Cotonou et du préfet de l’Atlantique, déclarer l’interdiction de la marche pacifique des étudiants d’Abomey-Calavi de ce jour 28 février 2018 sur leur ministère de tutelle, le ministère de l’enseignement supérieur, aux motifs de jours ouvrables et de zones interdites à manifestations. Quelle constitution et quelle loi interdisent une manifestation sur les ministères, y compris même la présidence de la République que tout le monde sait protégée par une garde permanente ? Le pouvoir autocratique se sachant coupé du peuple en a peur, au point où tout un arsenal de guerre est déployé contre des femmes qui ont décidé d’une marche pacifique le 20 février dernier, pour aller dire à Patrice Talon que le peuple a faim. Un dispositif policier a été déployé sur des centaines de mètres autour du lieu de rassemblement, la Bourse du Travail, ce 20 février, tôt le matin, pour empêcher tout rassemblement. Le FSP renouvelle ici ses félicitations aux femmes pour leur bravoure qui leur a permis, sous la direction de Thérèse WAOUNWA, de manifester leur colère et surtout les casseroles vides qui dévoilent plus que des mots, l’étendue et la profondeur de la pauvreté et de la faim qui tenaillent le peuple.
Comment empêcher les jeunes étudiants de manifester pacifiquement leur angoisses et leur désespoir, comment empêcher les femmes de manifester pacifiquement contre la faim et la misère dans les foyers et ménages au Bénin, comment déverser des mensonges et des mesures répressives contre les fonctionnaires en grève, voilà ce qui est devenu la tâche quotidienne des autorités du Bénin. Le ministre de la justice, Djogbénou, chantre et l’idéologue de la dictature, peut vous dire, afin de justifier les réquisitions des grévistes que les secteurs stratégiques de la nation, ce sont ceux définis, non pas par la loi, mais que le gouvernement décide dans sa politique. Oui, Djogbénou va jusqu’à nous dire que le tourisme, définit comme secteur prioritaire par le pouvoir de Talon est devenu un secteur stratégique pour la vie des citoyens ! On l’entend aussi vociférer contre les grévistes pour justifier les défalcations arbitraires et illégales.
C’est même contre le droit à l’information des citoyens que le pouvoir de Talon excelle. On ne reporte jamais sur l’ORTB, les interventions des masses, des délégués ou personnalités interlocutrices du Chef de l’Etat ou des ministres. Les reportages des audiences que le Chef de l’Etat multiplie dans le désespoir d’afficher qu’il serait à l’écoute du peuple montrent que les interlocuteurs (responsables syndicaux, hauts responsables religieux, populations de Glo-djigbé, etc), servent davantage de faire valoir aux monologues ennuyeux, moralisateurs, humiliants et intimidateurs sur les réformes du Chef de l’Etat. On veut nous expliquer encore aujourd’hui, deux ans après son arrivée au pouvoir, sa politique après avoir proclamé que le peuple aurait choisi à 65 % son projet de société. On ment en disant que l’on ne fait que ce qu’on avait promis. Avait-on promis de casser les revendeuses des bords de rue sans alternative ni accompagnement ? Avait-on promis des lignes rouges contre toute manifestation autour du domicile et du palais du Chef de l’Etat ? Avait-on promis d’acheter, soi-même, Chef de l’Etat, le domaine public abritant le domicile du ministre des affaires étrangères ? Avait-on promis de gérer dans la plus grande opacité, avec des marchés gré à gré, des grilles de salaires des ministres et des cadres de la présidence de la République, gardées secrètes du citoyen et du contribuable béninois ? Avait-on promis de ne pas respecter les décisions de la Cour constitutionnelle et de les jeter à la poubelle ? La réponse à toutes ces interrogations est négative. Le peuple se trouve en face d’un président parjure et qui a conduit le pays dans l’impasse.
On a promis la lutte contre la corruption et contre l’impunité que tout le peuple exige depuis des décennies. Mais, dès la formation de son premier gouvernement, tout le peuple pouvait s’apercevoir que Patrice Talon était disqualifié pour mener une lutte efficace contre la corruption et l’impunité. Le gouvernement est truffé des pires pilleurs non seulement des ressources de l’Etat (Maria-gléta, mafia domaniale à Cotonou, machines agricoles etc..) mais même des épargnes de la population (l’affaire Icc-services). Et c’est devant et après le rejet du projet de révision de constitution que la ruse et la rage mises en œuvre se mettent à cibler, comme par hasard, uniquement les dirigeants de l’opposition politique. Après Laurent METONGNON dont le dossier indiqué est vide, c’est actuellement le tour des députés et anciens ministres que l’on poursuit, après des audits sans écoute des mis en cause, avec des demandes, auprès d’un Parlement vassalisé, de levée de l’immunité ou de saisine de la haute Cour de Justice. Et ceci intervient, comme encore par hasard, après le deuxième congrès des FCBE qui a montré le désaveu populaire de la politique affameuse, de pillage de Patrice Talon et la déroute de ses soutiens à Parakou. L’acharnement politique est sans équivoque et la lutte sélective est nette. Pourquoi les auteurs du scandale de machines agricoles, bien documentés avec les noms des pilleurs par le député aujourd’hui du bloc de la majorité parlementaire, Janvier YAHOUEDEOU, ne sont pas déférés devant le tribunal. On doit conclure que Patrice Talon dont le pouvoir baigne dans la corruption est disqualifié pour une lutte contre la corruption et ce qui se fait, se résume en un acharnement contre les opposants politiques et les concurrents économiques. Le Front pour le Sursaut Patriotique dénonce alors cet acharnement contre les opposants politiques et les soutient dans leurs épreuves contre le pouvoir dictatorial de Patrice Talon. Le FSP exige que soient également déférés à la barre les auteurs des scandales, nichés dans la Cour et au gouvernement du nouveau dictateur.
Ses zélateurs au parlement ont donné hier une conférence de presse pour étaler leur allégeance de vassaux à la politique dictatoriale en cours. On ne peut qu’être révolté, à la veille du 28èmeanniversaire de la Conférence nationale, d’entendre des gens justifier la légalisation de la confiscation de la liberté d’association en parti politique sous le couvert d’une réforme du système partisan. Ce projet liberticide a été déchiré par les participants au séminaire organisés les 15 et 16 février 2018 par l’Assemblée nationale. Mais la ruse et la rage ne l’entendent et ne l’entendront pas de cette oreille. Il faut parvenir à la réinstauration de la pensée unique, à la suppression des libertés et de la démocratie comme aux temps lugubres d’avant 1990. Voilà à quoi se résume en fait la réforme du système partisan de Patrice Talon.
C’est ce que montrent les violations répétées des décisions de la Cour constitutionnelle, aux tentatives de déstabilisation de la Cour. On se souvient que par décision DCC-17-262 en date du 12 décembre 2017, la Cour constitutionnelle a rétabli la validité de la Lépi jusqu’en 2021, détruit la légalité de toute tentative de remplacement par le Ravip en cours, constaté le retard pris dans l’installation du Cos-Lépi pour l’actualisation de la Lépi, ordonné par conséquent à l’Assemblée nationale de désigner le 21 décembre 2017 au plus tard les membres du Cos-Lépi pour leur installation le 29 décembre 2017. La décision est claire et précise.
Mais jusqu’à ce jour, le bloc de la majorité parlementaire, n’a pas daigné s’exécuter. Et le président de la République qui reconnaît avoir dicté au parlement, le retrait du droit de grève aux travailleurs, le Président de la République, garant de l’exécution des décisions de justice, ne dit rien, ne fait rien pour que sa majorité au parlement s’exécute. Le parjure est net et cache mal la volonté d’imposer le Ravip avec la société SAFRAN bien connue pour le traficotage et la fraude pour les prochaines élections. Sans l’installation du Cos-Lépi jusqu’à ce jour, notre pays se trouve dans une impasse électorale.
Autre violation flagrante de la loi, c’est la non désignation jusqu’à ce jour du remplaçant de Monsieur Simplice DATO, démissionné de la Cour constitutionnelle le 26 janvier 2018 en vue de la déstabilisation avortée de la Cour Constitutionnelle. Alors que les textes indiquent que le remplacement du démissionnaire doit se faire dans le mois, c’est-à-dire fin janvier au plus tard dans le cas d’espèce, le Chef de l’Etat à qui incombe le devoir de nommer le remplaçant ne s’est pas exécuté. Ses avocats défenseurs dans les média servent leur interprétation en parlant d’un délai d’un mois alors que le texte dit bien dans le mois. Même, après plus d’un mois, le remplacement n’est pas annoncé.
Somme toute, TALON viole la Constitution qu’il a juré par serment de défendre et de faire respecter. En piétinant les décisions de la Cour constitutionnelle, en jetant ses décisions à la poubelle, TALON a démoli l’édifice institutionnel et constitutionnel du pays. En plus de sa crédibilité et légitimité populaire, TALON sape sa propre légalité constitutionnelle.
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Camarades et chers amis,
En ce jour anniversaire de la clôture de la Conférence nationale de février 1990, le peuple se retrouve devant le défi et la responsabilité de reconstruire le pays sur des bases plus solides. Nous devons y aller avec la détermination d’un peuple fier et qui n’accepte pas de courber l’échine devant les dictateurs. Nous devons y aller dans la défense des acquis consacrés, après des luttes héroïques, de la sueur, des larmes et du sang, par cette Conférence. Mais nous saurions également y aller en tirant des leçons de l’histoire, et surtout du malheur qui nous arrive aujourd’hui. Nous pourrons probablement comprendre que les souches de l’autocratie n’ont pas été arrachées, que les tortionnaires qui avaient semé la désolation et même la mort, n’ont pas été sanctionnés ni même suffisamment blâmés. On pourrait comprendre que la dictature couvre toujours le pillage à grande échelle et que pour couvrir le pillage, les pilleurs en arrivent toujours à vouloir imposer leur dictature.
On pourra comprendre qu’un pays fort, que des institutions fortes exigent et appellent des citoyens prêts à se sacrifier pour leur pays, pour la cause des libertés et l’épanouissement de la patrie. Alors, on peut comprendre le grand tort, fait, non pas seulement aux combattants d’hier, mais à la cause de la liberté avec la non sanction des violateurs des libertés publiques d’une part et la non promotion de l’esprit de sacrifice, la non réhabilitation voire décoration des combattants de la liberté contre l’autocratie.
Aujourd’hui, le peuple affamé est encore appelé au sacrifice pour faire tomber les barricades derrière lesquelles se mure Talon et que défendent les Toboula et autre Djogbénou en traçant des lignes rouges. La jeunesse est appelée au combat, les femmes sont appelées, les artisans, les paysans, les travailleurs salariés, les soldats et hommes en armes, tous les démocrates de l’intérieur comme de l’extérieur, tout le peuple est appelé à se lever pour renouveler les exploits qui ont permis la tenue de la Conférence de 1990.
Le FSP dit au pouvoir de Talon : la ruse contre son peuple ne paie pas et n’a pas payé ; la rage, non rapidement traitée, conduit toujours à l’asile et à la mort pour son auteur.
C’est pourquoi, le FSP appelle tout le peuple à se lever pour mettre fin à la gouvernance de parjure, de la fraude, de pillage et de famine de Patrice TALON pour la tenue des Etats Généraux en vue d’une gouvernance patriotique et de probité.
Merci.
Pour le Comité de Suivi
Le Porte-parole
Jean Kokou ZOUNON

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