POINT DE PRESSE

Cotonou, Chant d’oiseaux, le 05 février 2018

 

Mesdames et Messieurs les journalistes,
Camarades et chers amis,

Depuis la marche du 23 janvier 2018 où les manifestants ont eu à faire échec à la provocation du préfet Toboula, le FSP n’a pas eu l’occasion de s’entretenir avec vous sur divers éléments qui ont défrayé l’actualité nationale. On peut retenir la révolte des populations et propriétaires terriens du Périmètre Aéroportuaire de Glo-Djigbé, le scandale des salaires des ministres et des membres de leurs cabinets, la journée du 30 janvier 2018 (jour prévu pour le procès de Laurent METONGNON et ses co-accusés) et l’encerclement policier du palais de Justice de Cotonou, les violations de la Constitution et enfin les tentatives de déstabilisation de la Cour constitutionnelle par le pouvoir en place.

 

1- La révolte des propriétaires terriens du Périmètre Aéroportuaire de Glodjigbé

L’événement s’est déroulé le jeudi 18 janvier 2018 avec des barricades érigées par des populations sur la voie Cotonou-Allada pour protester contre les prix dérisoires fixés par le gouvernement de Talon pour le dédommagement des propriétaires et acquéreurs des parcelles du périmètre aéroportuaire de Glo-Djigbé. Le Comité départemental du FSP de l’Atlantique, après une enquête minutieuse, a publié une déclaration en date du 29 janvier 2018 à l’endroit des populations concernées et de l’opinion publique, publication qui donne un éclairage saisissant sur le sujet. Et nous citons : « Au commencement était l’identification en 1974 du domaine devant abriter l’aéroport. Puis, l’Autorité de Développement du Périmètre Aéroportuaire de Glo-Djigbé est créée en 2002 avec pour mission de faire aboutir le dossier d’expropriation et de dédommagement.
Précisons aussi que ce périmètre s’étend sur trois communes : Abomey-Calavi, Zè et Tori, soit au total 3028 ha. La Déclaration d’utilité publique n’a été prononcée qu’en 2006 après enquête de commodo et incommodo, et non pas depuis quarante ans comme
le proclament les zélateurs soutiens à l’escroquerie de Talon.
La Commission de négociation pour le dédommagement a été créée en 2012. Une estimation du coût de dédommagement en vue d’une recherche de financement avec des bailleurs de fonds a été faite en 2012. Cela concerne une superficie de 2000 hectares devant abriter l’aéroport (à savoir 1600 ha pour l’aéroport proprement dit et une zone tampon de 400 ha. On ne mentionne pas ici les 1028 ha réservés pour autres usages).
Les prix pour le dédommagement devant être négociés avec les propriétaires, l’enquête financière pour établir les fiches individuelles de négociation avec les propriétaires et acquéreurs a été confiée à un Consultant indépendant en 2014.
La validation du rapport du Consultant a eu lieu à Bohicon. Les propositions arrêtées à cette occasion, prenant en compte les réalités actuelles sur le terrain, vont de 1000F à 7000F le m2. »
Ces prix ont été modifiés à la baisse ensuite par le pouvoir de TALON de façon arbitraire allant jusqu’à celui de 75 f le m2. Ce sont ces prix arbitrairement dictés par le pouvoir de Talon que les autorités (DG/ANDF et Ministre des TP) ont fait imposer à la réunion d’information aux populations et propriétaires à Abomey-Calavi le 17 Janvier 2018. Leur réaction légitime ne se fait pas attendre : elles occupent la rue et s’insurgent le 18 janvier 2018. Les hommes de Talon passent à la phase de combines diverses pour attiser la répression. »
Le FSP est entièrement d’avis qu’il faut pour notre pays un nouvel aéroport. Mais, il faut un juste dédommagement des populations et propriétaires terriens. Or, il est clair, au vu de ces faits, que les prix fixés dans le cas d’espèce relèvent d’une vaste volonté de brimade et d’escroquerie des populations.
Des zélateurs du pouvoir de Talon tentent de justifier l’escroquerie et la répression des populations en parlant des prix à l’hectare de 2006. Or, cela est insensé, car on ne dédommage pas un propriétaire sur la base du prix d’acquisition d’un bien, mais sur la base des prix au moment des négociations. Le dédommagement aujourd’hui ne peut pas se baser sur les prix de 2006, il y a douze ans, puisqu’il faut reconstituer le patrimoine au prix actuel. Du reste, Talon et ses ministres acceptent-ils d’être rémunérés aux prix de 2006 ? Ensuite, ces zélateurs tentent de semer la confusion en évoquant le nombre de personnes à dédommager qui aurait évolué à la hausse, comme si le dédommagement portait, non pas sur la superficie totale (qui n’a pas évolué), mais sur le nombre des personnes à dédommager! Les escrocs manquent totalement d’arguments et se révèlent des complices de l’escroquerie et des crimes de masse.
Certaines presses annoncent le démarrage des travaux sur le site pour le 20 février 2018 alors que les problèmes liés au dédommagement ne sont pas correctement réglés.
Le FSP estime qu’un passage en force pour le démarrage des travaux, sans un juste et équitable dédommagement des populations et propriétaires terriens serait une provocation de plus pour les populations et pourrait être dommageable pour l’évolution des travaux et l’exploitation des infrastructures.
C’est pourquoi, le FSP soutient la position du Comité Départemental du Front pour le Sursaut Patriotique de l’Atlantique et condamne la répression aveugle des populations par le pouvoir oppresseur et pilleur de Talon pour déposséder les propriétaires.
Le FSP exige :
- la levée immédiate de l’état de siège à Glo-Djigbé et environs ;
-des sanctions exemplaires contre les auteurs des exactions contre les populations ;
- la libération immédiate des personnes arrêtées ;
- l’indemnisation de toutes les victimes ;
- le juste et équitable dédommagement des propriétaires et acquéreurs.

2- Le scandale des salaires des ministres et des membres de leurs cabinets

Le Bénin "révélé" a une caractéristique : l’opacité dans la gestion du bien public. Alors, certains disent que l’opacité ne peut rien révéler d’autre que l’obscurité et les horreurs. Ainsi en est-il de la question élémentaire de combien coûtent à la nation et aux contribuables béninois le Président de la République, ses ministres et leurs collaborateurs. Ce qui peut être consulté sur simple clic ailleurs est ici secret d’Etat pendant qu’on chante le e-administration et autre modernisation de l’administration. Mais au fil du temps, le peuple finit par savoir, et les pilleurs finissent par se faire découvrir.
D’abord, les rémunérations des préfets : cinq millions par mois. Et puis, on apprend, sans aucun démenti jusqu’à ce jour par le pouvoir, qu’il y a dans le gouvernement de Talon des ministres "tchigan" à 16 millions le mois et des ministres "tchivi" à 8 millions. Des ministres à 16 millions le mois sans compter certainement les autres avantages matériels. Quatre cent (400) fois le SMIG au moment où l’on clame réduire le train de vie de l’Etat, et pendant que l’on clame devant les représentants des syndicats que la situation financière ne permet pas d’augmenter la valeur du point d’indice afin d’améliorer le salaire de l’instituteur, qu’il manque de gants dans les hôpitaux et centres de santé publics, que les parents appauvris doivent continuer de payer des sommes exorbitantes pour les études de leurs enfants dans les universités d’Etat. C’est inhumain et inadmissible.
Le pouvoir n’avait pas fini de nous éclairer à propos des rémunérations des membres du gouvernement que parait le barème des salaires des Directeurs de cabinet, de leurs adjoints, des secrétaires généraux et de leurs adjoints. Par décret 2017-510 du 13 décembre 2017, TALON octroie un salaire de 2.300.000 frs le mois aux directeurs de cabinet. On nous parle de rémunération unique, supprimant tout autre avantage. Mais, il s’agit d’un camouflage grossier, car, il faut bien assurer le déplacement du directeur de cabinet par un véhicule d’Etat (loué ou acheté) et qu’il faut continuer d’entretenir, naturellement aux frais de l’Etat.
Devant des ministres qui se sucrent ainsi que les conseillers du
Palais de la Présidence qui se la coulent douce, il est devenu certainement intenable de ne pas mouiller les DC et SGM. Bientôt suivront logiquement les autres directeurs centraux (DAF, DPP, DG) ainsi que les conseillers techniques des ministres.
Pour tenter de se défendre, les griots du pouvoir parlent de rémunérations des postes politiques qui devraient mettre les cadres à ces postes au-dessus du besoin. Les fonctionnaires et le peuple comprendront alors que pendant que le Chef de l’Etat demande au peuple de se serrer la ceinture, augmente les impôts et taxes du petit artisan, c’est pour mieux rémunérer les titulaires des postes politiques. TALON affame le peuple et engraisse les serviteurs de sa politique autocratique. Le peuple comprendra mieux qu’il a affaire à un pouvoir pilleur et affameur.

3- La journée du 30 janvier 2018 et le quadrillage policier autour du Palais de justice de Cotonou
Le 30 janvier 2018, au petit matin, dès 6 h30, les rues menant au
Palais de justice de Cotonou étaient quadrillées par un important dispositif de police. Les passagers sont, soit détournés, soit soumis à un filtre. Même des magistrats devant se rendre au tribunal ce matin-là ont été obligés de montrer patte blanche. Le dispositif policier ne sera levé qu’au-delà de 09 heures.
Et pourquoi tout cela ? C’est le jour où devait reprendre le procès de Laurent METONGNON et de ses co-accusés. De nombreux militants et sympathisants, malgré l’incertitude qui planait sur la tenue de l’audience compte tenu de la grève des magistrats et des agents de la justice, ont fait le déplacement et se sont heurtés à ce dispositif de siège policier du tribunal. Alors, on se demande de quoi le pouvoir de Talon a-t-il peur ? La justice n’est-elle pas rendue au nom du peuple et a-t-on décrété le huis clos pour mieux sceller le complot tramé contre Laurent METONGNON et ses co-accusés ? Pourquoi tant de provocations contre le peuple ?
En tout cas, ce qui est devenu clair pour tout le monde, c’est que
Laurent METONGNON est un détenu politique. C’est Talon et son gouvernement réunis en Conseil des ministres le 02 novembre 2017 qui ont jugé et condamné Laurent METONGNON. Les femmes, à l’appel des organisations membres du FSP, sont allées le dire le 29 janvier 2018 lors d’un sit-in au cabinet du ministre de la justice à Porto-Novo.
C’est le Conseil des ministres qui a menti en disant que la BIBE était encore en difficulté au moment des placements effectués entre avril 2014 et octobre 2015, alors que la BIBE n’était plus sous administration provisoire. C’est Talon et son gouvernement réunis en conseil des ministres qui, sans avoir écouté les mis en cause, concluent dans le communiqué de compte rendu du conclave que « lesdits placements ne l’ont été que dans le seul intérêt inavoué des dirigeants de bénéficiers des commissions, ». C’est TALON et son gouvernement qui ont dit dans le compte rendu de leur conseil d’inquisition de « l’intention malveillante des dirigeants concernés, qui n’ont pas hésité à exposer les ressources des travailleurs et des retraités en effectuant des DAT à la BIBE dans le seul but de recevoir en contrepartie de commissions occultes ». Seul un tribunal inquisiteur peut condamner « l’intérêt inavoué, l’intention malveillante, le seul but » d’une action. Tout le monde voit bien que la Conseil des ministres a été transformé en un tribunal inquisitoire qui a jugé, condamné et transmis le dossier à la justice pour entériner et sanctionner. Et le procureur TOGBONON de faire la sale besogne, malgré les résultats de l’enquête préliminaire qui ont montré un dossier vide.
Le FSP félicite donc les jeunes, les travailleurs, les femmes, tout le peuple pour leur clairvoyance : C’est Talon et son gouvernement qui effectivement ont jugé et condamné Laurent METONGNON et ses co-accusés. Le procès au tribunal n’est qu’une mascarade honteuse et infamante pour la justice de notre pays, une torture pour les mis en cause, leurs parents et le peuple. Le plan du dictateur est apparu plus clair avec la radiation du capitaine Patrice TREPKO, le vote des lois scélérates de retrait du droit de grève aux fonctionnaires : museler le peuple. Mais c’est un pari impossible, qui est déjà perdu. Alors Talon doit libérer immédiatement Laurent METONGNON, ont clamé les femmes à l’appel de Thérèse WAOUNWA le 29 janvier 2018. Plus de détenus politiques dans notre pays, ont-elles exigé ! Et si des magistrats à ordre continuent la sale besogne, c’est l’histoire qui les jugera à leur tour. Le FSP n’a à ce sujet aucun doute.

4- Des violations des décisions de la Cour constitutionnelle aux tentatives de déstabilisation de la Cour.

Par décision DCC-17-262 en date du 12 décembre 2017, la Cour constitutionnelle a rétabli la validité de la Lépi jusqu’en 2021, détruit la légalité de toute tentative de remplacement par le Ravip en cours, constaté le retard pris dans l’installation du Cos-Lépi pour l’actualisation de la Lépi, ordonné par conséquent à l’Assemblée nationale de désigner le 21 décembre 2017 au plus tard les membres du Cos-Lépi pour leur installation le 29 décembre 2017. La décision est claire et précise.
Aujourd’hui, nous sommes le 05 février 2018. La minorité parlementaire a désigné ses représentants le 21 décembre 2017. Mais le bloc de la majorité parlementaire n’a pas daigné s’exécuter. Et le président du parlement, Adrien Houngbédji, dit avoir transmis le dossier à la commission des lois du parlement et proclame à la face du monde que celle-ci peut prendre son temps.
Plus d’un mois après le délai impératif décidé par la Cour constitutionnelle dont les décisions, aux termes de la Constitution en vigueur, s’imposent à toutes les institutions de l’Etat et sont sans recours, rien ne s’est passé. Et le Président de la République, à qui incombent la responsabilité et le devoir de défendre et de faire respecter la constitution ne fait rien. Au contraire, de hauts fonctionnaires d’Etat disent publiquement que la décision de la cour constitutionnelle doit être « jetée à la poubelle » (sic).
Le Ravip avec SAFRAN a été dénoncé, notamment par le FSP comme un outil de trucage et de fraude électoral. La décision de la Cour constitutionnelle qui rétablit la Lépi jusqu’en 2021 contrecarre la volonté du pouvoir de Talon de se servir du Ravip avec SAFRAN pour le traficotage et la fraude pour les prochaines élections. Alors Talon et son groupe au parlement se rebellent contre la Constitution. Mais, notre peuple n’acceptera jamais que dans des élections à venir dans notre pays, ce Ravip de fraude avec SAFRAN serve de base pour toute liste électorale à la place de la Lépi avant 2021. Comme tous les autres complots anti-démocratiques de TALON, ce complot aussi sera mis en échec par notre peuple.
Et puis, c’est la démission de Monsieur Simplice DATO de la Cour constitutionnelle qui intervient le 26 janvier 2018 alors que le renouvellement des membres doit se faire dans les tout prochains mois. Qu’est-ce qui peut justifier une telle démission à quelques mois de la fin de son mandat ? Tout le monde se posait la question, quand les thuriféraires du pouvoir dans des émissions publiques télévisées, nous expliquent que « la démission est une protestation contre le fonctionnement non démocratique de la Cour dont le Président imposerait ses avis à la majorité des juges ».
Il apparaissait déjà que la démission de Monsieur Simplice DATO ressemblait aux coups fourrés du pouvoir de la ruse et de la rage. La conviction se renforce lorsque contrairement aux textes qui indique que le remplacement du démissionnaire doit se faire dans le mois, c’est-à-dire fin janvier au plus tard dans le cas d’espèce, le Chef de l’Etat à qui incombe le devoir de nommer le remplaçant ne s’est pas exécuté. Là également, ses avocats défenseurs dans les média servent leurs interprétations avec des arguments insensés et des contrevérités en parlant d’un délai d’un mois alors que le texte dit bien dans le mois de la démission.
Somme toute, TALON viole la Constitution qu’il a juré par serment de défendre et de faire respecter. En piétinant les décisions de la Cour constitutionnelle, en jetant ses décisions à la poubelle, TALON a démoli l’édifice institutionnel et constitutionnel du pays. En plus de sa crédibilité et légitimité populaire, TALON sape sa propre légitimité constitutionnelle.
Le peuple est mis devant le défi et la responsabilité de reconstruire le pays sur des bases plus solides. C’est pourquoi, le FSP appelle tout le peuple à se lever pour la tenue des Etats Généraux pour mettre fin au pouvoir de parjure, de la fraude, de pillage et de famine de Patrice TALON.

Je vous remercie.

Pour le Comité de Suivi
Le Porte-parole
Jean Kokou ZOUNON

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