DECLARATION*

A PROPOS DE LA RENCONTRE DU PRESIDENT TALON AVEC SES PARTIS POLITIQUES


Le Chef de l’Etat, Patrice Talon a rencontré ce jour 06 mars 2019, les partis de sa mouvance. Constatant lui-même l’impasse dans laquelle il a conduit méthodiquement, à force de ruse et de rage, le processus électoral, il a ordonné à ses députés de se réunir d’urgence en session extraordinaire, avant le mardi 12 mars au plus tard, pour proposer "des mesures permettant d’atteindre ses objectifs" pour que les "élections en son temps soient de même qualité de même convivialité que par le passé" (sic). Parlant à des députés de se réunir en session extraordinaire et dont les prérogatives sont de faire des lois, Patrice Talon ordonne donc en clair de modifier les lois pour sortir de l’impasse.

1- On peut observer qu’en agissant ainsi, Patrice Talon reste toujours dans sa posture d’autocrate, capable d’ordonner à un parlement de se réunir « d’ici demain, après-demain…pour prendre des mesures qui respectent les lois actuelles, des lois de demain et d’après-demain ». Il pense tout simplement que c’est lui qui connait déjà sans doute des lois à dicter pour demain et après-demain !

2- Mais pourquoi et comment sommes-nous arrivés à cette impasse ?

Tout le monde le sait. C’est parce que Patrice Talon avec les députés à sa botte qui votent les yeux fermés ont voté des lois liberticides et apatrides. Ces députés ont aidé Talon à resserrer l’étau autour du peuple. C’est que devant nous et de sa position de joueur et arbitre du jeu, de patron du privé comme du public, il fallait pour prospérer, museler le citoyen, museler le peuple travailleur pour l’empêcher de crier la faim, de dénoncer l’exploitation sauvage et les crimes en commission directe. A travers la HAAC, des organes de presse ont été interdits. Il prit ou fit adopter par un parlement godillot, des règlements ou des lois assassines des libertés d’association, d’expression, de manifestation et de presse, des mesures anti-sociales, telles la suppression ou la limitation du droit de grève, des mesures affectant gravement le contrat de travail et les conditions générales du salarié, qu’il soit du secteur public ou privé. Il fit adopter un Code numérique et Code pénal réprimant toute expression libre des citoyens notamment toute manifestation de rue ou toute parole libre sur des réseaux sociaux. Citons quelques exemples telles la loi N° 2017—05 du 29 Août 2017 portant embauche, placement de main-d’œuvre et résiliation de contrat de travail en République du Bénin, la loi 2018-15 portant Code pénal du 5 mai 2018 ; lois retirant le droit de grève à certains corps de la fonction publique.

Dans la foulée, il créa une Cour d’Exception, appelée CRIET. Des condamnations arbitraires ont été prononcées et des patriotes et démocrates jetés en prison. Les cas de Laurent METONGNON et co-accusés, le cas des KOROGONE etc. ont été enregistrés sans oublier ceux des AJAVON etc.

Ensuite, avec la loi 2018-23 portant nouvelle Charte des Partis politiques au Bénin et celle 2018-31 portant code électoral en République du Bénin, le Gouvernement Talon a voulu procéder par l’argent, à faire disparaître les partis représentatifs des couches populaires et à exclure tout citoyen ou tout parti ne possédant pas de moyen financier de toute participation aux élections législative et présidentielles. Il s’est donné du même coup les moyens de procéder à l’exclusion administrative de tout parti d’opposition.

3-C’est cet étau dans lequel Patrice Talon essaie d’étouffer le peuple que ce dernier a décidé de briser. Ainsi depuis le 21 février des actions vigoureuses de rejet et de rue s’observent partout dans le pays et le peuple en promet de plus vigoureuses encore. Ce que veut le peuple, c’est l’abrogation de toutes les lois contre les libertés de réunion, de manifestation, d’expression. C’est la restitution du droit de grève, la dissolution de la CRIET, la libération de la justice, la restauration d’un Conseil supérieur de la magistrature digne, l’amnistie pour les détenus et les exilés politiques. Et évidemment, l’abrogation de la nouvelle Charte des Partis ainsi que du nouveau Code électoral et le retour sans condition à l’ancienne Charte des Partis et à l’ancien Code électoral avec la suppression des cautions d’exclusion des citoyens ordinaires des élections.

4- Des rafistolages sous la direction des députés godillots de Talon ne sauraient satisfaire ces exigences à la base de la colère populaire. Le système TALON a échoué. Il doit être rasé. C’est donc tout l’échafaudage liberticide monté pour protéger le pillage par le clan au pouvoir qu’il faut détruire.

Les députés godillots ne peuvent et ne voudront pas le faire, car leur maître n’y a pas intérêt. C’est une œuvre de salubrité publique que les forces démocratiques et populaires réunies en des Assises nationales doivent régler.

Cotonou, le 06 mars 2019

Le Parti Communiste du Bénin
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